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Michel Houellebecq

Configuration du dernier rivage

Gestalt des letzten Ufers

Gedichte

Französisch – Deutsch

Übertragen von Hinrich Schmidt-Henkel

Gestalt des letzten Ufers

 


l’étendue grise

die graue fläche

 

Par la mort du plus pur

Toute joie est invalidée

La poitrine est comme évidée,

Et l’œil en tout connaît l’obscur.

Il faut quelques secondes

Pour effacer un monde.

 

Durch den Tod des Reinsten

Wird jegliche Freude zunichtegemacht

Wie ausgeweidet ist die Brust,

Und das Auge sieht in allem nur Dunkles.

Es dauert einige Sekunden,

Eine Welt auszulöschen.

 

Disparue la croyance

Qui permet d’édifier

D’être et de sanctifier,

Nous habitons l’absence.

Puis la vue disparaît

Des êtres les plus proches.

 

Verschwunden der Glaube,

Der zu erbauen erlaubt

Zu sein und zu heiligen

Wir bewohnen die Leere.

Dann verschwindet der Anblick

Der nächsten Wesen.

 

Je n’ai plus d’intérieur,

De passion, de chaleur;

Bientôt je me résume

À mon propre volume.

Vient toujours un moment où l’on rationalise,

Vient toujours un matin au futur aboli

Le chemin se résume à une étendue grise

Sans saveur et sans joie, calmement démolie.

 

Ich habe kein Innenleben mehr,

Keine Leidenschaft, keine Wärme;

Bald bin ich nichts mehr als

Ein leerer räumlicher Körper.

Stets kommt der Moment, in dem man rationalisiert,

Stets kommt ein Morgen mit zerstörter Zukunft

Der Weg ist nichts mehr als eine graue Fläche

Ohne Reiz und ohne Freude, gemächlich demoliert.

 

L’arc aboli de tristesse élancée

Dans une lutte imperceptible, ultime

Se raffermit conjointement, minime;

Les dés sont à demi lancés.

 

Der zerstörte Bogen aus schlanker Traurigkeit

Verfestigt sich zugleich, verschwindend klein,

In unmerklichem, äußerstem Kampf;

Die Würfel sind erst halb gefallen.

 

L’épuisement central d’une nuit sans étoiles

Adornée de néant

(L’oubli compatissant a déposé son voile

Sur les choses et les gens).

L’élément bizarre

Dispersé dans l’eau

Réveille la mémoire,

Remonte au cerveau

Comme un vin bulgare.

 

Die zentrale Ermattung einer sternlosen

Vom Nichts gezierten Nacht

(Das gnädige Vergessen hat seinen Schleier

Über die Dinge und die Menschen gelegt).

Die bizarre Substanz,

Im Wasser aufgerührt,

Weckt die Erinnerung,

Steigt zu Kopf

Wie bulgarischer Wein.

 

Dans le matin, chaste et tranquille,

L’espoir suspendu sur la ville

Hésite à rejoindre les hommes.

(Une certaine qualité de joie

Au milieu de la nuit

Est précieuse.)

 

Am Morgen, unschuldig und still,

Zögert die über der Stadt hängende Hoffnung,

Sich wieder zu den Menschen zu gesellen.

(Eine gewisse Art von Freude

Mitten in der Nacht

Ist kostbar.)

 

Mon ancienne obsession et ma ferveur nouvelle,

Vous frémissez en moi pour un nouveau désir

Paradoxal, léger comme un lointain sourire

Et cependant profond comme l’ombre essentielle.

(L’espace entre les peaux

Quand il peut se réduire

Ouvre un monde aussi beau

Qu’un grand éclat de rire.)

 

Meine alte Obsession und meine neue Glut,

Ihr bebt in mir für ein neues Begehren,

Paradox, leicht wie ein fernes Lächeln

Und dabei doch tiefgründig, dem essentiellen Schatten gleich.

(Der Abstand zwischen Haut und Haut,

Wenn er sich verringern kann,

Öffnet eine Welt, so schön

Wie ein lautes, herzliches Lachen.)

 

Un champ d’intensité constante

Balaie les particules humaines

La nuit s’installe, indifférente;

La tristesse envahit la plaine.

Où retrouver le jeu naïf?

Où et comment? Que faut-il vivre?

Et à quoi bon écrire des livres

Dans le désert inattentif?

Les serpents rampent sous le sable

(Toujours en direction du Nord)

Rien dans la vie n’est réparable,

Rien ne subsiste après la mort.

Chaque hiver a son exigence

Et chaque nuit sa rédemption

Et chaque âge du monde, chaque âge a sa souffrance,

S’inscrit dans la génération.

 

Ein Feld von konstanter Intensität

Fegt die menschlichen Teile hinweg

Die Nacht senkt sich, ganz Gleichgültigkeit;

Die Trauer erobert die Ebene.

Wo das unverdorbene Spiel wiederfinden?

Wo und wie? Wie soll man leben?

Und wozu soll es gut sein, Bücher zu schreiben

In der achtlosen Wüste?

Die Schlangen kriechen unterm Sand

(Immer in Richtung Norden)

Nichts im Leben ist wiedergutzumachen,

Nichts bleibt übrig nach dem Tod.

Jeder Winter hat seine Notwendigkeiten

Und jede Nacht ihre Erlösung

Und jedes Alter der Welt, jedes Alter hat sein Leiden

Und schreibt sich der Generation ein.

 

Ainsi, générations souffrantes,

Tassées comme des puces d’eau

Essaient de compter pour zéro

Les capteurs de la vie absente

Et toutes échouent, sans trop de drame,

La nuit va bien recouvrir tout

Et l’épuisement monogame

D’un corps enfoncé dans la boue.

 

Und so trachten leidende Generationen,

Zusammengepfercht wie Wasserflöhe,

Die Sensoren des abwesenden Lebens

Für null und nichtig anzusehen.

Und alle scheitern sie ohne großes Drama,

Die Nacht deckt bald all das gut zu

So auch die monogame Erschöpfung

Eines Körpers, der feststeckt im Morast.

ABSENCES DE DURÉE LIMITÉE

I.

Dresser un bilan de la journée d’hier me demande un réel courage, tant j’ai peur en écrivant de mettre au jour des choses peut-être terribles qui feraient mieux de rester au vague dans mon cerveau.

J’ai envie de faire n’importe quoi pour me sortir ne serait-ce que quelques heures de ce trou où j’étouffe.

Mon cerveau est entièrement imprégné de ses vapeurs cruelles, fer de lampe et basses besognes sous le clignotement incertain d’un signal d’alarme.

Tout le reste est bien fade comparé à ce jeu de mort.

Devant le paysage blanc je me sens abstrait, fils vidés de la tête, yeux mous et clignotants comme des phares de sirène.

Le 18: j’ai franchi un nouveau palier de l’horreur. Je n’ai qu’une hâte, c’est de quitter tous ces gens. Vivre autant que possible en dehors des autres.

ABSENCEN VON BEGRENZTER DAUER

I.