P.-J. Stahl, Léon de Wailly

Mary Bell, William et Lafaine : La vie des enfants en Amérique

Publié par Good Press, 2021
goodpress@okpublishing.info
EAN 4064066325794

Table des matières


I
II
III
IV
V
VI
VII
VIII
IX
X
XI
XII
XIII
XIV
XV
XVI
XVII
XVIII
XIX
XX
UN DERNIER MOT

UN DERNIER MOT

Table des matières

Les vacances étaient sans doute arrivées à leur fin, toujours est-il que le journal qui contenait ces aimables récits s’interrompt ici dans le manuscrit qui nous a été remis.

Nous serions bien embarrassé d’aller plus loin, et de dire ce que devinrent tous nos petits personnages, si nous n’avions appris de l’un d’entre eux, que nous avons rencontré par grand hasard il n’y a pas longtemps: 1° qu’ils devinrent tous grands; 2° qu’ils sont tous heureux, parce que tous sont restés honnêtes et bons et devenus laborieux. — Voulez-vous des détails, êtes-vous curieux? j’ai de quoi, en peu de mots, vous satisfaire. Je suis certain que Lafaine vous a beaucoup intéressé. Ce brave et aimable garçon, si gai, si original et si sensé, si supérieur par toutes ses qualités à la condition dans laquelle vous l’avez connu, ne pouvait manquer de réussir. Il est marié, à la tête d’une des plus belles fermes du pays; il a des enfants qui ne s’ennuient jamais, je n’ai pas besoin de vous le dire, et qui montrent déjà qu’ils seront industrieux et propres à tout comme leur père. Sa ferme est devenue le lieu de repos, le but des promenades de tous nos petits amis, dont aucun, devenu homme, n’a été ingrat pour Lafaine. Madeleine est Mme Riquet. Riquet est un parfait gentleman. Madeleine, par sa douce influence, a corrigé les quelques défauts de son caractère. Riquet est à la tête de la grande industrie de son pays, et il la représente au congrès. Ce qui vous étonnera, c’est que la charmante Mary Bell est aujourd’hui madame Parker. —Mais rassurez-vous, à côté de Mary Bell tout le monde fût devenu bon, et Parker est le meilleur des maris. Il se souvient qu’étant jeune garçon il n’était pas parfait, et son âge mûr fait oublier les imperfections de l’enfant et du jeune homme. Il n’aplus qu’un orgueil, mais, cette fois, il est bien placé, c’est d’avoir trouvé dans Mary Bell la plus charmante et la meilleure des femmes.

Le cousin William ne s’est pas marié ; absorbé dans la science, il s’y est livré tout entier, et a rendu de grands services à sa patrie par de belles et nobles découvertes.

Les autres ont tous, chacun pour leur part, le sort qui leur convient; on peut donc être tranquille en ce qui les concerne.




FIN

I

Table des matières

LA LECTURE

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Par une charmante matinée d’été, William. était assis dans l’alcôve où il étudiait d’ordinaire. Il avait devant lui un gros livre et un cahier, où il écrivait de temps en temps. Le gros livre était un volume d’une encyclopédie dont les autres volumes occupaient plusieurs rayons de la bibliothèque.

William était donc à travailler, la fenêtre ouverte, et les oiseaux chantaient joyeusement au dehors, quand Riquet entra dans la chambre. Il était venu prier William d’aller avec lui à la rivière prendre un bateau et pêcher. Sa cousine Madeleine le suivait. Dès que Riquet eut ouvert la porte, il se retourna et dit à Madeleine:

«Oui, nous pouvons lui parler, les rideaux sont tirés.»

Riquet et Madeleine, se dirigèrent vers la table. Riquet s’accouda dessus et regarda le cahier où écrivait William; il y vit un dessin représentant une machine. Madeleine alla s’asseoir sur le dernier échelon d’un marchepied qui servait à William pour atteindre ses livres.

Quand Riquet vit combien son cousin était occupé à travailler, il désespéra de jamais le faire aller à la pêche.

«Ah! Dieu! dit Riquet en poussant un profond soupir, cela me ferait bien plaisir, William, si tu n’aimais pas tant à étudier.»

William sourit, mais continua à mesurer avec un compas une partie de la machine qu’il copiait.

«Et je pense que cela te ferait plaisir à toi, si, moi, j’aimais un peu plus à étudier, ajouta Riquet.

— Oh! non, dit William, pas du tout, j’ai toujours peur pour la santé d’un trop jeune enfant, quand je le vois trop aimer l’étude.

— Et pourquoi, s’écria Riquet, qui n’en revenait pas d’entendre William exprimer une semblable opinion, pourquoi as-tu peur?

— Parce que l’étude exige le repos du corps, et que la santé exige, au contraire, que le corps se développe par le jeu et l’exercice.

— Je sais que, pour ma part, je préfère infiniment jouer, alors je ne suis pas inquiet de ma santé, dit Riquet.

— Eh bien! j’en suis fort aise, fit William.

— Mais moi, dit timidement Madeleine, j’aime beaucoup à lire des histoires.

— Oh! reprit Riquet, on n’appelle pas cela précisément étudier.

— Le vrai devoir pour un enfant, jusqu’à l’âge de huit ou même de dix ans, dit William, c’est de jouer et de courir; du moins, c’est ce qu’il doit préférer. C’est là ce qui le rendra robuste et fort. Mais dès qu’il a dix ans, il faut qu’il commence à aimer le travail.

— Je compte dire cela à maman, dit Riquet, et alors elle me laissera jouer tout le temps.

— Non, je n’ai pas dit que tu ne devais pas étudier, mais que je ne tenais pas à te voir trop tôt aimer l’étude. Il est bon que les garçons commencent à apprendre longtemps avant d’avoir dix ans, et pour apprendre, il faut étudier; mais je crois que, tant qu’ils sont petits, la récréation sera plus avantageuse pour eux que l’éducation.»

Les yeux de Riquet se fixèrent par hasard sur ce qu’on appelle le titre courant du gros livre que tenait William; il y lut ces mots: «Culture de la canne à sucre. Sucreries.»

«Qu’est-ce que c’est que des sucreries? demanda Riquet.

— Ce sont des propriétés, très nombreuses aux Antilles, où l’on fabrique du sucre. Je lisais cela parce que j’ai envie de savoir tout ce qui s’y rapporte.

— Pourquoi as-tu envie de savoir cela? dit Riquet. Tu ne comptes pas aller fabriquer du sucre sur une propriété aux Antilles, n’est-ce pas?

— Non, dit William, mais je compte être un homme d’affaires, et pour cela il faut que je sache un peu de tout ce qui se fait dans le monde. Cela me servira un jour ou l’autre.

— Je ne vois pas, dit Riquet, à quoi cela pourra te servir, si tu ne dois jamais fabriquer de sucre.

— Mais, dit William, suppose que je sois avocat, et qu’un grand fabricant sucrier vienne me trouver et me remette entre les mains un procès relatif à sa propriété, ne serais-je pas alors bien heureux de savoir quelque chose à ce sujet?

— Je ne vois pas pourquoi tu ne l’apprendrais pas tout aussi bien alors; tu pourrais avoir une encyclopédie dans ton cabinet et la lire..

— Oui, dit William, mais cela me coûterait probablement 100 francs.

— Non, dit Riquet, je crois que cela ne te coûterait rien du tout que la peine de prendre le livre et de le lire.

— A ce compte, dit William, on se contenterait d’acheter des livres, et on ne les ouvrirait jamais qu’au moment même où on aurait besoin de savoir ce qu’ils contiennent. Cependant, s’il faut une réponse prompte au client, s’il n’a pas le temps d’attendre que son avocat s’instruise, qu’est-ce qu’il fera? Il s’en ira et dira partout: «Ne consultez pas l’avocat un tel, il ne sait rien.» Et l’avocat un tel, outre qu’il sera inutile aux autres, sera inutile à lui-même, et ne gagnera pas de quoi payer ses livres trop tard ouverts.»

Il y eut un moment de silence. Riquet réfléchissait à ce que son cousin venait de lui dire.

«Mais, William, je croyais que tu étudiais pour ton plaisir et pas pour de l’argent?

— Certainement, c’est pour mon plaisir dans un certain sens, dit William, et je l’y trouve parce que je sais combien cela me sera utile.

— Sais-tu, William, dit Riquet après un moment de silence, que Madeleine et moi nous savons faire du sucre. N’est-ce pas, Madeleine?

— Oui, une fois nous en avons fabriqué un peu, dit Madeleine.

— Nous avons employé du jus d’érable, dit Biquet.

— Et combien en avez-vous fait? demanda William.

— Voilà ! le premier jour nous l’avons tout mangé en le goûtant pendant qu’il cuisait; mais le lendemain nous en avons fait que nous avons rapporté à la maison.

— Était-il bon? demanda William.

— Oui, dit Riquet, seulement c’était plutôt du candi que du sucre; et puis il était bien un peu amer, parce que nous l’avions laissé brûler.»

Riquet disait tout cela, avec une figure très sérieuse, qui prit même une expression des plus lamentables quand il en vint à se rappeler le désespoir qu’il avait éprouvé en voyant que le candi était brûlé. William fit son possible pour ne pas rire, mais il n’y put réussir.

.. «Aux Antilles, dit-il, on n’obtient pas le sucre au moyen d’incisions dans les arbres, comme ici. On le tire du jus des cannes à sucre, qu’on broie dans de grands moulins.»

Et en même temps, William rechercha dans l’encyclopédie les gravures qui représentaient ces moulins, et les montra à Riquet et à Madeleine. La machine était très compliquée et Riquet n’y comprit pas grand’chose; quant à Madeleine, elle n’y vit absolument rien. Riquet trouva qu’il valait infiniment mieux pratiquer des incisions. S’il vivait, lui, dans les Antilles, et qu’il eût une propriété, il ferait certainement des incisions dans les cannes à sucre, et il attraperait le jus dans des bouteilles, au lieu d’avoir toutes .ces machines que personne ne peut comprendre.

William prit alors son cahier et leur montra les figures qu’il avait exécutées et qui étaient beaucoup plus simples que celles du livre; car elles ne représentaient que les parties les plus essentielles de la machine, telles que les rouleaux entre lesquels les cannes sont broyées, et les roues dentées qui donnent le mouvement à ces rouleaux. Riquet comprit mieux cette fois, mais il dit à William qu’il ne trouvait pas qu’il dessinât très bien.

«Lafaine, ajouta-t-il, sait faire des croquis beaucoup plus jolis que ceux-là.

— Je voudrais bien savoir mieux dessiner, répondit William. J’ai entendu dire en effet que Lafaine s’en tirait très bien. Où a-t-il appris?

— A Paris.

— A Paris, vraiment! Il peut bien dessiner alors, car à Paris ils sont fameux pour leurs dessins. Je voudrais beaucoup en voir; en as-tu?

— Non, dit Riquet, mais je peux lui demander de m’en faire un; veux-tu tout de suite?

— Oui, vas-y; tu me feras plaisir.

— A une condition, dit Riquet.

— Laquelle?

— C’est que tu iras à la pêche avec moi.

— A la pêche! répéta William. Il tira sa montre, réfléchit un instant, et déclara qu’il irait si le dessin était bien fait.

— Mais qui est-ce qui décidera cela? demanda Riquet.

— Ce sera moi, proposa William; ou bien, non, ce sera Madeleine qui décidera. Seulement il faut que Lafaine fasse son dessin sans hésiter, comme il le fait d’habitude; surtout qu’il ne sache pas que c’est pour moi.

— C’est bon, dit Riquet, il est au jardin, je vais le trouver; donne-moi du papier, une plume, un crayon et de l’encre.

— Tu n’as pas besoin d’un crayon et d’une plume; dit William.

— Mais si; il commence toujours par faire une petite esquisse au crayon, qu’il termine ensuite à l’encre.»

William donna à Riquet un morceau de papier blanc, très épais et très lisse, qu’il eut soin de mettre entre les feuillets d’un livre, afin qu’il ne se chiffonnât pas en route; il lui confia également un crayon, une plume et un petit encrier de poche qui se fermait avec un ressort. Madeleine voulut avoir quelque chose à porter, et Riquet lui remit le livre.

Les deux enfants descendirent au jardin avec tout cet attirail. Ils trouvèrent Lafaine ratissant une des allées du parterre. Riquet lui dit qu’il venait le prier de faire un dessin, et Lafaine y consentit à la condition que Madeleine et Riquet continueraient sa besogne. Le pacte fut conclu. Lafaine s’assit sur un banc de pierre, et disposa à côté de lui les objets que les enfants avaient apportés.

«Que faut-il que je vous dessine? demanda Lafaine en taillant son crayon.

— Oh! ce que vous voudrez; inventez-nous quelque chose.»

Lafaine se mit à jouer du crayon tandis que Riquet maniait le râteau. Au bout d’un petit quart d’heure, Lafaine appela les enfants et leur annonça que le travail était fini.

Riquet et Madeleine quittèrent le râteau et accoururent. Le dessin représentait une vieille femme qui portait un panier tout plein d’enfants qu’elle étendait sur une corde, comme elle l’aurait fait d’une lessive. Sous le dessin, Lafaine avait écrit: «Madame Tatillon, » et au-dessous encore le couplet suivant:

Lorsqu’ils étaient débarbouillés,
Elle les mettait en bataille
A sécher contre la muraille,
Pensant que, s’ils restaient mouillés,
Ils s’enrhumeraient à la ronde
Et s’en iraient dans l’autre monde.

Les deux enfants examinèrent la composition très attentivement; puis, ayant lu les vers, ils rirent de tout leur cœur et partirent au galop pour la montrer à William.

Madeleine décida que c’était très réussi, et William dit qu’il irait pêcher. Il mettait le dessin dans son tiroir, quand Riquet le réclama comme lui appartenant.

«Non, dit William, il est à moi, puisque je te le paie en allant pêcher avec toi.

— Non, je n’ai jamais dit qu’il devait t’appartenir; j’ai seulement dit que j’irais le chercher et que je te le montrerais, dit Riquet.

— Eh bien, pour le moment, pendant que nous sommes à la pêche, je le mets dans ce tiroir, dit William; nous déciderons cette question une autre fois.»

Et ils se dirigèrent vers la rivière.

II

Table des matières

LES INVITATIONS

Madeleine devait offrir une fête à ses petites amies; mais elle ne savait comment se procurer des invitations écrites. Sa tante lui avait proposé de faire atteler la charrette; Riquet la conduirait aux maisons de toutes les.petites filles qu’elle voulait engager, et elle pourrait alors les inviter de vive voix. Madeleine tenait énormément aux invitations écrites; elle aurait bien aimé à les distribuer elle-même en charrette.

I

«MADAME TALLON»

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«Eh bien, dit Mme Henry, il faut que Riquet et toi vous les fassiez.

— Mais je ne sais pas écrire assez bien, dit Madeleine, vous devriez bien, ma tante, les rédiger pour nous, seulement cette petite fois.

— Ce serait avec plaisir, si j’en avais le temps, dit Mme Henry, mais j’ai à m’occuper de beaucoup de choses pour votre fête, et de choses infiniment plus importantes que des invitations écrites.

— Ça ne fait rien, dit Riquet, qui assistait à cette conversation; viens avec moi, Madeleine, je te donnerai un coup de main.»

Riquet proposa à Madeleine de descendre au salon pour préparer leurs lettres. C’était une vaste et charmante pièce qui se trouvait à l’arrière de la maison; elle avait plusieurs fenêtres qui s’ouvraient sur une jolie cour verte précédant un grand jardin. Cette pièce était très agréable en toute saison; pendant l’hiver, un grand feu de bois flambait dans l’âtre, et l’été, le foyer était fermé par un devant de cheminée formé par un très joli tableau. Une porte-fenêtre permettait aux enfants de sortir et rentrer à volonté. Dans la cour, il y avait un banc tout près de la maison; mais, pour Riquet et Madeleine, c’était une table d’une hauteur tout juste convenable, et ils s’asseyaient sur deux petits escabeaux. Cet endroit jouait toujours un grand rôle dans les amusements des deux enfants pendant les soirées d’été.

Je dois dire que, cette fois, ils n’y allèrent pas tout de suite et commencèrent par disposer tout leur attirail d’écriture sur une table au salon. Leur encrier était fixé au centre d’une large soucoupe et ne pouvait se renverser; en outre, Mme Henry avait pris la précaution de n’y pas mettre d’encre liquide, mais simplement du coton imbibé ; en appuyant là plume sur ce coton on en retirait bien de l’encre, mais autrement il n’en coulait pas une goutte, même si on tenait l’encrier à l’envers. Il était entendu aussi que les enfants devaient toujours étendre un journal sur la table avant de commencer à écrire; alors, s’ils faisaient des taches, il n’y avait que demi-mal.

Madeleine et Riquet étalèrent donc un journal sur la table et posèrent leur encrier au milieu; ils prirent du papier à billet, et deux plumes, ensuite deux chaises, et puis ils se mirent à l’ouvrage.

Madeleine trempa sa plume dans l’encrier; mais, elle pressa si fort le coton qu’en la retirant, elle fit un pâté sur son papier.

«Voilà ! dit-elle, mon invitation est gâtée!

— Il faut prendre une autre feuille, dit Riquet, et ne plus enfoncer autant la plume.»

Madeleine essaya de nouveau, et cette fois elle évita de prendre trop d’encre; mais elle eut tant d’autres désastres qu’elle perdit courage et abandonna à Riquet le soin de continuer. Riquet travaillait depuis assez longtemps, et Madeleine le pria enfin de lui lire ce qu’il avait écrit.

«Oui, fit Madeleine, c’est très bien, seulement je veux que tu dises à nos invitées de venir aussitôt que possible.

— Bon, j’ajouterai ça.»

Et il reprit sa besogne; puis, il lut à haute voix toute l’invitation, du commencement jusqu’à la fin. Elle était ainsi conçue:

«Mademoiselle Madeleine prie Augusta de lui faire l’honneur de sa société demain. Et de venir le plus tôt qu’elle le pourra.»

Riquet rédigea encore une ou deux lettres, avec peut-être quelque variante dans la forme, mais le fond était toujours le même. Il se sentit fatigué avant d’en avoir fait seulement la moitié de ce qu’il fallait, et il pensa que c’était parce que la table était trop haute. Il transporta donc avec Madeleine toutes leurs affaires du salon sur le banc de la cour, et se remit à travailler. Riquet écrivit encore une ou deux invitations, puis il proposa à Madeleine de monter tous deux chez William, pour voir s’il ne leur viendrait pas en aide.

«Bien, dit Madeleine, allons-y.»

Et ils y allèrent. Ils trouvèrent William, comme à l’ordinaire, derrière ses rideaux. Quand William entendit venir les enfants, il releva les tentures, car il supposa que ceux-ci avaient quelque chose à lui dire, et il était tout disposé à les écouter. Ils racontèrent à William ce qu’ils voulaient de lui.

«Nous en avons fait six, dit Riquet en montrant les billets qui étaient parfaitement pliés.

— Et combien vous en faut-il de plus? demanda William.

— Voilà, il y a encore Mary Bell, et Caroline, et puis une, deux, trois, quatre, cinq encore, dit Riquet en regardant sa liste.

— C’est bien, dit William, j’en écrirai une pour Mary Bell.

— Et une pour Caroline aussi, n’est-ce pas? dit Madeleine; nous voudrions quelque chose de bien pour Mary Bell et Caroline, parce qu’elles sont les plus grandes

— J’en écrirai une pour Mary Bell, dit William, mais il faut vous adresser à un autre pour celle de Caroline.»

William tira d’un petit buvard une feuille de papier à billet et se mit à écrire.

«Dis-lui de venir de bonne heure, dit Madeleine.

— Qu’est-ce que c’est que de bonne heure?

— Oh! qu’elle vienne à trois heures, au plus tard,» dit Madeleine.»

William continua à écrire et lut bientôt l’invitation suivante:

«Mademoiselle Madeleine Henry prie mademoiselle Mary Bell de lui faire l’honneur de venir passer l’après-midi chez elle, demain, à trois heures.»

«C’est parfait,» déclara Biquet.

William se mit ensuite à dessiner un petit bouquet de fleurs et de longues herbes sur le coin de là page de gauche, à l’endroit où souvent on place de pareils ornements.

«C’est très joli,» déclara à son tour Madeleine, quand ce fut fini.

William ne répondit pas, mais se disposa à écrire quelque chose très finement sur une des longues herbes. C’était tracé si menu que Madeleine et Riquet pouvaient à peine le lire. Enfin Biquet découvrit que c’était: William scripsit.

«Qu’est-ce que ça veut dire? demanda Riquet.

— C’est du latin, répondit William.

«— Mais qu’est-ce que ça veut dire?

— C’est à toi de deviner; et maintenant allez-vous-en; ne me demandez plus rien.

— Tu devrais bien en composer une seulement pour Caroline, insinua Riquet.

— Non, dit William, mais peut-être que Lafaine vous l’écrira, et il pourra y croquer un bien plus joli dessin que le mien.

— C’est ça, dit Riquet, en se tournant vers Madeleine, courons le demander à Lafaine.»

Riquet allait joindre l’invitation de Mary Bell à celles qu’il avait écrites lui-même; mais William la mit d’abord dans une enveloppe qu’il cacheta avec de la cire, et pendant que celle-ci était encore chaude, il y imprima un petit cachet. Ensuite il enveloppa la lettre dans un morceau de journal, et recommanda à Riquet de ne pas la chiffonner. Celui-ci la plaça alors avec le reste de ses invitations, et il descendit suivi de Madeleine a la recherche de Lafaine.

Comme d’habitude, ils le trouvèrent dans le jardin; à cette époque de l’année il y travaillait presque toute la journée, ayant beaucoup de plates-bandes et d’allées à y entretenir. Lafaine soignait toujours admirablement son jardin, et Madeleine et Riquet se dirigèrent vers un berceau auprès duquel le jardinier était occupé ; ils lui contèrent qu’ils étaient venus le prier de leur écrire quelques invitations, et tous trois allèrent s’asseoir sous le berceau pour en causer.

«Nous en avons déjà beaucoup,» dit Riquet; et il montra à Lafaine tout le paquet de lettres. Lafaine en lut deux ou trois avec un sérieux parfait, puis il les replia et les rendit à Riquet en disant:

«Je ne vois pas trop comment je peux laisser là mon ouvrage pour écrire des invitations et, d’ailleurs, vous en avez bien assez comme cela. Invitez les autres personnes directement. Je sais une très jolie petite chanson qui s’appelle l’Invitation, et je pourrai vous l’apprendre quand tout votre monde sera réuni.

— Qu’est-ce que c’est? demanda Madeleine, chantez-la-nous.

— Elle est adressée à une jeune fille nommée Mary Anne, dit Lafaine, et la voici:

«Venez me voir, chère Marie,
Marie-Anne, venez me voir,
A trois heures, je vous en prie,
Et restez pour le thé, le soir.


Nous aurons des gâteaux, des poires;
Vous verrez mes jolis oiseaux,
Et lirez mes livres d’histoires,
Qui sont tous imprimés très gros.


Venez donc, ma chère Marie,
Marie-Anne, venez me voir,
A trois heures, je vous en prie,
Et restez pour le thé, le soir.»

— Quelle jolie chanson! dit Madeleine; je pourrais très bien envoyer cela comme invitation, seulement, je n’ai pas de poires, et pas davantage d’oiseaux.

— L’air en est très facile, dit Lafaine, vous l’apprendrez tous sans peine.

— C’est ça, dit Madeleine, et alors vous viendrez nous l’enseigner, n’est-ce pas? quand mes amies seront là.

— Non, répondit Lafaine, il faudra que vous veniez l’apprendre ici. De tout temps, ce sont les élèves qui sont allés chez le maître, et non le maître chez les élèves. Lorsque tout votre monde aura bien joué dans la maison et qu’il sera bien en train, amenez-le ici, et je vous apprendrai cela. Je vous jouerai l’air sur mon flageolet.»

Ce plan fut très fort approuvé de Riquet et de Madeleine, et ils décidèrent que si Lafaine leur enseignait la chanson, ils le tiendraient quitte des invitations; ils iraient eux-mêmes prier les petites filles qui devaient venir, et pour que toute leur écriture ne fût pas perdue, ils prendraient avec eux les lettres qu’ils avaient et les distribueraient tant qu’il y en aurait, mais en ayant soin de toujours inviter de vive voix, pour éviter ainsi toute méprise. Ils tenaient surtout à remettre celle de Mary Bell, puisque William s’était donné tant de peine pour l’écrire.

Riquet et Madeleine eurent bien des aventures au cours de leur distribution. Ils prirent la charrette; c’était Riquet qui conduisait, mais Lafaine avait attelé et tout préparé. Riquet était à peine assez âgé pour conduire lui-même; mais comme il était très soigneux, que la route qui menait au village était large et unie, et que, surtout, il n’y avait pas besoin de tourner (car il y avait dans la localité un carrefour où aboutissaient trois routes, et Riquet, pour revenir, n’avait qu’à en faire le tour), on lui permettait de conduire la charrette, quand il ne s’agissait que d’aller au village et d’en revenir tout droit. Il pouvait, il est vrai, lui arriver quelque accident imprévu; mais ces accidents-là menacent toute personne qui conduit. Il y a toujours un peu plus de danger à aller en voiture qu’à pied, fût-ce même sur la meilleure route.

Caroline habitait une des grandes et belles maisons du village; Mary Bell, au contraire, vivait dans une petite, mais charmante ferme de l’autre côté du ravin. Le père de Caroline était commerçant, il avait une famille nombreuse et il voyait beaucoup de monde; Mary Bell ne fréquentait personne et tenait compagnie à sa mère. Caroline aimait le monde; Mary Bell aimait la solitude. Bien qu’elles ne se ressemblassent nullement comme caractère, toutes les deux étaient de bonnes et aimables jeunes filles.

Outre Caroline et Mary Bell, il y avait beaucoup d’autres fillettes à inviter; elles demeuraient toutes à des endroits différents, dans le village ou sur la route. Riquet avait pris la précaution d’en dresser la liste suivant l’ordre qui serait le plus commode pour n’oublier personne. Cette liste fut soigneusement placée avec les invitations dans un petit panier, et quand Madeleine fut assise sur le coussin de la charrette, elle le prit sur ses genoux.

Riquet sortit de la cour par la grande porte et fit tourner le cheval sur la route qui menait au village. Le chemin suivait le bord de la rivière qui était de toute beauté. Tantôt on voyait une plage large et sablonneuse, tantôt toute une frange de saules pleureurs, ou bien encore de petites éminences qui s’avançaient dans l’eau et que couronnaient des bouquets d’arbres. Madeleine et Riquet suivirent cette route jusqu’auprès du village sans faire de rencontre; alors, ils virent, à quelque distance, une jeune fille qui arrivait vers eux; elle suivait un petit sentier qui côtoyait la rivière. Dès qu’elle fut tout près, Madeleine vit qui c’était.

«Ah! Sarah, s’écria-t-elle, je suis bien contente que ce soit vous; arrête un moment, Riquet!»

Et Riquet arrêta le cheval.

«Nous étions venus vous inviter à ma fête, poursuivit Madeleine, j’ai peut-être là une invitation pour vous dans ce panier. Je vais regarder.»

Et Madeleine chercha dans les billets si elle n’en verrait pas un à l’adresse de Sarah.

«Quand est la fête?

— Demain dans l’après-midi, dit Madeleine; non, je n’ai pas d’invitation pour vous; nous n’avons jamais pu en écrire tant.

— Cela ne fait rien, reprit Riquet, c’est touj ours la même chose; nous voulons que vous veniez chez nous demain, dans l’après-midi, d’aussi bonne heure que vous pourrez.

— Merci bien, répondit Sarah, je demanderai à ma mère.»

Riquet et Madeleine lui dirent adieu, et reprirent leur route.

Quand ils furent arrivés à la maison où demeurait Caroline, ils entrèrent, par une grande grille, dans une vaste cour qui attenait à la maison. Cette cour était très jolie. Riquet mena le cheval jusqu’à un poteau qui se trouvait sous un arbre; il descendit de la charrette, attacha le cheval à ce poteau, et puis aida Madeleine à descendre aussi.

Un peu plus loin, près d’une terrasse, ils virent Caroline et d’autres jeunes filles, ses amies, qui s’amusaient à monter un petit poney noir. Ce poney appartenait à Caroline,et son père l’avait acheté tout exprès pour elle.

Riquet et Madeleine se dirigèrent vers le groupe d’amazones.

Caroline était montée sur le poney, bien que les autres enfants demandassent à prendre leur tour. Elle leur disait: «Tout à l’heure,» et en attendant, elle restait sur le cheval dans une pose gracieuse; elle paraissait très contente. Quand elle vit Riquet et Madeleine, elle se dirigea vers eux.

«Oh! quel joli poney!» dit Madeleine.

Après avoir parlé très poliment à ses deux amis et leur avoir dit combien elle était heureuse de les voir, Caroline retourna du côté de la terrasse. Un peu plus tard, elle descendit de cheval et laissa la place à d’autres. Tout le monde en avait bien envie. Le poney était extrêmement doux et rien n’était plus facile que de monter dessus à l’aide des marches de la terrasse. Toutes les jeunes filles l’admiraient beaucoup; Caroline seule disait qu’elle ne l’aimait guère. Il était trop petit pour elle; il aurait été bien pour une petite fille.

«Je veux, dit-elle, que mon père m’achète un beau cheval de selle, un cheval blanc, tout à fait blanc. Je le tourmente pour cela tous les jours, et il a presque-dit oui.»

Madeleine fit part à Caroline qu’elle était venue l’inviter à sa fête, et Caroline répondit qu’elle serait enchantée d’y aller. Madeleine chercha alors dans son panier l’invitation qui lui était destinée. Il est vrai qu’ils n’avaient pu réussir à la faire écrire à Lafaine; mais on lui en avait fabriqué une en mettant son nom à l’extérieur de celle qui était destinée à Augusta; Caroline étant plus âgée, ils avaient cru plus convenable de lui donner l’invitation. Madeleine avait d’abord proposé à Riquet d’effacer le nom d’Augusta dans l’intérieur de la lettre et de mettre à la place celui de Caroline, afin que l’intérieur répondît à l’extérieur; mais Riquet lui démontra que cela ferait une tache, et que mieux valait laisser la lettre comme elle était; cela ne faisait rien, puisqu’ils allaient voir Caroline et pourraient lui expliquer que l’invitation était réellement pour elle.

Quand Madeleine eut délivré sa missive, donné toutes les explications nécessaires, et invité aussi les jeunes filles présentes, qui, heureusement, se trouvaient toutes sur la liste, Caroline lui proposa, à elle et à deux ou trois autres petites filles, d’entrer dans la maison pour voir son serin et la serre chaude de sa mère. Riquet éprouva un grand plaisir à voir le serin et à l’entendre chanter; mais Caroline ne parut guère y tenir. Elle montra aussi la serre à ses visiteurs. C’était un petit endroit plein de fleurs et de plantes magnifiques; elles n’étaient pas plus jolies que d’autres, mais Caroline leur en désigna qui étaient très chères et très rares. Toutes les pièces où entra Madeleine étaient admirablement meublées. Sur une table, dans le petit salon, elle vit une sorte de boîte en ébène que Caroline lui dit contenir ses trésors. Elle alla chercher la clef de ce nécessaire, et l’ayant ouvert, elle tira de divers compartiments et tiroirs une quantité de bagues, de bracelets, de chaînes et de miniatures montées en or. Les jeunes filles semblaient trouver un grand plaisir à voir toutes ces choses; mais Madeleine n’y tenait en aucune façon, pas plus qu’au serin, à la volière ou au beau mobilier. Elle avait vu de ces choses-là à New-York.

Caroline s’aperçut bientôt que Madeleine ne s’intéressait pas à ses trésors. Caroline était, ou plutôt faisait semblant d’être tout à fait indifférente à ces belles choses, et même, disait-elle, elle n’y attachait aucun prix; jamais elle n’avait aimé la bijouterie. Madeleine avait déjà remarqué que les doigts de Caroline étaient couverts de bagues, et elle allait lui dire: «Alors pourquoi portez-vous tant de bagues?» quand elle réfléchit que ce ne serait peut-être pas très poli. Après un moment de silence, Caroline se tourna vers Madeleine et lui dit:

«Je pense que ces choses ne vous semblent pas très belles, à vous? Vous avez mieux que cela à New-York, n’est-ce pas?

— Oh! oui,» laissa échapper Madeleine.

Caroline n’ajouta pas un mot de plus, et prit même un air un peu offensé, bien que Madeleine ne pût deviner pourquoi. Elle ferma son nécessaire avec beaucoup de dignité, et s’en alla. Les autres enfants la suivirent, et bientôt Riquet et Madeleine remontèrent en charrette.

Sur leur route, ils laissèrent plusieurs invitations, tant écrites que verbales, et enfin ils prirent le chemin qui menait à la maison de Mary Bell.

Ce chemin, bien qu’entouré de montagnes et de précipices, était en lui-même parfaitement uni. D’un côté, il était bordé par une large bande d’herbe sur laquelle serpentait un petit sentier; au delà du sentier, il y avait une haie, et au delà de la haie, des champs de blé qui ondulaient au vent. De l’autre côté on apercevait un bois, percé de jolis petits chemins que Madeleine mourait d’envie d’aller explorer; mais Riquet lui représenta qu’il ne serait pas prudent de quitter la charrette.

Bientôt ils atteignirent la maison de Mary Bell. Elle. était placée un peu en arrière de la route, et sous de grands arbres; elle était en pierres grises, avec des volets verts. Une grande porte menait à la maison, mais elle était fermée, et Riquet ne put faire entrer la charrette. Il attacha le cheval à un poteau qui se trouvait près de la grande entrée; puis il aida Madeleine à descendre, et tous deux entrèrent par une petite porte, à côté de la grande.

Un joli sentier conduisait à la maison; il était bordé de hautes herbes, avec, par-ci, par-là, des touffes de roses et de lilas. Les enfants suivirent ce sentier, et bientôt ils virent Mary Bell qui venait à leur rencontre. Elle leur dit combien elle était heureuse de les voir.

Elle les conduisit derrière la maison; dans une cour, qu’égayait un joli jardinet adossé à la muraille; il était tout petit, mais plein de fleurs charmantes, et Mary Bell dit à Madeleine que c’était son jardin à elle. Il y avait surtout contre le mur un superbe rosier mousseux que Mary préférait à tout le reste. Il était couvert de boutons et de roses épanouies, et les branches surchargées de feuilles et de fleurs pendaient jusqu’à terre. Mary dit à ses amis qu’elle aurait bien voulu le palisser, mais qu’elle ne savait comment s’y prendre.

Elle regarda les roses, en soulevant toutes les branches les unes après les autres; puis elle en choisit une à demi éclose, et la coupa avec une petite paire de ciseaux qu’elle tira de sa poche. Ils se mirent tous trois à se promener dans les allées minuscules du jardin; Mary cherchait d’autres fleurs pour les joindre à la rose mousseuse qu’elle avait offerte à Madeleine. Celle-ci prenait tant de plaisir à voir le jardin et les plantes, qu’elle oublia tout à fait l’invitation qu’elle avait dans son petit panier. Après avoir cueilli les fleurs qu’elle voulait, Mary Bell alla s’asseoir sur une grande pierre plate qui servait de marche à la porte de la maison; cette pierre était très unie, mais tout à fait irrégulière, car on l’avait placée là telle qu’elle avait été trouvée dans le champ.

Mary Bell s’assit entre Riquet et Madeleine, et se mit en devoir de faire un bouquet avec les fleurs qu’elle avait cueillies.

Un sentier, pavé de pierres plates de toutes formes, menait de la porte à un puits. De chaque côté de ce sentier, l’herbe poussait verte et touffue; devant le puits, une grande pierre formait marchepied, et elle était couverte d’une mousse épaisse d’un vert foncé ; les seaux descendaient et remontaient à l’aide d’une poulie et d’une corde; tout cela était solide, mais avait une belle teinte sombre. Un saule et quelques autres arbres ombrageaient cet endroit et le rendaient vraiment frais et charmant.

«Quel joli puits! dit Madeleine.

— Oui, j’en ai fait un dessin, répondit Mary, et la maîtresse a trouvé que c’était un excellent sujet.»

Riquet et Madeleine eurent envie de voir le dessin, et Mary Bell les fit entrer dans la maison et monter à sa chambre, qui était fort gentille; il y avait des rideaux bleus et roses au lit et à la fenêtre; dans un coin était une table avec un petit pupitre, et, du côté opposé, un bureau à tiroirs surmonté d’une bibliothèque. Mary Bell ouvrit les tiroirs et montra tous ses petits trésors à ses amis. C’étaient des souvenirs et de menus cadeaux, des curiosités trouvées dans les champs, des fleurs et des mousses qui avaient été mises en presse avec beaucoup de soin, et ensuite collées en forme de bouquets sur des feuilles de papier. Au-dessous elle avait écrit les noms des amies qui les avaient cueillies avec elle, ou celui de l’endroit d’où provenaient les fleurs. Un des tiroirs était plein de tout ce qu’il faut pour peindre et dessiner, et un autre contenait une quantité de croquis faits par elle ou par des amies.

Madeleine admira infiniment ces essais, et dit qu’elle aimerait beaucoup à savoir en faire autant.

«Vous pouvez apprendre, dit Mary Bell. Venez me voir un de ces après-midi, nous nous mettrons à cette petite table, et je vous donnerai une leçon.

— Oh! cela me rappelle que j’ai une invitation pour vous; elle est dans mon panier.»

Et Madeleine en tira l’invitation et la donna à Mary Bell, qui s’empressa de la lire. Elle courut la montrer à sa mère, et revint un moment après en disant qu’elle avait la permission d’accepter. Ensuite, elle relut la lettre et examina le bouquet et le William scripsit avec beaucoup d’attention. Enfin elle le serra dans un des petits tiroirs de son bureau.