Édité par BoD, 12/14 rond-point des Champs Élysée, 75008 Paris ISBN : 978-2-3220-2632-6 © juin 2013, y compris les illustrations et le couverture :

Engelbertus G.P. Van den Heuvel

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Imprimé par BoD GmbH, Gutenbergring 53, D-22848, Norderstedt.

Dépôt légal: juin 2013. Imprimé en Allemagne - Printed in Germany

Intro ...

Ce livre est composé des manuscrits remastérisés, sortis des archives personnelles. J'ai ajouté des écrits inédits et quelques illustrations. Le tout jeté en vrac dans ce présent ouvrage. Chaque chapitre peut être lu indépendamment.

Je suis certain que ce bouquin trouve assurément sa place dans l'endroit de votre demeure où la méditation n'est pas un vain mot.

Fontaine, juin 2013

Des mots, des phrases, des lignes,

des histoires, des poésies, des signes,

des "on-dit", des entendus et des fables,

des rêves en réalité, des mots en enfilade,

des pages, la plume en balade,

des mots en vadrouille,

des mots en cafouille.

Merci, très grand merci à ma petite femme, mon grand amour, pour sa patience, son aide et son coup de « patte » !

BERTUS

van den HEUVEL

des mots en cafouille

Tome 1

histoires courtes

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Sommaire

Papa

Mon menton repose sur mes mains. Je regarde par la fenêtre, je suis un peu stressé, et impatient. La pluie semble interminable. Je me demande pourquoi les anges pleurent ?

Une main se pose sur mon épaule comme pour me réconforter. Je me tourne pour voir, mais il n'y a personne. Dehors, je vois des phares percer les gouttes de pluie tombant du ciel. L'excitation me submerge. Papa arrive! Il est enfin venu pour moi. Nous pouvons enfin nous parler, tout comprendre, tout expliquer.

Je soupire car il s'avère que c'est juste une autre voiture.

J'entends des gens se disputer à travers le mur de ma chambre. Tout le monde parle et écoute tout le monde. C'est leur jeu préféré.

Moi, je refuse de quitter mon poste à la fenêtre. Je veux être là quand il arrive !

Il commençait à faire nuit et toujours aucun signe de la camionnette de mon père que je connaissais si bien. La main invisible était toujours sur mon épaule. Même si je voulais m'enfuir, je ne pouvais pas bouger.

Quand mon père va venir , est-ce qu'il va venir vraiment ? J'avais envie de dire, de poser cette question.

La main semblait vouloir répondre en tapotant tendrement sur mon épaule. C'est comme si elle voulait dire « t’inquiète, il faut avoir de la patience ».

Que faire si quelque chose lui arrivait ? S'il ne venait plus, si tout cela était irréel ?

Non, cela ne peut arriver. Il ne me laisserait jamais. Il est trop seigneur, mon père.

Bien qu'il soit très sévère avec moi, mon père est toujours le héros. Je n'ai pas d'autre ange gardien que lui. Je ferme mes paupières, puis soudainement deux feux se déversent dans l'obscurité et ils remplissent mon espérance . Mon coeur explose de joie. Je la vois la camionnette de mon père, elle est bleue avec un toit rouge ...

Je suis tellement tellement excité. J'en transpire de grosses gouttes.

Quand il a ouvert enfin la porte, mes yeux étaient grands, mon coeur rempli de bonheur. Seulement lui et moi existons, le reste du monde n'a pas d'importance.

Je l'entends dire « salut !»

Je crois que je souris comme un idiot.

- Salut, papa !

Mais mon père avait l'air confus. Il ne semble pas stable. Tout était étrange autour de lui. Ces lueurs de lumière blanche..

Depuis toutes ces années, il n'avait pas vieilli.... Moi oui...

La peur, l'angoisse m'envahissaient soudainement.

Qu'est ce que qu'il m'arrive ? Je suis où ?

Quand j'ai ouvert les yeux, j'ai regardé autour de moi. J'ai vu ma femme qui avait posé sa main sur mon épaule. Elle dormait. Paisiblement rassurante.

J'avais rêvé, c'est certain.

Tu me manques papa.

Cochon

Hier j’ai vu de mes yeux vu

de mon propre oeil quoi

se promener comme rien de rien

un cochon tout nu

devant une foule en émoi

une foule en va et vient Le cochon en cause

se déplaça avec stupeur

et pas à pas, effrayé

Aussi je le mets en prose

pour conter la sueur

d’un cochon destiné au dîner

Le cochon ne savait pas

qu’on lui jetait un sort

de le convier à une marmite

lui réservant de main ferme

avec franchement peu de confort

Une cuisson bien à terme

Le cochon n’étant plus cochon

et transformé après quelques manipules

au bon plaisir des palets

en belles tranches de jambon

et d’autres délices multiples

Frôlant les excès des gourmets

Du boudin aux carrés

de lard, et des pieds grillés

coupés en longueurs

la foie transformé en pâté

les oreilles épilées

avec le nez fardé en farceur

Il y en a pour se prendre

pour un cochon vice-lardé

bronzé grilladé et en marmite

pour bien se fendre

en rire et de goguenarder

en suçant une frite

C’est bien compliqué

la confusion humaine

des appellations non contrôlées

Ainsi que, carrément confisquées

ne se donnent plus la peine

des principes sacrés.

L'intime conviction

Les jurés sains et sans préjugés, exercent d'une force certaine, depuis des temps mémorables avec l'aisance et la force des montagnes aux courbes lentes et des plaines cultivées aux mains sanglantes.

L'exécution des autres, accusés d'être pire que soimême, avec des milliers de fautes transfigurées en graines, qu'on sème dans les terres autrefois si généreuses, s'éternise en lamentable conscience, aux vérités creuses et certitudes transformées en fables mensongères.

Le désir de la vengeance, de ne pas être en harmonie avec soi-même, transforme le coeur en bouilloire d'une tribu sans défense, troublant le regard à ne plus voir l'innocence.

Et naît dans le doute le désespoir d'une incertitude de se faire foutre dans la vérité d'une intime conviction.

Tante Cornelia

C'était, je crois, en mille neuf cent cinquante et un ou cinquante deux, six ou sept ans après la guerre. J'avais neuf ou dix ans. En tout cas c'était avant les inondations à Zeeland dans le sud de la Hollande côté mer.

C'est l'histoire de ma grand tante Cornelia.

À quasi chaque après-midi, quatre heures sonnées par les cloches de l'église de son village, Tante Cornelia poussait la porte de l'unique café de son patelin.

Avec un effort haletant elle se glissait sur le tabouret au coin du bar. C'était sa place. Jan le cafetier veillait à libérer le tabouret avant quatre heures, l'heure de tante Cornelia.

- Un spécial ? demanda Jan. Je te l'offre, c'est pour la maison !

Il pouvait, parce que le bistro était pour la moité à ma grand-mère, la soeur de tante Cornelia.

Ma grand-mère, ma mémé, m'avait offert un vélo quelque peu avant pour mon anniversaire. Je faisais le pitre devant le bistro en chantant toutes les chansons que je connaissais.

J’espérais, malgré l'interdiction de mémé et de mes parents, que quelqu’un allait sortir pour m'inviter à l'intérieur. C'était aussi la bonne excuse. Il faut rester poli m'avait dit mémé. Il ne faut pas décevoir les gens. Après une bonne demi-heure le succès espéré n'était pas atteint. Je posais le vélo contre le mur, et j'ai plaqué mon nez contre la fenêtre du café.

J'ai vu ma tante se lever et me faire signe de venir. J'hésitais, ne sachant pas quoi faire. Je regardais la porte. J'y vais ou j'y vais pas ?

La porte s'ouvrit et ma tante était là :

- Viens mon chanteur préféré, je te paye un chocolat chaud.

J'aimais le chocolat chaud, surtout à la maison, préparé par ma mère. J'ai bu le chocolat chaud les yeux fermés. C'était un chocolat à l'eau pour faire des économies, puisque ma tante ne payait jamais.

C'était dégueulasse.

Je me déstressais peu à peu et je commençais à raconter ma vie. Je chantais aussi. Tout le monde était pendu à mes lèvres. C'était une drôle de sensation. J'étais la vedette ! Qui l'aurait cru ?

- Tu sais mon petit, me disait la tante, il y a quelques années j'avais aussi un petit comme toi ....

J'ai bu la dernière goutte de mon chocolat qui a pris du goût, j'étais bien !

Ma tante se leva et m'avait hissé de mon tabouret pour me poser à terre. Les manches de sa blouse avaient légèrement remonté. Il y avait des chiffres inscrits sur son bras.

Je ne pouvais pas m’empêcher de lui demander pourquoi il y avait ces chiffres sur son bras.

- C'est mon numéro de téléphone, mon chou. Comme ça, je peux m'appeler moi-même quand je m'ennuie.

J'ai quitté le bistro et ma tante. En remontant sur mon vélo, j'ai songé que c'était un drôle d'endroit pour un numéro de téléphone ....

La Tortue adoptée

Dans une grande forêt une petite tortue entreprend de grimper à l'arbre. Après des heures et beaucoup de mal et de fatigue, elle arrive enfin à la cime de l'arbre. Puis n'ayant plus de force et d'équilibre de se tenir, elle tombe en remuant activement ses avantpattes. Heureusement sa carapace la sauve.

Aussi sec, elle entreprend à nouveau de grimper à l'arbre.

À moitié chemin, deux oiseaux l'observent.

Tweete l'un vers l'autre :

- Dis-moi, mon coeur, tu ne crois pas que c'est le moment de dire qu'elle est adoptée ?

Yaka I

Donner le temps au temps ne change pas le temps, mais ça peut calmer les nerfs et des conflits.

*

Aimer c'est convaincre l'autre qu'on est sincère, même si on n'a pas l'habitude.

À la soupe ....

L’aberration de mal connaître celui qui vit à côté de sa propre âme (si on a une âme, parce que il y en a qui croient que l’autre n’en a pas et l’autre c'est peutêtre soi-même) est que le jugement donne une vexation et un mal être. Ce qui entraîne des maux de tête, des hypertensions, des malaises différents et variés.

En plus des pensées étonnamment cruelles jaillissent dans la tête comme « qu’il crève .. » ou « j’en n’ai rien à foutre de sa gueule »

« On s'en lave les mains » comme jadis ce notable romain entré dans l’histoire biblique.

Pourtant il suffit de regarder, comprendre et écouter. Il n’est pas besoin d’être d’accord ou d’être soumis à des paroles et doctrines de celui d'en face. Le respect de l’autre force le respect envers soi-même. Si cela ne vient pas de l’autre, tant pis. L’auto-respect est un sentiment bienfaisant, quoique quelque fois pénible à tenir.

C’est dingue de savoir pour quelles raisons nous entamons une guerre, même froide. Des raisons complètement farfelues, parce que le mea-culpa n’est pas encore compris par l’humanité entière.

Il y a bien des confessions qui expliquent que la règle de base c’est l’amour du prochain. « Si on frappe sur la joue droite, présente-lui la gauche… » Notre histoire en est remplie d'exemples contraires : l’inquisition, les guerres de religions, les templiers, les missionnaires du passé forçant la soumission des humains à leur doctrine pour devenir des humains en servitude forcée. Même aujourd’hui nous avons encore des fanatiques de tout bord, au service de malades détraqués qui sont à l’affût du pouvoir absolu, quitte à rester seul.

Dieu est amour. Aime ton prochain comme toi-même. Faire la paix avec son prochain ouvre la porte à la compassion et à la générosité.

La générosité en amour ne peut que montrer le chemin à une conscience collective. Nous les bien-nés dans une démocratie qui a tendance à fonctionner, malgré quelques petites failles, avons oublié qu'il y en a qui crèvent comme des mouches dans un nuage d’insecticide, exploités jusqu’à la moelle par nos ancêtres.

Certains de nos contemporains ne peuvent plus dire à l’heure du repas :

- à la soupe !

Se faire la malle ...

Deux prisonniers tentent de s'échapper par le toit.

L'un d'eux fait glisser une tuile.

- Qui est là ? crie le maton.

- Miaou, répond le prisonnier. Le gardien est rassuré et continue sa ronde.

Quelques instants plus tard, le second prisonnier fait la même erreur avec une tuile. Le maton crie à nouveau :

- Qui est là ?

- L'autre chat, répond le prisonnier.

Casimir