Chaulveron 2020 ©

Edition BoD – Books on Demand GmbH

12/14 rond point des Champs Elysées, 75 008 Paris.

Imprimé par Books on demand GmbH, Allemagne.

ISBN : 9782322227709

Dépôt légal : janvier 2017.

3e édition : août 2020.

DU MEME AUTEUR.

CHAULVERON

Nostradamus et la fin des temps.

Le prophète Daniel et la fin des temps.

L’Apocalypse de Saint-Jean et la fin des temps 1.

L’apocalypse de Saint-Jean et la fin des temps 2.

La pensée politique pour les complotistes, l’antiquité.

Nostradamus et l’astrologie mondiale.

ANATOLE LE PELLETIER préface de CHAULVERON

Les oracles de Michel de Nostredame.

ABBE AUGUSTIN LEMMAN préface de CHAULVERON

L’avenir de Jérusalem.

L’Antéchrist, suivi des Antéchrists chez Nostradamus.

GUSTAVE LE BON préface de CHAULVERON

La psychologie des foules.

La psychologie de la guerre.

La psychologie des révolutions.

SUN TSE préface de CHAULVERON

L’art de la guerre.

JEREMY BENTAM préface de CHAULVERON

Le Panoptique.

SITE INTERNET

http://astrologie-mondiale.com.

A ma Grand-mère Ginette d’Arnay-le-Duc
qui m’a transmis la foi catholique.

Introduction.

Vous avez entre les mains la troisième partie de mon travail sur l’œuvre de Nostradamus. La première, intitulée « Nostradamus et l’astrologie mondiale » traitait de la méthode de perception du futur par Nostradamus et en particulier son utilisation de l’astrologie. La deuxième fut « Nostradamus et la fin des temps » dans laquelle j’analysais la lettre à Henri Second. Il tentait de montrer le caractère chronologique du document, de rechercher les éléments historiques lui correspondant. Pour le présent et le futur, j’émettais quelques hypothèses prudentes sur l’évolution possibles de notre monde. Je présentais la montée de l’islamisme, les attentats en Europe, l’émergence de gouvernement de plus en plus autoritaire auquel répondait une révolte croissante de la population. J’essayais d’être le plus prudent possible et de n’avancer qu’à tâtons. L’exégèse des prophéties de Nostradamus est tellement périlleuse. C’est une œuvre de solitude, de recherche patiente ou la modestie doit rester la règle de travail absolue, sous peine d’être durement démentie par la réalité des faits. Je crois ne pas avoir trop commis d’erreur (pour l’instant).

Le présent volume, s’il constitue la troisième étape de mon travail est une nouvelle version d’un premier livre publié sous le même titre. « Le prophète Daniel et la fin des temps » est un livre entièrement nouveau. Il ne garde de son ancienne version que quelques chapitres. Le contenu est désormais axé sur les quatre royaumes, leurs histoires et leurs influences sur le christianisme. Il développe les liens entre Sumer, le mazdéisme et les deux monarchies de droit divin française et russe trouvant son accomplissement avec l’avènement du Grand Monarque et du tsar endormi.

Voilà.

Je ne souhaite pas outre mesure allonger artificiellement l’introduction, je vous laisse découvrir mon analyse.

Bonne lecture.

Duché de Bourgogne, le 7 juillet 2020.
Chaulveron.

Première Partie :
La vie de Daniel.

Chapitre 1 :
L’architecture de l’âme humaine.

Carl Gustav Jung explique que la psychologie humaine comprendrait deux éléments : la psyché individuelle (Section 1) et la psyché collective (Section 2).

Section 1 : La psyché individuelle.

Pour Jung, la psyché individuelle se subdiviserait elle-même en deux éléments : la conscience (§1) et l’inconscient (§2), l’ensemble porterait également le nom de « Soi »1.

§1 : La conscience.

La Conscience correspond à la personnalité apparente de l’individu. Elle se compose de divers éléments, comme les pensées, les désirs, les tendances, les projets, etc.

Ces éléments se regroupent en complexe.

Le modèle du complexe est un archétype de l’Inconscient collectif. Le complexe prend forme sur ce modèle. L’archétype est un moule collectif qui vient se remplir des éléments personnels des individus. La forme du moule est sculptée progressivement par l’accumulation des expériences humaines depuis des millénaires.

Selon C. G. Jung, le complexe est un « ensembles idéo-affectifs à forte charge émotionnelle qui se sont formés au cours de la vie personnelle du sujet, les complexes sont des constituants normaux de la psyché normale »2.

A. Le moi.

Le complexe le plus important de la conscience étant le « Moi ». Il regroupe des éléments qui constitue l’identité de la personne. Il comporte des facteurs cohérents porteurs de valeurs proche. Tout ce qui entre en conflit avec le reste de la Conscience ou avec le monde extérieur est rejeté dans l’Inconscient individuel. Le Moi permet une adaptation avec le monde réelle d’un côté, et avec l’Inconscient de l’autre. C’est en quelque sorte un tampon entre la société et le monde interne.

B. La persona.

Un autre complexe important et celui de la « Persona ». C’est un archétype qui prend forme dans la conscience. La persona, c’est le masque que portait les acteurs du théâtre grec. Il permettait au public de savoir quel personnage jouait l’acteur dans la pièce. On distinguait ainsi le rôle de l’acteur et sa véritable personnalité.

Au niveau psychologique, le masque « persona » permet de dissimuler la véritable personnalité. Ce qu’il faut bien retenir ici, c’est que la « persona » est une représentation collective, c’est une prise de contrôle de l’individu par la psyché collective. Cela permet à l’homme de s’insérer dans un groupe social sans difficulté, comme l’acteur s’intègre dans une pièce de théâtre.

Jung explique que « la persona n’est rien de « réel » : elle ne jouit d’aucune réalité propre, elle n’est qu’une formation de compromis entre l’individu et la société, en réponse à la question de savoir sous quel jour le premier doit apparaître au sein de la seconde »3.

La « persona » est une intériorisation des stéréotypes et des préjugés de la société sur le groupe d’appartenance de l’individu. Ainsi, si la personne est un médecin, la société attend de lui qu’il se comporte comme un médecin. Il adopte alors la persona du médecin pour être accepté par la société.

§2 : L’inconscient individuel.

L’inconscient individuel se compose des éléments de la conscience qui ont été refoulés, en raison de leurs caractères désagréables pour la personnalité. Ils entrent en conflit avec des éléments de la conscience. Le même phénomène se produit en cas de désaccord avec le groupe social, c’est-à-dire la société.

On retrouve la même idée avec le « surmoi » freudien. Toutefois, Carl Gustav Jung n’utilise pas ce terme dans ses livres, mais l’idée est la même. Le surmoi est constitué de tous les interdits sociaux, de l’ensemble des prohibitions de la société. Le surmoi oblige l’individu à expulser dans l’inconscient les éléments que la société réprouve. Si la personne souhaite les garder dans sa conscience, ils vont entrer en conflit ouvert avec le groupe social.

L’inconscient individuel joue un rôle très important dans la psychologie humaine. Il est là pour compenser les volontés de la conscience. Il est le miroir inversé de celui-ci. Chaque élément présent dans la conscience, existe de manière inversée dans l’inconscient. Ce point est fondamental à retenir.

A. L’ombre.

Au « moi » de la conscience, on oppose « l’ombre » de l’inconscient. L’ombre compense le moi. L’ombre est un complexe qui regroupe les comportements inadaptés socialement. L’ombre, c’est à peu de choses prêt, l’équivalent freudien du « ça ». On le voit Freud et Jung disent la même chose, mais avec des mots différents. Nous avons-là des vérités essentielles.

L’inconscient individuel comporte un complexe appelé l’anima pour l’homme ou l’animus pour la femme.

B. L’anima.

L’anima est un archétype qui correspond à l’image de la mère auquel vont venir s’ajouter des éléments féminins que la personne refoule dans son inconscient. Il se forme en opposition avec la conscience masculine qui est souvent exprimé par la persona. Un homme aura une conscience et une persona masculine. Son Anima va donc jouer le rôle de compensateur féminin. Elle servira, en particulier, de guide à l’homme pour ses relations avec les femmes.

C. L’animus.

Pour la femme, c’est l’animus. Il est très différent de l’anima masculin. Il ne prend pas la forme d’un homme, comme on pourrait s’y attendre, mais d’une assemblée de pères ou de détenteurs de l’autorité, qui émettent des avis considérés comme inattaquable. L’animus, se constitue dans l’esprit de la jeune fille, jusqu’à l’adolescence, par l’ensemble des avis et opinions accumulés et sélectionnés. C’est une synthèse de tous les savoirs ancestraux que les femmes de la lignée ont accumulés aux contacts des hommes.

Figure 1 : Structure de la psyché individuelle chez Jung.

Section 2 : L’inconscient collectif.

Jung distingue deux sortent d’inconscient. Un inconscient personnel propre à chaque individu et un inconscient collectif commun à l’ensemble de l’humanité.

L’Inconscient collectif et les archétypes universels (§1) viennent se superposer à la structure individuelle de la psyché. Ils sont organisés en réseaux (§2).

§1 : Les archétypes universels.

L’inconscient collectif est composé d’archétypes. Ce sont des complexes qui regroupent l’ensemble des expériences humaines à travers les âges. A force de se répéter sur des centaines ou même des milliers d’années, les éléments s’impriment dans la mémoire des hommes comme un chemin qui se creusent progressivement avec les passages multiples des voyageurs. Progressivement, le chemin devient une route.

Les archétypes se reconnaissent dans les créations humaines par leurs aspects cosmiques, leurs auras de mystère ou divins. Le psychologue suisse utilise l’expression de « numineux ». Numineux, du latin « numen ». La puissance. Numineux, c’est un phénomène mystique qui donne l’impression de venir de Dieu4.

Au cours de notre vie, des archétypes vont se cristalliser dans l’inconscient. Ils provoquent une forte tension psychologique. Ressentir cette tension permet, presque à coup sûr, de savoir qu’un archétype a pris forme dans notre esprit. Ensuite, ils vont conditionner un comportement que l’on est obligé d’adopter en raison de son influence, de son emprise sur notre psychologie. Beaucoup de comportements qui semblent incompréhensibles vus de l’extérieur peuvent s’expliquer de cette manière.

Nous ne connaissons pas le nombre exact d’archétypes, en raison de leurs présences dans l’inconscient, leurs découvertes sont indirectes. En effet, ce que nous observons, c’est l’émergence de certaines images dans les mythologies, les contes de fées, l’alchimie ou les religions. Ces images ne sont pas l’archétype, mais une simple expression de celui-ci dans une époque et une civilisation. Dans une autre époque et un autre lieu, il prendra une autre forme. Pourtant, l’archétype est universel et commun à l’ensemble de l’humanité.

Le prophète Daniel ou l’Apocalypse de Saint-Jean forment un impressionnant catalogue d’archétype dans lequel Nostradamus a puisé abondamment.

§2 : Les réseaux d’archétypes.

Carl Gustav Jung avait remarqué que les archétypes se contaminaient les uns les autres en raison de leur proximité. Il parlait alors de loi de proximité. Son élève, Marie-Louise von Frantz reprend cette idée pour la développer dans son livre « Nombre et temps » 5. Elle va plus loin en parlant de réseaux d’archétypes.

Les archétypes ne sont pas des îles qui flottent sur l’inconscient au hasard du vent et des vagues. Bien au contraire, ils seraient organisés et entretiendraient des relations entre eux. On peut le voir en étudiant une mythologie dans son ensemble. Les dieux, les animaux et les objets entretiennent des relations conflictuelles ou harmonieuses. C’est l’indice incontestable de l’existence d’un réseau.

Marie-Louise von Franz donne l’exemple d’un réseau d’archétypes en partant de celui de la « Grande Mère ».


1 C. G. Jung)), Dialectique du Moi et de l’inconscient, Folio, 1964, p. 47.

2 C. G. Jung, Dialectique du Moi et de l’inconscient, Folio, 1964, p. 27, note 1.

3 C. G. Jung, Dialectique du Moi et de l’inconscient, Folio, 1964, p. 84.

4 C. G. Jung, Un mythe moderne, idées Gallimard, 1961, p. 86 ; p. 90-93.

5 Marie-Louise von Franz, Nombre et temps, la fontaine de pierre, 2012.

Chapitre 2 :
La royauté juive.

La royauté juive est né avec Saül et Samuel (Section 1) se poursuivant avec David (Section 2) avant de s’achever avec Salomon (Section 3).

Section 1 : Saül et Samuel.

Un territoire avait été donné aux Juifs. C’est la terre sainte promise à Abraham et Jacob. Présent sur leur territoire depuis l’époque de Josué, ils sont en guerre avec leurs puissants voisins depuis plusieurs siècles. Yahvé annonce qu’il va donner (§2) un duo politique à son peuple : un prêtre et un roi (§1), mais le souverain perdra son trône en cas de faute (§4).

§1 : Le prêtre et le roi.

Samuel, prophète qui vivait au XIe siècle avant Jésus-Christ, joua un rôle majeur dans l’instauration de la monarchie en terre sainte. Une monarchie qui devait ensuite servir de modèle à la royauté française et russe. Signe de son rôle important, Yahvé vint annoncer, lui-même, à la mère de Samuel, le sacre d’un futur roi.

« Yahvé ! Ses ennemis seront brisés ; du haut du ciel il tonnera sur eux, Yahvé jugera les extrémités de la terre. Il donnera la puissance à son roi, et il élèvera la corne de son oint. » (1 Samuel, II : 10).

Yahvé s’adressa à la mère de Samuel en raison du rôle politique et religieux que devait jouer son enfant.

« Et je me susciterai un prêtre fidèle, qui agira selon mon cœur et selon mon âme, je lui bâtirai une maison stable, et il marchera toujours devant mon oint. » (1 Samuel, II : 35).

Le prêtre, c’est Samuel. Il est la maison stable qui marche devant le roi. Il est l’élément de stabilité du duo. Le roi, c’est le pouvoir temporel. Il est instable par nature. Voilà le sens de la prophétie de Yahvé.

Prêtre. Pouvoir spirituel. Stabilité.
Roi. Pouvoir temporel. Instabilité.

Pour la monarchie française, c’est le couple, évêque de Reims et roi des francs. Clovis et Saint-Rémy. Nous y reviendrons.

Pour la Russie, c’est le tsar, c’est-à-dire Vladimir, et le patriarche, de Constantinople, puis de Kiev et enfin de Moscou.

§2 : La désignation du roi.

La scène décisive pour le destin d’Israël va se jouer alors que Samuel est déjà un vieux monsieur. Dans un contexte militaire difficile en raison de plusieurs défaites face à leurs voisins, le peuple hébreu viendra consulter le prophète.

« Lorsque Samuel fut devenu vieux, il établit ses fils juges sur Israël. Son fils premier-né se nommait Joël, et le second Abia ; ils jugeaient à Bersabée. Les fils de Samuel ne marchèrent pas sur ses traces ; ils s'en détournaient pour le gain, recevaient des présents et violaient la justice.

Tous les anciens d'Israël s'assemblèrent et vinrent vers Samuel à Rama. Ils lui dirent : «Voilà que tu es vieux, et tes fils ne marchent pas sur tes traces ; établis donc sur nous un roi pour nous juger, comme en ont toutes les nations.»

Ce langage déplut à Samuel parce qu'ils disaient : «Donne-nous un roi pour nous juger ;» et Samuel pria Yahvé. Yahvé dit à Samuel : «Ecoute la voix du peuple dans tout ce qu'il te dira ; car ce n'est pas toi qu'ils rejettent, c'est moi qu'ils rejettent, pour que je ne règne plus sur eux. Comme ils ont toujours agi à mon égard depuis le jour où je les ai fait monter d'Egypte jusqu'à présent, me délaissant pour servir d'autres dieux, ainsi ils agissent envers toi. Et maintenant, écoute leur voix ; mais dépose témoignage contre eux, et fais-leur connaître le droit du roi qui régnera sur eux.»

Samuel rapporta toutes les paroles de Yahvé au peuple qui lui demandait un roi. Il dit : «Voici quel sera le droit du roi qui régnera sur vous : Il prendra vos fils, et il les mettra sur son char et parmi ses cavaliers, et ils courront devant son char. Il s'en fera des chefs de mille et des chefs de cinquante ; il leur fera labourer ses champs, récolter ses moissons, fabriquer ses armes de guerre et l'attirail de ses chars. Il prendra vos filles pour parfumeuses, pour cuisinières et pour boulangères. Vos champs, vos vignes et vos oliviers les meilleurs, il les prendra et les donnera à ses serviteurs. Il prendra la dîme de vos moissons et de vos vignes, et la donnera à ses courtisans et à ses serviteurs. Il prendra vos serviteurs et vos servantes, vos meilleurs bœufs et vos ânes, et les emploiera à ses ouvrages. Il prendra la dîme de vos troupeaux, et vous-mêmes serez ses esclaves. Vous crierez en ce jour-là à cause de votre roi que vous vous serez choisi, mais Yahvé ne vous exaucera pas.»

Le peuple refusa d'écouter la voix de Samuel ; ils dirent : «Non, mais il y aura un roi sur nous, et nous serons, nous aussi, comme toutes les nations ; notre roi nous jugera, il marchera à notre tête et conduira nos guerres.» Après avoir entendu toutes les paroles du peuple, Samuel les redit aux oreilles de Yahvé. Et Yahvé dit à Samuel : «Ecoute leur voix et établis un roi sur eux.» » (1 Samuel, VIII : 1-22).

Yahvé accorda à son peuple un roi pour les conduire à la victoire. On retrouve la même idée avec la conversion de Clovis après la bataille de Tolbiac. Clovis ayant promis de se faire baptiser en cas de victoire. Nous retrouvons la même idée pour Vladimir avant son baptême.

Au moment de choisir le souverain qui devra être sacré, Dieu vient apparaître à Samuel.

« Yahvé avait fait une révélation à Samuel, en disant : «Demain, à cette heure, je t'enverrai un homme du pays de Benjamin, et tu l'oindras pour être le chef de mon peuple d'Israël, et il délivrera mon peuple de la main des Philistins ; car j'ai regardé mon peuple, parce que son cri est venu jusqu'à moi.» » (1 Samuel, IX : 15-16).

Or le lendemain :

« Il y avait un homme de Benjamin, nommé Cis, fils d'Abiel, fils de Séror, fils de Bécorath, fils d'Aphia, fils d'un Benjamite ; c'était un homme vaillant. Il avait un fils du nom de Saül, jeune et beau ; aucun des enfants d'Israël n'était plus beau que lui, et il dépassait de la tête tout le peuple. Les ânesses de Cis, père de Saül, s'étaient égarées, et Cis dit à Saül, son fils : «Prends avec toi un des serviteurs, lève-toi et va à la recherche des ânesses.». » (1 Samuel, IX : 1-3).

Puis c’est la rencontre entre Samuel et Saül.

« Et ils montèrent à la ville. Ils étaient entrés au milieu de la ville, et voici que Samuel sortait à leur rencontre, pour monter en haut lieu. (…) Dès que Samuel eut vu Saül, Yahvé lui dit : «Voici l'homme dont je t'ai parlé ; c'est lui qui régnera sur mon peuple.» » (1 Samuel, IX : 14 ; 17).

Le roi choisi par Yahvé est d’origine modeste. Ici, Saül est le fils d’un simple éleveur d’âne. La chose est importante à noter. Dieu n’aime pas les hommes « puissant » ou « orgueilleux ». Il préfère la simplicité de l’origine social et de la pensée. C’est une base seine pour fonder une dynastie. On retrouve cette idée avec Clovis ou Hugues Capet pour la monarchie française.

§3 : Le sacre.

Une fois choisi par Dieu, le nouveau roi doit être sacré par Samuel.

« Samuel prit une fiole d'huile, et la versa sur la tête de Saül ; puis il le baisa et dit : «Yahvé ne t'a-t-il pas oint pour chef sur son héritage ? » (1 Samuel, X : 1).

Samuel versa de l’huile sur la tête de Saül, comme le feront ultérieurement les évêques de Reims ou les patriarches russes. C’est le sacre qui fait le roi et non la naissance.

« Tout le peuple dit à Samuel : «Prie pour tes serviteurs Yahvé, ton Dieu, afin que nous ne mourions pas, car nous avons ajouté à tous nos péchés le tort de demander pour nous un roi.» Samuel dit au peuple : «Ne craignez point. Vous avez fait tout ce mal, mais ne cessez pas de suivre Yahvé, et servez Yahvé de tout votre cœur. Ne vous en détournez point, car ce serait pour aller à des choses de néant, qui ne vous donneraient ni profit ni délivrance, parce que ce sont des choses de néant. Car Yahvé n'abandonnera pas son peuple, à cause de son grand nom ; car il a plu à Yahvé de faire de vous son peuple. Loin de moi aussi de pécher contre Yahvé, en cessant de prier pour vous ! Je vous enseignerai le bon et droit chemin. Craignez seulement Yahvé, et servez-le en vérité de tout votre cœur ; car voyez quelles grandes choses il a faites au milieu de vous ! Mais si vous persévérez à faire le mal, vous périrez, vous et votre roi. » » (1 Samuel, XII : 19-25).

Samuel prévient les Juifs que la désignation d’un souverain par Dieu comporte des engagements réciproques, une sorte de contrat. Si le roi se comporte conformément aux commandements de Yahvé, il sera protégé. En revanche, « si vous persévérez à faire le mal, vous périrez, vous et votre roi » (1 Samuel, XII : 25). C’est le testament de Saint-Rémy avant l’heure.

Deux choix s’offrent au roi :

« Si vous craignez Yahvé, si vous le servez et obéissez à sa voix, si vous n'êtes point rebelles au commandement de Yahvé et si vous suivez vous et le roi qui règne sur vous, Yahvé votre Dieu, » (1 Samuel, XII : 14) Respect de ses obligations :
Yahvé sera avec vous.
« si vous n'obéissez pas à la voix de Yahvé et si vous êtes rebelles au commandement de Yahvé la main de Yahvé sera contre vous, comme elle a été contre vos pères. » (1 Samuel, XII : 15) Violation de ses obligations :
Yahvé sera contre vous.

§4 : Les deux fautes de Saül.

Saül va commettre deux fautes qui vont lui faire perdre la couronne.

A. La première faute.

La première intervient deux ans après son accession au trône.

« Il attendit sept jours, selon le terme fixé par Samuel. Mais Samuel n'arrivait pas à Galgala, et le peuple se dispersait loin de Saül. Alors Saül dit : «Amenez-moi l'holocauste et les sacrifices pacifiques.» Et il offrit l'holocauste. Comme il achevait d'offrir l'holocauste, voici que Samuel arriva, et Saül sortit au-devant de lui pour le saluer. Samuel lui dit : «Qu'as-tu fait ?» Saül répondit : «Lorsque j'ai vu que le peuple se dispersait loin de moi, que tu n'arrivais pas au terme fixé et que les Philistins étaient assemblés à Machmas, je me suis dit : Maintenant, les Philistins vont descendre contre moi à Galgala, et je n'ai pas imploré Yahvé. Alors, me faisant violence, j'ai offert l'holocauste.» Samuel dit à Saül : «Tu as agi en insensé, tu n'as pas observé le commandement que Yahvé ton Dieu t'avait donné ; car Yahvé aurait affermi pour toujours ton règne sur Israël. » (1 Samuel, XIII : 8-13).

La distinction entre Saül et Samuel marque la distinction chrétienne des deux glaives. Le premier glaive est celui du pouvoir temporel, celui du roi, le deuxième glaive est celui du pouvoir spirituel, celui du prêtre. Le Roi, c’est Saül, le prêtre, c’est Samuel. Chacun son rôle.

Fonction spirituelle. Prêtre. Samuel.
Fonction politique. Roi. Saül.

Or, dans cette scène, le roi va exercer le rôle de prêtre à la place de Samuel. Il regroupe sous sa personne les fonctions spirituelle et temporelle.

B. La deuxième faute.

La deuxième faute concerne la guerre contre Amalek.

« Samuel dit à Saül : «C'est moi que Yahvé a envoyé pour t'oindre comme roi sur son peuple, sur Israël ; écoute donc ce que dit Yahvé. Ainsi parle Yahvé des armées : J'ai considéré ce qu'Amalek a fait à Israël, lorsqu'il s'est élevé contre lui sur le chemin, quand Israël montait d'Egypte. Va maintenant, frappe Amalek, et dévoue par anathème tout ce qui lui appartient ; tu n'auras pas pitié de lui, et tu feras mourir hommes et femmes, enfants et nourrissons, bœufs et brebis, chameaux et ânes.» » (1 Samuel, XV : 1-3).

Dieu ordonna au roi Saül de tuer tous les Amalécites, hommes, femmes, enfants, leurs animaux et de détruire leurs biens.

« Saül battit Amalek depuis Hévila jusqu'à Sur, qui est à l'est de l'Egypte. Il prit vivant Agag, roi d'Amalek, et il dévoua tout le peuple par anathème, en le passant au fil de l'épée. Mais Saül et le peuple épargnèrent Agag, ainsi que le meilleur des brebis, des bœufs, des bêtes de la seconde portée, les agneaux et tout ce qu'il y avait de bon ; ils ne voulurent pas le dévouer à l'anathème ; et tout ce qui était chétif et sans valeur, ils le vouèrent à l'anathème. » (1 Samuel, XV : 7-9).

Saül va épargner le roi d’Amalek et garder pour lui le bétail et les objets de valeurs. La désobéissance de Saül fut sa deuxième et dernière faute.

« La parole de Yahvé fut adressée à Samuel, en ces termes : «Je me repens d'avoir établi Saül pour roi, car il s'est détourné de moi, et il n'a pas exécuté mes paroles.»

Samuel s'attrista, et il cria vers Yahvé toute la nuit. Samuel se leva de bon matin pour aller à la rencontre de Saül ; et on avertit Samuel en disant : «Saül est allé à Carmel, et voici qu'il s'est élevé un monument ; puis il s'en est retourné et, passant plus loin, il est descendu à Galgala. »

Samuel vint vers Saül, et Saül lui dit : «Sois béni de Yahvé ! J'ai exécuté la parole de Yahvé.»

Samuel dit : «Qu'est-ce donc que ce bêlement de brebis à mes oreilles, et ce mugissement de bœufs que j'entends ?»

Saül répondit : «Ils les ont amenés de chez les Amalécites, car le peuple a épargné le meilleur des brebis et des bœufs pour les sacrifier à Yahvé, ton Dieu ; le reste, nous l'avons voué à l'anathème.»

Samuel dit à Saül : «Assez ! Je vais te faire connaître ce que Yahvé m'a dit cette nuit.»

Et Saül lui dit : «Parle !»

Samuel dit : « Est-ce que, lorsque tu étais petit à tes propres yeux, tu n'es pas devenu le chef des tribus d'Israël, et Yahvé ne t'a-t-il pas oint pour roi sur Israël ? Yahvé t'avait envoyé dans le chemin en disant : Va, et dévoue à l'anathème ces pécheurs, les Amalécites, et combats-les jusqu'à ce qu'ils soient exterminés. Pourquoi n'as-tu pas écouté la voix de Yahvé, et t'es-tu jeté sur le butin, et as-tu fait ce qui est mal aux yeux de Yahvé ?»

Saül dit à Samuel : «Mais oui, j'ai écouté la voix de Yahvé, et j'ai marché dans le chemin où Yahvé m'envoyait. J'ai amené Agag, roi d'Amalek, et j'ai voué Amalek à l'anathème. Et le peuple a pris, sur le butin des brebis et des bœufs, les prémices de l'anathème, pour les sacrifier à Yahvé, ton Dieu, à Galgala.

Samuel dit : «Yahvé trouve-t-il du plaisir aux holocaustes et aux sacrifices, comme à l'obéissance à la voix de Yahvé ? L'obéissance vaut mieux que le sacrifice et la docilité que la graisse des béliers. Car la rébellion est aussi coupable que la divination, et la résistance que l'idolâtrie et les théraphim. Puisque tu as rejeté la parole de Yahvé, il te rejette aussi pour que tu ne sois plus roi.»

Alors Saül dit à Samuel : «J'ai péché, car j'ai transgressé l'ordre de Yahvé et tes paroles ; je craignais le peuple et j'ai écouté sa voix. Maintenant, je te prie, pardonne mon péché, reviens avec moi, et j'adorerai Yahvé.» » (1 Samuel, XV : 10-25).

Yahvé accuse Saül de rébellion en refusant de jeter l’anathème sur le bétail des Amalécites. Préférant l’offrir en sacrifice. Saül veut prendre la place du prêtre en décidant de ce qui doit être sacrifié.

Mais il y n’y a pas seulement le problème du sacrifice et de la confusion des fonctions politique et religieuse. Saül ne tue pas son principal ennemi. Si Dieu demande la mort de l’ensemble des Amalécites, c’est pour éviter que ceux-ci ne tentent de se venger et n’entrent dans l’engrenage de la guerre perpétuelle. C’est une source d’affaiblissement du pouvoir, n’en déplaise à certain.

« Samuel dit à Saül : «Je ne reviendrai point avec toi, car tu as rejeté la parole de Yahvé, et Yahvé te rejette afin que tu ne sois plus roi sur Israël.» Et, comme Samuel se tournait pour s'en aller, Saül saisit l'extrémité de son manteau, qui se déchira.

Et Samuel lui dit : «Yahvé a déchiré aujourd'hui de dessus toi la royauté d'Israël, et il l'a donnée à ton voisin qui est meilleur que toi. Celui qui est la splendeur d'Israël ne ment point et ne se repent point, car il n'est pas un homme pour se repentir. » » (1 Samuel, XV : 26-29).

Yahvé déchira le manteau de Saül en deux comme pour annoncer à celui-ci la division de son royaume en deux clans avec chacun son roi. Celle-ci n’interviendra qu’à la mort de Salomon.

Section 2 : David.

David va être choisi par Dieu (§1) pour être sacré roi d’Israël à Hébron (§2).

§1 : Le choix de David.

Yahvé va donc choisir un autre roi à la place de Saül. Il fait ce choix dès la première faute.

« Mais maintenant, ton règne ne subsistera point. Yahvé s'est cherché un homme selon son cœur et Yahvé l'a destiné à être le chef de son peuple, parce que tu n'as pas observé ce que Yahvé t'avait ordonné. » (1 Samuel, XIII : 14).

A la deuxième faute, Samuel va partir à la rechercher de celui que Yahvé a désigné comme nouveau roi.

« Yahvé dit à Samuel : «Jusqu’à quand pleureras-tu sur Saül, alors que je l'ai rejeté, afin qu'il ne règne plus sur Israël ? Remplis ta corne d'huile et va ; je t'envoie chez Isaï de Béthléem, car j'ai vu parmi ses fils le roi que je veux.»

Samuel dit : «Comment irais-je ? Saül l'apprendra, et il me tuera. »

Et Yahvé dit : «Tu prendras avec toi une génisse, et tu diras : C'est pour offrir un sacrifice à Yahvé que je suis venu. Tu inviteras Isaï au sacrifice, et je te ferai connaître ce que tu auras à faire, et tu oindras pour moi celui que je te désignerai.»

Samuel fit ce que Yahvé avait dit, et il se rendit à Bethléem. Les anciens de la ville vinrent inquiets au-devant de lui et dirent : «Ton arrivée est-elle pour la paix ?»

Il répondit : «Pour la paix ! Je viens pour offrir un sacrifice à Yahvé. Sanctifiez-vous et venez avec moi au sacrifice.» Et il sanctifia Isaï et ses fils et les invita au sacrifice.

Lorsqu'ils furent entrés, Samuel aperçut Eliab et dit : «Certainement l'oint de Yahvé est devant lui.»

Et Yahvé dit à Samuel : «Ne prends pas garde à sa figure et à la hauteur de sa taille, car je l'ai écarté. Il ne s'agit pas de ce que l'homme voit ; l'homme regarde le visage, mais Yahvé regarde le cœur.

Isaï appela Abinadab et le fit passer devant Samuel ; et Samuel dit : «Ce n'est pas encore celui-ci que Yahvé a choisi.» Isaï fit passer Samma ; et Samuel dit : «Ce n'est pas encore celui-ci que Yahvé a choisi.» Isaï fit passer ses sept fils devant Samuel ; et Samuel dit à Isaï : «Yahvé n'a choisi aucun de ceux-ci.»

Alors Samuel dit à Isaï : «Sont-ce là tous les jeunes gens ?» Il répondit : «Il y a encore le plus jeune, et voilà qu'il fait paître les brebis.» Samuel dit à Isaï : «Envoie-le chercher, car nous ne nous mettrons point à table qu'il ne soit venu ici.»

Isaï l'envoya chercher. Or il était blond, avec de beaux yeux et une belle figure. Yahvé dit : «Lève-toi, oins-le, car c'est lui !» Samuel, ayant pris la corne d'huile, l'oignit au milieu de ses frères, et l'Esprit de Yahvé fondit sur David à partir de ce jour et dans la suite.

Samuel se leva et s'en alla à Ramatha.

L'Esprit de Yahvé se retira de Saül, et un mauvais esprit venu de Yahvé fondit sur lui. » (1 Samuel, XVI : 1-14).

Yahvé choisis le plus modeste des hommes pour en faire le roi d’Israël. Il est le dernier enfant de sa famille, rejeté par les siens, condamné à faire des tâches subalternes. Une sorte de cendrillon en terre sainte. Il n’est pas seulement modeste par sa condition sociale, mais également par sa constitution physique. Il est petit et frêle. Dieu ne regarde pas la richesse ou l’apparence, mais le cœur.

L’onction avec de l’huile permet à l’esprit de Yahvé de pénétrer dans le corps du roi. L’esprit de Yahvé, c’est l’esprit saint de la sainte trinité. Lors du sacre des rois de France et des tsars de Russie, le même phénomène se produisait avec pénétration du saint esprit dans le corps du roi.

§2 : Le deuxième sacre d’Hébron.

Un deuxième sacre sera organisé à Hébron.

« Après cela, David consulta Yahvé, en disant : «Monterai-je dans une des villes de Juda ?»

Yahvé lui répondit : «Monte.»

David dit : «Où monterai-je ?»

Et Yahvé répondit : «A Hébron. »

David y monta, avec ses deux femmes, Achinoam de Jezraël et Abigaïl de Carmel, femme de Nabal. David fit aussi monter les hommes qui étaient avec lui, chacun avec sa famille ; ils habitèrent dans les villes d'Hébron. Et les hommes de Juda vinrent, et là ils oignirent David pour roi sur la maison de Juda. » (2 Samuel, II : 1-4).

Le deuxième sacre fut public, il était là pour officialiser son règne. Il se déroula à Hébron, un lieu qui deviendra en quelques sortes la cathédrale de Reims des rois israéliens.

« Toutes les tribus d'Israël vinrent auprès de David, à Hébron, et dirent : «Nous voici : nous sommes tes os et ta chair. Autrefois déjà, quand Saül était notre roi, c'était toi qui menais et ramenais Israël. Et Yahvé t'a dit : «C'est toi qui paîtras mon peuple d'Israël, et c'est toi qui seras prince sur Israël.» Ainsi tous les anciens d'Israël vinrent auprès du roi, à Hébron, et le roi David fit alliance avec eux devant Yahvé, à Hébron, et ils oignirent David pour roi sur Israël.

David était âgé de trente ans lorsqu'il devint roi, et il régna quarante ans. A Hébron, il régna sur Juda sept ans et six mois, et il régna à Jérusalem trente-trois ans sur tout Israël et Juda. » (2 Samuel, V : 1-5).

Hébron deviendra la capitale d’Israël avant l’avènement de Jérusalem. Hébron est une ville sainte dès l’origine du judaïsme. C’est ici que furent enterrés, Abraham, Sarah, Isaac et Ismaël. Ensuite, Jérusalem va prendre de l’importance. On observe le même phénomène avec le passage de témoins de Kiev à Moscou pour la Russie.

Section 3 : Salomon (970-931).

Salomon, fils de David, devint roi à la mort de son père. Il fera construire le temple (§1), puis commettra de nombreuses fautes (§2).

§1 : La construction du Temple.

David, devenu âgé et vainqueur de tous ses ennemis voudrait bâtir un temple pour accueillir l’arche d’alliance. Nathan, qui a remplacé Samuel dans son rôle de chef religieux, va aller consulter Yahvé pour obtenir son consentement.

« Lorsque le roi fut établi dans sa maison et que Yahvé lui eut donné du repos en le délivrant de tous ses ennemis à l'entour, le roi dit à Nathan le prophète : «Vois donc ! J'habite dans une maison de cèdre, et l'arche de Dieu habite au milieu de la tente !» Nathan répondit au roi : «Va, fais tout ce que tu as dans le cœur, car Yahvé est avec toi.»

Cette nuit-là, la parole de Yahvé fut adressée à Nathan en ces termes : «Va dire à mon serviteur, à David : Ainsi parle Yahvé : Est-ce toi qui me bâtirais une maison pour que j'y habite ? Car je n'ai point habité dans une maison depuis le jour où j'ai fait monter d'Egypte les enfants d'Israël jusqu'à ce jour ; j'ai voyagé sous une tente et dans un tabernacle. Pendant tout le temps que j'ai voyagé avec tous les enfants d'Israël, ai-je dit un mot à l'un des chefs d'Israël à qui j'ai ordonné de paître mon peuple d'Israël, en disant : Pourquoi ne me bâtissez-vous pas une maison de cèdre ? Maintenant, tu diras à mon serviteur, à David : Ainsi parle Yahvé des armées : Je t'ai pris au pâturage, derrière les brebis, pour être prince sur mon peuple, sur Israël ; j'ai été avec toi partout où tu allais, j'ai exterminé tous tes ennemis devant toi, et je t'ai fait un grand nom, comme le nom des grands qui sont sur la terre ; j'ai assigné un lieu à mon peuple, à Israël, et je l'ai planté, et il habite chez lui, et il ne sera plus troublé, et les fils d'iniquité ne l'opprimeront plus, comme autrefois et comme au jour où j'avais établi des juges sur mon peuple d'Israël. Je t'ai accordé du repos en te délivrant de tous tes ennemis. Et Yahvé t'annonce qu'il te fera une maison. Quand tes jours seront accomplis et que tu seras couché avec tes pères, j'élèverai ta postérité après toi, celui qui sortira de tes entrailles, et j'affermirai sa royauté. C'est lui qui bâtira une maison à mon nom, et j'affermirai pour toujours le trône de son royaume. Je serai pour lui un père, et il sera pour moi un fils. S'il fait le mal, je le châtierai avec une verge d'hommes et des coups de fils d'hommes. Mais ma grâce ne se retirera point de lui, comme je l'ai retirée de Saül, que j'ai retiré de devant toi. Ta maison et ta royauté seront pour toujours assurées devant toi ; ton trône sera affermi pour toujours. » » (2 Samuel, VII : 1-16).

Le Temple ne sera pas construit par David, mais par son fils, Salomon. Salomon fera venir de Tyr, l’architecte Hiram pour l’édification du Temple. Hiram et sa technique de construction seront repris par la franc-maçonnerie moderne.

§2 : Les fautes de Salomon.

Salomon, fils du roi David, régnera quarante ans (un chiffre de la numérologie sacrée qui semble correspondre à la durée du règne des grands rois). Son gouvernement fut irréprochable jusqu’à la fin où celui-ci commit plusieurs fautes graves.

« Le roi Salomon aima beaucoup de femmes étrangères, outre la fille de Pharaon : des Moabites, des Ammonites, des Edomites, des Sidoniennes, des Héthéennes, d'entre les nations dont le Seigneur avait dit aux enfants d'Israël : «Vous n'aurez point de commerce avec elles, et elles n'en auront point avec vous ; autrement elles tourneraient vos cœurs du côté de leurs dieux.» Salomon s'attacha à ces nations par amour. Il eut sept cents femmes princesses et trois cents concubines ; et ses femmes détournèrent son cœur. » (1 rois, XI : 1-3).

Le roi avait un faible pour les femmes étrangères. Dieu interdit à son peuple de se marier avec ce genre d’épouses.

« Prends garde à ce que je t'ordonne aujourd'hui. Voici, je chasserai devant toi l'Amorrhéen, le Chananéen, le Héthéen, le Phérézéen, le Hévéen, et le Jébuséen. Garde-toi de contracter alliance avec les habitants du pays contre lequel tu marches, de peur qu'ils ne soient un piège au milieu de toi. Mais vous renverserez leurs autels, vous briserez leurs stèles et vous abattrez leurs Aschérim. Tu n'adoreras aucun autre dieu ; car Yahvé se nomme le jaloux, il est un Dieu jaloux. Ne contracte donc pas alliance avec les habitants du pays, de peur que, lorsqu'ils se prostituent à leurs dieux et leur offrent des sacrifices, ils ne t'invitent et que tu ne manges de leurs victimes ; de peur que tu ne prennes de leurs filles pour tes fils, et que leurs filles, se prostituant à leurs dieux, n'entraînent tes fils à se prostituer aussi à leurs dieux. » (Exode XXXIV : 11-16).

Salomon aurait eu sept cents femmes durant sa longue vie. Parmi elle, la fille du Pharaon, des Moabites, des Ammonites, des Edomites, des Sidoniennes ou des Héthéennes. Ce sont des peuples voisins d’Israël qui ont comme point commun d’êtres païens.

L’amour de l’homme pour les belles femmes étrangères poussera celui-ci à vouloir faire plaisirs à sa dulcinée, en donnant de l’importance à ses dieux. On observa le même phénomène dans les derniers siècles de la monarchie française comme russe. Nous verrons cela à la fin du livre.

« Au temps de la vieillesse de Salomon, ses femmes inclinèrent son cœur vers d'autres dieux, et son cœur ne fut pas tout entier à Yahvé, son Dieu, comme l'avait été le cœur de David, son père. Salomon alla après Astarté, déesse des Sidoniens, et après Melchom, l'abomination des Ammonites. Et Salomon fit ce qui est mal aux yeux de Yahvé, et il ne suivit pas pleinement Yahvé, comme avait fait David, son père. Alors Salomon bâtit, sur la montagne qui est en face de Jérusalem, un haut lieu pour Chamos, l'abomination de Moab, et pour Moloch, l'abomination des fils d'Ammon. Il fit de même pour toutes ses femmes étrangères, qui brûlaient des parfums et offraient des sacrifices à leurs dieux. » (1 rois, XI : 4-8).

Salomon fit construire des temples religieux à leurs dieux ou déesses, pour plaire à ses concubines. Il parle d’Astarté, de Melchom, de Chamos ou de Moloch.

« Yahvé fut irrité contre Salomon, parce qu'il avait détourné son cœur de Yahvé, Dieu d'Israël, qui lui était apparu deux fois, et lui avait, à ce sujet défendu d'aller après d'autres dieux ; mais Salomon n'observa pas ce que Yahvé avait ordonné. Et Yahvé dit à Salomon : «Parce que tu t'es conduit de la sorte, et que tu n'as pas observé mon alliance et mes lois que je t'avais prescrites, j'arracherai sûrement de ta main le royaume, et je le donnerai à ton serviteur. Seulement je ne le ferai point pendant ta vie, à cause de David, ton père ; c'est de la main de ton fils que je l'arracherai. Et encore n'arracherai-je pas tout le royaume : je laisserai une tribu à ton fils, à cause de David, mon serviteur, et à cause de Jérusalem, que j'ai choisie.» » (1 rois, XI : 9-13).

Pour avoir cédé aux sirènes des dieux de ses épouses, Yahvé promet au fils de Salomon, Roboam, la perte de l’unité de son royaume. Roboam, gardera une seule tribu et la ville sainte Jérusalem. Les autres tribus s’opposeront à lui, en suivant Jéroboam, un serviteur de Salomon, d’origine étrangère.

La royauté juive se fera en trois étapes, comme ce sera le cas des dynasties française et russe.

La première, avec Saül, correspond à la mise en place. C’est Clovis et les Mérovingiens pour la France. C’est Vladimir et les Riourikides pour la Russie.

La deuxième correspond à la période de gloire, avec David. Nous avons les Carolingiens pour la France et les Romanov pour la Russie.

Enfin, la troisième, c’est la déchéance pour Salomon et ses héritiers. En France, c’est la dynastie capétienne, pour la Russie les Holstein-Gottorp (faussement prénommé Romanov).

Etapes Israël. France. Russie.
Mise en place. Saül. Mérovingiens. Riourikides.
Sommet. David. Carolingiens. Romanov.
Déchéance. Salomon. Capétiens. Holstein-Gottorp.

Chapitre 3 :
Les deux royaumes.

La royauté née avec Samuel et Saül connaîtra la division a la mort de Salomon. La lutte entre Roboam et Jéroboam (Section 1) débouchera sur la création de deux entités politiques : le royaume d’Israël (Section 2) et celui de Juda (Section 3).

Section 1 : La lutte de Roboam et Jéroboam (931).

Comme l’avait annoncé Yahvé, le fils de Salomon, Roboam, sera contesté (§1) par un serviteur, Jéroboam (§2).

§1 : L’échec de Roboam.

Roboam, fils de Salomon, était le roi d’Israël avec pour capitale Jérusalem. Sa mère était une Ammonite. C’est elle qui avait imposé la construction d’un temple à Moloch. Nous verrons plus tard que cela aura des conséquences graves. Pour être sacré roi, Roboam doit rencontrer les dirigeants des tribus d’Israël et obtenir leurs soutiens. Mais cela ne va pas se passer comme prévu.

« Roboam se rendit à Sichem, car tout Israël était venu à Sichem pour le faire roi. Jéroboam, fils de Nabat, ayant appris ce qui se passait, — il était encore en Egypte où il s'était enfui loin du roi Salomon, et Jéroboam demeurait en Egypte, — on l'envoya chercher. » (1 rois, XII : 1-3).

Jéroboam, un ancien serviteur de Salomon prend la tête de l’opposition au roi lors du conseil des tribus.

« Le roi Roboam consulta les vieillards qui s'étaient tenus auprès de Salomon, son père, pendant sa vie, en disant : «Que me conseillez-vous de répondre à ce peuple ?» Ils lui parlèrent en disant : «Si aujourd'hui tu es serviable à ce peuple, si tu leur viens en aide, si tu leur réponds et si tu leur dis des paroles bienveillantes, ils seront pour toujours tes serviteurs.»

Mais Roboam laissa le conseil que lui donnaient les vieillards, et il consulta les jeunes gens qui avaient grandi avec lui et qui se tenaient devant lui. Il leur dit : «Que me conseillez-vous de répondre à ce peuple qui me tient ce langage : Allège le joug que nous a imposé ton père ?»

Les jeunes gens qui avaient grandi avec lui répondirent en disant : « Tu parleras ainsi à ce peuple qui t'a tenu ce langage : Ton père a rendu notre joug pesant ; toi allège-le-nous ! Tu leur parleras ainsi : Mon petit doigt est plus gros que les reins de mon père. Eh bien ! Mon père vous a chargés d'un joug pesant, et moi je rendrai votre joug plus pesant encore ; mon père vous a châtiés avec des fouets, et moi je vous châtierai avec des scorpions. » » (1 rois, XII : 6-11).

Le souverain demanda son avis aux anciens qui lui conseillèrent de céder aux demandes du peuple. Puis il posa la même question à ses jeunes amis qu’il avait connus durant son enfance. Roboam obtint un avis contraire à celui des anciens. Selon les jeunes, il ne devait rien céder.

« Jéroboam et tout le peuple vinrent auprès de Roboam le troisième jour, selon que le roi avait dit : « Revenez vers moi dans trois jours. » Le roi répondit durement au peuple. Laissant le conseil que les vieillards lui avaient donné, il leur parla selon le conseil des jeunes gens, en ces termes : « Mon père a rendu votre joug pesant, et moi je rendrai votre joug plus pesant encore ; mon père vous a châtiés avec des fouets, et moi je vous châtierai avec des scorpions. ». » (1 rois, XII : 12-15)

Le roi décida d’adopter l’avis virulent de la jeunesse au lieu de suivre la sagesse de l’ancienneté. Ce funeste choix aura de graves conséquences.

§2 : Le choix de Jéroboam.

Mécontent du choix de Roboam, le peuple va faire de Jéroboam le roi d’Israël.

« Tout Israël ayant appris que Jéroboam était revenu d'Egypte, ils l'envoyèrent appeler dans l'assemblée, et ils le firent roi sur tout Israël. Il n'y eut personne qui suivit la maison de David, si ce n'est la seule tribu de Juda. » (1 rois, XII : 20).

Jéroboam, devient roi des dix tribus d’Israël, alors que Roboam reste roi de deux tribus, celle de Juda et de Benjamin. Son royaume portera le nom de Juda. La même division dynastique surviendra en France avec les légitimistes descendant de Louis XV et les Orléanistes issue du frère de Louis XIV. Les orléanistes sont en quelques sortes les Jéroboam modernes. Le choix de Louis-Philippe comme roi des Français en 1830 rejouera la scène de l’assemblée de Sichem.

« De retour à Jérusalem, Roboam rassembla toute la maison de Juda et la tribu de Benjamin, cent quatre-vingt mille guerriers d'élite, pour qu'ils combattissent contre la maison d'Israël, afin de ramener le royaume à Roboam, fils de Salomon. Mais la parole de Dieu fut adressée à Sémaïas, homme de Dieu, en ces termes : « Parle à Roboam, fils de Salomon, roi de Juda, et à toute la maison de Juda et de Benjamin, et au reste du peuple, en disant :Ainsi dit Yahvé : Ne montez pas et ne faites pas la guerre à vos frères, les enfants d'Israël. Retournez chacun dans votre maison, car c'est par moi que cette chose est arrivée. » Ils écoutèrent la parole de Yahvé, et ils s'en retournèrent, se conformant à la parole de Yahvé. » (1 rois, XII : 21-24).

Section 2 : Le royaume d’Israël (931-727 av. JC).

Le royaume d’Israël eu comme premier roi Jéroboam (§1) puis par Achab (§2), amenant à la fin du royaume d’Israël (§3).

§1 : Jéroboam (931-910 av. JC).

Jéroboam devenu souverain de dix tribus avait sa capitale à Sichem. Jérusalem restait sous le contrôle de son adversaire.

« Et Jéroboam dit dans son cœur : « Maintenant le royaume pourrait bien retourner à la maison de David. Si ce peuple monte pour faire des sacrifices dans la maison de Yahvé, à Jérusalem, le cœur de ce peuple retournera à son seigneur, à Roboam, roi de Juda, ils me tueront et retourneront à Roboam, roi de Juda. » Après s'être consulté, le roi fit deux veaux d'or, et il dit au peuple : « Assez longtemps vous êtes montés à Jérusalem ! Israël, voici ton Dieu, qui t'a fait monter du pays d'Egypte. » Il plaça l'un de ces veaux à Béthel, et il mit l'autre à Dan. Ce fut là une occasion de péché, car le peuple allait jusqu'à Dan Il institua une fête pour les enfants d'Israël, et il monta sur l'autel pour mettre le feu aux victimes1 rois, XII : 26-33