Paris,
TYPOGRAPHIE CHARLES DE MOURGUES FRÈRES
rue Jean-Jacques Rousseau, 8.
1859.
Nouvelle Edition par Nicolas de Sempach
© 2016, Nicolas de Sempach
Edition : BoD - Books on Demand GmbH
12/14 rond-point des Champs Elysées
75008 Paris
Imprimé par BoD – Books on Demand GmbH, Norderstedt
ISBN : 978-2-3220-7909-4
Dépôt légal : 11/2015
Je suis né le 10 juillet 1778 à Salzburg, en Autriche, et je fus baptisé sous le nom de Sigismond. Je fus l’aîné d’une nombreuse famille.
Sans être un prodige comme l’immortel Mozart, qui était né lui aussi à Salzburg, dans une maison vis-à-vis de la nôtre, nos dispositions étaient précoces et se développaient rapidement. Grâce aux soins de mon père, professeur possédant des connaissances étendues et un helléniste distingué, je savais lire couramment avant l’âge de quatre ans. À cinq ans, mon écriture était plutôt correcte et, avant sept ans, j’avais commencé la musique sous la direction de Weissaner, homme d’un grand savoir et organiste de la cathédrale. Il m’a demandé de le remplacer dans quelques-unes des fonctions dont il était en charge, sachant que j’étais capable de le faire. Plus tard, Michel Haydn, organiste de la cathédrale et maître de chapelle qui m’a enseigné l’harmonie, m’a confié également une partie de ses fonctions à la cathédrale et dans quelques églises dont il était également organiste.
Dès l’âge de huit ans, j’ai débuté mes études à l’université de Salzburg et j’ai terminé ma philosophie et les mathématiques à dix-huit ans. J’avais à peine seize ans lorsque j’ai été nommé organiste titulaire de l’église de l’université, recevant 52 florins par an. Peu de temps après, j’ai travaillé au théâtre de la cour comme répétiteur des chœurs, place que j’ai quittée au bout d’une année pour me rendre à Vienne, où j’ai poursuivi mes études musicales sous la direction de Joseph Haydn.
Je suis arrivé à Vienne à la fin de mars 1797. Joseph Haydn, sur la recommandation expresse de son frère Michel, m’a reçu avec la plus grande bonté et a consenti à m’admettre au nombre de ses élèves ; c’est-à-dire pour la partie esthétique de l’art, car j’avais terminé mes études théoriques, pour tout ce qui pouvait être enseigné par un maître. J’ai eu le bonheur de gagner bientôt l’affection de mon maître, qui m’a aimé d’un amour paternel ; et le souvenir de sa bonté envers moi ne me quittant jamais.
Mon père m’ayant habitué à ne jamais perdre une minute, j’ai trouvé du temps pour entreprendre d’autres études. Elles sont devenues fort utiles par la suite et, sans elles, le musicien ne serait jamais parvenu à atteindre le sommet de son art. J’ai également étudié l’histoire naturelle et la médecine pour le plaisir, en y mettant toute mon énergie, sans toutefois négliger mon art principal.
Ainsi, j’ai passé cette année fertile en connaissance, à donner des leçons de piano et de chant (propter panem lucrandum).
Au mois de janvier 1804, j’ai commencé le catalogue de mes ouvrages, en ordre chronologique, que j’ai continué assez régulièrement jusqu’à ce jour (10 novembre 1853)1, contenant 1,780 numéros de mes ouvrages plus ou moins importants. Ce catalogue contient, outre les premières mesures de chacune de mes compositions, le lieu où l’œuvre a été terminée ainsi que la date de l’année.
Le 5 mai 1804, j’ai quitté Vienne pour me rendre à Saint-Pétersbourg et j’ai dû, suite à un concours de circonstances favorables, travailler au théâtre allemand en tant que maître de chapelle. J’ai composé, à cette époque, un opéra s’intitulant Alexander am Indus, qui a été interprété le 15 septembre, jour du couronnement de l’Empereur. Le compositeur fut rappelé, comme d’habitude. Par après, j’ai composé différents ouvrages, que ce soit pour la scène ou pour les instruments. À mon départ de Vienne, J. Haydn m’a remis une lettre de recommandation pour S. M. L’impératrice mère (Marie Fœdorowna), qui avait pris des leçons de ce grand maître alors qu’elle n’était que Grande-duchesse.
L’Impératrice m’a accueilli très gracieusement et je fus entendu à la cour impériale, dont j’ai reçu un superbe cadeau. Cependant, je n’ai pas compris tout de suite l’importance de cet heureux début, qui pouvait être favorable à mon avenir. Mon enthousiasme pour la fiancée de Messine, de Schiller, m’a fait composer un accompagnement mélodramatique pour instruments, pour l’ensemble du poème (terminé à Saint-Pétersbourg du 21 avril (3 mai) 1805). Mon but, en écrivant cet accompagnement, était de créer un lien intime avec les paroles et d’en faire ressortir toutes les beautés.