Copyright © JB Bulliot
Edition : BoD – Books on Demand GmbH,
12/ 14 rond-point des Champs-Élysées, 75008 Paris
Impression : BoD - Books on Demand GmbH, Norderstedt, Allemagne.
ISBN 9782322426966
Dépot légal : février 2022
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Le mont Beuvray, situé à 25 kilomètres d’Autun, occupe la pointe méridionale de la chaîne du Morvan, à laquelle il n’est relié que par le col de L’Echeneaux, placé à 255 mètres au-dessous de sa cime. Les nombreuses sources auxquelles il donne naissance forment autour de sa base un fossé profond de 20 kilomètres de circonférence ; les montagnes, qui sont derrière lui, atteignent les Vosges à l’est et se prolongent jusqu’aux extrémités de l’Armorique ; l’Yonne, affluent de la Seine, naît à ses pieds : le massif de 800 à 900 mètres d’élévation — dont il occupe un des sommets — forme donc le point d’intersection des trois principaux bassins de la Gaule centrale : ceux de la Loire, de la Seine et de la Saône.
Sur le faîte de cette montagne, aujourd’hui en partie boisée, s’élevait jadis une des plus importantes cités de la Gaule : BIBRACTE — la capitale des Éduens, l’oppidum maximæ auctoritatis de César, le de Strabon — dont le nom a persisté dans le Biffractum des chartes et dans celui de Beuvray.
L’occupation d’une pareille place expliquerait, à elle seule, l’influence des Éduens sur les nations limitrophes. Bibracte, du haut de ses plateaux, présentait le front à chacune d’elles, et pouvait lancer à son gré des bandes dans leurs vallées qui s’ouvraient à ses pieds, ou les replier en cas d’insuccès dans ses retranchements inexpugnables.
Si l’on songe aux conditions physiques où se trouvait la Gaule, à ces guerres permanentes qui faisaient de ce pays un vaste champ clos, dans lequel les tribus n’étaient occupées qu’à s’attaquer ou à se défendre, à soutenir ou à entreprendre des sièges, on doit convenir qu’il n’existe, sur aucun point du territoire Éduen, un lieu plus merveilleusement approprié que le mont Beuvray aux exigences d’un état de choses aussi violent.
Avant de décrire les diverses parties de l’oppidum de Bibracte, mises à jour par les fouilles de ces dernières années, nous essaierons de retracer brièvement l’histoire de cette forteresse dont la destinée se liait à celle d’une puissante cité, et qui fut, pendant de longs siècles, l’instrument de son salut et de sa grandeur.
Des haches de bronze et quelques flèches en silex sont les premiers indices du séjour de l’homme sur la montagne de Beuvray. A cette preuve archéologique de l’ancienneté de la station, il convient d’en ajouter une autre empruntée aux traditions religieuses : le culte des eaux et des fontaines — le plus ancien de tous avec celui du feu — a laissé, en effet, sur la montagne (où il fut apporté par les races d’émigrants venus d’Asie) des traces qu’on ne saurait méconnaître et qui jusqu’ici ont résisté à toutes les révolutions. La persistance de ce culte au même lieu, aux mêmes époques — et suivant les mêmes rites que l’on voit observer encore aujourd’hui sur les bords du Gange et de l’Indus, s’explique difficilement si l’on n’admet point que dès les temps les plus reculés le mont Beuvray a été fréquenté comme un lieu de pèlerinage, et que les coutumes dont nous parlons puisent leur vitalité dans la profondeur des âges.
La position escarpée de la montagne dut en faire, à l’origine, un refuge pour les populations de chasseurs et de pasteurs nomades qui occupaient le pays ; d’autre part, la fête religieuse des sources du Beuvray fut un puissant appât pour les industries qui trouvaient en même temps, dans cette position retranchée, la sécurité indispensable à leur travail, et l’écoulement facile de leurs produits.
Les arts et l’industrie des Gaulois éduens restèrent à l’état rudimentaire jusqu’à l’époque où des peuples plus civilisés — les Carthaginois et surtout les Marseillais — entrèrent en communication avec eux par les deux grandes voies fluviales du Rhône et de la Saône1.
Il serait difficile de fixer la date de ces premières communications (que l’histoire a enregistrées à une époque relativement récente) ; nous savons seulement que, 123 ans avant Jésus-Christ, les Marseillais mirent les Éduens en rapport avec Rome et obtinrent pour eux le titre de frères du peuple romain.
Ædui calce uberrimos fecere agros2