DU MEME AUTEUR :

« Génération Oméga »

Le thriller médical qui prouve que tous les virus ne tuent pas, mais qu’ils peuvent être plus pervers.

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Couverture :

Olivier Lacombe

Olivier.lacombe.fr@gmail.com

Copyright : 2020. Christian Adam

Edition : BoD-Books on Demand GmbH

12/14 rond-point des Champs-Elysées, 75008 Paris

Impression : BoD, Norderstedt, Allemagne

ISBN 9782322264674 Dépôt Légal : octobre 2020

SORTIE DE PRISON

(18 octobre 2018)

Gérard Alvarez était couché sur son lit. Il attendait. Hier soir le gardien lui avait demandé d’être prêt à 8h pour aller chez le directeur. Il regardait sa cellule misérable et décrépie. Une petite pièce de quelques mètres carrés à peine, éclairée par une ampoule nue qui pendait au plafond. Le jour se levait, mais la lumière naturelle avait peine à percer la fenêtre crasseuse. Une fenêtre dont elle n’avait que le nom, trop haut située pour avoir la moindre chance de pouvoir regarder le monde extérieur, la liberté. Cette liberté qu’il savait à présent devenue inaccessible pour lui. Il écoutait la prison se réveiller. C’était son deuxième matin en détention et il ne connaissait pas encore les bruits familiers d’une prison qui s’éveille. A chaque bruit de pas dans le couloir, il s’attendait à entendre les serrures de sa porte s’ouvrir.

Son esprit vagabondait. Les derniers jours avaient été riches en événements, pas nécessairement les plus agréables. Rien ne s’était passé comme prévu. Le braquage chez cet agent de change était bien préparé et aurait dû se passer sans heurts. Mais il n’était pas prévu que l’homme ne soit pas seul, ni surtout qu’il résiste… Aujourd’hui plus personne ne résiste, on est assuré !

Ils étaient entrés à trois dans l’officine. Un informateur leur avait annoncé une transaction d’or importante. Il ne devait pas y avoir de grabuge. Mais quand l’agent de change avait vu l’arme braquée sur lui tout avait été très vite. Il avait déclenché l’alarme et sorti une arme. Les trois hommes avaient eu un temps d’arrêt, une fraction de secondes qui avait paru une éternité. Gérard avait réagi le premier. Il était le porte flingue de l’équipe, c’était son rôle et ses comparses connaissaient ses qualités professionnelles. Il n’avait pas d’état d’âme et on pouvait compter sur lui en cas de pépin, il tirerait et abattrait imperturbablement tout obstacle. Il se souvenait du bruit strident de l’alarme et du révolver pointé sur lui. Il avait tiré, instinctivement et sans l’ombre d’une hésitation. L’homme devant lui s’écroula comme une masse. A ce moment, tout se passa très vite, ses complices hurlaient en quittant la pièce, et lui, il vit dans un coin de la pièce un tout jeune homme pétrifié derrière un petit bureau. Gérard avait pris la peine d’ajuster son tir, impassible devant l’effroi qui se lisait dans les yeux du malheureux garçon. Pas de témoin pensait-il et il tira à nouveau, sans pitié. D’un regard il fit le tour de la pièce, il ne faudrait pas qu’il y ait encore un autre témoin non prévu. Puis il se dirigea vers la porte. Ses complices étaient déjà dans la pièce voisine, mais une grille s’était refermée entre eux, infranchissable. Gérard leur lança son arme et ils s’enfuirent dans la rue se noyant rapidement dans la foule. Lui, avait attendu impuissant que la police vienne le cueillir sur les lieux de son crime.

Mis en garde à vue, il avait évidemment nié être l’auteur du double meurtre et avait obstinément refusé de dénoncer ses complices. La police n’avait pas retrouvé d’arme. La vidéo de surveillance était de mauvaise qualité et on ne le voyait pas tirer sur l’agent de change. Cependant on observait clairement la fuite de ses comparses, alors que lui était toujours dans le bureau et regardait vers le coin où on avait retrouvé le cadavre du jeune homme, en fait le neveu de l’agent de change qui faisait un stage chez son oncle. Il semblait bien que son bras pointait un objet dans cette direction, mais il faudrait améliorer les images pour obtenir une preuve que cet objet était une arme. De plus les policiers n’avaient pas trouvé d’arme sur les lieux sauf le révolver de l’agent de change qui n’avait pas servi.

Gérard s’était enfermé dans un mutisme total. En fin de journée un avocat s’était présenté : maître Arnaud Renault-Dutour, ténor du barreau et pénaliste de renom. Il ne le connaissait pas si ce n’est vaguement de renom. Il n’était pas friand de la chronique judiciaire dans la presse, probablement par superstition.

La garde à vue s’était terminée sans aveux mais le juge délivra cependant un mandat de dépôt pour une détention préventive. Il était arrivé à la maison d’arrêt tard dans la nuit. Le lendemain il n’eut que peu de contact avec ses gardiens si ce n’est au coucher lorsqu’on l’informa de sa rencontre avec le directeur le lendemain. Gérard supposait que c’était l’usage de rencontrer le directeur lors de son incarcération, malgré une longue carrière dans le grand banditisme, il avait toujours échappé à toute arrestation, du moins à toute incarcération.

Enfin le cliquetis des serrures le tira de ses pensées. Le gardien lui demanda de le suivre et le conduit dans le bureau du directeur. Celui-ci leva les yeux vers lui et pris un dossier. Il ne lui proposa pas de s’asseoir.

- Monsieur Gérard Alvarez, vous avez un bon avocat. Enfin, un avocat habile, c’est plus exact. Il a trouvé un vice de forme dans la procédure de votre incarcération en détention préventive et le parquet m’a notifié de procéder à votre levée d’écrou. Les procédures sont si compliquées, qu’il y a malheureusement souvent l’une ou l’autre erreur, mais je n’ai pas à commenter une décision de justice. Vous pouvez reprendre vos affaires dans votre cellule et vous rendre au guichet où l’on procédera à la levée d’écrou. Le parquet a déjà interjeté appel, mais cet appel n’est pas suspensif. Vous êtes donc libre. Ce sera tout.

Le directeur referma le dossier devant lui et grommela entre ses dents.

Après être passé dans sa cellule reprendre ses quelques affaires. Gérard Alvarez fut conduit au guichet où ses effets personnels lui furent rendus. Il signa sa levée d’écrou et le gardien lui ouvrit la porte de service à coté de l’entrée principale de la maison d’arrêt.

Il était sur le trottoir devant la prison. La porte s’était refermée derrière lui. Il observait incrédule la circulation des voitures et des piétons indifférents à sa présence. Il chercha alentour un véhicule ou une personne qui l’attendrait, mais il n’y avait personne. Il hésitait. Devait-il attendre un peu, l’avocat avait sûrement dépêché quelqu’un pour l’accueillir ? Ou bien devait-il se débrouiller seul ?

A cet instant il sentit une forte douleur sur son flanc gauche. Avant de comprendre, une violente douleur lui transperça le crane, et il s’effondra sur le sol. Son corps eut encore quelques spasmes avant qu’une flaque de sang ne s’élargisse sur le sol. Gérard Alvarez était mort, abattu en pleine rue de deux balles parfaitement ciblées depuis le toit d’un immeuble en face de la prison.

La porte de service de la prison s’ouvrit et un gardien compris immédiatement la situation. Il rentra donner l’alarme.

En face sur le toit, Julien Damiens avait déjà démonté son arme et la rangeait méticuleusement dans son sac. Moins d’une minute plus tard, il sortait dans la rue sans précipitation et s’éloignait des lieux. En face un attroupement s’était formé. Juliens Damiens était déjà loin quand les premières sirènes se firent entendre.

MORT DANS LES BEAUX QUARTIERS

(18 octobre 2018)

Maître Arnaud Renault-Dutour regarda par la fenêtre, il était huit heures et son chauffeur l’attendait devant la porte. Il fallait aller récupérer son nouveau client à la sortie de la prison. Sale affaire, sale dossier, mais il était payé pour faire ce boulot. Bien payé. Son client était un témoin gênant. Il avait obtenu un petit sursis, mais le parquet réparerait son erreur. Son client avait avantage à disparaître dans la nature.

Lorsqu’il sortit de sa luxueuse villa, il vit un motard de la police s’arrêter derrière sa confortable berline. C’est vrai qu’on ne pouvait pas stationner dans la rue, mais il n’y avait jamais eu de problèmes. Par ailleurs c’était juste le temps d’embarquer. Son chauffeur était sorti de la voiture et faisait signe au policier qu’il partait. Le policier lui répondit d’un signe de tête approbateur. L’avocat fermait soigneusement le portail derrière lui et se dirigeait vers la portière ouverte par son chauffeur.

A ce moment le motard remit son moteur en marche mais au lieu de reprendre la route, il monta sur le trottoir. En une fraction de seconde il fut à hauteur de l’avocat et sortit une arme qu’il brandit à hauteur de la tête de sa cible. Maître Arnaud Renault-Dutour tourna la tête vers son agresseur et reçu la balle dans son œil gauche. L’arrière de son crâne explosa.

Son chauffeur s’enfuit vers l’avant de la voiture mais le motard n’eut pas un regard pour lui et redémarra en trombe. Lorsque le chauffeur qui s’était couché au sol se releva la moto avait déjà disparu de son champ de vision. Il revint vers son patron qui était affalé à moitié sur le sol à moitié sur le siège arrière de la limousine. On voyait l’arrière de son crane explosé et du sang mélangé à de la cervelle souillait le cuir impeccable du véhicule. Le chauffeur se retourna et vomit sur le trottoir. La femme de l’avocat sortit sur le seuil mais le chauffeur l’empêcha d’avancer vers le véhicule. Il lui dit d’appeler la police. Dix minutes plus tard le quartier grouillait de voitures de police et la scène de crime était protégée. Une ambulance emportait le malheureux chauffeur profondément choqué.

Un quart d’heure plus tard le commissaire Martens, de la police judiciaire, arrivait sur les lieux. Il constata immédiatement le professionnalisme du tueur et pencha à priori pour une exécution commanditée par le grand banditisme. Maitre Arnaud Renault-Dutour était connu pour avoir défendu de nombreux truands, il avait dû faire une erreur et cela lui avait été fatal. Ce n’était pourtant pas dans les usages de la pègre et l’avocat était connu pour son professionnalisme et sa compétence. Il faudra faire attention à ne pas se laisser embarquer sur une fausse piste.

De toute façon il n’y avait guère d’éléments concrets pour cette enquête. Il faudrait attendre les résultats du labo. Tout s’était passé si vite qu’il ne semblait pas y avoir de témoin sauf le malheureux chauffeur. Mais le commissaire Martens savait ce que valaient les témoignages des témoins directs de violence graves. La plupart refoulaient au fond d’eux-mêmes ce qu’ils avaient vu comme si cela avait pu ne jamais exister. Il fallait beaucoup de psychologie pour obtenir le moindre détail intéressant.

LE DESTIN

(18 octobre 2018)

Julien Damiens revint chez lui après quelques détours pour s’assurer qu’il n’était pas suivi. Il retrouva sa femme dans le salon, devant la télévision, assise sur sa chaise roulante. Il s’avança et l’embrassa.

- Tu vas bien ?

- Ca va, j’étais inquiète. Tu ne m’avais pas dit que tu partirais si tôt. J’étais surprise de ne pas te voir au réveil.

- C’est vrai, excuses-moi je ne t’ai rien dit hier. J’ai oublié, et ce matin je ne voulais pas te réveiller. Je suis parti très tôt. Je devais surveiller un exercice de terrain avec mes stagiaires. On doit faire ce genre d’exercice avant qu’il n’y ait trop de monde. Je vais d’ailleurs faire un brin de toilette, je n’ai pas voulu faire trop de bruit ce matin.

Julien quitta la pièce et se rendit dans son bureau. Il rangea soigneusement les pièces de son arme dans le tiroir secret de son bureau. C’était une bonne cachette, à peu près invisible dans les moulures sous la table de son bureau. Même une perquisition minutieuse ne révélerait probablement pas la cachette. On ne passait pas encore les meubles aux rayons X.

Ensuite il prit une longue douche pour s’assurer de ne garder sur sa peau aucune particule qui pourrait révéler qu’il avait utilisé une arme à feu. Il mit ses vêtements dans la machine à laver et rejoint son épouse. Il était malheureux de voir sa déchéance. Elle passait ses journées à se morfondre dans son fauteuil en regardant distraitement la télévision et en ruminant dieu sait quelle pensée sombre et déprimante.

Tout cela vous arrive un jour brutalement. Le bonheur est fragile, c’est le destin. Mais qui peut accepter ce destin cruel ? Julien ne l’avait jamais accepté et ressentait en lui une révolte sourde et lancinante.