De l’origine de l’émail.— L’émail est resté inconnu aux peuples de l’antiquité.
De tous les arts qui se rattachent au dessin, celui de l’émaillerie est asssurément un des plus anciens et des plus importants.
Les mille reflets scintillants de ses séduisantes couleurs, le charme indéfinissable de la transludicité qui attire et captive, la richesse de la matière employée le plus souvent comme base du travail, le talent de l’ouvrier enfin, ont fait des émaux, dès leur origine, d’intéressants monuments artistiques qui ne tardèrent pas à devenir des objets précieux.
L’émaillerie, dans le sens le plus général du mot, semble avoir eu l’Inde pour berceau. De l’Inde, elle se répandit dans l’Asie mineure et de là en Egypte. Longtemps cette contrée passa pour avoir transmis, au contraire, aux peuples asiatiques les secrets de sa fabrication; mais aucun spécimen incontestable n’est encore venu confirmer cette opinion, et enlever à l’Asie son droit de priorité.
Chez les Chinois son ancienneté se perd dans la nuit des temps.
Du reste, la date des premiers émaux est très-controversée, et il est probable que l’émaillerie, science et art à la fois, eut à subir, comme toute invention humaine à son principe, une longue période de tâtonnements.
On ne saurait, à proprement parler, classer dans la catégorie des émaux, c’est-à-dire considérer comme des décorations obtenues directement sur le métal, au moyen de poudres cristallines, minérales et vitrifiables, à une température déterminée, ces innombrables poteries et pierres émaillées que les Égyptiens recouvraient d’un enduit tantôt bleu, tantôt vert, tantôt jaune, blanc ou violet; non plus que ces briques monochromes des Babyloniens, que nous rencontrons constamment dans les musées et collections particulières. Il en est de même de ces dieux, de ces statuettes, de ces momies, de ces animaux symboliques ou sacrés, de ces cachets et quantité d’autres objets recouverts aussi d’une couche unicolore, bleue, jaune ou verte, etc., qu’on y rencontre également. Ces différents enduits n’ont absolument rien de commun avec l’émail, tant par la base principale de leur composition que par la nature des matières sur lesquelles on les applique, ainsi que par leur mode de cuisson. Cependant, par leur caractère particulier, on est fondé à les regarder comme les tentatives premières qui, par la suite, conduiront l’esprit des chercheurs à la découverte de l’émail, cet art encore à naître.
C’est précisément cette apparente similitude avec l’émail, cette vitrification superficielle qui leur donne avec lui une si frappante analogie qui en a fait attribuer l’invention aux Égyptiens. Ce qui est vrai, c’est que de très-bonne heure ces derniers possédaient une sorte d’émail à froid, consistant dans l’enchâssement sur leurs métaux (à l’aide de cloisons préparées à l’avance) de pierres ou mastics colorés, devenus tellement durs avec le temps, que plus d’un archéologue s’y est trompé.
Un spécimen de l’orfèvrerie égyptienne cité par M. de Laborde dans sa notice sur les émaux du Louvre; un fragment de chapiteau dans la décoration duquel entrent des mastics bleus et rouges posés sur des palmettes de métal creusées et burinées, comme on le fit plus tard dans le procédé du champlevé; un bol étrusque, (musée du Louvre, représenté pl. 1re