Hauteur, 0m,175. — Diamètre, 0m,090.
Il est taillé dans un bloc de sardoine orientale, de couleur très-sombre & très-intense.
Les peuples de l’antiquité ont aimé passionnément les matières précieuses, & leurs artistes les ont travaillées avec une habileté que les modernes n’ont jamais surpassée. Pline raconte comment le triomphe de Pompée introduisit à Rome les vases & les coupes de matières précieuses ou ornés de pierreries; il les nomme Gemmata potoria. Le cristal de roche dont il parle d’abord semble avoir été beaucoup plus rare dans l’antiquité qu’il ne l’est devenu dans les temps modernes; quoique les Romains n’aient pas ignoré qu’on en trouvait de très-beau dans les Alpes, ils estimaient surtout celui qui venait d’Orient, & le cristal de l’Inde était préféré à tout autre. Ce qu’ils recherchaient, & avec raison, c’était sa belle eau; lorsqu’il était sans défauts, ils se gardaient bien de le cacher sous des gravures. «Pura esse malunt... nec spumæ colore, sed limpidæ aquæ » telles sont les expressions fort justes que l’on trouve dans Pline; & elle n’est pas moins vraie cette gracieuse image d’un poëte: «Cristal, eau enfermée dans la pierre, dis-moi qui t’a «congelé ? — Borée? — Ou qui t’a fondu? — Le vent du Sud?»
Un globe de cristal de roche tel qu’est celui gravé ici-contre (sur la première planche de ce recueil), ne représente-t-il pas bien la boule d’eau congelée dont parle le poëte grec? Nous ne saurions douter combien, au cinquième siècle, un objet semblable était estimé d’un roi franc, combien il avait dû lui paraître curieux & rare, puisqu’il fut enfermé près de lui dans sa sépulture avec ses armes, & les armes ont toujours été ce qu’un guerrier eut de plus cher. Les chefs barbares qui attaquèrent l’empire romain s’éprirent des objets brillants & des fabrications délicates dont les maîtres du monde avaient emprunté le goût & l’usage aux nations plus rapprochées qu’eux de l’Orient; le sort des combats fit passer en d’autres mains cette portion fragile des dépouilles conquises, & l’historien de Charlemagne, Éginhard, sait fort bien observer que les Francs enlevèrent avec justice, aux Huns, ce que les Huns avaient injustement enlevé aux autres nations.
C’est par cette transmission que, dès les premiers siècles de la monarchie française, les vases de matières précieuses, taillés en Orient, en Grèce, à Rome, furent connus, recherchés & gardés dans les trésors des rois. Nous verrons, plus loin, Aliénor d’Aquitaine offrir à son fiancé le roi de France un vase antique de cristal de roche, & Suger, abbé de Saint-Denis, faire enrichir par l’art de ses orfévres ce vase & d’autres de semblable nature, ayant une même origine.
Le vase de sardoine de la Collection de la Couronne a été jugé assez rare pour que le nom de Vase de Mithridate lui ait été attribué & se soit conservé par tradition.
(N° 413 de l’Inventaire des bijoux de la Couronne, 1791.)
MUSÉE DU LOUVRE
Longueur de l’arme dans le fourreau..... 1m,000.
La poignée de l’épée, l’étui du fourreau & la boucle du ceinturon sont d’or.
Les deux grosses pierres, de forme ovale & taillées en cabochons, sont des saphirs pâles: l’un décore la plaque de la boucle, l’autre est au milieu de l’étui du fourreau; au-dessus de ce gros saphir est une topaze taillée, & au-dessous une autre topaze polie irrégulièrement. Ce sont quatre améthystes qui cantonnent le saphir, & les deux pierres posées en bas sont un grenat & un cristal de roche.
L’enlacement dont les courbes capricieuses s’enroulent & se déploient sur le pommeau de la poignée est composé de l’accouplement de deux oiseaux fabuleux du genre que les anciens ont nommé phénix, auquel ils ont prêté des vertus surnaturelles.
L’animal ciselé sur les extrémités des deux branches de la garde est un lion, mais un lion ailé tel que sont ceux qu’on voit sur les monuments asiatiques qui si souvent ont inspiré les artistes du moyen âge. Les yeux sont formés par des perles de lapis.
La fusée de la poignée (c’est la partie que saisit la main) est moderne; la plaque d’or losangée dont elle est revêtue a remplacé, au commencement de ce siècle, une ornementation de travail presque semblable, à cela près, que chaque losange contenait une fleur de lis ciselée. Ce manche, fleurdelisé, avait déjà été substitué à la fusée primitive, qui ne nous est connue par aucun dessin.
L’épée de Charlemagne était au nombre des ornements royaux qui, gardés dans le trésor de l’abbaye de Saint-Denis, n’en sortaient que pour servir au sacre & au couronnement des rois. Les relations des sacres la désignent toujours comme étant l’épée de Charlemagne, & Guillaume de Nangis, dans la vie du roi Philippe III, qui fut sacré à Reims l’an 1271, nous a dit quel était son nom: on la nommait Joyeuse. Le roi la recevait des mains de l’archevêque & la remettait au connétable qui la portait dans l’église pendant toute la durée du sacre &, après la cérémonie, de l’église au palais. Au sacre de Charles VI, ce fut Louis, frère du roi, âgé de dix ans, qui porta Joyeuse. Pendant toute la durée du sacre & couronnement de Napoléon Ier, l’épée du fondateur de la dynastie carlovingienne, la couronne impériale & le sceptre à son effigie ont été portés, y assistant sous le nom d’honneurs de Charlemagne, par trois maréchaux de l’empire.
Elle est aujourd’hui conservée dans le Musée des Souverains.
(N° 20 de notre notice, Antiquités carlovingiennes.)
MUSÉE DU LOUVRE.
Hauteur, 0,220. — Diamètre, 0,100.
Œuvre du douzième siècle, il est un des premiers modèles du petit calice, en forme de coupe, que l’Église latine a substitué au grand calice à deux anses qui, antérieurement, servait pour la communion, lorsqu’elle était donnée sous les deux espèces du pain & du vin.
Il est l’un des très-rares exemples des calices de verre, car le temps était proche où l’or & l’argent allaient presque exclusivement remplacer toutes les autres matières pour la fabrication du vase sacré. Le cristal de roche, qui n’est pas fragile comme le verre, plus éclatant & plus limpide, était parfaitement approprié à l’usage pour lequel cette coupe a été taillée; sa forme, imitant le calice d’une fleur, est très-pure; l’évasement du pied est habilement ménagé.