Préface d’Aïssatou Thiam © 2021. Edico

Traduit et adapté de l’anglais par Aïssatou Thiam.

Illustrations couverture et intérieur : Yoann Laurent-Rouault

Éditions : JDH Éditions pour Edico

77600 Bussy-Saint-Georges

Imprimé par BoD – Books on Demand GmbH, Norderstedt, Allemagne

ISBN : 978-2-38127-117-0

Dépôt légal : janvier 2021

Les Atemporels

Qu’il s’agisse d’œuvres du vingtième siècle, du dix-neuvième, du dix-huitième ou encore plus tôt…

Qu’il s’agisse d’essais, de récits, de romans, de pamphlets…

Ces œuvres ont marqué leur époque, leur contexte social, et elles sont encore structurantes dans la pensée et la société au-jourd’hui.

La collection « Les Atemporels » de JDH Éditions réunit un choix de ces œuvres qui ne vieillissent pas, qui ont une date de publication (indiquée sur la couverture), mais pas de date de péremption. Car elles seront encore lues et relues dans un siècle.

La plupart de ces atemporels sont préfacés par un auteur ou un penseur contemporain.

George Orwell (dont le véritable nom était Éric Arthur Blair) naquit en Inde en 1903. Il servit dans la police indienne impériale en Birmanie pendant quelques années avant de se reconvertir dans le journalisme et l’écriture de romans. En 1937, il fut blessé en combattant pour les républicains au cours de la guerre civile espagnole. La Ferme des animaux, allégorie politique d’Orwell, fut publiée en 1945, et c’est grâce à ce roman, ainsi qu’à Mille neuf cent quatre-vingt-quatre (1949) qu’il accéda à une renommée mondiale. Il mourut en 1950.

Note de la Traductrice : J’ai pris la liberté de ne pas traduire les noms propres de ce récit, vous les trouverez donc tels que dans la version anglaise originale d’Animal Farm.

A.T

Sommaire

Préface

Publié en 1945, non sans mal – George Orwell essuiera quatre refus d’éditeurs, évoquant le caractère injurieux du texte, assimilant les dirigeants de l’ex-URSS à des cochons – le roman commence par le rêve de Sage l’Ancien, un vieux verrat en fin de vie, exhortant les animaux de la ferme à prendre leur destin en charge.

Les animaux se révoltent et chassent M. Jones, leur maître, afin d’établir une société plus juste, de mener une vie autonome, dans l’entraide et l’égalité.

Mais très vite, les cochons forment une élite et, avides de pouvoir, asservissent les autres animaux… Cette fable satirique à l’humour grinçant, sous forme de dystopie, fait le parallèle avec la révolution russe et ce qu’elle est devenue. Thème cher à George Orwell qui s’est toujours érigé en libre penseur, d’une lucidité particulière, contre toute forme de totalitarisme, populisme, fascisme et impérialisme.

Son but est d’ébranler, secouer le lecteur, pour l’amener à réfléchir sur les régimes autoritaires, encore d’actualité de nos jours. Dénoncer la lâcheté des intellectuels, de la classe politique ou encore de la presse.

En homme engagé, George Orwell n’hésitait pas à faire face « aux déplaisantes réalités », en visionnaire passionné, observateur du genre humain. Je ne peux donc m’empêcher d’observer une résonance avec les fables animalières de La Fontaine, qui permirent à ce dernier de contourner la censure.

Cette allégorie est d’une modernité déconcertante, car elle évoque les dogmatismes de nos sociétés actuelles, et combien il est dangereux pour le peuple d’être privé d’instruction, plus exposé aux manipulations diverses d’une classe dirigeante, privé de leur liberté de penser et de leur libre arbitre.

Enfin, je voudrais mentionner Eileen O’Shaughnessy, première épouse de George Orwell, trop souvent oubliée, qui pourtant participa activement à l’élaboration et au succès de La Ferme des animaux. Elle est décédée avant la publication du récit.

Aïssatou THIAM, novembre 2020

I

M. Jones, propriétaire de la Ferme du Manoir, avait poussé le verrou des poulaillers pour la nuit, mais il était bien trop ivre pour se souvenir de fermer les trappes. S’éclairant avec le cercle de lumière de sa lanterne tanguant de droite à gauche, il traversa la cour en titubant, retira ses bottes en les lançant contre la porte arrière, se servit un dernier verre de bière au tonneau de l’arrièrecuisine et se dirigea vers le lit, où Mme Jones ronflait déjà.

Dès que la lumière de la chambre fut éteinte, il y eut une agitation et un remue-ménage dans tous les bâtiments de la ferme. Dans la journée, la rumeur avait circulé que Major le Sage, le Verrat Blanc, avait fait un rêve étrange la nuit précédente et souhaitait le partager avec les autres animaux. Il avait été convenu qu’ils se retrouveraient tous dans la grande grange dès que M. Jones se serait couché. Grâce à la haute estime dont il bénéficiait dans la ferme, tout le monde était prêt à perdre une heure de sommeil pour entendre ce qu’avait à dire Major le Sage (c’est ainsi qu’on l’appelait toujours, bien que le nom sous lequel il avait été exposé, autrefois, fût Willingdon Beauty).

À une extrémité de la grande grange, sur une sorte de plateforme surélevée, Major était déjà installé sur son lit de paille, sous une lanterne qui pendait à une poutre. Il avait douze ans et, l’âge aidant, était devenu assez corpulent, mais c’était encore un cochon d’apparence majestueuse, avec un air sage et bienveillant, bien que ses canines redoutables n’aient jamais été coupées. Très vite, les autres animaux arrivèrent et se mirent à l’aise selon leur espèce. D’abord, les trois chiens, Bluebell, Jessie et Pincher, puis les cochons, qui s’installèrent dans la paille juste devant la plateforme. Les poules se perchèrent sur le rebord des fenêtres, les pigeons volèrent jusqu’aux chevrons du toit, les moutons et les vaches se couchèrent derrière les cochons et commencèrent à ruminer.

Les deux chevaux de trait, Boxer et Clover, entrèrent en marchant très lentement, posant leurs nobles sabots poilus avec beaucoup de précautions, de peur qu’un petit animal ne soit caché dans la paille. Clover était une jument poulinière robuste qui approchait de la cinquantaine et qui n’avait jamais retrouvé sa ligne après son quatrième poulain. Boxer était une énorme bête, haute de près d’un mètre quatre-vingt-cinq, et aussi forte que deux chevaux ordinaires réunis. Une longue liste blanche descendant jusqu’aux naseaux lui donnait un air un peu stupide et, en réalité, il n’était pas d’une intelligence de premier ordre, mais il était respecté par chacun pour sa constance et ses formidables capacités de travail. Après les chevaux, il y eut Muriel, la chèvre blanche, et Benjamin, l’âne. Benjamin était le plus vieil animal de la ferme, et le plus acariâtre. De nature taciturne, il parlait peu, et quand il le faisait, c’était généralement pour faire une remarque cynique – par exemple, il disait que Dieu lui avait donné une queue pour éloigner les mouches, mais qu’il aurait de loin préféré n’avoir ni queue ni mouches. C’était le seul, parmi les animaux de la ferme, qui ne riait jamais. Si on lui demandait pourquoi, il répondait qu’il ne voyait rien qui puisse le faire rire. Néanmoins, sans l’admettre ouvertement, il était dévoué à Boxer ; tous deux passaient habituellement leurs dimanches ensemble dans le petit enclos situé au-delà du verger, paissant côte à côte et ne parlant jamais.

Les deux chevaux venaient de s’allonger lorsqu’une couvée de canetons, qui avaient perdu leur mère, firent irruption dans la grange en poussant de faibles cris et en s’égarant çà et là en quête d’un endroit où ils ne seraient pas piétinés. Clover fit une sorte de rempart autour d’eux avec sa grande patte avant, les canetons s’y nichèrent et s’endormirent rapidement. Au dernier moment, Mollie, la jolie et idiote jument blanche que M. Jones attelait à son cabriolet, vint se mêler délicatement à l’assemblée, mâchant un morceau de sucre. Elle prit place à l’avant et se mit à minauder avec sa crinière, espérant attirer l’attention sur les rubans rouges qui l’ornaient. Pour finir, la chatte, qui, comme à son habitude lança un regard circulaire, cherchant l’endroit le plus chaud, se lova entre Boxer et Clover ; là, elle ronronna de contentement tout au long du discours de Major sans écouter un traître mot de ce dernier.

Tous les animaux étaient maintenant présents sauf Moïse, le corbeau apprivoisé, qui dormait sur un perchoir près de la porte arrière. Quand Major vit qu’ils s’étaient tous mis à l’aise et attendaient avec attention, il s’éclaircit la gorge et commença ainsi :

— Camarades, vous avez déjà eu vent du rêve étrange que j’ai fait la nuit dernière. Mais j’y reviendrai plus tard. J’ai d’abord quelque chose d’autre à dire. Je ne pense pas, camarades, que je serai encore longtemps parmi vous, et avant de mourir, je me sens le devoir de vous transmettre la sagesse que j’ai acquise. J’ai eu une longue vie, j’ai eu beaucoup de temps pour méditer alors que j’étais étendu dans la solitude de mon box, et je pense pouvoir dire que je comprends la nature de la vie sur cette terre aussi bien que n’importe quel autre animal vivant. C’est à ce sujet que je souhaite vous entretenir. À présent, camarades, quelle est la nature de notre existence ? Regardons les choses en face : nos vies sont misérables, laborieuses et courtes. Nous naissons, on nous donne juste assez de nourriture pour subsister, ceux d’entre nous qui en sont capables sont obligés de travailler jusqu’à leur dernier souffle ; et à l’instant même où notre utilité prend fin, nous sommes massacrés avec une cruauté abjecte. En Angleterre, aucun animal ne connaît le sens du bonheur ou des loisirs après l’âge d’un an. Aucun animal en Angleterre n’est libre. La vie d’un animal est une vie de misère et d’esclavage : telle est la pure vérité. Mais cela fait-il simplement partie de l’ordre des choses, de la nature ? Notre terre est-elle si pauvre qu’elle ne peut pas offrir une vie décente à ceux qui l’habitent ? Non, camarades, mille fois non ! Le sol de l’Angleterre est fertile, son climat est propice, il est capable de fournir de la nourriture en abondance à un grand nombre d’animaux, bien plus important que celui qu’il abrite actuellement. Notre seule ferme pourrait faire vivre une douzaine de chevaux, vingt vaches, des centaines de moutons – et tous vivraient dans un confort et une dignité qui dépassent au-jourd’hui notre imagination. Pourquoi donc continuer dans cette misérable condition ? Parce que la quasi-totalité de la production de notre travail nous est volée par des êtres humains. Voilà, camarades, la réponse à tous nos problèmes. Elle se résume en un seul mot : l’homme. L’homme est notre seul véritable ennemi. Retirons l’homme de la scène et la racine profonde du mal sera extirpée. La faim et la servitude seront abolies à jamais. L’homme est la seule créature qui consomme sans produire. Il ne donne pas de lait, il ne pond pas d’œufs, il est trop faible pour tirer la charrue, il est incapable de courir assez vite pour attraper des lapins. Pourtant, il est le seigneur de tous les animaux. Il les met au travail, mais ne leur donne en retour qu’une maigre becquetance pour les maintenir en vie, et l’excédent, il le garde pour lui. Grâce à notre travail, le sol est labouré, notre fumier le fertilise, et pourtant, il n’y a pas un seul d’entre nous qui possède plus que sa propre peau. Vous, les vaches devant moi, combien de milliers de litres de lait avez-vous produits au cours de l’année dernière ? Et qu’est-il advenu de ce dernier qui aurait dû servir à élever des veaux robustes ? Chaque goutte de ce lait est tombée dans la gorge de nos ennemis. Et vous, les poules, combien d’œufs avez-vous pondus l’année dernière, et combien de ces œufs avez-vous pu couver ? Les autres ont tous été vendus au marché pour enrichir Jones et ses hommes. Et toi, Clover, où sont ces quatre poulains que tu as portés, qui auraient dû être le réconfort de tes vieux jours ? Chacun d’eux fut vendu à l’âge d’un an – et tu ne les reverras plus jamais. En échange de tes quatre maternités et de ton travail dans les champs, qu’as-tu jamais reçu, si ce n’est tes ridicules rations de foin et un box dans l’étable ? Et même nos misérables vies n’atteignent pas leur durée naturelle. Pour ma part, je ne me plains pas, car je fais partie des chanceux. J’ai douze ans et j’ai eu plus de quatre cents enfants. C’est le cours naturel de la vie d’un cochon. Mais aucun animal n’échappe à l’abject couteau à la fin. Vous, jeunes porcelets assis devant moi, d’ici un an, chacun d’entre vous, au moment de son exécution, hurlera de douleur. À cette horreur, nous sommes tous condamnés – vaches, porcs, poules, moutons, tout le monde. Même les chevaux et les chiens n’ont pas de sort plus enviable. Toi, Boxer, le jour même où tes muscles exceptionnels perdront leur puissance, Jones te vendra à l’équarrisseur, qui te tranchera la gorge et fera bouillir tes restes pour nourrir sa meute de Foxhounds. Quant aux chiens, une fois édentés et trop vieux, Jones leur attache une brique autour du cou et les noie dans l’étang le plus proche. N’est-il donc pas clair comme de l’eau de roche, camarades, que tous les maux de notre vie proviennent de la tyrannie des êtres humains ? Débarrassons-nous de l’homme, et le produit de notre travail nous appartiendra. Du jour au lendemain, nous pourrions devenir riches et libres. Que devons-nous faire, alors ? Travailler jour et nuit, corps et âme, pour le renversement de la race humaine ! Tel est le message que je vous adresse, camarades : rébellion ! Je ne sais pas quand ce Soulèvement se produira, peut-être dans une semaine ou dans un siècle, mais je sais, aussi sûrement que je sens cette paille sous mes pieds, que tôt ou tard, la justice sera rendue. Ne perdez jamais cela de vue, camarades, pendant le peu de temps qu’il vous reste à vivre ! Et surtout, transmettez mon message à ceux qui viendront après vous, afin que les générations futures poursuivent la lutte jusqu’à la victoire finale. Et rappelez-vous, camarades, votre détermination ne doit jamais fléchir. Aucun argument ne doit vous égarer. Ne succombez pas à la tentation d’écouter ceux qui disent que l’homme et les animaux ont un intérêt commun, que la prospérité de l’un est la prospérité des autres. Ce ne sont que des mensonges. L’homme ne sert pas d’autres intérêts que les siens. Dans la lutte, laissons fleurir entre nous, les animaux, une unité infaillible et une camaraderie parfaite. Tous les hommes sont des ennemis. Tous les animaux sont des camarades.

À ce moment-là, il y eut un énorme tumulte. Alors que Major finissait son discours contestataire, quatre énormes rats sortirent de leurs trous et s’assirent, à l’écoute. Les chiens les aperçurent, et c’est grâce à une retraite rapide vers leurs tanières que ces derniers durent leur salut. Major leva alors sa patte pour réclamer le silence.

— Camarades, dit-il, voici une question qu’il faut régler. Les créatures sauvages, telles que les rats et les lapins, sont-elles nos amies ou nos ennemies ? Je vous propose de voter. Je soumets cette motion à l’assemblée : les rats sont-ils nos camarades ?

Le vote eut lieu immédiatement, et il fut convenu, à une écrasante majorité, que les rats étaient des camarades. Il n’y eut que quatre dissidents, les trois chiens et le chat (on découvrit par la suite qu’ils avaient voté pour et contre). Major poursuivit :

— Je n’ai plus grand-chose à ajouter. Je me contenterai de rappeler votre devoir d’inimitié envers l’Homme et tous ses agissements. Tout ce qui se meut sur deux jambes est un ennemi. Tout ce qui est à quatre pattes, ou qui a des ailes, est un ami. Et rappelez-vous aussi qu’en luttant contre l’homme, nous ne devons pas lui ressembler. Même lorsque nous l’aurons conquis, n’adoptons pas ses vices. Aucun animal ne doit vivre dans une maison, dormir dans un lit, porter des vêtements, boire de l’alcool et fumer du tabac, toucher de l’argent ou faire du commerce. Toutes les mœurs de l’homme sont mauvaises. Et surtout, aucun animal ne doit jamais tyranniser sa propre espèce. Faibles ou forts, intelligents ou simples, nous sommes tous frères. Aucun animal ne doit jamais tuer un autre animal. Tous les animaux sont égaux. Et maintenant, camarades, je vais vous raconter mon rêve de la nuit dernière. Je ne peux pas vous le narrer en détail. C’était un rêve décrivant la terre telle qu’elle serait une fois l’homme disparu, cela m’a rappelé quelque chose que j’avais enfoui depuis longtemps aux confins de ma mémoire. Il y a de nombreuses années, quand j’étais un petit cochon, ma mère et les autres truies chantaient une vieille chanson dont elles ne savaient que la mélodie et les trois premiers mots. Je connaissais cet air depuis mon enfance ; cependant, il s’était effacé de mon esprit depuis longtemps. Hier soir, toutefois, il m’est revenu dans mon songe. Et qui plus est, les paroles de la chanson sont également revenues – des paroles, j’en suis certain, qui ont été chantées jadis par les animaux avant qu’elles ne tombent dans l’oubli pendant des générations. À présent, je vais vous chanter cette chanson, camarades. Je suis vieux et ma voix est rauque, mais quand je vous aurai appris la mélodie, vous pourrez mieux vous l’approprier. On l’appelle Bêtes d’Angleterre.

Le vieux Major se racla la gorge et se mit à chanter. Comme il l’avait dit, sa voix était rauque, mais il chantait assez bien, et c’était une mélodie entraînante et émouvante, quelque chose entre Clémentine et La Cucaracha. En voici les paroles :

Bêtes d’Angleterre, bêtes d’Irlande,

Bêtes de tous pays et de tous clans,

Écoutez mes joyeuses nouvelles

D’un avenir doré si éclatant.

Tôt ou tard, le jour viendra,

Où l’Homme Tyran sera renversé,

Et les champs fertiles de l’Angleterre

Par les bêtes seules seront foulés.

Les anneaux disparaîtront de notre nez,

Plus de harnais sur notre dos,

Les mors et les éperons rouilleront à jamais,

Plus de fouets cruels pour meurtrir nos peaux.

La richesse est plus grande que l’esprit ne peut l’imaginer,

Blé et orge, avoine et foin,

Trèfle, haricots, pois et raves

Seront à nous ce jour-là

Les champs de l’Angleterre brilleront de mille feux,

Encore plus pures seront ses eaux,

Plus doux aussi souffleront ses vents

Le jour de la libération

Pour voir ce dernier, nous devons tous œuvrer,

Et si nous mourions avant qu’il ne paraisse ;

Vaches et chevaux, oies et dindes,

Que grâce à nous le bien et la liberté naissent.

Bêtes d’Angleterre, bêtes d’Irlande,