Qu’il s’agisse d’œuvres du vingtième siècle, du dix-neuvième, du dix-huitième ou encore plus tôt…
Qu’il s’agisse d’essais, de récits, de romans, de pamphlets…
Ces œuvres ont marqué leur époque, leur contexte social, et elles sont encore structurantes dans la pensée et la société d’aujourd’hui.
La collection « Les Atemporels » de JDH Éditions, réunit un choix de ces œuvres qui ne vieillissent pas, qui ont une date de publication (indiquée sur la couverture) mais pas de date de péremption. Car elles seront encore lues et relues dans un siècle.
La plupart de ces atemporels sont préfacés par un auteur ou un penseur contemporain.
©2022. EDICO
Édition : JDH Éditions
77600 Bussy-Saint-Georges. France
Imprimé par BoD – Books on Demand GmbH, Norderstedt, Allemagne
Préface par Pénélope Morin
Réalisation graphique couverture : Cynthia Skorupa
Illustration couverture : Rosa Celeste de Gustave Doré
ISBN : 978-2-38127-237-5
ISSN : 2681-7616
Dépôt légal : janvier 2022
« Vivante, en effet, est la parole de Dieu, efficace et plus incisive qu’aucun glaive à deux tranchants, elle pénètre jusqu’au point de division de l’âme et de l’esprit, des articulations et des moelles, elle peut juger les sentiments et les pensées du cœur1. »
L’apaisement consiste à ne jamais mettre la main à l’épée… Si l’on te gifle, tends la joue, montre un autre visage, deviens qui tu es. Comment transformer, en soi, la haine en énergie créatrice, l’agressivité en bienveillance ; les tornades en vent dans les voiles, les guerres perpétuelles en paix durables, transmuter les défis religieux en extases mystiques ? La puissance des vérités temporelles purifie les religions en les poussant vers leur vraie nature : le spirituel.
En matière de violence, les sciences aussi ont rencontré Nagasaki.
Aimer consiste à reconnaître le divin chez l’Autre.
Le paradis, c’est les autres, mais nous ne cessons pas de le perdre, selon René Guénon, tels Philippe le Bel, lorsqu’il détruisit l’ordre du Temple et altéra les monnaies par avarice et cupidité, selon Dante Alighieri, le divin prince des poètes florentin qui prévient et protège, dès l’arsenal de Venise, le passant curieux.
Ce long itinéraire de la conversion, des flammes irritées de l’Enfer, aux lumières sereines du Paradis, ne diffère pas de celui que Dante développe dans la Divine Comédie. Tous sens confondus. L’une des intuitions profondes, jetées à foison dans cette œuvre grandiose, éclaire cruellement l’expérience qu’avouerait volontiers l’auteur de cette œuvre, récitée certes, mais aussi vécue par le voyageur de ce pèlerinage. Est-il le même ? Je ne sais pas, car abyssale s’ouvre la différence entre celui qui dit, raconte et parfois conseille et le chemineau qui avance sur la même route avec courage et trébuche souvent. Oui, comprendre plus et mieux ne fait pas avancer d’un pouce le pèlerin tout au long de cet itinéraire. Ce voyage ressemble à un exode plutôt qu’à une méthode, relatant la sortie d’Égypte par le peuple hébreu et sa traversée du désert avant d’arriver à la terre promise. Stérile et sec, le désert évoque le lieu où toute énergie vitale et mauvaise s’annule. De plus, les mêmes pages font admirablement la distinction entre celui qui voit la carte pour la décrire et ceux qui marchent, assoiffés, parmi le stérile : sur la montagne, Dieu dit en effet à Moïse qu’il va lui faire voir le chemin et le pays de Canaan, mais qu’il ne l’atteindra jamais.
Mieux : Dante décrit le purgatoire comme le royaume de l’Esprit2, seulement une étape, celle qui se limite à l’intelligence. Seule une métamorphose permet de la dépasser. Un saut périlleux, une mort, ou une résurrection ? En dessinant la carte du périple, je puis aligner indéfiniment des analyses fines qui réjouissent raison et entendement – et après ? ne cessais-je de me dire ; je n’en serai pas plus avancée. Brillante, l’intelligence se vante dans l’immanence ; elle n’aide en rien pour accéder à la transcendance par un passage, sas, col ou détroit, bien qu’isolée, elle ne peut trouver. Elle reste bloquée au purgatoire. Le savoir n’est qu’une purge. Lorsqu’il distingue l’ordre de l’esprit et celui de la charité, en les classant l’un à la suite de l’autre, en les différenciant infiniment, Pascal émit un jugement semblable. Le prince des savants, Archimède lui-même, n’accède point à l’ordre. Saint Anselme décrivait fides quaerens intellectum, la foi cherchant l’intelligence ; rien de plus aisé que cette quête. À l’inverse, l’intellect recherche la foi, voilà une immense aventure, un chemin bloqué ou infini que René Guénon entreprend de rendre intelligible au lecteur dès le premier chapitre.
René Girard propose avec raison cette conduite sacrificielle pour arrêter le déchaînement de violence. Mais cette solution, universelle, constante, reste périodique. Le lion se réveillera. En revanche, je n’ai pas, nous n’avons pas, il n’existe sans doute pas de solution pour son arrêt définitif. Hors de cette image commode et naïve, le lion réel ne fait point partie des bêtes domesticables ; il ne cessera de rugir, de chercher qui dévorer. Parmi le voyage, voilà l’obstacle, le mur, le manque, l’abîme infranchissable. Or, c’est justement sur ce manque, ce puits sans fond, ce puteal, ce point chaud, ce tombeau vide que s’élève, que se dresse l’axe de la transcendance. Dans le trou de l’horizontal se plante le vertical. En supplément du cycle de la Passion, de la mort et de la haine, par le miracle de la Résurrection, le chemin christique indique peut-être cette haute voie. Car il faut au moins un Divin sans borne, infini, pour nous aider à franchir cet abîme, cette absence de solution individuelle, collective, humaine sur le plan horizontal d’immanence… à la question de la violence persistante, qui ne s’arrête pas, indéfinie. Un Dieu de colère et de vengeance ne ferait que la perpétuer ; un Dieu d’Amour l’éradiquerait à tout jamais. Or, collective ou politique, cette délivrance n’étant pas encore advenue, cette invocation reste une prière, comme une supplication, l’index aussi d’un chemin possible, espéré. Existe-t-il néanmoins un cas où l’individu, quant à lui, s’exonère de violence et de vulgarité ? Plusieurs. La sainteté pourrait justement se définir comme cet état de délivrance du mal qui ouvre une vie, des actes, sentiments et pensées toujours énergiques, jamais mal ou méchamment orientés. Les saints propagent la paix. Peut-on espérer que, nombreux, ils ouvriraient enfin une ère neuve de l’Histoire, une nouvelle Humanité ? Mieux encore : dans l’extase mystique, présente, active dans toutes les religions, donc universelle, la présence du Divin comble ceux qui la vivent d’une joie souveraine, parfaite, paisible, sauvant de tout mal, gracieuse.
Cet Amour qui meut le soleil et les autres étoiles de la conclusion renvoie au « centre divin » que René Guénon aborde dans le chapitre « Les trois mondes ». La prosodie et l’anagogie sont la musique des mots de Dante pour définir le sens que René Guénon nous aide à décoder. Charles-François Dupuis, dans son Origine de tous les cultes, avait abordé une grande partie du symbolisme zodiacal : « Les noms des douze tribus, écrits sur les douze portes, nous rappellent encore le système astrologique des Hébreux, qui avaient casé chacune de leurs tribus (castes…) sous un des signes célestes. Il n’y a dans tout cela que de l’astrologie liée au système des anges et des génies, adopté par les Chaldéens et les Perses, dont les Hébreux et les Chrétiens ont emprunté les théories. Il est même très possible que la légende bien connue des tribus perdues d’Israël n’ait eu d’autre raison que d’arriver au nombre zodiacal de 12, alors que le nombre réel des tribus était inférieur, voire même supérieur3. L’art a un rôle considérable à jouer dans la compréhension de l’Histoire et du Divin, sous réserve que les questions adressées au numérique soient aussi et indissolublement les questions que le numérique leur adresse4.
L’énergie solaire est une énergie pure dans laquelle il n’y a pas de division, une fusion nucléaire, une osmose. C’est l’état d’unité primordial de la source de toute vie. Elle est la conscience révélée dans la parentalité. Dans notre système planétaire, elle est la source génératrice de l’énergie première. L’énergie du Soleil est en chacun de nous et en chaque élément vivant du système solaire. Par ces vents puissants, le soleil transmet son énergie à tout le système et nul être vivant, quelle que soit sa forme de conscience, n’est étranger à son énergie. Sans son énergie, il n’y a pas de vie. Le soleil est le fait générateur premier de la vie.
Le soleil, représenté par un cercle, symbole de l’infini, symbole de la volonté qui peut grandir, se dilater, être susceptible de croissance, exactement comme nos forces physiques qui lui empruntent d’ailleurs leur vitalité.
Le Soleil est le maître du signe du Lion, l’Amour et la création.
Le Verbe divin s’exprime dans la Création et ceci est comparable, analogiquement et toutes proportions gardées, à la pensée s’exprimant dans des formes (il n’y a plus lieu ici de faire une distinction entre le langage et les symboles proprement dits) qui la voilent et la manifestent tout à la fois. La Révélation primordiale, œuvre du Verbe comme la Création, s’incorpore pour ainsi dire, elle aussi, dans des symboles qui se sont transmis d’âge en âge depuis les origines de l’humanité ; et ce processus est encore analogue, dans son ordre, à celui de la Création elle-même. D’autre part, ne peut-on pas voir, dans cette incorporation symbolique de la tradition « non humaine », une sorte d’image anticipée, de « préfiguration » de l’Incarnation du Verbe ? Et cela ne permet-il pas aussi d’apercevoir, dans une certaine mesure, le mystérieux rapport existant entre la Création et l’Incarnation qui en est le couronnement5 ?
Le symbole du dragon n’est pas à prendre au sens littéral du mot, mais dans un sens physique, c’est la connaissance ésotérique de la signature énergétique de notre forme humaine divine et d’où nous venons tous.
Le temps n’est plus à comprendre l’Histoire, mais bien à la transcendance de l’Histoire pour nous faire vivre que nous sommes au-delà des histoires les plus merveilleuses comme les plus sordides qui sont en train de se vivre aujourd’hui sur cette Terre.
Sagesse – Force – Beauté
Né à Blois, le 15 novembre 1886, enterré au Caire sous le nom d'Abd El-Wâhed Yahiâ en 1951, René Guénon est l'homme par qui le scandale arrive et le doute survient. Il dénonce la décadence de l'Occident moderne, fruit d'une lente dégénérescence de son héritage métaphysique, et se tourne, au grand dam des catholiques, vers l'Orient, devenu, selon lui, le refuge ultime de la Tradition. Cette dernière notion, centrale chez Guénon, élève toutes les traditions religieuses de l'Humanité au même niveau de transcendance tout en reconnaissant à chacune d'entre elles sa dimension spirituelle spécifique6. Un point de vue révolutionnaire dans les années 30. Dès lors, il appartient à l'individu de se déterminer spirituellement par un processus de connaissance graduée qui dépasse largement le seul exercice d'un rite religieux. C'est la voie ésotérique par essence, qui suscitera l'émergence à travers le monde d'innombrables « chapelles » initiatiques se réclamant de René Guénon, avec notamment les groupes soufis dirigés par Schuon, Vâlsan ou Pallavicini. Chose frappante, un lien inextricable s'est peu à peu tissé entre cette perspective ésotérique et l'horizon politique. En témoignent la spiritualité héroïque de Julius Evola dans l'Italie des années trente mais aussi les résonances guéno-niennes que l’on découvre dans l'engagement politique de Simone Weil ou de Carl Schmitt.
Le respect des mémoires et des descendances en est la première pierre pour que toute causerie cosmopolite unifie les débats pour des vérités multiples et que la science politique soit science de vérités.
Les enfants et héritiers directs de René Guénon, Abdel Wahed, Khadiga et Leila, créèrent la Fondation René Guénon, dont le siège se tient au Caire en la demeure même qui fut celle de René Guénon : Villa Fatma, 4 rue Mohammed Ibrahim, 12311 Dokki Le Caire, Égypte.
Il faut qu’en nous s’accomplissent spirituellement les rites dont ces murailles ont été matériellement l’objet7…
Trouvons le temps de réfléchir, c’est la source de la force.
Trouvons le temps de jouer, c’est le secret de la jeunesse.
Trouvons le temps de lire, c’est la base du savoir.
Trouvons le temps d’être gentil, c’est le chemin du bonheur.
Trouvons le temps de rêver, c’est le sentier qui mène aux étoiles.
Trouvons le temps d’aimer, c’est la vraie joie de vivre.
Trouvons le temps d’être content, c’est la musique de l’âme.
Pénélope Morin
1 Saint Paul, Épître aux Hébreux, IV, 12.
2 Divine Comédie, Dante Alighieri, Librairie de l’Art catholique, Paris, 1923.
3 L’énigme du zodiaque, Jacques SADOUL, Éditions J’ai lu, 1973.
4 L’art numérique : Comment la technologie vient au monde de l’Art, Edmond Cou-chot et Norbert Hillaire, Éditions Champs arts Flammarion Paris, 2003.
5 René Guénon, « Le Verbe et le Symbole », Regnabit, janvier 1926.
6 L’archéomètre, Saint Yves d’Alveydre, 2012, Véga Éditions.
7 Saint Bernard de Clairvaux, L’Art templier des Cathédrales : celtisme et tradition universelle, Robert Graffinn Ed. JM Garnier, 1993.
Introduction générale à l'étude des doctrines hindoues, Paris, Marcel Rivière, 1921
Le Théosophisme, histoire d'une pseudo-religion