© 2017, Boisgibault, Françoise

Edition : Books on Demand GmbH,

12 / 14 rond point des champs Elysées, 75008 Paris

Impression : BoD - Books on Demand GmbH Norderstedt, Allemagne

ISBN : 9783735735836

Dépôt légal : mars 2017

Texte illustré des plus belles chansons françaises, de poèmes et surtout de photos inédites de roses peintes au XVIIIème et XIXéme siècle sur les céramiques d’une collection particulière.

Nos remerciements vont :

- A François DULAC qui a pris la plupart des photos et aussi à Diane

BOISGIBAULT, Jacques et Michelle SAINT HILAIRE pour plusieurs autres.

- A Christian BEAULU qui a aidé à préciser certaines attributions.

- Et surtout à Marie de BRYAS qui a effectué la difficile mise en page.

PREFACE

Nous peinons à imaginer un monde où l'on ne peindrait pas de fleurs sur des assiettes, tant cela semble relever d’une tradition immémoriale ; pourtant, il n’en est rinen. C’est l’Extrême-Orient qui a, le premier, peint des fleurs sur la porcelaine : il n’est que d’évoquer les grandes créations chinoises du XlVe siècle, plats ou vases ornés de somptueuses fleurs stylisées en bleu sur la porcelaine blanche. D’emblée, la plus totale magnificence a été atteinte, mais il s’agit là de fleurs raidies par la nécessité de se plier à la régularité du décor. Au XVIe siècle, les Turcs ont créé des fleurs plus naturalistes, telles ces tulipes ou ces œillets qui s’épanouissent sur leurs carreaux aux vives couleurs. Mais les tulipes sont des fleurs assez raides, ce qui contribue d’ailleurs à leur pouvoir de séduction.

Ce n’est pas un mince titre de gloire de l’Europe que d’avoir imaginé le décor de fleurs peintes « au naturel ». En Saxe, vers 1740, la réussite était totale et des bouquets de fleurs s’épanouissaient pour l’éternité sur des vases en porcelaine dont les flancs très purs en constituaient le cadre idéal. À Strasbourg, peu après, les membres de la famille Löwenfinck dont la divine Seraphina peignaient sur des plats ou assiette en faïence des fleurs réunissant puissance et subtilité comme on n’en avait jamais vu. Puis, la manufacture royale de Vincennes imaginait, vers 1751, un décor de semis de petits jetés de fleurs, comme posés au hasard sur le bassin des assiettes, pour remercier Madame de Pompadour de l’attention qu’elle lui portait. Un peu plus tard, la manufacture impériale de Vienne représenta, tout autour des tasses, des fleurs champêtres poussant dans l’herbe comme on en voit vraiment sur le bord des routes. Toute l’Europe s’y est mise !

Depuis, les créations les plus variées, les plus heureuses se sont multipliées jusqu’à nos jours. Enfin, presque… car aujourd’hui la mode est au design, autrement dit on accorde plus d’attention à la forme qu’au décor, prié de se faire discret. Heureusement subsiste la manufacture de Gien qui crée les plus séduisants décors floraux. Cela lui réussit, puisqu’elle parvient à demeurer debout malgré l’invasion des porcelaines de Chine. Puis-je susuner une explication ? Ce sont les femmes qui achètent le plus souvent les services de table et ce sont elles qui aiment les fleurs (pardon pour ce mépris avoué pour l’extravagante théorie du genre). Ce sont aussi des dames qui pratiquent le plus souvent cette activité exigeante qu’est la peinture sur porcelaine, à l’heure où l’industrie ne sait plus que cet art a existé.

Françoise Boisgibault a eu, pour notre plus grande joie, l’idée de réunir fleurs. plaisir de la lecture, porcelaine et faïence, Orient et Occident. À une époque qui pratique volontiers la sinistrose systématique, voici un point de vue inespéré : qu’elle en soit remercié !

Antoinette Faÿ-Hallé

Conservateur général du patrimoine

Directeur honoraire du musée national de Céramique, Sèvres.

PRESENTATION DE L’OUVRAGE

Jacques Brel nous chantait en 1964 :

«Je vous ai apporté des bonbons

Parce que les fleurs c'est périssable

Puis les bonbons c'est tellement bon

Bien que les fleurs soient plus présentables

Surtout quand elles sont en boutons».

Pourquoi ne pas apporter en cadeau à la place de bonbons, non pas des fleurs qui vont se faner rapidement mais un véritable florilège de roses de toutes formes et de toutes couleurs peintes sur des céramiques (des faïences et des porcelaines).

C’est une fleur très ancienne car des fossiles de roses datant de 40 millions d’années ont été retrouvés et que les égyptiens les peignaient sur les tombeaux. Les Chinois les cultivaient déjà il y a 5 000 ans. Hérodote (490-420 parle des roses du roi Midas doubles et odorantes ; on les imagine sorties de la mer avec Aphrodite ou nées d’une goutte de sang d’Adonis, amant de Vénus. Au Moyen-Age, les roses rejoignent les jardins monastiques et deviennent des plantes médicinales. Mais c’est au retour des croisades que la rose devient l’idéal de l’Amour courtois. Le Roman de la Rose, un poème allégorique et didactique sur l’art d’aimer selon les règles les plus raffinées de la courtoisie écrit vers 1230-1235 par Jean de Meung et Guillaume de Lorris qui raconte dans la première partie, en 4058 vers. dans le cadre fictif d’un songe, la tentative d’un amoureux pour s’emparer de l’objet aimé représenté par une rose dans un verger.

(Texte repris et publié au XIXe siècle par Pierre Marteau)

«Qui donc t'a donné, bel enfant,

Cette fleur toute fraîche éclose?

Je suis déjà vieux, et pourtant

Jamais ne vis si belle Rose.