désir

 

(livre #5 mémoires d'un vampire)

 

 

morgan rice

 

 

Traduit de l’anglais par Kurt Martin

 

Louanges pour MEMOIRES D'UN VAMPIRE

 

« Un livre qui rivalise avec la saga FASCINATION (TWILIGHT) et JOURNAL D’UN VAMPIRE (VAMPIRE DIARIES), et un livre qui vous donnera envie de continuer à lire jusqu’à la toute dernière page! Si vous adorez l‘aventure, l’amour et les vampires ce livre est pour vous! »

--Vampirebooksite.com {concernant Transformation}

 

“Morgan Rice a prouvé une fois de plus qu’elle est une écrivaine extrêmement talentueuse….Cette histoire va plaire à une large audience, incluant les jeunes fans  du genre vampire/fantaisie. Elle s’est terminée de façon inattendue avec un cliffhanger qui vous laissera en état de choc.”

--The Romance Reviews {concernant Adoration}

 

« Une excellente intrigue et  spécialement le type de livre que vous aurez de la difficulté à déposer le soir. La fin est un cliffhanger tellement spectaculaire que vous voudrez immédiatement  acheter le prochain livre, juste pour voir ce qui arrive. »

--The Dallas Examiner {concernant Adoration}

 

« A retenu mon attention dès le début et ne l’a pas lâchée….Cette histoire est une aventure incroyable au rythme rapide et pleine d’action dès le début. Il n’y a absolument rien d’ennuyant. »

--Paranormal Romance Guild {concernant Transformation}

 

« Plein au ras bord d’action, de romance, d’aventure et de suspense. Obtenez-le et tombez en amour une fois de plus. »

--vampirebooksite.com {concernant Transformation}

 

 

Au sujet de Morgan Rice

 

Morgan Rice est l’auteure bestseller MEMOIRES D'UN VAMPIRE, une série pour jeunes adultes comprenant onze livres (jusqu’à maintenant), de la série bestseller TRILOGIE DES RESCAPÉS, un thriller post-apocalyptique comprenant deux livres (jusqu’à maintenant) et de la série bestseller fantaisie épique L’ANNEAU DU SORCIER, comprenant quinze livres (jusqu’à maintenant). Les livres de Morgan Rice sont disponibles en éditions audio et imprimée et ont été traduits en plus de 20 langues.

Morgan apprécie toujours vos commentaires, n’hésitez pas à visiter www.morganricebooks.com pour vous inscrire à la liste de distribution, recevoir un livre gratuit, recevoir un cadeau gratuit, télécharger l’application gratuite, obtenir les nouvelles exclusives les plus récentes, vous connecter sur Facebook et Twitter et rester en contact!

 

Books by Morgan Rice

 

MÉMOIRES D'UN VAMPIRE
(THE VAMPIRE JOURNALS)
TURNED (BOOK #1) -- TRANSFORMATION

LOVED (BOOK #2) -- ADORATION

BETRAYED (BOOK #3) -- TRAHISON

DESTINED (BOOK #4) -- PRÉDESTINATION

DESIRED (BOOK #5) -- DÉSIR

BETROTHED (BOOK #6) -- FIANÇAILLES

VOWED (BOOK #7) -- SERMENT

FOUND (BOOK #8) -- RETROUVAILLES

RESURRECTED (BOOK #9) -- RÉSURRECTION

CRAVED (BOOK #10) -- ENVIE

FATED (BOOK #11) -- DESTIN

 

TRILOGIE DES RESCAPÉS
(THE SURVIVAL TRILOGY)

ARENA ONE: SLAVERSUNNERS (BOOK #1) -- ARÈNE UN – LA CHASSE AUX EXCLAVES

ARENA TWO (BOOK #2) -- DEUXIÈME ARÈNE

 

L’ANNEAU DU SORCIER
(THE SORCERER’S RING)

A QUEST OF HEROES (Book #1) -- LA QUÊTE DES HÉROS
A MARCH OF KINGS (Book #2)

A FATE OF DRAGONS (Book #3)

A CRY OF HONOR (Book #4)

A VOW OF GLORY (Book #5)
A CHARGE OF VALOR (Book #6)
A RITE OF SWORDS (Book #7)

A GRANT OF ARMS (Book #8)
A SKY OF SPELLS (Book #9)

A SEA OF SHIELDS (Book #10)
A REIGN OF STEEL (Book #11)
A LAND OF FIRE (Book #12)
A RULE OF QUEENS (Book #13)
AN OATH OF BROTHERS (Book #14)
A DREAM OF MORTALS (Book #15)

 

 


 
 

 


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Copyright © 2014 by Morgan Rice

All rights reserved. Except as permitted under the U.S. Copyright Act of 1976, no part of this publication may be reproduced, distributed or transmitted in any form or by any means, or stored in a database or retrieval system, without the prior permission of the author.

This ebook is licensed for your personal enjoyment only. This ebook may not be re-sold or given away to other people. If you would like to share this book with another person, please purchase an additional copy for each recipient. If you’re reading this book and did not purchase it, or it was not purchased for your use only, then please return it and purchase your own copy. Thank you for respecting the hard work of this author.

This is a work of fiction. Names, characters, businesses, organizations, places, events, and incidents either are the product of the author’s imagination or are used fictionally. Any resemblance to actual persons, living or dead, is entirely coincidental. Cover model: Jennifer Onvie. Cover photography: Adam Luke Studios, New York. Cover makeup artist: Ruthie Weems. If you would like to contact any of these artists, please contact Morgan Rice.

Jacket art ©iStock.comlamia-ell Copyright © 2011 Morgan Rice  Titre original anglais : Desired Book 5 in the Vampire Journals

Copyright © 2013 Éditions AdA Inc. pour la traduction française  Cette publication est publiée en accord avec Lukeman Literary Management Ltd, Brooklyn, NY  Tous droits réservés. Aucune partie de ce livre ne peut être reproduite sous quelque forme que ce soit sans la permission écrite de l’éditeur, sauf dans le cas d’une critique littéraire.  Éditeur : François Doucet  Traduction : Kurt Martin Révision linguistique : Daniel Picard Correction d’épreuves : Nancy Coulombe, Carine Paradis  ISBN papier 978-2-89733-251-8 ISBN PDF numérique 978-2-89733-252-5 ISBN ePub 978-2-89733-253-2 Première impression : 2013

Dépôt légal : 2013 Bibliothèque et Archives nationales du Québec Bibliothèque Nationale du Canada Éditions AdA Inc.

1385, boul. Lionel-Boulet Varennes, Québec, Canada, J3X 1P7 Téléphone : 450-929-0296 Télécopieur : 450-929-0220  Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du Livre du Canada (FLC) pour nos activités d’édition. Gouvernement du Québec—Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres —Gestion SODEC. Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada Rice, Morgan Souvenirs d’une vampire Traduction de : Vampire journals. Sommaire : t. 5. Désirée. ISBN 978-2-89733-251-8 (v. 5) I. Martin, Kurt, 1970- . II. Titre. III. Titre : Désirée. PS3618.I23V3514 2012  813’.6 C2012-941754-8

 

Chapitre 1

Chapitre 2

Chapitre 3

Chapitre 4

Chapitre 5

Chapitre 6

Chapitre 7

Chapitre 8

Chapitre 9

Chapitre 10

Chapitre 11

Chapitre 12

Chapitre 13

Chapitre 14

Chapitre 15

Chapitre 16

Chapitre 17

Chapitre 18

Chapitre 19

Chapitre 20

Chapitre 21

Chapitre 22

Chapitre 23

Chapitre 24

Chapitre 25

Chapitre 26

Chapitre 27

Chapitre 28

Chapitre 29

Chapitre 30

Chapitre 31

Chapitre 32

Chapitre 33

Chapitre 34

Chapitre 35

Chapitre 36

Chapitre 37

Chapitre 38

Chapitre 39

fait:

 

Montmartre, à Paris, est célèbre pour son imposante églis la basilique du Sacré-Cœur, bâtie au XiXe siècle. Mais, jou tant cette dernière, au sommet de la butte, se trouve égal ment l’église Saint-Pierre, peu connue. Cette petite égli mystérieuse est bien plus vieille que sa voisine, son édific tion remontant au iiie siècle. Elle est pourtant d’une impo tance historique plus considérable: c’est à cet endroit q furent prononcés les vœux menant à la fondation de Compagnie de Jésus.

 

fait:

 

La Sainte-Chapelle est située sur la petite île de la Cité, a cœur de Paris (pas très loin de la célèbre cathédrale Notr Dame). Elle fut construite au Xiiie siècle et abrita penda des siècles les reliques les plus précieuses de la chrétient dont la Couronne d’Épines, la Sainte Lance et un fragme de la Vraie Croix, sur laquelle Jésus-Christ a été crucifié. L reliques ont été conservées dans un grand coffre d’argent orné…

« ah! chère Juliette, pourquoi es-tu si belle encore?

Dois-je croire que le spectre de la Mort est amoureux et que l’affreux monstre décharné te garde ici dans les ténèbres pour te posséder?… Horreur! Je veux rester près de toi, et ne plus sortir de ce sinistre palais de la nuit… »

 

— William Shakespeare

Roméo et Juliette

Chapitre 1

 

 

Paris, France (Juillet 1789)

 

Caitlin Paine se réveilla dans une obscurité profonde.

L’air était lourd, et elle avait de la difficulté à res- pirer. Elle était étendue sur le dos, sur une surface dure. L’air était froid et humide, et un mince filet de lumière s’infiltrait par le haut. Elle essaya de remuer ses membres.

Ses épaules étaient coincées, mais, avec un effort, elle réussit à lever les bras. Elle tendit les paumes pour inspecter la surface devant elle. De la pierre. Elle y fit glisser ses doigts, pour évaluer ses dimensions, et comprit qu’elle était enfermée. Dans un cercueil.

Le pouls de Caitlin s’accéléra. Elle détestait les espaces con finés et commença à haleter. Elle se demanda si elle était en train de rêver, coincée dans une sorte de limbes horribles, ou si elle était bien réveillée, à une autre époque, à un autre endroit.

Elle tendit de nouveau les deux mains et poussa de toutes ses forces. La pierre bougea juste assez pour qu’elle puisse glisser un doigt dans la fissure. Elle poussa encore, de toutes ses forces, et le lourd couvercle de pierre bougea encore, en produisant un crissement de pierre frottant sur la pierre.

Elle passa plusieurs doigts dans la fente qui s’agrandissait, et poussa avec vigueur. Cette fois, le couvercle tomba.

Caitlin s’assit, hors d’haleine, et regarda autour d’elle. Ses poumons aspirèrent goulûment l’air frais, et elle se protégea de la lumière en portant une main devant ses yeux. Depuis combien de temps se trouvait- elle dans ces ténèbres?

Pendant qu’elle était assise, se protégeant les yeux, elle tendit l’oreille, pour détecter tout bruit insolite ou tout mouvement. Elle se rappelait combien son réveil avait été brutal dans ce cimetière en italie, et, cette fois, elle ne voulait rien laisser au hasard. Elle se prépara à toute éventualité, prête à se défendre contre n’importe quel villageois, ou vampire — ou n’importe quoi d’autre — qui pourrait se trouver près d’elle.

Mais cette fois, tout était silencieux. Elle se força à ouvrir les yeux et se rendit compte qu’elle était bien seule. Une fois que ses yeux se furent accoutumés à la lumière, elle se rendit compte qu’elle n’était pas si vive que cela. Elle était dans une chambre très vaste, en pierre, avec un plafond bas voûté. Ça ressemblait au caveau d’une église. La pièce n’était éclairée que par quelques chandelles dispersées. Ce devait être la nuit, pensa-t-elle.

Maintenant que ses yeux étaient habitués, elle regarda attentivement autour d’elle. Elle avait raison: elle reposait dans un sarcophage de pierre, dans le coin d’une chambre en pierre, dans ce qui semblait être une crypte. La pièce était vide, hormis quelques statues de pierre et plusieurs autres sarcophages.

Caitlin se glissa hors du sarcophage. Elle s’étira, testant tous ses muscles. Cela lui faisait du bien de se tenir debout. Elle était heureuse de ne pas se réveiller au milieu d’une bataille cette fois. Elle aurait au moins un peu de temps pour retrouver ses esprits.

Mais elle était toujours un peu désorientée. Son esprit semblait lent, comme si elle se réveillait d’un sommeil ayant duré un millier d’années. Elle sentit aussitôt une crampe à l’estomac.

Où suis-je? se demanda-t-elle. En quelle année sommes-nous? Et surtout, où se trouve Caleb?

Elle était découragée de ne pas le voir à ses côtés. Caitlin scruta la pièce, y cherchant un signe de lui.

Mais elle ne vit rien. Tous les autres sarcophages étaient ouverts et vides, et il n’y avait aucun autre endroit où quelqu’un aurait pu se cacher.

— Ohé! appela-t-elle. Caleb?

Elle fit quelques pas hésitants dans la pièce et vit une porte basse en forme d’arche, qui constituait la seule sortie. Elle s’approcha et essaya de tourner la poi- gnée. Comme elle n’était pas verrouillée, la porte s’ouvrit facilement.

avant de quitter la pièce, elle se retourna et la scruta, afin de s’assurer de ne rien oublier d’important. Elle porta sa main à son cou et y sentit son collier. Elle fouilla dans ses poches et fut rassurée d’y trouver son journal et la grosse clé. C’est tout ce qui lui restait au monde. Et c’est tout ce dont elle avait besoin.

Une fois sortie de la pièce, Caitlin longea un long couloir voûté en pierre. Elle ne pensait qu’à retrouver Caleb. il avait assurément remonté le temps avec elle. N’est-ce pas?

Et s’il l’avait fait, se souviendrait-il d’elle cette fois? Elle ne pouvait concevoir refaire tout ce processus, devoir le chercher, et puis s’apercevoir qu’il ne se sou- venait de rien. Non. Elle pria pour que ce soit différent cette fois. il était vivant, se dit-elle pour se rassurer, et ils avaient reculé ensemble. il fallait que ce soit le cas.

Mais pendant qu’elle se pressait dans le corridor, puis grimpait quelques marches en pierre, elle sentit son cœur s’emballer et sentit ce pincement familier dans la poitrine à la perspective qu’il ne soit pas revenu avec elle. après tout, il ne s’était pas réveillé à ses côtés, lui tenant la main. il n’était pas là pour la rassurer. Cela impliquait-il qu’il n’ait pas fait le voyage à rebours dans le temps? Le pincement s’intensifia.

Et qu’en était-il de Sam? il se trouvait également avec elle. Pourquoi ne voyait-elle aucun signe de lui?

Caitlin arriva enfin en haut de l’escalier, ouvrit une autre porte et resta plantée là, fascinée par le décor. Elle se trouvait dans la chapelle principale d’une extra- ordinaire église. Elle n’avait jamais vu de plafonds aussi hauts, autant de vitraux, ni un autel aussi volu- mineux, aussi ouvragé. Les rangées de bancs d’église semblaient s’étendre à l’infini, et c’était comme si l’en- droit pouvait accueillir des milliers de fidèles.

Par bonheur, l’endroit était vide. Des chandelles brûlaient partout, mais il était manifestement tard. Elle en fut ravie: la dernière chose qu’elle aurait sou- haitée, c’était de traverser une foule avec des milliers de regards braqués sur elle.

Caitlin marcha lentement dans l’allée, se dirigeant vers la sortie. Elle était à l’affût de Caleb, de Sam, ou même d’un prêtre. Un prêtre comme celui d’assise, qui pourrait l’accueillir et lui expliquer les choses. Qui pourrait lui dire où elle se t rouvait, et quand, et pourquoi.

Mais il n’y avait personne. Caitlin semblait être complètement, absolument seule.

Elle arriva devant l’immense porte double et se prépara à affronter ce qu’elle pourrait trouver à l’extérieur.

En l’ouvrant, elle eut le souffle coupé. Les rues étaient éclairées partout par des torches, et, devant elle, se trouvait une immense foule. Les gens n’atten- daient pas pour entrer dans l’église, ils grouillaient plutôt sur une grande place. C’était une scène de nuit bouillonnante, festive. En sentant la chaleur, Caitlin devina qu’on était l’été. Elle était ébahie de voir tous ces gens, leurs tenues anciennes, leurs manières étu- diées. Par chance, personne ne sembla la remarquer. Mais elle n’arrivait pas à détacher son regard de tous ces gens.

il y avait des centaines de personnes, la plupart en tenue de soirée, provenant toutes d’un autre siècle. Des chevaux, des calèches, des marchands, des artistes et des chanteurs se frayaient un chemin parmi la foule. C’était le décor d’une soirée estivale bondée, et c’était étourdissant. Elle se demanda en quelle année et en quel endroit elle pouvait s’être retrouvée. Pendant qu’elle inspectait tous ces visages étrangers, elle se demanda surtout si Caleb pouvait se trouver parmi eux.

Elle scruta la foule avec espoir, en essayant de se convaincre que Caleb, ou peut-être Sam, pouvait se trouver parmi ces gens. Elle regarda dans toutes les directions mais, après plusieurs minutes, elle conclut qu’ils n’étaient tout simplement pas là.

Caitlin s’avança sur la place, puis se retourna vers l’église, en espérant pouvoir reconnaître la façade et obtenir ainsi un indice sur l’endroit où elle se trouvait.

Et elle trouva ce qu’elle cherchait. Elle n’était pas une experte en architecture, ni en histoire, ni en églises, mais elle connaissait certaines choses. Certains endroits, d’ailleurs, sont si connus, si gravés dans la conscience collective, qu’elle était sûre de pouvoir les reconnaître. Et celui-ci en faisait partie.

Elle se trouvait devant Notre-Dame. Elle était à Paris.

C’est un bâtiment qu’elle ne pouvait confondre avec aucun autre. avec les trois immenses portes de sa façade, rehaussées de nombreuses sculptures. Et les dizaines de petites statues qui les dominent. Sa façade ouvragée s’élevant sur une soixantaine de mètres. C’est l’un des bâtiments les plus connus de la terre. Elle l’avait vu de nombreuses fois sur internet. Elle n’arrivait pas à y croire: elle était vraiment à Paris. Caitlin avait toujours voulu visiter Paris et avait toujours supplié sa mère de l’y emmener. Lorsqu’elle avait eu un petit ami au secondaire, elle avait toujours souhaité qu’il l’y invite. C’était une de ses destinations de rêve, et elle avait le souffle coupé de s’y trouver en ce moment même. Et dans un autre siècle.

Caitlin se sentit bousculée dans la foule qui gros- sissait, et elle regarda soudainement son accoutrement. Elle eut honte de s’apercevoir qu’elle portait toujours la tenue de prison que lui avait remise Kyle au Colisée de Rome. Elle portait une tunique de toile qui était rugueuse sur sa peau. Le tissu était grossièrement taillé et beaucoup trop grand pour elle. il était attaché avec de la corde autour du buste et des jambes. Elle avait les cheveux sales et en broussaille, et ils lui tom- baient sur le visage. Elle ressemblait à un prisonnier en fuite, ou un vagabond.

Se sentant de plus en plus anxieuse, Caitlin chercha de nouveau Caleb, ou Sam, ou n’importe qui d’autre qu’elle connaîtrait. Quelqu’un qui pourrait l’aider. Elle ne s’était jamais sentie aussi seule et elle ne souhaitait rien de plus que de les apercevoir, de savoir qu’elle n’était pas remontée à cet endroit seule et que tout irait bien.

Mais elle ne reconnut personne.

Je suis peut-être la seule, pensa-t-elle. Je suis peut-être toute seule encore une fois.

Cette pensée la pénétra comme un poignard. Elle souhaita se rouler en boule, ramper tête basse jusqu’à l’église pour s’y cacher, pour être envoyée à une autre époque, un autre lieu — n’importe quel endroit où elle pourrait se réveiller en apercevant quelqu’un qu’elle connaît.

Mais elle essaya de se faire une raison. Elle savait qu’elle ne pouvait rebrousser chemin, qu’elle devait continuer à aller de l’avant. il fallait qu’elle se montre brave, et qu’elle surmonte les embûches de ce lieu et de cette époque. il n’y avait aucune autre option.

 

*

 

Caitlin devait s’éloigner de la foule. Elle avait besoin d’être seule, de se reposer, de se nourrir et de réfléchir. Elle devait essayer de trouver où aller, où commencer à chercher Caleb, s’il était seulement ici. Plus impor- tant, elle devait découvrir ce qu’elle faisait dans cette ville, et à cette époque. Elle ne savait même pas en quelle année on était.

Un homme la frôla, et Caitlin tendit la main pour lui agripper le bras, voulant désespérément savoir.

il se retourna et la regarda d’un air bizarre, surpris d’avoir été arrêté aussi brusquement.

--  Je suis désolée, dit-elle en constatant qu’elle avait la gorge très sèche et qu’elle devait avoir l’air d’une miséreuse, mais quelle année sommes-nous?

Elle eut honte de poser cette question, sentant qu’elle       devait avoir l’air d’une cinglée.

--  année? demanda l’homme, perplexe.

--  Heu… je suis désolée, mais il semble que je n’arrive pas à… m’en souvenir.

L’homme la dévisagea, l’observant de haut en bas, puis il secoua lentement la tête, comme s’il avait décidé qu’il y avait quelque chose qui ne tournait pas rond chez elle.

--  En 1789, bien sûr. Et nous sommes très loin du Nouvel an; vous n’avez donc aucune excuse, dit-il en secouant la tête par dérision avant de s’éloigner.

En 1789. Ces chiffres se frayèrent un chemin dans l’esprit de Caitlin. Elle se rappela qu’elle se trouvait auparavant en 1791. Deux années. Ce n’était pas beaucoup.

Reste qu’elle se trouvait à Paris maintenant, un monde complètement différent de Venise. Pourquoi ici? Pourquoi maintenant?

Elle se creusa les méninges, essayant tant bien que mal de se rappeler ses cours d’histoire, de se rappeler ce qui avait pu se passer en france en 1789. Elle fut un peu honteuse de ne pouvoir y parvenir. Si elle avait su à l’époque du secondaire qu’elle remonterait un jour le temps, elle aurait étudié ses livres d’histoire toute la nuit et aurait fait un effort pour tout mémoriser.

Ce n’était plus aussi important aujourd’hui, pensa- t-elle. Car elle faisait partie de l’histoire. Elle avait maintenant une chance d’en infléchir le cours, de changer sa propre vie. Le passé, comprit-elle, peut être transformé. Même si certains événements figurent dans les livres d’histoire, cela ne signifie pas qu’elle ne puisse, en remontant le temps, les changer mainte- nant. En un sens, elle l’avait déjà fait: son apparition ici, à cette époque, changerait tout. Ce qui, en retour, pourrait changer le cours de l’histoire, ne fut-ce qu’un peu.

Elle sentit l’importance de ses actions avec plus d’intensité. Elle pouvait recréer le passé.

Elle prit le temps d’assimiler son environnement chic. Elle commença à se détendre un peu et même à se sentir un peu réconfortée. au moins, elle avait atterri dans un bel endroit, dans une belle ville et à une belle époque. Ce n’était vraiment pas l’âge de pierre, après tout, et ce n’est pas comme si elle avait surgi au milieu de nulle part. Tout ce qui l’entourait semblait immaculé, les gens étaient bien habillés, et le pavé des rues luisait sous la lumière des torches. Et ce dont elle se souvenait du Paris du XViiisiècle, c’est que c’était une période glorieuse pour la france, une époque de prospérité, où régnaient toujours les rois et les reines.

Caitlin s’aperçut que Notre-Dame se trouvait sur une petite île et elle sentit le besoin d’en sortir. C’était trop peuplé ici, et elle avait besoin de tranquillité. Elle repéra plusieurs passerelles, qui permettaient d’en sortir, et se dirigea vers l’une d’elles. Elle se permit d’espérer que la présence de Caleb l’attire peut-être dans cette direction précise.

Pendant qu’elle traversait le fleuve, elle remarqua à quel point Paris était belle la nuit, illuminée par les torches qui s’alignaient sur les rives du fleuve et par la pleine lune. Elle pensa à Caleb et souhaita qu’il se trouve à ses côtés pour profiter de la vue.

Comme elle traversait le pont, regardant l’eau, des souvenirs la submergèrent. Elle repensa à Pollepel, au fleuve Hudson la nuit, à la façon dont la lune illumi- nait l’eau. Elle ressentit un besoin soudain de sauter du pont, de tester ses ailes, afin de voir si elle pouvait encore voler, afin de s’élever très haut au-dessus de la ville.

Mais elle se sentait faible, et affamée, et, pendant qu’elle se redressait, elle ne put même pas sentir la pré- sence de ses ailes. Elle s’inquiéta que son voyage dans le temps ait pu affecter ses capacités, ses pouvoirs. Elle ne se sentait pas aussi puissante qu’aupa- ravant. En fait, elle se sentait presque humaine. fragile. Vulnérable. Elle n’aimait pas du tout cette sensation.

Lorsqu’elle eut traversé le fleuve, Caitlin marcha dans les petites rues, errant pendant des heures, com- plètement perdue. Elle suivit des rues qui serpentaient et tournaient, en s’éloignant toujours plus du fleuve, vers le nord. Elle était ébahie par la ville. Sous certains aspects, elle lui rappelait la Venise et la florence de 1791. Comme ces deux villes, Paris restait la même, telle qu’elle pouvait se montrer au XXisiècle. Elle n’y avait jamais mis les pieds, mais elle avait vu des photos et était surprise de reconnaître tant de bâtiments et de monuments.

La plupart des rues, ici aussi, étaient recouvertes de pavé, sur lequel passaient les chevaux et les calèches, ou, de temps à autre, un cavalier solitaire. Les gens déambulaient dans des tenues soignées, mar- chant d’un pas nonchalant, comme s’ils avaient toute la vie devant eux. Comme dans les deux autres villes, il n’y avait pas de canalisations ici, et elle ne put s’em- pêcher de remarquer les excrétions dans les rues et d’être importunée par la puanteur horrible qui régnait dans la chaleur de l’été. Elle souhaita avoir toujours en sa possession un de ces sachets de pot-pourri que Polly lui avait donnés à Venise.

Mais, contrairement à ces autres villes, Paris était un monde en soi. Les rues y étaient plus grandes, les bâtiments plus bas, et l’architecture plus belle. La ville semblait plus vieille, plus précieuse, plus magnifique. Elle était aussi moins bondée: plus Caitlin s’éloignait de Notre-Dame, moins elle croisait de gens. C’était peut-être simplement parce qu’il se faisait tard, mais les rues étaient presque vides.

Elle marcha encore et encore, et commençait à ne plus sentir ses jambes. Elle regardait partout à la recherche de Caleb, d’un indice qui pourrait la mener dans une direction précise. Mais il n’y avait rien.

À environ tous les 20 pâtés de maisons, le quartier changeait, ainsi que l’ambiance. Tandis qu’elle avan- çait de plus en plus vers le nord, elle commença à gravir une colline, dans un nouvel arrondissement, avec des passages étroits et plusieurs bistros. En pas- sant devant un bar qui faisait le coin de la rue, elle aperçut un homme étendu contre un mur, complète- ment saoul et inconscient. La rue était complètement vide, et Caitlin ressentit une violente crampe d’es- tomac. C’était comme si la faim lui déchirait le ventre.

Elle regarda l’homme étendu, fit un gros plan sur son cou et vit le sang qui faisait palpiter les veines. En ce moment, elle voulait plus que tout fondre sur lui, et se nourrir. La sensation n’était pas celle d’un simple désir — c’était plutôt comme un ordre. Son corps lui réclamait de le faire.

Caitlin dut user de toute sa volonté pour détourner son regard. Elle préférerait mourir de faim plutôt que de blesser un autre humain.

Elle regarda autour d’elle, se demandant s’il y avait un bois à proximité, un endroit où elle pourrait chasser. Même si elle avait vu des chemins de terre et des parcs dans la ville, elle n’avait rien vu qui ressemble à une forêt.

au même moment, la porte du bar s’ouvrit avec fracas, et un homme en jaillit en trébuchant — il avait en fait été jeté par un membre du personnel. De toute évidence complètement ivre, il vociféra des injures et des menaces à l’adresse du personnel.

Puis il se tourna et posa les yeux sur Caitlin.

il était bien bâti et regardait Caitlin avec de mau- vaises intentions.

Elle sentit ses muscles se raidir. Elle se demanda toutefois, avec inquiétude, s’il lui restait quelque chose de sa force passée.

Elle se détourna et s’éloigna d’un pas rapide, mais elle sentit que l’homme la suivait.

Une seconde plus tard, avant qu’elle ne puisse faire volte-face, il l’agrippait par l’arrière, en lui faisant la prise de l’ours. il était plus rapide et plus fort qu’elle ne l’avait imaginé, et elle pouvait sentir son haleine à l’odeur repoussante.

Mais l’homme était saoul, et il trébucha même s’il la tenait. Caitlin se concentra, se rappelant son entraî- nement, et fit un pas de côté en le repoussant d’un grand geste circulaire, utilisant une technique de combat qu’aiden lui avait apprise sur Pollepel. L’homme vola dans les airs avant de s’écraser sur le dos.

Caitli n eut u ne vision en rét rospect ive du Colisée de Rome, alors qu’elle était attaquée par plusieurs opposants dans l’arène. Le souvenir était si vif qu’elle oublia pendant un instant où elle se trouvait. Elle retrouva ses esprits, juste à temps. L’homme saoul s’était remis sur pied et l’attaquait de nouveau. Caitlin attendit jusqu’au dernier instant, puis esquiva la charge en faisant un pas de côté. il plongea dans l’espace vide et s’écrasa face contre terre.

il était étourdi, et, avant qu’il ne puisse se relever, Caitlin prit la fuite. Elle était heureuse d’avoir eu le dessus, mais l’incident l’avait secouée. Elle était inquiète d’avoir des images qui lui revenaient de Rome. Elle ne sentait plus sa force surnaturelle. Elle se sentait aussi fragile qu’une humaine. Cette perspective l’ef- frayait particulièrement. Elle devrait vraiment se défendre par elle-même.

Caitlin regarda autour d’elle, se demandant avec affolement où elle pourrait aller et ce qu’elle devait faire. Elle ne sentait plus ses jambes après cette longue marche et commençait à ressentir du désespoir.

C’est à ce moment qu’elle l’aperçut. Devant elle se trouvait une grande butte. au sommet s’élevait une grande abbaye médiévale. Pour une raison qu’elle n’ar- rivait pas à s’expliquer, elle se sentit attirée vers elle. La pente était raide, mais elle n’avait pas vraiment d’autre choix.

Elle gravit toute la colline à pied, plus fatiguée que jamais auparavant, et elle aurait souhaité pouvoir voler.

Elle parvint enfin devant la porte principale de l’abbaye et observa les immenses portes en chêne. Cet endroit semblait vraiment très ancien. Elle s’émerveilla que, même si on était en 1789, cette église semble se trouver là depuis des milliers d’années.

Elle ne savait pas pourquoi, mais elle était attirée par ce lieu. Ne sachant pas où aller, elle prit son cou- rage à deux mains et cogna doucement.

Pas de réponse.

Caitlin essaya la poignée et fut surprise de voir la porte s’ouvrir. Elle entra.

La vieille porte grinça, et il fallut un moment pour que la vue de Caitlin s’ajuste à l’église vaste et sombre. En inspectant l’endroit du regard, elle fut impres- sionnée par son étendue et sa solennité. il était très tard, et cette église d’apparence simple, austère, faiteentièrement de pierre, ornée de vitraux, était éclairée par des chandelles qui diffusaient partout une lumière douce. À l’autre bout se trouvait un autel simple, où étaient placées des di zai nes de cha ndelles supplémentaires.

Par ailleurs, l’endroit était vide.

Caitlin se demanda pendant un instant ce qu’elle faisait ici. Y avait-il une raison particulière? Ou était- ce simplement son esprit qui lui jouait des tours?

Une porte latérale s’ouvrit soudainement, et Caitlin se retourna.

À la grande surprise de Caitlin, une religieuse se dirigeait vers elle — elle était petite, frêle, portant des habits amples et blancs, avec un capuchon blanc. Elle marchait lentement, se dirigeant intentionnellement vers Caitlin.

Elle baissa son capuchon et la regarda en souriant. Elle avait de grands yeux bleus étincelants et semblait trop jeune pour être une religieuse. Comme le sourire de la religieuse s’agrandissait, Caitlin put sentir toute la chaleur humaine qu’elle dégageait. Elle put aussi sentir qu’elle faisait partie de sa race: c’était une vampire.

— Sœur Paine, dit la religieuse d’une voix douce, c’est un honneur de vous rencontrer.

Chapitre 2

 

Tout semblait irréel à Caitlin pendant que la religieuse la guidait dans l’abbaye, lui faisant longer un long corridor. C’était un endroit magnifique, et habité, avec des religieuses qui s’affairaient partout, se préparant, semble-t-il, pour l’office du matin. L’une d’elles balan- çait un encensoir en marchant, répandant un parfum délicat, tandis que d’autres chantaient de douces prières matinales.

après avoir marché silencieusement pendant de longues minutes, Caitlin commença à se demander où la conduisait la religieuse. Elles s’arrêtèrent enfin devant une porte simple. La religieuse l’ouvrit, révé- lant une petite pièce d’allure humble, avec une vue sur Paris. Cela rappela à Caitlin la chambre qu’elle avait habitée dans ce cloître à Sienne.

--  Vous trouverez des vêtements sur le lit, dit la religieuse. Dans la cour, il y a un puits où l’on peut se laver. Et ceci est pour vous.

Son doigt pointait en direction du coin de la chambre, vers un petit piédestal en pierre sur lequel se trouvait un gobelet d’argent, rempli d’un liquide blanc. La religieuse lui adressa un sourire.

--  Vous avez tout ce qu’il vous faut pour prendre une bonne nuit de sommeil. après cela, vous pourrez faire votre choix.

--  Choix? demanda Caitlin.

--  J’ai appris que vous aviez déjà une clé. Vous devrez trouver les trois autres. Le choix vous revient, néanmoins, de poursuivre votre périple et remplir votre mission. Ceci est pour vous, dit-elle en tendant à Caitlin un étui cylindrique en argent, orné de bijoux. C’est une lettre de votre père. Pour vous. Nous la conservons depuis des siècles. Elle n’a jamais été ouverte.

Caitlin prit le cylindre, le considérant avec admira- tion et respect, et le soupesa dans sa main.

--  J’espère que vous poursuivrez votre mission, dit-elle d’une voix douce. Nous avons besoin de vous, Caitlin.

Soudain, la religieuse s’apprêta à partir.

--  Un instant! s’écria Caitlin. Elle s’arrêta.

--  Je suis à Paris, vrai? En 1789? La femme lui adressa un sourire.

--  C’est vrai.

--  Ma i s p ou rquoi? Pou rquoi su i s -je ic i?

Maintenant? Et pourquoi cet endroit?

--  J’ai bien peur que vous ne deviez trouver la réponse par vous-même. Je ne suis qu’une humble servante.

--  Mais qu’est-ce qui m’a attirée vers cette église?

--  Vous êtes da n s l’abbaye Sa i nt-Pier re. À Montmartre, dit la femme. Elle a été érigée il y a des milliers d’années. C’est un endroit très sacré.

--  Pourquoi? insista Caitlin.

--  C’est l’endroit où se sont réunis les fondateurs de la Compagnie de Jésus afin de prononcer leurs vœux. C’est à cet endroit qu’est né le christianisme.

Caitlin, ébahie, resta sans voix. La sœur sourit et dit finalement:

--  Bienvenue.

Sur ces mots, elle s’inclina discrètement, puis quitta la pièce en refermant doucement la porte der- rière elle.

Caitlin lui était reconnaissante de l’hospitalité, des vêtements de rechange, de la possibilité de prendre un bain et du lit confortable qui se trouvait dans un coin. Elle examina la pièce. Elle pensait ne pas pouvoir faire un pas de plus. Elle se sentait si fatiguée qu’elle pensait pouvoir dormir pendant une éternité.

En tenant l’étui incrusté de bijoux, elle marcha vers le coin de la pièce et le déposa. Le rouleau pourrait attendre. Mais sa faim, non.

Elle souleva le gobelet rempli à ras bord et exa- mina son contenu. Elle pouvait déjà sentir ce dont il s’agissait: du sang blanc.

Elle le porta à ses lèvres et but. C’était plus doux que le sang rouge et plus facile à avaler — elle sentait qu’il passait aussi plus rapidement dans ses veines. En quelques instants, elle se sentit revigorée et plus forte qu’elle ne l’avait jamais été. Elle aurait pu boire sans jamais s’arrêter.

Caitlin déposa enfin le gobelet vide et reprit l’étui d’argent en se dirigeant vers le lit. Elle s’étendit et se rendit compte combien les muscles de ses jambes étaient endoloris. Elle se sentait si bien, rien que d’être étendue là.

Elle posa sa tête sur le petit oreiller et ferma les yeux, juste un instant. Elle avait l’intention de les rou- vrir bientôt et de lire la lettre de son père.

Mais, au moment où elle ferma les yeux, une fatigue surnaturelle l’enveloppa aussitôt. Elle aurait été incapable de rouvrir ses yeux, même si elle avait essayé. En quelques secondes, elle sombra dans un sommeil profond.

 

*

 

Caitlin se trouve sur le plancher du Colisée de Rome, portant une armure complète et tenant une épée. Elle est prête à affronter quiconque on voudrait lui opposer — en fait, elle a hâte d’en découdre. Mais, en se tournant de tous bords, elle s’aperçoit que l’arène est vide. Elle regarde dans les gra- dins et s’aperçoit que le stade tout entier est vide.

Caitlin cligne des yeux et, lorsqu’elle les ouvre, elle n’est plus dans le Colisée, mais au Vatican, dans la chapelle Sixtine. Elle tient toujours son épée, mais porte maintenant une robe.

Elle regarde dans la pièce et aperçoit des centaines de vampires, parfaitement alignés, portant des robes blanches, avec des yeux bleus étincelants. Ils attendent au garde- à- vous contre le mur, parfaitement silencieux.

Caitlin laisse échapper son épée qui projette un son métallique dans la pièce en frappant le sol. Elle marche lente- ment vers le prêtre en chef, tend la main et reçoit de ses mains un grand gobelet d’argent, rempli de sang blanc. Elle boit, et le liquide déborde, coulant sur ses joues.

Soudain, Caitlin se retrouve seule dans le désert. Elle marche pieds nus sur le sable brûlant, le soleil la frappant de plein fouet, et elle tient une clé gigantesque dans sa main. Mais la clé est si énorme — d’une grosseur surnaturelle — que son poids la fait chanceler.

Elle marche encore et encore, aspirant péniblement l’air brûlant, jusqu’ à ce qu’elle arrive devant une énorme mon- tagne. Au sommet, elle aperçoit un homme qui se tient là, seul, et qui la regarde en souriant.

Elle sait que c’est son père.

Caitlin s’ élance, courant de toutes ses forces, essayant de gravir la montagne, de se rapprocher de lui. Pendant ce temps, le soleil grimpe dans le ciel, devenant plus cuisant, la frappant cruellement. Il semble se tenir derrière son père lui- même, comme s’il était le soleil en personne, et elle se dirige directement vers lui.

Son ascension devient de plus en plus pénible, et elle respire difficilement alors qu’elle s’approche. Il se tient là en lui tendant les bras, dans l’attente de l’embrasser.

Mais la pente devient de plus en plus raide, et elle est tout simplement épuisée. Elle ne peut faire un pas de plus.

Elle s’ évanouit sur place.

Caitlin cligne des yeux et, lorsqu’elle les ouvre enfin, elle voit son père penché sur elle, qui lui adresse un sourire chaleureux.

--  Caitlin, dit-il. Ma fille. Je suis si fier de toi.

Elle essaie de tendre la main, de le serrer dans ses bras, mais la clé se trouve maintenant par-dessus elle et elle est trop lourde, la clouant au sol.

Elle le regarde, essayant de parler, mais ses lèvres sont gercées, et sa gorge est trop sèche.

--  Caitlin?

— Caitlin?

Caitlin se réveilla en sursaut, ouvrant les yeux, désorientée.

Elle leva le regard et aperçut un homme à son chevet, qui la regardait en souriant.

il tendit la main et écarta délicatement les cheveux qui pendaient devant ses yeux.

Était-elle toujours en train de rêver? Elle sentait la sueur froide sur son front, la main de l’homme sur son poignet, et elle pria pour ne pas être en train de rêver.

Parce que, devant elle, se tenait l’amour de sa vie. Caleb.

Chapitre 3

 

Sam ouvrit brusquement les yeux. il regardait vers le ciel, son regard suivant le tronc d’un énorme chêne. il cligna des yeux plusieurs fois, se demandant où il se trouvait.

il sentait quelque chose de moelleux sous son dos, quelque chose de très confortable. il regarda par- dessus son épaule, pour découvrir qu’il reposait sur un tapis de mousse, sur le sol d’une forêt. il redirigea son regard vers le haut et aperçut des dizaines d’ar- bres, qui s’élevaient très haut au-dessus de lui et qui se balançaient au vent. il entendit glouglouter et regarda autour de lui. il aperçut un ruisseau qui coulait non loin de sa tête.

Sam s’assit et inspecta les environs, scrutant dans toutes les directions et essayant d’intégrer mentale- ment le décor. il se trouvait dans la forêt profonde, seul, et la seule lumière disponible était celle qui per- çait à travers les branches. il inspecta sa tenue et vit qu’il portait la même armure que dans l’arène du Colisée. Tout était paisible ici; les seuls bruits qu’il entendait étaient ceux du ruisseau, des oiseaux et de quelques animaux au loin.

Sam comprit, avec soulagement, que le voyage da n s le temps avait fonct ion né. il se t rouvait manifestement dans un autre endroit et à une autre époque, mais ne sachant pas où dans l’espace et à quel moment précis de l’histoire.

Sam examina lentement son corps et se rendit compte qu’il n’avait aucune blessure majeure et qu’il avait tous ses morceaux. il sentit un tiraillement d’es- tomac intense, mais il pouvait composer avec cette sensation. il devait d’abord découvrir où il se trouvait. il tâta son corps à la hauteur de la ceinture, puis le sol, pour voir s’il avait toujours ses armes avec lui.

Malheureusement, aucune n’avait fait le voyage. il ne pouvait plus compter que sur lui-même et ne pour- rait utiliser que ses seules mains pour se défendre.

il se demandait s’il possédait toujours sa puissance de vampire. il sentait toujours une force surnaturelle circuler dans ses veines, et il lui semblait qu’il la pos- sédait toujours. Mais, encore une fois, il ne pourrait le savoir avec certitude que le moment venu.

Et ce moment arriva beaucoup plus vite qu’il ne l’aurait imaginé.

Sam entendit une branche craquer. il se retourna et vit un ours immense qui s’avançait lentement dans une posture d’intimidation. Sam figea sur place. L’ours lui jeta un regard noir, découvrit ses dents et se mit à grogner.

Un instant plus tard, il fonçait droit sur lui, de manière agressive.

Sam n’avait pas le temps de fuir, ni aucun endroit où se cacher. il n’avait pas d’autre choix que d’affronter l’animal.

Mais, étrangement, au lieu de sentir la peur l’en- vahir, Sam sentit la rage s’emparer de lui. il était furieux contre l’animal. il était en colère de se faire attaquer, avant même d’avoir pu retrouver complè- tement ses esprits. Alors, sans plus réfléchir, Sam chargea également l’ours, se préparant à l’affronter comme s’il s’agissait d’un humain.

Sam rencontra l’ours à mi-chemin. L’ours se préci- pita sur lui, et Sam bondit à son tour. il sentait une grande force animer ses membres, lui donnant l’im- pression d’être invincible.

Comme il rencontrait l’ours dans les airs, il comprit qu’il possédait toujours ses pouvoirs. il attrapa l’ours par les épaules, l’agrippa fermement, tourna sur lui- même et le projeta dans les airs. L’ours s’envola vers l’arrière dans le bois, planant sur plusieurs mètres, avant de s’écraser contre un arbre.

Sam resta planté là et rugit en direction de l’ours. C’était un rugissement féroce, bien plus bruyant que celui de l’animal. il sentit que ses muscles et ses veines se gonflaient en lui.

L’ours se releva en chancelant, tout en regardant Sam avec stupéfaction. il marchait maintenant en boi- tillant et, après avoir fait quelques pas timides, il inclina soudainement la tête, se retourna et prit la fuite. Mais Sam ne l’entendait pas ainsi. il était mainte- nant hors de lui et sentait que rien au monde ne pour- rait apaiser sa rage. Et il avait faim. L’ours devrait payer son affront.

Sam s’élança rapidement, heureux de voir qu’il était bien plus rapide que l’animal. En quelques secondes, il le rattrapa et bondit sur son dos. il pencha la tête vers l’arrière et plongea profondément ses crocs dans le cou de l’animal.

L’ours poussa un mugissement en agonisant, ruant sauvagement, mais Sam tint bon. il enfonça ses dents plus profondément et, quelques instants plus tard, il sentit l’ours tomber à genoux sous lui. Il s’arrêta enfin de bouger.

Sam resta sur lui, buvant, sentant l’énergie vitale de l’animal courir dans ses propres veines.

finalement, Sam se redressa et essuya ses lèvres où dégoulinait le sang. il ne s’était jamais senti aussi revivifié. C’était exactement le repas qu’il lui fallait.

Sam se relevait à peine lorsqu’il entendit une nou- velle branche craquer.

il regarda par-dessus son épaule et aperçut une jeune fille dans la clairière. Elle avait peut-être 17 ans et portait des vêtements tout blancs. Elle se tenait là, portant un panier, l’observant, abasourdie. Sa peau était translucide, et ses longs cheveux châtains enca- draient de grands yeux bleus. Elle était vraiment splendide.

Elle fixait Sam, également sidérée.

il pensa qu’elle devait avoir peur de lui, peur qu’il ne l’attaque. il réalisa qu’il devait projeter une image terrifiante, debout sur un ours, la bouche couverte de sang. il ne voulait pas l’effrayer.

Il descendit de l’animal et fit plusieurs pas vers elle.

À sa grande surprise, elle ne broncha pas et n’es- saya pas de s’enfuir. au lieu de cela, elle continua de l’observer, sans montrer aucun signe de frayeur.

--  Ne crains rien, dit-il. Je ne te ferai aucun mal. Elle sourit. Cela le prit par surprise. Non seulement était-elle superbe, mais elle n’avait vraiment pas peur. Comment était-ce possible?

--  Bien sûr que tu ne me feras rien, dit-elle. Tu fais partie des miens.

Ce fut au tour de Sam d’être stupéfait. au moment même où elle prononça ces mots, il sut que c’était vrai. il avait senti quelque chose lorsqu’il l’avait d’abord aperçue, et maintenant il savait ce que c’était. Elle fai- sait partie des siens. Une vampire. Cela expliquait pourquoi elle n’avait pas peur.

--  De beaux abats, dit-elle en désignant l’ours. Mais plutôt malpropres, tu ne trouves pas? Pourquoi ne pas avoir choisi un cerf?

Sam sourit. Non seulement était-elle jolie — elle était drôle aussi.

--  J’essaierai la prochaine fois, répondit-il. Elle sourit.

--  Pourrais-tu me dire en quelle année nous sommes? demanda-t-il. Ou, au moins, en quel siècle?

Elle se contenta de sourire en secouant la tête.

--  Je pense que je vais te laisser le trouver par toi- même. Si je te le disais, ça gâcherait le plaisir, pas vrai?