Je ne suis pas luthier mais il se trouve que j’ai vécu une expérience et j’ai pensé que le fait de la relater pouvait intéresser certains lecteurs qui, comme moi , n’ont pas la formation requise mais souhaitent cependant se lancer dans cette aventure de fabrication.
Il s'agit d'un rêve qui se réalise.
Le projet a pris naissance dans ma tête en 2020 mais je n'y croyais pas vraiment.
J'ai cogité, étudié, consulté des ouvrages et des vidéos.
En juin 2021 j'ai décidé de m'y coller et en fabriquant les premières pièces je me suis
coupé le bout de l'index gauche.
Mon projet m'a semblé tué dans l’œuf et je voulais céder le bois que j'avais acheté à un ami luthier amateur.
J'ai réfléchi et j'ai pris la décision d'y aller quand même.
Je me suis imposé des règles de prudence en utilisant de préférence des outils à main plutôt que des machines.
La guitare que j'ai fabriquée a les épaules bien arrondies , rappelant ainsi les guitares manouches.
Les caractéristiques de cette guitare sont de deux ordres :
1 - Le côté artisanal : la seule machine utilisée a été la scie à chantourner qui est inoffensive avec ses petites lames.
Pour le reste, ciseaux à bois, rabots, scie à main, râpes, plane de Charron, wastringue, cutter, papier de verre et j'en passe…
La défonceuse est très souvent utilisée par les luthiers d'aujourd'hui, je l'ai laissée dans les rayons.
2 - La qualité des essences de bois : Ma guitare n'est pas destinée à la vente mais je voulais qu'elle soit d'un certain niveau et j'ai tapé dans les valeurs sûres pour la fabriquer :
* Le noyer pour le manche et les éclisses
* Le sipo ( bois de côte d'ivoire ) pour le placage de la tête de manche
* Le sapelli, bois africain utilisé en construction navale pour les contre éclisses
* L'épicéa pour la table d'harmonie
* Le merisier pour le fond
* Le palissandre pour la touche
* L'ébène pour les filets du pourtour.
Tout cela nous donne un beau panel de 7 bois précieux.
Quelle aventure magnifique ! Mon projet m'a permis d'expérimenter des techniques jusqu'alors inconnues, comme par exemple le cintrage du bois.
Je me suis entraîné sur des morceaux de cagette au début, puis la sculpture pour le manche où je me suis "fait la main" sur des bouts de bois récupérés.
Un tel projet demande de la rigueur, de la patience, du savoir faire, de la dextérité mais aussi et surtout de l'audace ! Si j'avais attendu d'être sûr de réussir pour me lancer je serais encore entrain de regretter de ne pas l'avoir fait.
On ne peut se lancer du jour au lendemain dans la fabrication d’une guitare sans avoir réfléchi, étudié, planifié et préparé.
Avant de faire, il faut voir et rêver… Rêver oui c’est important, visualiser la forme de l’instrument, sa couleur, ses caractéristiques.
Pour cela on peut consulter des revues et des livres mais aussi des vidéos sur la toile.
Pour ma part, j’en ai visualisées plusieurs dizaines sans jamais me lasser.
En même temps, il faut réfléchir à un espace de travail et éventuellement l’aménager. Je n’aime pas trop l’ordre établi. Aussi, il m’est arrivé de travailler dans mon sous - sol, dans mon abri de jardin, en plein air, sur ma terrasse ou dans ma véranda selon la météo et mon humeur. A chacun de voir. Certains aiment ranger leurs outils toujours à la même place, faire le ménage sur le chantier tous les soirs, pas moi…
On peut bien sûr, au fur et à mesure de ses études, se constituer un dossier papier et informatique sur tout ou partie de la fabrication.