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SOMMAIRE

HISTOIRES DE CHATS

Janvier – mars 2019

Avant-propos sur l’auteur

Les petites histoires qui suivent font sens. Parfois. Quand elles ne le font pas, c’est ainsi, il n’y a rien à y faire. Je ne peux pas les écrire autrement. C’est le privilège de l’écrivain que de pouvoir écrire avec logique des pensées illogiques. Donc il ne se prive pas de le faire.

Quand elles font sens, on me reprocherait leur promptitude, leur platitude, leur finitude ou encore leur lourdeur pour le moral. Mais l’écrivain est-il là pour vous donner à lire ce que vous attendez ? Dans la forme que vous attendez, avec le style que vous attendez ? Chaque lecteur est unique, chaque lecteur lit avec ses attentes ; donc je ne puis pas satisfaire tout le monde avec mes écrits.

À travers mes écrits, c’est mon cheminement personnel que je relate, plus ou moins romancé. Je crois que je chemine en toute franchise avec moi-même, je crois que je ne me mens pas. Donc parce que c’est un cheminement sincère que je relate, je crois que d’autres personnes auront envie de me lire. Je crois que d’autres personnes que moi-même trouveront mes réflexions utiles et stimulantes. Mais pas tout le monde, évidemment.

Je n’écris pas pour faire plaisir au plus grand nombre. Je ne l’ai jamais fait, pour aucun de mes livres. Je suis un original, presque un marginal ; si vous tenez un de mes écrits entre vos mains, c’est que vous aussi vous l’êtes. Un peu. Beaucoup. Ou que vous aspirez à le devenir. Mes écrits sont conçus pour être des outils et des stimulants pour les personnes qui sont dans un cheminement personnel similaire au mien : un chemin de libre-penseur.

C’est la raison pour laquelle mon style est direct. C’est la raison pour laquelle je n’épargne aucune critique désagréable, aucun sujet qui est difficile pour le moral. Je suis un combattant : j’aime relever le défi de décortiquer les émotions négatives et les émotions difficiles à saisir.

Je suis quelqu’un qui connaît la joie de vivre, je vous le garantis. Mais je reconnais que je ne fais pas beaucoup transparaître ma joie de vivre dans mes écrits. Ma joie de vivre… je la vis, tout simplement ! En semant, en arrosant, en regardant mes chats, en humant l’air de bon matin dans mon jardin.

Ces derniers temps, j’ai compris que ma double activité de jardinier et d’écrivain m’isole. J’ai très peu d’amis et, surtout, je ne fais rien en commun. Je ne suis actif dans aucune association ; je ne participe à aucun projet avec plusieurs personnes. Je suis « enfermé dans vie ». Cependant, en écoutant attentivement tous les commentaires de mon entourage, je pense désormais être en capacité de transmettre ma joie de vivre non plus seulement à mes plantes et à mes chats, mais à d’autres personnes ! Si je veux « continuer à avancer », il faudrait que je transmette un peu plus ma joie de vivre qu’à mon seul jardin et via mes livres. Il faut que je la communique directement. Je le peux, mais je dois presque apprendre comment faire ! Mes capacités sociales sont sous-développées, c’est un fait. Je constate que pour beaucoup de personnes, la vie sociale est l’alpha et l’oméga. En discutant, en parlant, on acquière des idées nouvelles, des points de vue nouveaux. Et on transmet les siens. Et on élabore ensemble de nouvelles idées. Et on partage des expériences et des émotions. Pour beaucoup de personnes, la vie n’a donc de sens que si elle se fait pour et par les autres personnes. Le contact humain est la clé de voûte de la vie. En toute sincérité, j’écris que cela n’est pas mon cas ; je suis plus comme un Orang-Outan que comme un chimpanzé. 2019 sera-t-elle pour moi l’année de ma transformation en chimpanzé (c’est-à-dire en être social) ? ?… Oserai-je m’aventurer dans le territoire inconnu de la « vie sociale » ? Quel type d’activité en commun serais-je amené à faire ? On verra ! Et ça tombe bien. Je vais justement écrire moins dans les temps qui viennent – car j’ai vidé mon sac, il me semble que je n’ai plus rien à dire ! J’ajoute que j’ai retiré du téléchargement mon « journal du jardin des frênes », pour cause de textes qui font tomber le moral dans les chaussettes. Je préfère ne rien écrire ; car quand je suis « vide » je ne peux rien écrire de qualité. Donc mes derniers écrits sont Histoires de chats, Du symbole et Alimentation et Santé. Bonne lecture et … bon cheminement.

PS : cela, je l’ai écrit en février ! Les textes qui composent ce recueil ont été écrits par la suite, comme quoi, il ne faut jamais dire jamais.

La gardienne de la nuit

Il y avait un petit chat dans le noir.

C’était la nuit il faisait froid.

Le petit chat ne savait pas où aller.

Il miaulait.

Un homme s’approcha, il était grand.

Que veux-tu ? lui demanda-t-il.

Pourquoi miaules-tu ?

J’ai perdu mes parents et ma maison

Répondit le chaton.

S’il te plaît aide-moi.

Prends-moi dans tes bras.

L’homme le regarda.

Tu sais que je pourrais te tuer, lui dit-il.

Microbe, vermine, petite merde bruyante.

Tu as chié dans ta maison,

Tes parents ne veulent plus de toi.

J’ai froid, j’ai faim, prends-moi avec toi

Miaula le petit chat.

Ici dans le noir je n’ai même pas d’espoir.

Un rat me mangera la queue,

Un autre les doigts.

S’il te plaît, je n’ai que toi.

Le sang gicla des narines de l’homme.

Sa veste grise tomba au sol.

Il murmura :

C’est bien fait, je vais t’écraser.

Le petit chat esquiva le coup fatal.

L’amour n’est jamais brutal.

L’homme se pencha et le prit dans ses bras.

Justice est faite, s’exclama-t-il.

Il n’y a pas de mystère dans la vie.

Le chemin nous a réunis.

Là-bas il y a de la lumière.

Veux-tu sortir du noir ?

Oui, dit le chaton.

Tu m’y emmèneras ?

J’y suis déjà, je t’attends, je suis grand.

Cours, petite boule de poil !

Sois Odiane, celle qui vient de la nuit

Pour chasser dans la lumière

Dans le monde des hommes.

Lève la grille,

Nous te regardons et nous t’aimons.

Nous te guidons pour qu’un jour tu nous guides à ton tour

Quand nous serons faibles et perdus dans le noir,

Chat gardien de la nuit, chat gardien des âmes.

À la taverne du jardin

– Un bon bol d’eau bien claire et bien fraîche, dit le chat roux en s’accoudant au bar.

– La nuit a été bonne ? demande le patron campagnol.

– Ouais, il y avait deux louloutes tigrées, je te raconte pas ! Pour les impressionner je leur ai fait une poêlée de croquettes.

– Et ça a marché ?

– Oh que oui. D’ailleurs elles ronronnent en ce moment même dans mon panier, que je leur ai aimablement prêté pour faire la toilette.

– Tu vas conclure quand ?

– Dès que j’aurai amené le dessert.

– Oh oh ! Me regarde pas avec ces yeux-là ! T’as plus le droit de nous bouffer, mon vieux. C’est écrit dans la charte universelle des droits des moustachus.

– Je sais Marcel ! Je vais aller choper un ‘tit moineau.

– Moins fort ! Chut ! La ligue de l’égalité pour tous a des oreilles partout. Tu veux finir au niouf ?

– Des croquettes au soja ! Voilà tout ce qu’on a le droit de bouffer de nos jours ! Ah c’était mieux avant, je te le dis ! Avant Chacron. Ah, c’est mon chat-phone qui bipe, excuse. C’est les louloutes Marcel ! Ah zut, elles se tirent.

– Ça fait trop longtemps que tu te laisses pousser les griffes. T’as l’air d’un chat sauvage. Faudrait aussi te raser la moustache et les pattes. Au moins les pattes avant, le poil c’est plus à la mode.

– Ouais, t’as raison. Sans quoi je vais finir tout seul dans mon panier, à bouffer toujours les mêmes croquettes dégueulasses. Faut que je me reprenne, pour que je sois prêt le jour où arrivera la louloute rousse de mon destin. Une belle louloute rousse qui ressemble à Nicole Kidmancha !

– Rêves pas trop quand même. T’es un chat de jardin de campagne, les minettes ça court pas les allées.

– Tu veux pas jouer au campagnol et au chat, comme ça se faisait avant ?

Le vieux campagnol patron de la taverne regarda son client avec des yeux de campagnol ébahi. Puis il répondit en souriant comme peuvent le faire les campagnols :

– OK ça marche ! Je tombe le tablier et je pars me cacher dans mes galeries. Attends une minute avant dégainer les griffes et de mettre la papatte dans le trou.

– Il a gardé ses galeries, le vieux briscard de campagnol ! Cours bien et vite Marcel, j’ai les moustaches qui frétillent ! J’arrive !

Chez le marchand de paniers

Hercules le chat est fatigué. Ces derniers jours, il dort mal. Il décide d’investir dans un nouveau panier, bien moelleux et bien douillet, pour retrouver un sommeil complet. Il se rend donc chez Casimir, la taupe, bien connue pour son sens du moelleux.

- Salut la taupe ! Qu’as-tu à me vendre comme panier ?

- Tu permets que je mette mes lunettes ? Et pour elle-même : Ah, ces chats, toujours pressés. Bon, amène tes moustaches par ici. Là j’ai un modèle en laine polaire. Là un modèle en coton rembourré. Là un modèle qui vient du Japon. C’est un panier-futon. Tu connais les futons, bien sûr.

– Euh oui, bien sûr, répond le matou. Je ne suis jamais allé au Japon, mais je connais.

– C’était une blague ! Ah je t’ai bien eu ! T’imaginais pas vraiment qu’un constructeur de panier pour chat aurait l’idée de proposer un panier-futon ?

Le matou regarda la taupe. On ne savait pas s’il était content ou s’il était furieux. Parfois on a du mal à savoir ce qui se passe dans la tête d’un chat. Casimir soupira.

– Bon, la visite continue. Là j’en ai un en vraie laine. Celui-ci est en angora.

– Et la structure de tes paniers ? C’est du solide ? Je ne veux pas de plastique, car la dernière fois que j’ai invité une minette dans un panier en plastique, il s’est cassé en mille morceaux. Ça a déplu à la dame, qui est partie sans même me lisser les moustaches. Tu sais, c’était la…

– Stop, je ne veux pas savoir qui tu invites dans ton panier. Ni ce que tu y fais.

– Et un panier anti-puce, ça existe ?

– Monsieur est exigeant. J’ai juste ce modèle-là, traité aux huiles essentielles de romarin, de menthe, de thym et de laurier. Et il est « made in France ».

– Un produit local ? Ça m’intéresse. Montre voir le bazar de plus près !

Hercules retourna le panier avec ses petites pattes griffues. En dessous se trouvait une étiquette avec l’inscription « Made in China ». Il reposa le panier sur l’étagère et regarda la taupe dans les yeux – ce qui n’était pas facile étant donné qu’on ne voyait pas vraiment ses yeux, qui étaient minuscules.

– Tu me prends pour une taupe ou quoi ? Je sais lire et je ne suis pas myope. Ce panier a été fabriqué en Chine. Les oreilles du chat se rabattirent, et la taupe commença à trembler.

– C’est interdit par la loi de menacer physiquement les vendeurs, dit la taupe en tremblant. Et la loi autorise à écrire « made in France » quand un produit est emballé en France. Voilà. Restez calme monsieur le minet.

– Oui, ben tu vas me faire 50 % sur ce panier, et fissa.

– Oui monsieur le chat. Tout de suite monsieur le chat.

– Et, dis donc, t’as pas encore tes galeries toi ?

– Vous voulez que… que… que je fasse la taupe et vous le chat ?

– Oui, j’ai la papatte qui démange.

La taupe Casimir resta un instant sans rien dire. Puis elle fit un grand sourire de taupe et lança : c’est moi le plus rapide, c’est moi le plus rapide ! Attrape-moi si tu peux !

En un clin d’œil, la taupe vendeuse avait retrouvé ses vieux réflexes. Elle avait poussé un meuble et découvert l’entrée d’une vieille galerie, dans laquelle elle s’était ruée en gloussant. Et Hercules la suivit joyeusement avec la papatte.

Sous le soleil de la loi

Hercules se lèche le bout de la patte droite, allongé de tout son long sur les graviers chauds de la cour. Il est 14 h, le gravier a en effet été réchauffé par le soleil généreux. Températures hivernales le matin, températures estivales à midi, nous sommes donc au printemps ! Et pourtant, nous ne sommes qu’en mars.

Voilà Odiane, son amie, qui s’approche et s’allonge de la même manière. À deux, le bonheur est deux fois plus grand.

– Tu as entendu la nouvelle ? demande Hercules.

– Oui oui… répondit Odiane. Mais là le soleil est vraiment agréable, et les graviers chauds me font un bon massage entre les omoplates, vois-tu ?

La minette se roula de gauche à droite sur le sol.

– T’en as rien à fiche de la nouvelle loi ?

– Si si. Mais, comment dire, ça ne change rien au lustre de mon poil. D’ailleurs, tu as vu comme il brille bien en ce moment ?

– Encore une loi, tu te rends compte ? Bientôt on ne pourra plus miauler sur la place publique sans qu’une loi nous dise comment miauler, à quelles fréquences, à quel rythme, à quelle heure, à quelle intensité…

– Arrête de faire le ronchon. Profite du soleil ! Et puis tu n’y peux rien. Nous ne sommes que des chats.

– Justement. Ça ne peut plus durer !

– Ah ? Monsieur veut changer d’espèce. Tu n’aimes pas ton espèce ? Tu veux devenir quoi ? Un transchat ?

Hercule se gratta avec plaisir derrière l’oreille gauche.

– Si, j’aime mon espèce, évidemment. Mais je crois que sont les minorités qui font les lois. Du coup, ça gêne tout le monde. Si les minorités n’écrivaient des lois que pour elles-mêmes, je n’aurais pas à miauler contre. Mais là, elles écrivent des lois pour elles qui vont s’appliquer à tout le monde.

– Je connais ta chanson. Après les lois votées par les campagnols pour interdire la prédation féline, après les lois votées par les mulots pour interdire la prédation féline, après celles votées par les oiseaux…

– Les lois votées par les poissons. Tu te rends compte ? Les poissons, ceux de la grande mer, trouvent indigne de finir en aliment pour chat. Non mais pour qui se prennent-ils ?

– Tu as oublié les lois votées par les taupes pour, aussi, interdire la prédation féline. Et tu oublies que ce ne sont pas des minorités.

– Mais que va-t-on manger à la fin ? Ça, je te le dis, c’est l’œuvre des fabricants de croquettes. Ils soudoient tout le monde pour que nous, nous les chats, soyons à leur merci. Ah ! Ça me révolte ! Tiens, je vais aller miauler ma révolte sur la route !

Hercules se mit sur quatre pattes, traversa la cour et poussa de longues complaintes au beau milieu de la route. Il miaula et miaula jusqu’à la tombée de la nuit.

À ce moment-là, une chouette arriva, entourée de chiens mastoques. Le pauvre matou fut attrapé et mordu de partout. On lui arracha une griffe. Quand il ne fut plus qu’une peau de matou sur le point de partir dans l’au-delà, la chouette s’approcha et, dans sa grande sagesse, lui murmura ces mots :

– Personne n’a le droit d’exprimer son opinion dans la rue, afin d’influencer l’opinion des autres animaux. C’est interdit. Uniquement la publicité est autorisée sur l’espace publique. À la publicité seule j’ai donné le droit d’influencer les pensées et les comportements. Bien sûr, les minorités sont là pour justifier les publicités et, par la suite, les lois. En fin de compte, la société entière est régie par les fabricants de croquette, dont je suis le plus fidèle serviteur.

Sur cette révélation navrante, le pauvre Hercule rendit l’âme.

Odiane avait observé la scène de loin. Quand les molosses et le volatile pitoyable furent partis, elle s’approcha de son ami. Le matou avait les yeux clos et il ne bougeait plus du tout. Odiane lui dit alors :

– Allez, hop, sur tes pattes ! Tu vois bien que ça ne sert à rien. Tu viens de gâcher une de tes vies. Réveille-toi.

Les moustaches d’Hercules frétillèrent, son petit corps se regonfla de vie et le matou se remit sur ses pattes, effectivement ! Il bailla et s’étira longuement, comme si rien de dramatique ne s’était passé.

– Ouais, ça n’en valait pas la peine, en effet. Nous ne sommes que des matous.

Attiré par tout ce bruit, un petit mulot s’était rapproché. Il leur dit :

– Mais non, personne ne veut de mal aux chats. Tout le monde vous aime.

Hercules et Odiane se regardèrent, puis, complices, ils regardèrent ensemble le mulot.

– Quoi ? Mais ! Vous n’avez pas le droit de me regarder ainsi ! répondit le petit rongeur. Je ne suis plus une proie pour chat depuis la loi n° 1543-b6 du 11 décembre. D’ailleurs avez-vous vu la nouvelle publici….

– Tu y crois vraiment, toi, à cette loi ?

Le petit mulot regarda avec de très grands yeux les deux chats se rapprocher de lui.

– Vous voulez que je m’enfuie ? Bon… c’est d’accord ! C’est moi le plus rapide, c’est moi le plus rapide ! Dans mon terrier vous ne pourrez pas m’attraper, hi hi hi !

Et il disparut en un clin d’œil, avec à ses trousses Hercules et Odiane qui s’étaient réappropriés le droit d’être eux-mêmes. Décidément, pour les animaux le soleil des lois ne valait rien par rapport au vrai soleil de la vie.

DU SYMBOLE

Janvier – mars 2019

Le bois

Le bois. Y’a du bois au jardin ! Le bois est vert, tendre, ou bien il est sec et dur et solide. Ou encore il est vermoulu, bouffé, rogné, effrité, il part en miette. Souplesse de la jeunesse, solidité de la maturité. Le bois nous accompagne à tous les âges de notre vie. Tel gamine ressemble à une pousse d’osier, tel adolescent ressemble à un jeune frêne, tel homme ressemble à un hêtre au tronc impeccable, tel vieillard ou vieille femme ressemble à ce noyer au coin du champ, fendu, rabougri, tordu, tassé, figé, mais encore solide. Sur le haut de sa tête (de son houppier), les petites branches restent souples et nombreuses, comme les idées et le savoir-faire. Il faut lire La vie secrète des arbres de Peter Wohlleben (directeur d’une réserve forestière en Allemagne).

Le bois qui meurt devient terreau ; rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme. Avec le bois, l’être humain a toujours fait de tout : maison, outils, armes, bateaux, cercueils. Cercueils, tiens, c’est vrai que mes pensées dérivent dans ce sens, ces jours-ci. Un de mes clients de Saint Jean de Daye est décédé, paix à son âme. Maintenant qu’il est là-haut, si ça se trouve, il se marre bien ! De la hauteur où il est, il voit où toutes nos erreurs vont nous conduire, quand nous, nous ne voyons pas plus loin que le bout de notre nez.

Enfin bon, mes connaissances sur l’après-vie étant limitée, j’en reviens au symbole. Le bois, le bois qui sert à fabriquer le cercueil. On met la personne dans le cercueil et on met le cercueil en terre. Ça me rappelle une noix. Le cercueil est comme la coquille d’une noix. Le cercueil serait comme une graine, qu’on met en terre pour que la vie reparte, au printemps suivant. Les graines sont souvent entourées d’une enveloppe plus ou moins épaisse de lignine, c’est-à-dire de bois. Pas de vie sans bois ! Le renouveau de la vie passe par le bois.

Même au jardin le bois est vie. Les arbres des haies et des fruitiers prodiguent une ombre bienfaisante en été. On travaille la terre avec des outils aux manches de bois. Le bois est partout ! Plus il y en a, plus il y a de vie, moins il y en a, moins il y a de vie. Le bois est donc un symbole des écologistes par excellence ! Au lieu de le brûler ou de le broyer, quand je nettoie mes haies, je le laisse au pied de la haie, tout simplement. Il se décompose, il donne le gîte et le couvert à tout un tas de petites bêtes qui ont le droit de vivre. Ça fait un liseré marron entre l’herbe de la prairie et les arbres de la haie. C’est une « interface » entre écosystèmes, pour le dire en termes plus sérieux.

Les haies continuent de disparaître, c’est officiel. Le département encourage à les replanter, offre les petits arbres, prête les machines, mais rien n’y fait. Il n’y a plus assez de monde pour s’occuper correctement des haies, et on veut des parcelles toujours plus grandes. La Manche ressemblera bientôt à la presqu’île d’Usedom, à la frontière entre l’Allemagne et la Pologne. Là les champs immenses sont battus par les vents froids et secs de l’Est. C’est véritablement désagréable de se promener là. Les cultures sont la seule vie qui existe encore.

Les arbres sont les piliers du temple intérieur de l’être humain. Le bois vivant est une partie de notre humanité. Voulons-nous la conserver ? Je lève mon verre à mes frênes !

Le caillou

Qu’est-ce qui gratte et qui grince contre les dents de la grelinette ? Ce sont les cailloux. Un caillou, c’est dur ! Quoi que, parfois il y en a des mous et des bizarres, comme à la plage de Gefosses-Fontenay, en face des gisements à huîtres d’Isigny-sur-Mer. Voilà un caillou terne ? Ça ressemble à un galet poli par la mer, mais c’est élastique, c’est d’une consistance indéfinie. Beurk ! Il y en a plein. Pourquoi ? Mystère… Est-ce que leur présence a un lien avec la production industrielle d’huîtres juste en face ? Avec la puanteur ambiante ? Je n’oserais pas penser cela… Je n’ai rien pensé du tout, ce n’est pas mon genre de faire des insinuations…

Dans mon jardin, il y a du caillou ! Du vrai ! Du dur ! Ce sont des « dragées de quartz », à -15 cm de profondeur seulement. Ils m’indiquent de ne pas aller plus loin avec la grelinette. Un labour profond, conventionnel, les aurait tous fait remonter à la surface. Vive l’agroécologie qui permet de cultiver les terres qui refusent les tracteurs !

Le caillou est un symbole : le symbole du noyau solide et fiable, de la structure interne, sorte de clé de voûte ultime sur laquelle tout repose. Le caillou est à la terre ce que le squelette est aux tissus mous de notre corps ; les cailloux sont le squelette de la terre. Donc ne les mettons pas à nu !

Au passage, j’en profite pour rappeler que les graviers de nos cours sont rarement naturels. Ils proviennent de carrières de pierres, qui ont été réduites en graviers de diverses tailles par des machines énormes et qui consomment énormément de pétrole. Au Cameroun, la fabrication des graviers est confiée aux enfants. Ils cassent les blocs de 20-30 cm en gravier, avec des marteaux. Ils font du gravier toute la journée, quand ils ne sont pas à l’école. Ce gravier sert à faire du béton.

Preuve que l’humanité est prête à tout, pour avoir quelques billets dans la poche. Ou pour avoir une maison « moderne » en béton.

Quand il reste à l’intérieur, dans la terre, le caillou est noyau originel. Il est détenteur de forces subtiles qui, peut-être, résonnent avec les forces internes des autres planètes du système solaire… Qui sait ? Quand l’homme l’extrait, quand il le met à nu et il s’en sert pour faire des frontières, avez-vous remarqué ? Murs, murets, digues, enrochements. On se fie aux cailloux pour nous séparer durablement les uns des autres et pour nous séparer de la Nature (de la mer surtout, avec les digues et les enrochements).

Le caillou est aussi le symbole de l’humilité et de la pauvreté. Le paysan misérable est un « pousse-caillou » ; l’affamé suce des cailloux ; le dépressif est « triste comme un caillou ».

Pour plus de symbologie du caillou et de la pierre, je vous invite à lire mon Les secrets de Montfort.

Symbologie

Étymologiquement, le symbole est « symbolon » : une terre cuite cassée en deux. Deux personnes en prennent chacune un morceau, qu’elles transmettront à d’autres personnes. Pour autant celles-ci ne se connaîtront pas forcément. Donc pour être certaines de s’adresser à la bonne personne, elles présenteront leur moitié de terre cuite, qui devront être complémentaires. Ceci afin de s’assurer de l’identité de l’autre personne. Le « symbolon » est donc la réunion des deux morceaux de terre cuite.

Il en découle un premier type de symbole : le symbole est la réunion de deux choses complémentaires. Par exemple le cœur est le symbole de l’amour, donc de l’union de deux personnes.

Au passage notez ce qu’est le diable : c’est le contraire du symbole. « Dia-bolon » : le diable est ce qui divise, ce qui sépare, ce qui isole.

Le second type de symbole est celui que nous connaissons tous : un signe porteur d’une signification univoque. Ainsi la couleur rouge dans le code de la route est le symbole de la vigilance. Le symbole « + » signifie l’addition. Le symbole « † » signifie mort ou croix chrétienne. Etc. Le symbole remplace strictement une phrase, un mot, une idée. C’est une représentation condensée, qui permet une perception et une compréhension immédiate.

Je vous propose un troisième type qui est une extension du premier. De réunificateur, le symbole devient « porteur secret ». C’est-à-dire que le symbole porte un sens évident et un sens caché. Ainsi de l’œil de la providence, qui est le schéma d’un œil dans un triangle. Pour la majorité d’entre nous, l’œil de la providence est un symbole de Dieu. Pour une minorité d’entre nous, il est le symbole de … d’autre chose. Du Grand Architecte de l’Univers ou de notre propre conscience. Bref, le symbole possède une signification secrète. Seules les personnes qui ont reçu un enseignement adéquat sont en mesure de savoir que cette signification secrète existe, et sont en mesure de la comprendre. Par exemple, le compas entrecroisé d’une équerre est le symbole des compagnons du devoir. C’est là le sens évident de ce symbole. Le sens secret est connu uniquement des compagnons du devoir.

Le quatrième type de symbole est subtile. Tout réside dans la forme du symbole. Dans sa géométrie. Sa géométrie sert à ordonner certaines idées entre elles d’une façon particulière. Par exemple : les symboles basés sur le cercle, le triangle, la croix, le carré, le pentacle, la spirale, etc. Ce niveau de définition est, il est vrai, rarement utilisé. Ce n’est pas connu du grand public. De nos jours, on recourt plutôt aux phrases pour expliquer des choses compliquées. Mais la géométrie d’un symbole peut être aussi efficace qu’une phrase longue. On dit bien qu’une image vaut souvent mieux qu’un long discours. Dans cette quatrième définition d’un symbole, le symbole est une sorte d’image simplifiée. Une image dont la structure porte le message.

Je vous propose un cinquième type de symbole. Il dérive du quatrième. Le quatrième type est « passif ». C’est-à-dire que vous avez à votre disposition certaines idées, certains mots, certaines théories. Vous ne trouvez pas la signification de l’ensemble. Vous avez aussi à votre disposition un symbole. Alors vous mettez les idées en ordre conformément à la géométrie du symbole et – miracle ! – le sens vous apparaît. Le symbole sert à interpréter correctement un ensemble de faits, d’idées, de théories. Etc. La cinquième définition est active, en ce sens que en fonction du symbole dont vous disposez, vous allez construire un ensemble ordonné d’idées. Vous disposez d’abord du symbole, et vous cherchez, ou construisez ensuite les idées qui vont « s’emboîter » dessus. Parce que votre objectif est de créer un ensemble qui a précisément la forme du symbole – quel que soit le contenu qui se révélera adéquat. Quatrième type : le symbole sert à interpréter. Cinquième type : il sert à construire.

Un sixième et dernier type de symbole : le symbole que vous ne verrez jamais ! Il existe des symboles qui ne sont pas destinés au grand public. Leur signification est univoque ; c’est leur présence tout simplement qui est contrôlée et précisément régulée. Ce sont des symboles très spécifiques. Par exemple le symbole de la secte des assassins Thugs, qui a existé en Inde jusqu’au 19e siècle. Mieux valait ne jamais le voir !

Voilà tout ce que je sais de la symbologie. C’est tout, mais ça ne peut pas être plus vu mon jeune âge. À quatre-vingts ans, j’en saurais peut-être un peu plus.

Un même symbole peut appartenir à plusieurs types en même temps. D’où la polysémie – la signification multiple – des symboles.

J’ai moi-même été beaucoup intrigué par les symboles porteurs d’un sens secret. C’est très rigolo, ça donne du piment à la vie ! Et je vous assure que parvenir à utiliser un symbole du quatrième type n’est pas évident. Et que pour utiliser un symbole du cinquième type, il faut d’une part connaître la signification ésotérique de la géométrie du symbole (qui peut être statique ou dynamique) et il faut d’autre part « réunir ce qui est épars », c’est-à-dire trouver les éléments qui peuvent s’agencer les uns avec les autres tout en « calquant » la géométrie du symbole. Je suis parvenu à utiliser le carré pour cadrer mes textes. J’utilise parfois l’équerre pour « coincer » une hypothèse (littéralement la prendre entre deux lignes). Certains livres sont conçus sur un symbole ; j’en ai lu un qui était conçu sur un triangle inversé. Un autre sur une croix cerclée.

Bref les symboles peuvent servir autant à définir des choses très précises qu’à cadrer des projets très vastes. Tout et n’importe quoi, diraient certains ! Pour ma part, je pense que les symboles sont aussi utiles que le langage. Quand une phrase amène des notions très détaillées et très délimitées, un symbole peut faire de même mais en laissant toujours une certaine souplesse dans l’interprétation. Dans l’étendue ou dans la profondeur de l’interprétation. Parce qu’il y a toujours quelque chose d’indéfini quand on utilise un symbole, on remplit toujours cet espace indéfini avec quelque chose qui nous est personnel. Ou quelque chose qu’on garde, plus ou moins volontairement, inconnu. Mystérieux. Le symbole définit, mais laisse toujours la porte ouverte à un peu plus… Ce qui le rend très humain, quand le langage peut parfois être très sec et très rationnel.

ALIMENTATION ET SANTÉ

Février 2019

Mise en garde

Je ne propose ici aucun régime alimentaire miraculeux, mais uniquement des points de vue personnels et qui, préalablement à la santé corporelle, peuvent vous amener à une conception saine du rapport qui existe entre ce que nous mangeons et le fonctionnement de notre corps.

Le lien entre alimentation et santé

À quoi sert de manger ? Pourquoi manger ? Ah, si on pouvait vivre d’amour et d’eau fraîche ! Sans avoir besoin de se faire trois repas par jour, chaque jour, tous les jours, année après année. Voyons qu’il existe deux attitudes : On peut croire que manger est fort simple. Ou on peut croire que manger est fort complexe. Si l’on croit que c’est fort simple, on ne questionnera jamais son alimentation. On mangera ce qui nous tombe sous la main ou ce dont on a envie parce que c’est bon. Si l’on croit que manger est fort compliqué, alors à cinquante ans on continuera à se poser chaque jour cette question « qu’est-ce qu’une alimentation idéale ? ». D’ailleurs, à une cliente qui me posait cette question, je lui répondais qu’il faut bien tout une vie pour parvenir à une réponse satisfaisante.

Certaines personnes pensent que nous pouvons manger de tout, n’importe quand et n’importe comment. Le corps se charge d’identifier et de séparer ce qui est bon pour lui de ce qui lui est nocif. Par ici les graisses, les sucres, l’alcool, etc ! L’intestin ne laisse rentrer que ce qui est bon et utile, et les substances nocives, toxiques, affaiblissantes, sont rejetées et forment les excréments.

Penser ainsi est en partie correct, en partie seulement. Il existe en effet des substances que le corps ne peut pas assimiler, que l’on ingère par la bouche et qui ressortent par l’anus. Un noyau de cerise par exemple.

Faites un test : ne mangez que des légumes, fruits et viandes qui sont bons pour le corps et ensuite… vous irez quand même aux toilettes pour faire la grosse commission. Donc le corps ne transforme pas tout ce qu’on lui fait ingérer.

Un autre test : mangez des légumes contenant des pesticides ou leurs résidus de dégradation, allez chez le toxicologue faire analyser vos cheveux et… on retrouve les pesticides dans vos cheveux. Si le toxicologue vous disséquait entièrement, nul doute qu’il en trouverait dans tous vos organes.

Une fois posées ces considérations très basiques d’entrée et de sortie, demandons-nous ce qu’est « la bonne alimentation ». La bonne alimentation est une alimentation agréable au goût et qui entretient la santé de notre corps. Par corps, j’entends toutes les parties du corps : os, tendons, muscles, viscères, nerfs, cerveau, peau, organes des sens, organes excréteurs. Si nous avons certaines habitudes alimentaires qui entretiennent, disons, les muscles et les os, mais pas les organes des sens ou la peau, alors nous ne pouvons pas dire que cette alimentation est bonne.

D’où vient notre corps ? Nos cheveux, nos dents, notre peau, nos poils, notre intestin, notre cerveau, notre petit doigt de pied, etc ? Nos organes sont des aliments transformés. Des aliments qui ont été divisés en molécules élémentaires lors de la digestion, molécules qui sont ensuite recombinées pour former les différents tissus du corps. Ce chou que vous avez mangé il y a une semaine contenait certaines molécules qui sont maintenant dans votre œil. Cette frite contenait des molécules qui sont maintenant dans votre foie. Cette salade contenait des molécules qui sont maintenant dans votre petit doigt de pied.

Il suffit de quelques semaines pour que toutes les cellules qui nous composent, de tous les organes, meurent et soient renouvelées. Même la moelle osseuse, au plus profond de nos os. C’est l’homéostasie : dans un renouvellement perpétuel de ses cellules, le corps maintient ses structures et ses fonctions. Le corps n’est pas une chose statique. Il est un assemblage dynamique.

Nous pouvons maintenant poser la question de la maladie : qu’est-ce que la maladie ? La maladie est ce que nous ressentons, ce que nous éprouvons, quand le corps n’est plus pareil à lui-même. Quand soit il lui manque des molécules, soit il en a trop. Le manque peut être sous forme de manque de vitamines, d’oligo-éléments, de graisses, de sang, d’eau, etc. Le surplus peut être sous forme de graisses, de déchets cellulaires et digestifs non évacués, de microbes bien sûr.

« Rien de trop » : cette maxime philosophique vaut aussi pour la nutrition. Il faut manger ni trop ni trop peu.

Mais il se peut, et ce de plus en plus dans notre société « moderne », que le corps ne manque de rien ni n’ait rien de trop, et qu’il soit pourtant malade. Dans ce cas, ce sont certaines substances « anormales » qui ont pris la place des « normales ». Ainsi des pesticides et de toutes les autres molécules de synthèse, qui une fois dans le corps prennent la place des enzymes ou des hormones. Ces molécules sont assez similaires aux « originales » pour prendre leur place, mais pas assez pour prendre leur rôle. Il en résulte qu’elles bloquent certaines fonctions du corps ou qu’elles empêchent certaines structures cellulaires de s’édifier.

Ces effets ne nécessitent pas que ces substances étrangères soient présentes en grande quantité dans le corps : il en suffit d’un milliardième de gramme par litre de sang pour que les premiers effets soient observables.

Je ne saurai aller ici dans le détail de la toxicologie hormonale. En s’y intéressant, les curieux découvriront que le corps est pareil à un univers entier, et que chaque cellule est semblable à une galaxie. La diversité des molécules, des structures, des fonctions et des mécanismes de régulation est époustouflante.

Je ne saurais pas non plus vous faire ici un cours condensé de médecine et de nutrition. Avant d’en venir au régime alimentaire que je pratique et qui est, selon moi, idéal, encore ceci : que malgré la complexité du corps, nous sommes en mesure de le connaître. Sans passer par la science avec ses scanners, ses tests, ses prélèvements et ses ponctions. Nous connaissons notre corps par ce que nous en ressentons. Que ressentons-nous ?

Pierre Caloc'h écrit ceci qu’il existe quatre « niveaux ». Le premier niveau est celui de l’organe sain, vital. Il fonctionne bien. Sa sensibilité aux stimuli est bonne. Le second niveau est celui de l’atteinte à la sensibilité. Par exemple les yeux : on voit moins bien, de près, de loin, dans l’obscurité, le champ visuel se réduit, la vue se fatigue vite, etc. Le troisième niveau est celui de la difformité : pour maintenir coûte que coûte ses fonctions, l’organe se déforme. Yeux rouges, foie gonflé d’alcoolique, articulations énormes, etc. Le quatrième et dernier niveau est celui de la mort de l’organe en même temps que l’arrêt de sa fonction. Ainsi, plusieurs documentaires récents à la télévision ont montré les reins des personnes malades d’avoir bu de l’eau empoisonnée au glyphosate : leurs reins sont atrophiés et ne fonctionnent plus. À ce stade, seul un organe artificiel peut sauver la personne.

Nous pouvons tous faire un « état des lieux » de notre corps en évaluant la sensibilité de chacune des parties de notre corps : la sensibilité de notre peau à la température, à l’hygrométrie, aux frottements, aux pressions ; la sensibilité des muscles, tendons, articulations et os lors de l’effort statique et dynamique, la sensibilité visuelle, la sensibilité olfactive, la sensibilité gustative, la sensibilité interne (estomac, foie, cœur, poumons, reins). La sensibilité de notre pilosité. Et la sensibilité de notre bel organe gris : le cerveau.

C’est une sensibilité qui me tient à cœur. Sommes-nous sensibles aux émotions raffinées ? Aux idées raffinées ? Aux émotions et idées qui sont latentes ? Aux émotions et idées qui ne varient jamais que très légèrement ? Ou bien ne sommes-nous sensibles qu’aux idées et aux émotions grossières ? Certes, l’héritage génétique est pour partie responsable de notre sensibilité intellectuelle et émotionnelle. Mais un bon patrimoine ne peut rien si les constituants disponibles sont médiocres. Si vous êtes mal nourri, vous ne pouvez pas bien penser et bien ressentir les émotions. « Ventre affamé n’a pas d’oreille ».

Le cerveau, siège de nos pensées et de nos émotions, est un organe extraordinaire. Il est rien moins que la construction biologique la plus compliquée dans l’univers. Évidemment, plus quelque chose est complexe, plus il faut d’entretien, de soin et d’attention pour le maintenir en bon état de marche. Si une pièce de rechange vient à manquer, c’est-à-dire s’il manque certaines molécules dans notre alimentation, c’est d’abord au cerveau que ce manque va avoir des conséquences. Les autres organes, pour ainsi dire plus rustiques, vont continuer à fonctionner à peu près correctement. Mais le cerveau, j’en suis persuadé, va perdre en sensibilité ou en rapidité, si notre alimentation n’est pas « bonne ».

Nous sommes des êtres faits de matière. Là où il manque de la matière, nous vivons mal. Voyez les maladies neuro-dégénéra-tives : ce sont de véritables trous qui se forment dans le cerveau. Le noble organe finit par ressembler à une éponge.