ADONAÏ Ethelle : N°21212097

Option de recherche et d’approfondissement

Mémoire

Option 5 : Éducation, activités physiques et nouvelles
problématiques éducatives

Master Education et métiers de l’enseignement du premier degré, 2ème année

Directrice de mémoire : Mme Maufrais Odile

2016/2017

Remerciements :

J'adresse mes remerciements à toutes les personnes qui m'ont aidé durant la réalisation de ce mémoire.

En premier lieu, je remercie Mme Maufrais, professeur à l'université. En tant que Directrice de mémoire, elle m'a guidé dans l’élaboration de mon travail et m'a aidé à trouver des solutions pour avancer malgré les nombreuses difficultés que j’ai pu rencontrer dans mes débuts.

En second lieu, je remercie aussi Mme Couchot-Schiex responsable de l’option de recherche ainsi que Mme Mourlon et Mme Delcroix, pour leurs nombreux conseils.

Enfin, je tiens à manifester ma grande reconnaissance à une des écoles de Créteil m’ayant permise de pratiquer mon observation ainsi que de faciliter la passation de mes questionnaires. Je poursuis ma gratitude envers l’enseignante de CP qui m’a accueilli au sein de sa classe.

Sommaire :

  1. Définitions des concepts et des notions :
  2. HYPOTHESES ET PROBLEMATIQUE
  3. DEMARCHE D’ENQUÊTE
  4. CARTE CONCEPTUELLE
  5. ETUDE EXPLORATOIRE
  6. Analyse des résultats des questionnaires
  7. Analyse de l’entretien
  8. Discussion des résultats obtenus

INTRODUCTION :

Le sujet choisi a été inspirée de mon expérience en tant qu’employée d’avenir professeur où je travaillais au côté d’une enseignante. C’est en observant ma tutrice que j’ai commencé à me poser des questions sur les méthodes mises en place pour encourager les élèves à s’engager dans la pratique de l’éducation physique et sportive. Ainsi, j’ai commencé à m’interroger sur la notion de la motivation et sa relation avec la réussite scolaire. L’intérêt pour la motivation provient du fait qu’elle peut influencer la réussite scolaire, à contrario si elle est absente elle laisse place au décrochage scolaire. De nombreux ouvrages traitent de la motivation dans le cadre d’une pratique sportive collective, peu concernent une activité individuelle, par conséquent afin de trouver un sujet qui n’a pas encore été traité, j’ai choisi de cibler une pratique sportive individuelle : la lutte. La lutte appartient au champ d’apprentissage « conduire et maîtriser un affrontement collectif ou interindividuel » dans les programmes du Bulletin Officiel n°11 du 26 novembre 2015. C’est une activité de confrontation où l’enfant doit être capable d’immobiliser un adversaire. À l’école élémentaire, on parlera davantage de « jeux de lutte ». Dans cette activité sportive, deux attitudes peuvent être observées : certains élèves auront peut-être peur d’affronter leur adversaire, d’être mis au sol ou d’avoir mal ; et pour d’autres au contraire l’appréhension ne sera pas un frein à leur engagement.

La motivation constitue un ensemble de facteurs ayant un impact sur le comportement d'un individu pour atteindre un objectif. Elle s’oppose à l’amotivation qui se décrit par un manque d’intentionnalité. En d’autres termes, l’amotivation se manifeste par l’absence de la motivation quand l’individu ne parvient pas à établir un lien entre ses actions et ses résultats. Mais la motivation des élèves est aussi liée à la cohésion du groupe. L’enseignant peut influer sur les comportements en passant par les modalités de groupement. Lewin Kurt dans l’ouvrage Frontiers in group dynamics de 1947, définit le groupe comme « l’ensemble des individus qui partagent un destin commun ». Sherif M. dans l’ouvrage Intergroup relations and leadership de 1962, le définit comme un « ensemble d’individus amenés à réaliser un but commun par leurs activités interdépendantes ».

Je pourrai donc aborder ce sujet sous l’angle pédagogique et didactique afin de comprendre comment l’enseignant s’organise pour favoriser la motivation de ses élèves. Pour cela, plusieurs observations seront réalisées lors d’une séquence d’EPS en jeux de lutte avec une classe de CP dans le gymnase d’une école de Créteil. Pour étoffer ma recherche, je pense qu’un entretien semi-directif avec le professeur pourrait être intéressant puisqu’il pourra m’expliquer les raisons de ses choix pédagogiques et didactiques ainsi qu’un questionnaire donné à chaque élève devrait me permettre d’estimer leur pourcentage de motivation dans leur pratique.

Mon travail de recherche débute par un cadre théorique comportant la définition de notions et concepts clés, la problématique ainsi que la proposition d’hypothèses à propos de mon sujet. Ensuite, une démarche d’enquête permettra de justifier mes choix méthodologiques qui seront appuyés par un schéma conceptuel permettant d’illustrer le tout. Enfin une étude exploratoire analysera et interprétera les données recueillies.

CADRE THEORIQUE :

1. Définitions des concepts et des notions :

Afin de procéder à l’explication de mon étude, je vais débuter par la définition des différentes notions et des concepts qui fondent mon sujet. Premièrement, nous verrons la définition de l’éducation physique et sportive, de la didactique et des jeux de lutte. Deuxièmement, nous détaillerons les différentes théories motivationnelles retenues et celles qui tendent vers les buts mixtes. Troisièmement, nous définirons les différents types de groupes, puis nous verrons l’impact des modalités de groupement sur la motivation et pour finir les théories concernant l’impact du comportement de l’enseignant sur la motivation des élèves.

1.1 L’EPS, une discipline

Étant donné que mon sujet concerne la motivation des élèves en EPS, il paraît essentiel de commencer par les définitions qui se rattachent à l’éducation physique et sportive.

L’éducation physique et sportive s’inscrit dans le seul domaine lié à la motricité en grande partie. Gaston Mialaret, 1979 fournit une définition ancienne mais toujours à jour de l’EPS. Il s’agit d’une « discipline incluse dans les programmes d’enseignement, grâce à laquelle l’élève développe et entretient particulièrement ses conduites motrices et corporelles». Claude Pineau, 1990 confirme cette définition, «discipline d’enseignement, l’EPS, permet l’acquisition de connaissances et la construction de savoir permettant la gestion de la vie physique aux différents âges de son existence, ainsi que l’accès au domaine de la culture que constituent les pratiques sportives».

En effet, d’après le Bulletin Officiel n° 11 du 26 novembre 2015, cette discipline «développe l’accès à un riche champ de pratiques, a forte implication culturelle et sociale, importantes dans le développement de la vie personnelle et collective de l’individu. »

Elle a le but de former des élèves lucides, autonomes, physiquement et socialement éduqués. L’EPS permet donc de valider au fur et à mesure de nombreuses compétences et champs d’apprentissage à travers l’évolution des élèves lors des différents cycles.

Le théoricien Alain Hébrard propose une définition plus récente dans la revue EPS n° 312 en 2005 en affirmant que l’EPS est « un ensemble d’enseignements d’activités physiques sportives et artistiques qui visent la transmission d’une culture et le développement des conduites motrices que les valeurs admises conduisent à considérer comme souhaitables et susceptibles de procurer le bien-être ». En effet, Alain Hébrard focalise sa description au niveau de l’aspect culturel en lien avec les APSA dont la lutte fait partie. Il fait émerger la dimension artistique et sportive, ce qui fait référence aux savoirs du corps.

Le Bulletin Officiel souligne aussi l’idée du bien-être procuré par l’EPS tout en rajoutant qu’elle permet aussi aux enfants et aux adolescents de se soucier de leur santé. L’EPS serait donc considérée comme un moyen de se faire plaisir au sein d’une pratique sportive. Cependant, l’apprentissage des élèves découle d’une didactique adaptée aux besoins des élèves. Je vais donc définir ce qu’est la didactique en EPS.

1.2 La didactique en EPS

La pratique de l’enseignant que j’observerai me permettra de comprendre ce qui est mis en œuvre pour favoriser la motivation. Je fournis donc quelques définitions de la didactique qui se rattachent à la discipline de l’EPS.

En 1986, ce même théoricien, Alain Hébrard, définit la didactique en EPS comme une « étude des processus d’élaboration et d’acquisition (chez les élèves) et de transmission (chez l’enseignant) des savoirs et savoir-faire d’une discipline » dans un de ses articles de la revue EPS : réflexions et perspectives. En effet, mes méthodologies me donneront la possibilité d’avoir des éléments sur la transmission du savoir et l’acquisition par les élèves. Cela devrait me fournir un aperçu de la motivation qui règne parmi les élèves.

Marsenach, 1982 propose une définition liée à la discipline sportive, « la didactique de l’EPS étudie le processus de communication par l’enseignant, et d’acquisition par les élèves, d’un ensemble de savoirs et d’actions spécifiques ».

De manière plus générale, Audigier, 1986 confirme que la didactique « pose la question centrale des savoirs, des contenus d’enseignement, de leur apprentissage et ceci dans une institution précise. »

D’après le Grand dictionnaire terminologique de l’office de la langue française, « la didactique porte sur les méthodes ou les pratiques d'enseignement tandis que la pédagogie porte sur l'éducation ou l'action éducative. »

Ainsi, nous pouvons en déduire de l’impact des choix didactiques de l’enseignant vis-à-vis de ses élèves.

1.3. Les jeux de lutte

La lutte est une APSA s’inscrivant dans les programmes du Bulletin Officiel n° 11 du 26 Novembre 2015 qui recommandent que les élèves de CP doivent « s’opposer individuellement et collectivement » en éducation physique et sportive.

Le terme « lutte » désigne l’activité de combat par opposition. Mathieu Pointreau, conseiller pédagogique de circonscription en EPS, propose cette définition « la lutte peut être définie par une opposition duelle directe, où il s’agit d’imposer à l’adversaire un état corporel qu’il refuse tout en l’empêchant lui-même d’atteindre ce résultat. C’est donc une activité de contact et d’opposition directe, sans outils ni médiateur. »

Les jeux de lutte sont adaptés pour les élèves à l’école. Le site eduscol donne cette définition dans un de ses articles « activité duelle de combat et de préhension sur tout le corps dans un espace limité, dont l’objectif est de déstabiliser un adversaire debout, (ou à quatre pattes), afin de le stabiliser à nouveau au sol. »

Dans les jeux de lutte, l’élève doit « agir sur son adversaire pour l’immobiliser. » Cette particularité propre aux sports d’opposition et de combat nécessite donc une volonté motivationnelle que l’enseignant peut mettre en place lors des cours par le biais de différentes stratégies d’enseignement. Certains élèves peuvent être plus motivés dans certaines APSA. Dans le cas de la lutte, le contact corporel entre les élèves, entre les filles et les garçons n’est pas évident. Cependant, cette activité de combat est susceptible de développer des appréhensions chez certains élèves. Il arrive d’ailleurs parfois qu’à force d’avoir peur, il y ait une perte de motivation lors de la pratique d’une APSA en EPS. Mais que savons-nous réellement de la motivation ?

1.4. La motivation, un atout majeur dans la pratique de l’EPS.

Différentes théories ont été mises en évidence par de nombreux chercheurs au sujet de la motivation. La définition de la motivation énoncée par Edgar Thill et Robert Vallerand dans l’Introduction à la psychologie de la motivation(1993) souligne que « le concept de motivation représente le construit hypothétique utilisé afin de construire les forces internes et/ou externes produisant le déclenchement, la direction, l’intensité et la persistance du comportement ». Afin d’approfondir cette définition, nous pouvons nous appuyer sur la définition de Pintrich et Schrauben en 1992 qui l’analysent ainsi, « la motivation en contexte scolaire est un état dynamique qui a ses origines dans les perceptions qu’un élève a de lui-même et de son environnement et qui l’incite à choisir une activité, à s’y engager et à persévérer dans son accomplissement afin d’atteindre un but. » Au sein de cette définition les termes « incite, engager, persévérer » sont des actions justifiant d’un but à atteindre.

En ce qui concerne la motivation, deux grands champs théoriques se démarquent, les théories centrées sur les raisons de l’engagement et les théories socio cognitives alliant la motivation à la cognition. C’est d’ailleurs les champs théoriques qui seront les fils conducteurs de cette étude tout en s’appuyant sur d’autres pensées.

1.4.1 La théorie de l’autodétermination

La première théorie dite de l’autodétermination (capacité à choisir plutôt qu’à subir des contraintes extérieures) présume l'existence de différentes formes de motivation. D’après Deci et Ryan qui se sont intéressés au développement de la personnalité et au changement de comportement, il existe deux formes de motivation, la motivation intrinsèque et la motivation extrinsèque.