La gestion des insectes en agriculture naturelle
L’élevage professionnel d’insectes : points stratégiques et méthode de conduite
L’agroécologie : cours théorique
L’agroécologie : cours technique
NAGESI. Nature, société et spiritualité
Les cinq pratiques du jardinage agroécologique
Réflexions politiques. Liberté – égalité – fraternité, autorité – responsabilité – clarté
Quand la nuit vient au jardin. Émotions déplaisantes et ephexis au jardin agroécologique
L’agroécologie c’est super cool ! Et autres arguments très sérieux en faveur de l’agroécologie
À paraître : Sens de la vie et pseudo-sciences
Ainsi que des textes gratuits disponibles sur le site internet HTTP:\\JARDINDESFRENES.JIMDO.COM
Qu’est-ce que la « morale » ? Entend-on par là un ensemble de traditions à respecter ? Un ensemble de règles de politesses ? Un ensemble de comportements que chacun doit reproduire en vue de la bonne marche de la société ? L’utilité de la morale est-elle de régler les rapports entre hommes et femmes, jeunes et vieux, riches et pauvres, sédentaires et étrangers, forts et faibles, intelligents et indigents, ou encore entre individus « normaux » et individus « malformés » ? Ou la morale est-elle, de façon plus restreinte, un ensemble de comportements préconisés par une religion ? Par une idéologie ? Par une communauté de gens dans un temps donné et dans un espace donné ?
Tout le monde connaît le mot de « morale », tout le monde en a cherché le sens au moins une fois dans sa vie. Il y eut et il y a de nombreux moralistes et il y eut et il y a de nombreux penseurs de la morale. Pour autant il n’a y pas de définition univoque, définitive, de la morale. Les définitions qu’en propose l’être le plus érudit ne sont pas plus, mais pas moins, dignes d’intérêt que celles proposées par l’indigent. La morale est élastique : « à chacun sa morale », dit-on. Même la différence d’orientation dans le style de vie, spiritualiste versus matérialiste par exemple, n’a pas de prise sur la morale : l’avis du travailleur maçon, ancré dans la pierre et le concret, vaut celui de l’artiste suspendu aux nuages de l’âme.
À défaut de pouvoir jamais s’accorder sur la moralité de telle ou telle action ou de telle ou telle réflexion sur la morale, je pense que nous pouvons quand même tous nous accorder sur le choix de définir la morale par une question minimaliste. Et cette question est des plus simples : en fonction des circonstances, qu’est-il bien de faire ? Il est inutile de chercher à définir ce que l’on entend par « bien » ou « pas bien » : la morale commence par le simple fait de se poser cette question à soi-même. La morale est d’abord la volonté de poser la question du bien, et du mal.
Voilà où j’en étais de ma conception de la morale, à mon retour en France en 2012. La même année, je prenais la décision de mieux connaître mon pays de naissance - dix-huit années de vie hors de France ont fait que je ne me sens pas tout à fait Français. Je décidais de chercher « ce qu’est la France », de chercher l’identité de ce pays que j’avais durant de nombreuses années « vu de loin », tout en recevant une éducation dans des établissements scolaires français d’outre-mer et de l’étranger.
Qu’est-ce que la France ? La France, c’est les Français. On trouve la France, le pays France, dans le pourquoi et le comment des actes et des paroles de chaque Français. Les Français ont-ils ainsi un « caractère français » bien à eux, qui les différencierait des Allemands par exemple ? À cela il faut chercher des réponses non pas dans les situations légères, telle que le sport ou la cuisine. On trouvera dans ces domaines une identité propre aux Français, mais je ne souhaite pas réfléchir sur ces thèmes légers. Je pense que c’est dans les situations difficiles, à fort enjeu, que le caractère profond des personnes se révèle clairement. En politique par exemple. À ce sujet, j’ai écrit mon dépit et mes réflexions dans mon livre Réflexions politiques. En politique, on peut identifier une identité propre aux Français : le Français ne fait pas de la politique comme l’Allemand. Mais la profondeur de ce niveau ne me satisfait pas entièrement : j’y ai trouvé certes une partie de l’identité française, mais pas encore assez. Dans le présent ouvrage, je n’utiliserai donc pas la perspective politique. Je veux aller à ce qui sous-tend les décisions politiques, par-delà toutes les considérations de parti politique, d’argent public, d’idéologie, d’organisation administrative. Et sous ces niveaux d’organisation d’un pays, me semble-t-il, se trouve le niveau de la morale à l’œuvre dans le pays.
Existe-t-il, au fond du fond, une morale française ? Qui serait par exemple différente de la morale allemande ? En fait, je n’ai pas les moyens de répondre strictement à cette question. Pour cela il faudrait étudier tous les moralistes1 et tous les penseurs de la morale de part et d’autre du Rhin, et les comparer. Je n’ai ni le temps ni les ressources pour faire ces études et ces comparaisons. D’ailleurs il existe sûrement déjà des ouvrages de morale comparée. Dois-je pour autant renoncer à réfléchir sur la morale ? En plus, mes études ne m’ont pas donné l’occasion d’acquérir les « bases » de la morale (auteurs-clé, époques, géographie de la morale, approche philosophique). Les universitaires et les académiciens m’enjoindraient donc au silence plutôt que d’écrire des bêtises et de contaminer mes lecteurs avec. Cependant, j’aime l’aventure intellectuelle. Tant pis si je choque les personnes qui pensent que seuls les érudits ont le droit de faire état de leur savoir et de leurs méthodes ! On peut élaborer une pensée autonome, et la soumettre à ses concitoyens. Cela n’est pas réservé qu’aux érudits des grandes villes, comme le martèle Michel Onfray.
Je ne vise, dans ce livre et dans aucun de mes livres et textes, ni la perfection rhétorique ni la perfection des connaissances. Les idées, savoirs et méthodes que je présente ne valent toujours qu’au moment où je les mets sur papier. À ce moment-là, elles me semblent très bien. À ce moment-là je ne vois rien de mieux qu’elles. Je laisse aux universitaires le soin de transmettre les savoirs universels, valables en tous lieux et en toutes époques… Des savoirs olympiens, pour nous mortels…
J’ai décidé donc d’aborder le domaine de la morale ! Et, comme toute aventure, je démarre mon entreprise avec quasiment rien. De toute ma vie je n’ai jamais lu un livre de morale, excepté en 2015 un livre du 19e siècle sur l’éducation catholique des enfants ! Je m’étais juste fait quelques réflexions, qui m’ont amené vers ma 25e année à définir la morale, mais intriquée dans ma définition de l’humanisme. Ainsi, l’humanisme, selon moi, est la somme
Jusqu’à cette année, ma définition de la morale s’arrêtait là. Comme tout le monde, j’étais parvenu à la morale comme volonté de se questionner, mais sans plus. Depuis mon adolescence j’évitais sciemment de rentrer dans le domaine de la morale, domaine qui pour moi ressemblait à une sorte de débarras où l’on aurait remisé toutes les vieilles traditions, pratiques, coutumes, lois abandonnées parce que incompatibles avec la modernité : règles de bienséance, de bien-pensance, de bonne conscience, de conformisme. Parmi ces vieilleries, « l’objecteur de conscience », expression terrible qui pour moi concrétisait la morale : la mise au ban de ceux qui ne pensent pas pareil, qui ne pensent pas comme tout le monde et qui ne veulent pas faire comme tout le monde. J’avais conscience que cet ensemble de règles falotes régissait encore plus ou moins la vie des Français. Mais durant mon enfance et mon adolescence je suis passé d’un pays à l’autre, et il ne m’a pas semblé nécessaire de vérifier mes préjugés sur la morale. Je voyais bien que dans chaque pays les habitants se comportaient un peu différemment, et il y avait tellement à voir, dans les pays d’Asie et d’Océanie, qu’observer cette diversité me suffisait. Je n’ai jamais eu l’envie de chercher les racines comportementales des habitants des pays que je traversais – étant adolescent puis jeune homme j’avais d’autres priorités. Le pourquoi de ces comportements, la morale donc, propre à chaque pays mais aussi à notre nature humaine, est restée pour moi un continent inexploré.
Il faut que le lecteur comprenne les implications de cette morale aperçue mais restée inexplorée. Résumons : J’ai choisi de vivre avec une définition floue, lointaine et superficielle de la morale d’une part parce que je n’avais pas envie d’aller « au fond de l’âme » des peuples que je rencontrais au cours de ma vie. Et d’autre part parce que je pressentais que, en ce qui concernait la France, la morale contenait des choses vieillottes et brimantes, mais surtout des choses responsables de l’immobilisme apparent du pays, pays qui semblait ne jamais évoluer quand ma famille et moi y revenions une fois par an pour les vacances. Je pressentais notamment que la morale servait à contrôler les individus : la morale comme boîte à outils de contrôle des individus entre eux et des supérieurs envers les inférieurs, pour garantir le conformisme des paroles et des actes, pour garantir les hiérarchies et les pouvoirs en place. Pour garantir que rien ne change (l’immobilisme apparent). La morale comme une sorte d’ensemble de lois non écrites mais qu’il aurait quand même fallu respecter sous peine d’être maintenu à l’écart de certaines choses ou occasions. En bon scientifique, à partir de 18 ans je jugeais tout cela rétrograde et superflu, puis je réduisais sept ans plus tard la morale au seul « ne pas tuer d’êtres humains », je l’emballais dans ma définition de l’humanisme et je m’en portais très bien.
Mais cette décision, consciente, a maintenu entre moi et les habitants de la France une sorte de barrière. De même que je n’ai pas d’éléments d’histoire commune (films, musiques, évènements, modes) avec les Français de mon âge, je ne partage pas leur « fond moral » si je puis dire. Quand je vivais en Allemagne, je ressentais la même chose vis-à-vis des Allemands : pour moi le fond du fond du pourquoi une personne prend telle décision plutôt qu’une autre lorsqu’il était question de « bien » et de « mal » me demeurait étranger.
Avec le recul dont je dispose maintenant, je constate que mon ignorance du fond moral des habitants de Hong Kong ou d’Allemagne faisait que je les respectais. Je me disais « que les gens ont de bonnes raisons pour faire ce qu’ils font ». Mais, envers la France, cette même ignorance a fait que j’ai eu, et que j’ai encore, des difficultés à respecter ce pays2