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Les Casse-Cous

Pam Withers

Traduit de l’anglais
par Lise Archambault


orca currents








ORCA BOOK PUBLISHERS

Copyright © 2006 Pam Withers

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Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives Canada

Withers, Pam
[Daredevil club. Français]
Les casse-cous / Pam Withers.

(Orca currents)
Traduction de: Daredevil club.
Également disponible en version électronique.
ISBN 978-1-55469-374-0

I. Titre. II. Titre: Daredevil club. Français.
III. Collection: Orca currents
PS8595.I8453D3714 2010       JC813’.54      C2010-904561-0

First published in the United States, 2010
Library of Congress Control Number: 2010931354

Summary: Kip struggles to maintain his status as a daredevil in spite of his disability.

9781554694235_0004_002

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www.orcabook.com
Printed and bound in Canada

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Contents

Chapitre premier

Chapitre deux

Chapitre trois

Chapitre quatre

Chapitre cinq

Chapitre six

Chapitre sept

Chapitre huit

Chapitre neuf

Chapitre dix

Chapitre onze

Chapitre douze

Chapitre premier

L’escalade du vieux château d’eau figure en cinquième place sur notre liste. Nous avons choisi de nous y aventurer par une nuit sombre et orageuse.

Les flics nous ont à l’oeil après nos quatre premiers exploits. La peur d’être pris ajoute bien sûr à l’excitation. Si la rumeur de nos « sept coups » s’est répandue, la police de notre petite ville s’attend à ce que nous nous attaquions à la vieille tour sur la colline, sachant bien que nous ne pourrons pas résister à ce défi. Mais quel policier serait assez fou pour patrouiller sous une pluie torrentielle?

Le château d’eau a la forme d’un énorme rouleau de papier de toilette surmonté d’un entonnoir renversé. Puisque la tour a un toit, elle sera sans doute sèche à l’intérieur. Ce qui veut dire que l’échelle qui monte le long du mur intérieur ne sera pas trop pourrie.

Mais nous n’en sommes pas certains, puisque personne n’est entré dans la tour depuis des années, depuis que la Ville a déclaré l’eau qu’elle contenait « impropre à la consommation » et l’a condamnée. La tour ne peut maintenant servir à rien d’autre qu’à y entrer par effraction. Et l’honneur nous revient tout naturellement à nous, les Casse-Cous. D’ailleurs, il n’y a rien d’autre à faire pendant que la pluie coule à flots.

À cent mètres de la tour, Fraser, Vlad, Caleb et moi nous jetons à platventre et nous glissons dans la boue sous la clôture de barbelés. Les braves gens de Peever croient-ils vraiment que des barbelés peuvent arrêter les intrépides Casse-Cous? Même nos concurrents, les Sauvages, ne s’arrêteraient pas devant un tel obstacle.

— Merde!

Le dos de mon imperméable s’est accroché sur une pointe de barbelé.

— Voilà! dit Caleb, qui vient de me libérer.

Il agrippe ensuite mes mains et tire jusqu’à ce que je me sois complètement dégagé, puis il me donne ma canne. Bien qu’il ne soit pas aussi grand que moi, Caleb est passablement fort. Dommage qu’il ne soit pas aussi courageux que fort. Il ne fait partie du club que parce que je l’ai recommandé, et il le sait bien.

— Je n’ai pas besoin de ton aide, dis-je en m’assoyant.

J’essuie d’un doigt la boue qui couvre ma canne et passe mon doigt dégoulinant sur le poteau de la clôture. Puis j’enfonce ma canne dans la boue et m’appuie dessus pour me relever. Caleb sait qu’il ne doit pas tenter de m’aider.

— Attendez, les gars, dit-il doucement aux autres. Attendez Kip.

Ils sont déjà à mi-chemin de la tour. Tout ce qu’on voit d’eux, c’est le mince faisceau de leurs lampes de poche.

— Nous allons les rattraper, dis-je, soulevant mon pied gauche avec mes mains et le plaçant dans la direction de la tour.

Je ne m’attends pas à ce que les gars ralentissent pour moi. Je dois leur prouver que je suis capable de suivre. Cela fait partie de l’épreuve qui déterminera si je peux continuer à faire partie du club.

— Arrête de t’inquiéter pour moi, Caleb!

Il m’agace. Mon impatience vient peut-être de la douleur lancinante que j’éprouve à essayer de me remettre en marche. Il faut que j’avance plus vite, sinon je serai une cible facile pour la police. Les gars le savent. Ça m’étonne même qu’ils m’aient laissé les accompagner pour le numéro cinq. Mais j’ai insisté, et je peux être convaincant. De plus, c’est moi qui ai eu l’idée du club des Casse-Cous.

Je sais aussi que si quelqu’un nous poursuit, Fraser et Vlad disparaîtront. Seul Caleb restera auprès de son ami boiteux. Nous n’en avons jamais parlé, mais c’est ainsi depuis l’incident fâcheux survenu lors du numéro quatre. Mais c’est moi qui ai fondé ce club. J’ai créé la liste des sept coups. Et j’ai l’intention de les faire tous les sept avec l’équipe, même si Fraser m’a remplacé comme chef du groupe.

Ça fait des mois que j’endure la douleur et la torture des exercices de physio. Je sais aussi que mes amis ne sont pas à l’aise au sujet de l’accident. Bien sûr, ils sont venus à la maison au début. Ma mère les guidait avec une bonne humeur exagérée vers ma chambre, où j’étais couché, la jambe suspendue dans les airs. Ils regardaient nerveusement les médicaments qui couvraient ma table de chevet. Ils s’assoyaient sur le bout des chaises que ma mère apportait, puis jetaient des regards furtifs à la fenêtre. Ils faisaient des efforts pour entretenir la conversation, mais nous n’avions bientôt plus rien à nous dire. Alors ils se levaient et me donnaient un coup de poing affectueux sur l’épaule en disant, à voix basse pour que ma mère n’entende pas :

« On a hâte que tu sois guéri pour finir la liste des coups. »

Chaque jour je craignais qu’ils ne disent : « On ne peut plus attendre. On va finir les coups sans toi, d’accord? » Ma seule motivation depuis l’accident a été d’empêcher que ça arrive.

Lorsque Caleb et moi arrivons à la porte du château d’eau, Fraser et Vlad ont déjà arraché les planches qui recouvraient la porte. Il fait noir dans la tour. Ça sent les oeufs pourris et le moisi. Je ne peux pas m’empêcher de faire la grimace.

— L’endroit parfait pour tourner un film d’horreur, souffle Fraser.

— Regardez donc tous ces excréments de pigeons, dit Vlad, en y donnant un coup de pied.

Il se met à tousser. Pourquoi gaspiller ma salive à lui dire que c’est toxique?

Quatre faisceaux de lampes de poche explorent les murs. La lampe de Fraser éclaire un mur dégoulinant d’humidité.

— Noir comme du goudron, dit Vlad.

Il tend la main pour toucher le mur et la retire rapidement.

— Bizarre. C’est comme du marc de café.

— De la crotte de coquerelle, dis-je.

Vlad essuie aussitôt sa main sur son pantalon.

L’un après l’autre, nous dirigeons les faisceaux de nos lampes vers le plafond. Il fait noir. Mais la faible lueur nous permet de distinguer un mouvement dans cette noirceur. Ça ondule comme des spectateurs qui font la vague lors d’une partie de hockey. Les coquerelles protestent contre notre invasion en quittant le plafond pour fondre sur nous.

— Je ne reste pas ici, dit Caleb, fonçant vers la porte.

— Pas si vite, dis-je, en l’attrapant par le collet. Mets ton capuchon, Caleb, et monte sur cette échelle. Je monterai le dernier.

J’espère que les poids que j’ai soulevés au cours des derniers mois m’aideront à soulever ma jambe blessée et à me hisser dans l’échelle. J’agrippe les premiers barreaux et y accroche ma canne.

Je respire fort, j’ai les mains moites. Mais je monte, un barreau à la fois.

— Gardez la bouche et les yeux fermés, avertit Fraser, les coquerelles sont enragées.

Caleb me lance un regard alarmé, mais il sait que je bloque sa retraite.

Quel peureux! Il a pourtant l’usage de ses quatre membres. Je serre les dents et je continue. Les autres m’attendent lorsque j’arrive en haut. Fraser et Vlad essaient de cacher leur impatience. Caleb est trop distrait par l’attaque des insectes et les battements d’ailes des pigeons pour s’occuper de moi. Pas de tape dans le dos, pas un mot d’encouragement. Difficile d’imaginer que j’ai déjà été le leader de ce groupe. Ou bien ils n’ont aucune idée de l’exploit que je viens d’accomplir, ou bien ils ne font que tolérer ma présence.