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Norah McClintock

Traduit de l’anglais par
Lise Archambault

9781459800014_0120_001

ORCA BOOK PUBLISHERS

Copyright © 2009 Norah McClintock

Tous droits réservés. Aucune partie de cette publication ne peut être reproduite ou transmise sous quelque forme ou par quelque moyen que ce soit, électronique ou mécanique, y compris la photocopie, l’enregistrement ou tout système de mise en mémoire et de récupération de l’information présent ou à venir, sans la permission écrite de l’éditeur.

Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives Canada

McClintock, Norah

[Picture this. Français]

En images [ressource électronique] / Norah McClintock.

(Orca soundings)

Traduction de: Picture this.
Genre de fichier informatique: Monographie électronique en format PDF.
Publ. aussi en format imprimé et sous un autre format électronique.

ISBN 978-1-4598-0001-4

I. Titre. Titre: Picture this. Français. III. Collection: Orca soundings
PS8575.C62P5214 2011A       JC813’.54      C2011-903414-X

Publié en premier lieu aux États-Unis, 2011
Numéro de contrôle de la Library of Congress : 2011929407

Résumé : Ethan possède un secret pour lequel un homme est prêt à tuer.

9781459800014_0003_002

Orca Book Publishers se préoccupe de la préservation de l’environnement; ce livre a été imprimé sur du papier certifié par le Forest Stewardship Council®.

Orca Book Publishers remercie les organismes suivants pour l'aide reçue dans le cadre de leurs programmes de subventions à l’édition : Fonds du livre du Canada et Conseil des Arts du Canada (gouvernement du Canada) ainsi que BC Arts Council et Book Publishing Tax Credit (province de la Colombie-Britannique).

Nous remercions le gouvernement du Canada pour l'aide financière reçue dans
le cadre du Programme national de traduction pour l'édition du livre.

Photo de la page couverture par Getty Images

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www.orcabook.com
Imprimé et relié au Canada.

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Pour P.S. et ces belles couleurs vives.

Contents

Chapitre premier

Chapitre deux

Chapitre trois

Chapitre quatre

Chapitre cinq

Chapitre six

Chapitre sept

Chapitre huit

Chapitre neuf

Chapitre dix

Chapitre onze

Chapitre douze

Chapitre premier

Je n’ai que moi-même à blâmer pour ce qui est arrivé et pour le gâchis qu’a été ma vie de délinquant.

— Dans la vie, tout est une question de choix, disait souvent Deacon, mon travailleur social. Il y a des bons choix et des mauvais choix, et chacun de ces choix mène à d’autres choix.

Bon, je l’avoue. Prendre un raccourci par une ruelle sombre était un mauvais choix. Personne ne me croira, mais j’ai vraiment réfléchi avant de prendre ma décision. Et j’ai finalement choisi de prendre le raccourci parce que a) je suis un gars, pas une fille, et donc n’avais pas à craindre qu’un malade m’attaque et me traîne derrière des buissons, et b) je voulais rentrer à la maison avant que ma mère de famille d’accueil ne commence à s’inquiéter. J’ai donc choisi la ruelle.

J’en avais parcouru la moitié, m’amusant à faire avancer un caillou à coups de pied, lorsqu’un gars est arrivé derrière moi, m’a pressé quelque chose de dur dans le dos et m’a offert un autre choix : lui donner mon sac à dos, sinon...

J’ai levé les mains en l’air et me suis retourné lentement. Vous auriez peut-être réagi autrement. Vous auriez peut-être laissé tomber votre sac à dos sans une seconde d’hésitation. Mais je voulais savoir à qui j’avais affaire un gars qui prétendait tenir une arme à feu pressée contre mon dos ou un gars qui tenait vraiment une arme à feu pressée contre mon dos.

Le gars tenait quelque chose qui ressemblait beaucoup à un pistolet. Il portait une cagoule, le genre capuchon à trous que portent les gars qui font des mauvais coups. Je ne voyais que ses yeux, qui étaient durs et froids, et sa bouche, petite et mesquine.

— Donne! dit-il d’un ton impatient.

— Tu te trompes de gars, dis-je.

Je sais. Vous n’auriez rien dit. Mais il se trompait vraiment. Je ne suis pas riche. Il n’y avait pas de portefeuille plein de billets et de cartes de crédit dans mon sac à dos. Pas de carte bancaire non plus. Rien qui vaille la peine d’être volé, sauf peut-être mon appareil photo et celui-ci n’avait pas beaucoup de valeur, sauf pour moi. Il n’était pas question que je le cède à quelqu’un qui allait le mettre à la poubelle ou le vendre pour cinq ou dix dollars.

— Ne m’oblige pas à répéter, dit le gars.

Puis il a levé son arme et l’a pointée sur ma tête.

Vu de près, on aurait dit un canon. Mes jambes avaient la tremblote. J’ai regardé le gars droit dans les yeux.

— Sérieusement, dis-je. Il n’y a rien dans mon sac à dos. Je n’ai pas d’argent. Je vis dans une famille d’accueil. Et ces gens-là ne m’ont pris chez eux que pour arrondir leurs fins de mois.

Ce n’est pas tout à fait vrai. Les Ashdale m’auraient probablement pris chez eux même s’ils n’étaient pas payés. Pour eux, ce n’est pas une question d’argent. Ils sont une famille d’accueil parce qu’ils veulent donner une chance à des gars comme moi. Ils sont stricts, mais gentils.

— C’est ta dernière chance, dit le gars.

Je sais ce que vous pensez : Qu’est-ce qui te prend, Ethan? Donne le sac à dos, ne discute pas. Mais vous n’êtes pas à ma place. Vous ne comprenez pas ce que représente pour moi cet appareil photo.

Je jette un autre coup d’oeil à son pistolet. On dirait bien un vrai. Mais pourquoi ce gars-là pointerait-il une arme chargée sur moi alors que mon sac à dos ne pourrait contenir que quelques dollars ou une carte bancaire ou peut-être un iPod? Il faut être déses-péré pour faire quelque chose comme ça. Ou complètement cinglé, comme un drogué en manque. Mais un idiot de ce genre n’aurait pas un vrai pistolet. Il n’en aurait pas les moyens. Ça doit être un faux.

J’aperçois mon caillou à quelques pouces de mon pied et je fais un autre choix.

Lentement, je baisse les mains vers mes épaules tout en surveillant le gars. Je veux être certain qu’il comprenne que je me prépare à enlever mon sac à dos. Je lis dans ses yeux la même satisfaction que j’ai vue dans les yeux de douzaines de harceleurs, la joie qu’ils éprouvent lorsqu’ils réussissent à forcer quelqu’un à leur donner ce qu’ils veulent.

Puis tout d’un coup, sans peser le pour et le contre, je frappe le caillou du pied aussi fort que je le peux. Il ricoche sur une benne à ordures, ce qui fait sursauter le gars. Il tourne la tête pour voir ce qui arrive et j’en profite pour balancer un coup de sac à dos à la main qui tient le pistolet. Ce dernier tombe par terre et je l’envoie revoler d’un violent coup de pied dans l’autre direction. Puis je pique un sprint dans la ruelle. Je suis presque arrivé à l’autre bout lorsque j’entends un coup de feu. Oups! Ce pistolet n’était pas un jouet.

J’accélère. J’évite de me retourner ça m’aurait ralenti. Je zigzague parmi les rues et les ruelles. Je cours jusqu’à ce que mes poumons soient sur le point d’exploser.

Je ne ralentis que lorsque j’arrive en vue de chez nous. Personne ne me suit. Je m’arrête, hors d’haleine, et regarde de nouveau. Toujours personne. Ma respiration revient à la normale. Je cours jusqu’à la porte, je l’ouvre et c’est l’odeur du pain de viande de Mme Ashdale qui m’accueille. Qu’on est bien chez soi! Rien ne risque de m’arriver ici.

Chapitre deux

— Tu arrives juste à temps, dit Mme Ashdale en me voyant.

Elle retire le pain de viande du four.

— Mets la table, s’il te plaît, Ethan. Ensuite, appelle les autres.

Les autres, ce sont Alan, onze ans, placé par la protection de l’enfance parce que sa mère, accro à la meth, le négligeait et Tricia, neuf ans, abandonnée par son père après la mort de sa mère. Alan vit avec les Ashdale depuis près de quatre ans. Tricia vient d’arriver. Elle pleure beaucoup et fait des crises de colère. Je suis chez les Ashdale depuis presque un an, depuis que ma dernière mère d’accueil a fait une crise cardiaque et ne peut plus garder d’enfants. Je m’entends assez bien avec Mme Ashdale, qui reste à la maison, et M. Ashdale, qui est responsable de deux centres récréatifs en ville. Ils n’ont pas d’enfants. Je ne sais pas trop pourquoi.

— Bill ne viendra pas souper, dit Mme Ashdale au moment où je place les napperons.

Je mets la table pour nous quatre seulement et appelle Alan et Tricia. Avant qu’ils ne soient assis, Mme Ashdale a déjà posé les plats sur la table. Nous attendons qu’elle ait béni le repas, puis nous faisons passer nos assiettes. Elle nous sert de grosses portions de pain de viande, de purée de pommes de terre et de petits pois frais. Ce menu peut paraître ordinaire, mais tout est délicieux. Mme Ashdale est bonne cuisinière.

— Alors, est-ce que vous avez tous eu une bonne journée? demande-t-elle lorsque nous sommes servis. Alan?