Personnages :

Alfred Diezt -Adi-

Alphonse Barau

André Celard

Auguste Massard

Célestin Lalane

Charles

Gaspard le marchand de journaux

Gendarme numéro 1

Gendarme numéro 2

Jacqueline Herbert

La boulangère

La femme du boulanger

La foule

La patiente

La surveillante

L’homme de la cour

L’inspecteur Charac

Léon Besnard

Le docteur Galiot

Le curé

Le facteur

Le fossoyeur

Le Maire

Le juge de Bordeaux

Le juge de Poitiers

Les journalistes

Le jeune homme

Les photographes

Louise Pevard

Marie Besnard

Marie-Louise Davaillaud

Maître Gaurat

Maître Hayont

Monsieur Gaston

Patricia

Professeur Firmin

Professeur Peloux

Professeur Pecard

Un policier

Sommaire

Acte 1

SCENE 1

Loudun 1947, dans la cuisine des Besnard Marie et Léon, mangent une soupe.

Marie : Tu en veux encore ?

Léon : Oui merci

Il lui tend l’assiette, elle lui verse la soupe, remet la louche dans la soupière, il pose l’assiette, prend sa cuillère et mange.

Marie : Je pensais aller à la ferme de mes parents pour y effectuer des travaux

Elle s’assoit.

Léon : Ça on peut dire qu’elle en à bien besoin

Marie : Je vais prévenir Adi

Léon : Pourquoi faire ?

Marie : Afin qu’il nous aide

Léon : Ça pas question

Marie : Mais pourquoi ?

Léon : Tu sais très bien que s’il vient avec nous c’est moi qui ferais le sale boulot

Marie : Qu’est-ce que tu racontes ?

Léon : Que j’ai des fois l’impression d’être le domestique de mon domestique dans cette maison

Marie : Tu te fais des idées mon pauvre Léon

Léon : Ça ça reste à prouver !

Il se sert du vin, entre Louise Pevard, la meilleure amie de Marie.

Louise : Bien le bonjour Marie, Léon

Léon touche discrètement la main de son amie.

Marie : Bonjour Louise

Louise : Je n’ai pas vu notre jeune allemand ce matin

Elle s’assoit.

Marie : Il est parti très tôt au champ

Louise regarde sa montre.

Louise : Il est tout de même midi

Marie : Il finira bien par arriver, tu veux du café ?

Louise : Très volontiers

Marie se lève prépare le café, les deux autres échangent un doux regard derrière son dos, elle se retourne et lui donne une tasse.

Louise : Vous croyez qu’il va rester longtemps ?

Marie : Pourquoi ?

Louise : Cela fait un sacré bout de temps qu’il vit chez vous

Marie : Il restera le temps que ça lui plaira, et puis on a tellement de travail ici et à la ferme

Louise regarde Léon.

Louis : Ça va Léon ? Tu sembles fatigué

Léon : Il n’y a pas à se plaindre

Il tousse.

Louise : Tu devrais aller te reposer

Marie : Ne te fais donc pas de souci je suis là pour veiller sur lui

Louise : Marie, tu voudrais venir avec moi demain voir cette pauvre madame Ramouillet ?

Marie : Nous partons pour la ferme des Liboureaux dans la matinée

Louise : Dans ce cas je peux venir chez vous pour veiller aux grains

Léon : Adi va s’en occuper, je te remercie

Marie : Et puis nous ne partons que deux ou trois jours seulement

Louise : C’est bien la première fois que votre petit protégé ne vous suit pas quelque part

Marie : Qu’est ce que tu entends par là ?

Louise : Que je le trouve un peut trop présent

Léon : C’est normal il travaille pour nous

Marie : De plus il est comme un fils pour nous

Louise : Dans ce cas…

Elle boit son café, la maitresse de maison débarrasse, fait la vaisselle, Louise se lève.

Louise : Tu as besoin d’aide ?

Marie : Non merci je peux m’en occuper seule

Elle se rassoit.

Louise : Tu as vu Léon ? Il te manque un bouton

Léon regarde sa chemise.

Léon : Ah oui, je n’avais pas remarqué

Louise : Donne-la-moi je vais m’en occuper

Marie se retourne.

Marie : Ne te donne pas cette peine Louise je vais le recoudre, c’est pas la mère à boire

Louise : Avez-vous encore reçu des lettres anonymes ? Parce que moi j’en ai reçu deux cette semaine

Marie : Oui mais je les ai toutes brûlées, et puis les mauvaises langues n’ont rien à faire dans cette maison

Louise : Si vous voulez mon avis cette histoire finira mal

Léon : Ça s’arrêtera bien un jour

Louise : Souhaitons-le

Léon : Ne t’en fais donc pas pour ça va ! - à Marie- sers-moi un peu de café veux tu

Marie lui sert une tasse de café, il boit le café, entre Adi.

Louise : Tiens Adi

Adi : Bonjour madame Pevard

Louise : Tu as bien travaillé au champ ?

Marie : Laisse-le donc reprendre ses esprits assieds-toi -à Adi-j’ai fait ton plat préféré

Il s’assoit, elle lui sert une assiette de bœuf et de pommes de terre, il mange.

Léon : Demain nous partons pour la ferme des Liboureaux je compte sur toi pour finir de nettoyer la grange

Adi : D’accord

Il continue à manger. Louise le regarde d’un air douteux.

Marie : Tu as faim Louise ?

Louise : J’avoue avoir déjà pris mon déjeuner mais pourquoi pas

Marie lui sert une assiette, mange.

Louise : Si tu veux mon avis

Entre la mère de Marie.

Marie Louise : Elle n’en veut pas

Louise : Bonjour Marie-Louise

Marie : Bonjour maman

Marie-Louise regarde Adi.

Marie Louise : Qu’est-ce qu’il fait à table ?

Elle s’assoit.

Marie : Il a travaillé dur et a bien le droit de se reposer et de se rassasier

Marie Louise : De mon temps les ouvriers agricoles prenaient leurs repas aux écuries, avec de l’eau et du pain sec

Adi se lève.

Adi : J’ai du travail

Marie : Adi….

Marie Louise : Laisse-le il n’a pas sa place ici

Marie : Tu es bien dur avec lui

Marie Louise : Je suis juste et droite ma fille !

Louise et Léon se regardent, Marie débarrasse l’assiette, les couverts et le verre d’Adi pour les laver sans dire un mot.

Louise –a Marie-Louise- : Comment vous sentez vous aujourd’hui ?

Marie-Louise : Très bien

Louise : Vous avez besoin de quelque chose ?

Marie-Louise : Si j’ai besoin de quelque chose ce n’est sûrement pas à vous que je le demanderais

Louise : Je disais ça par courtoisie

Marie-Louise : Justement si l’on parle de courtoisie, permettez-moi de vous dire que vous pourriez avoir la décence de cesser de venir nous importuner comme vous le faites !

Louise : Plaît-il ?

Marie-Louise : Je ne suis pas assez clair ?

Louise : Si parfaitement

Marie-Louise : Alors que faites vous encore ici ?

Marie : Maman….

Louise : Ce n’est rien, de toute évidence, je ne suis pas la bienvenue ici

Elle se lève et sort.

Léon : Pourquoi vous avez fait ça ?

Marie-Louise : Je n’ai jamais aimé les gens qui s’incrustent et se mêlent de tout

Léon : Ça vous va bien de dire ça

Marie-Louise : Qu’est-ce que vous dites ?

Léon : Vous n’êtes pas chez vous ici

Marie-Louise - à Marie - : Tu vas le laisser parler comme ça à ta mère ?

Léon : Visiblement il n’y a pas de place pour moi dans cette maison

Il jette sa serviette sur la table et se lève.

Marie-Louise : Ce n’est pas moi la responsable

Il balance son assiette par terre.

Marie : Maintenant ça suffit !

Léon : Ne te mêle pas de ça toi !

Marie : J’ai le droit de me mêler de ce que je veux sous mon toit

Léon : Tu veux une rouste ?

Il lève la main.

Marie : Tu veux me frapper ? Allez vas-y frappe te gènes pas mais fais attention car moi je ne te louperai pas

Léon : Hors de ma vue !

Marie : Je suis encore chez moi ici jusqu’à preuve du contraire

Léon : Tu veux que je décampe pour rester seul avec ton boche c’est ça hein ?

Marie : Tu délires, tu ferais mieux d’arrêter le vin

Léon : Tu me fais des reproches maintenant ?

La mère de Marie se lève et part.

Léon : Il est temps que tu comprennes qui est le patron ici, alors quand je dis quelque chose tu le fais, compris ?

Il sort en claquant la porte. Dehors il crie sur Adi.

Léon : Et toi ne restes pas là à rêvasser ! Tu crois que je vais te regarder te tourner les pouces indéfiniment ? Allez fous moi le camp d’ici !

Marie ferme les yeux et pleure.Léon rentre dans la cuisine, s’assoit à la table et se sert un verre de vin. Il la regarde.

Léon : Allez cesse donc de pleurer et viens t’asseoir Marie essuie ses larmes et s’assoit prés de Léon.

Léon : Tu m’en veux ?

Marie : Tu sais bien que non

Il se lève et enlace Marie en l’embrassant sur la joue.

Léon : À quelle heure tu veux partir demain ?

Marie : Je dois prendre les œufs aux poules à dix heures on pourrait partir après

Léon : Célestin peut s’en occuper

Marie : Non je dois les amener chez l’épicier

Léon : Tu pourras aller les déposer au retour

Il l’embrasse sur le cou.

Marie : Alors c’est d’accord.

Léon : Tu devrais aller préparer les affaires manouche

Marie : Oui tu as raison

Léon : Tu pourrais repasser mon pantalon gris ?

Marie : Bien sur, je vais en profiter pour recoudre le bouton qui manque sur ta chemise

Léon : Oui tiens

Elle se lève Léon retire sa chemise lui donne elle part, Il allume une cigarette, prend le journal et lit.

Léon : « Nouveau triomphe pour la môme »

Léon : Marie

Marie : Oui

Léon : On pourrait acheter un quarante-cinq tours au retour, qu’en dis tu ma douce ?

Marie : Que c’est une bien bonne idée

Léon : Il faudrait demander à Adi de réparer le tourne-disque

Marie : Inutile, il y’en a un à la ferme, on aura qu’a le ramener

Léon : Tu es sûr que ta mère ne dira rien ?

Marie : Cela fait vingt ans qu’il est là bas et puis ça lui fera sûrement plaisir de l’entendre, c’est son artiste préférée.

Léon : La tienne aussi manouche

Il fume sa cigarette et se sert un verre de vin.

Marie : Tu devrais arrêter de fumer

Léon : Tu as raison je vais préparer la voiture

Il se lève et sort, Marie prend son nécessaire à couture.

SCENE 2

Dans la cour des Liboureaux Léon titube et vomit dans un coin.

Marie : Qu’est-ce que tu as ?

Léon : je n’en sais rien

Marie : Rentre donc je vais te donner de l’huile de foie de morue

Léon Certainement pas j’ai horreur de ça

Marie : Ça te ferait pourtant du bien

Léon : Je suis robuste, j’en ai vu d’autres, tu devrais le savoir

Marie : Pour sûr

Léon se dirige vers la grange.

Marie : Où tu vas ?

Léon : Je dois finir de ranger les sacs de foin si on veut partir demain

Marie : On pourrait prendre la route plus tard, ta santé et plus importante

Léon : Faudrait savoir

Marie : Pourquoi tu dis ça ?

Léon tousse et monte se coucher.

Léon : Les sacs attendront

Marie : Je vais m’en occuper

Elle sort.

SCENE 3

Loudun, Marie est au chevet de Léon, une lampe à pétrole est allumée sur la table, elle éponge son front, entre Louise.

Marie : Tiens Louise je ne t’ai pas entendu entrer

Louise : Adi m’a ouvert, comment va-t-il ?

Marie : Il a toujours de la fièvre et n’arrête pas de vomir

Louise : Le médecin est venu ? Tu l’as appelé ?

Marie : Il doit passer dans la matinée

On tape à la porte.

Louise : C’est peut-être lui

Marie : Je vais voir

Marie sort de la chambre. Louise caresse la joue de Léon, on entend la porte d’entrée s’ouvrir, et des paroles s’échanger, Marie revient quelques minutes après avec le docteur Galiot, le docteur du village.

Louise : Bonjour docteur

Le docteur : Bonjour ma chère Louise

Il sort un stéthoscope de sa sacoche.

Il tousse.