Sa Compagne Vierge

Sa Compagne Vierge

Programme des Épouses Interstellaires: Les Vierges - 2

Grace Goodwin

Table des matières

Bulletin française

Le test des mariées

Chapitre 1

Chapitre 2

Chapitre 3

Chapitre 4

Chapitre 5

Chapitre 6

Chapitre 7

Chapitre 8

Chapitre 9

Chapitre 10

Chapitre 11

Chapitre 12

Chapitre 13

Chapitre 14

Chapitre 15

Chapitre 16

Chapitre 17

Épilogue

Contenu supplémentaire

Le test des mariées

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Le test des mariées

Programme des Épouses Interstellaires

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Emblem

1

Alexis Lopez, Centre de Test du Programme des Épouses Interstellaires, Miami

 


Des doigts me caressaient doucement la joue. Délicats et doux comme une plume. Je sentis tout de même des cals, et ce contraste m’envoya un frisson dans l’échine. Je ne pouvais pas voir cet homme, mais je le connaissais. Je sentais plus que sa caresse. Je sentais son désir, son impatience de m’avoir. Comment ? Je l’ignorais. Cela n’avait aucun sens, mais je n’avais pas envie de trop réfléchir. Je voulais simplement ressentir.

— Tu as froid ? me demanda-t-il d’une voix grave et rauque.

Je secouai la tête. J’avais très chaud. Mes seins étaient lourds et sensibles. Entre mes jambes, mon sexe se contractait et pulsait de désir, d’envie... de quelque chose de précieux que je n’avais encore jamais ressenti. De l’excitation.

Une drôle de chaleur me traversa depuis la hanche, me liant à cet homme, à cet inconnu. Je ne savais pas qui il était, mais je connaissais cette marque. Elle me brûlait, envoyant des éclairs dans mon sang jusqu’à mon clitoris, dans une décharge puissante que je n’avais encore jamais ressentie, jamais osé imaginer.

Mais non. Je devais faire erreur. J’avais une telle marque, mais pas sur la hanche. Je léchai mes lèvres soudain sèches, en me demandant ce que je ressentirais s’il touchait ma marque de naissance. La mienne se trouvait sur ma...

— Ne fais pas ça, ma belle, dit-il en posant un doigt sur ma lèvre inférieure, qu’il caressa. Si tu te mouilles les lèvres comme ça, je vais t’imaginer en train de lécher ma queue.

De la chaleur s’épanouit en moi, et je gémis. Des souvenirs planaient au bord de ma conscience, mais je ne parvenais pas à les atteindre tout à fait. Sans savoir comment, je connaissais cet homme, connaissais son odeur et sa saveur. J’avais envie de lui, et je n’avais jamais voulu d’aucun homme.

Tout cela n’avait aucun sens, mais je ne voulais pas que ce rêve prenne fin. Jamais. Toute ma vie, je m’étais demandé pourquoi les autres filles soupiraient et gloussaient. Elles ne parlaient de rien d’autre pendant des heures. J’étais l’intrus. Ou l’intruse, je suppose. Je ne m’étais jamais intéressée aux hommes, n’avais jamais ressenti de désir en les regardant, surtout en regardant des inconnus. Je m’étais faite à l’idée d’être bizarre, froide. Anormale. Mais soudain, avec lui ? Mon corps était plein de désir. D’excitation. Je ne pouvais penser à rien d’autre qu’à le goûter, le sentir. Je savais, bizarrement, comme on sait parfois les choses lorsqu’on rêve, qu’il allait me prendre. Qu’il allait me baiser et me faire sienne pour toujours. Et j’en avais envie, terriblement envie. Toute mon existence tournait autour de lui. De son odeur. De sa voix. De ses doigts calleux qui me caressaient la lèvre.

— Tu veux goûter ma queue, compagne ?

Compagne ? Quoi ? Je me sentis perplexe durant un instant, mais cette nouvelle moi, la moi du rêve, le désirait. Tout de suite. Je me laissai porter par ce moment, impatiente d’assouvir ma curiosité. Je n’avais jamais été avec un homme. Je voulais savoir ce que ça faisait de l’avoir en moi. Cet homme. Il m’appartenait. Et les images qu’il conjurait dans mon esprit avec ses mots étaient excitantes.

Je connaissais le sexe des hommes. J’étais vierge, pas stupide, mais je ne connaissais pas les détails de ce qu’il pourrait me faire avec. Je ne savais pas ce que je ressentirais lorsqu’il me pénétrerait, ni quel serait son goût sur ma langue. J’avais souvent entendu parler de fellations. Au lycée, certaines filles en faisaient même dans le bus scolaire. Moi ? Jamais. Je ne m’intéressais pas du tout aux garçons avec qui j’allais à l’école, et encore moins à leurs petites bites.

Mais lui ? Je salivais à l’idée de le goûter, de sentir son sexe épais et lourd sur ma langue.

Son doigt disparut, remplacé par ses lèvres. Il était en train de m’embrasser ! Ce n’était pas comme avec Bobby Jenkins en Première. Nous ne nous trouvions pas derrière le gymnase. Ce garçon n’avait pas d’appareil dentaire.

Non, ce n’était pas un garçon. C’était un homme. D’une main sur ma nuque, il me positionnait comme il le voulait, sa bouche ferme et insistante. Il inséra sa langue dans ma bouche, et ce fut agréable. Incroyable. Il se mit à me lécher avec de douces et lentes caresses. Les baisers étaient censés se passer comme ça ? De la chaleur se mit à se propager comme de la mélasse dans mes veines, épaisse et lente.

— Est-ce qu’un homme t’a déjà embrassée comme ça ? me demanda-t-il en passant les lèvres sur ma bouche, puis sur ma mâchoire.

Je secouai la tête dans sa poigne ferme.

— Qu’as-tu fait d’autre, compagne ? Qui a touché cette peau douce ? Qui t’a embrassée là ?

Ses lèvres tracèrent les contours de ma clavicule, et je bougeai dans ses bras, désireuse que ses lèvres aillent plus bas, sur mes tétons ? Encore plus bas que ça, même. Jamais la bouche d’un homme ne s’était posée contre moi, pas là.

Seigneur, je n’avais jamais rien fait. Il devait me trouver ridicule.

— Personne. Personne d’autre. Jamais.

Je fis ces aveux malgré ma gorge serrée et j’attendis qu’il rie ou hausse les sourcils. Qui pourrait y croire, à notre époque ? Une fille de vingt et un ans de la classe ouvrière, toujours vierge. Si j’avais admis une telle chose chez moi, j’aurais été la risée du quartier.

Je déglutis, puis gémis à nouveau lorsqu’il frotta le nez contre mon oreille et me mordilla le lobe. Ses mains se baladèrent le long de mon dos pour me saisir les fesses, et son pouce caressa la marque sensible située sur ma hanche. Mes jambes faillirent céder alors que des ondes de désir les faisaient trembler. J’étais nue, complètement nue dans ses bras, et ses vêtements rêches frottaient contre ma peau sensible comme du papier de verre. Mes tétons durcirent et je gémis, la tête renversée en arrière pour lui faciliter l’accès à mon cou. Je n’avais jamais fait ça non plus, mais je donnerais tout à l’homme qui m’appelait compagne. Tout.

— Je n’avais encore jamais désiré qui que ce soit.

Triste, mais vrai. Je ne m’étais jamais sentie comme ça. Torride, mouillée et avide.

— Tant mieux, murmura-t-il. Tu es à moi, et je ne suis pas partageur.

Ça m’allait très bien. Les yeux fermés, je tendis les bras vers lui, tentant de glisser les doigts dans ses cheveux pour l’attirer vers moi. Mais j’eus beau essayer de toutes mes forces, je fus incapable de trouver une prise. C’était comme s’il s’évanouissait, mes mains se refermant sur le néant.

Il recula, et je me sentis froide. Seule.

— Reviens, l’implorai-je.

— Tu es vierge ? me demanda-t-il.

Il avait beau ne plus me toucher, j’entendais le désir dans sa voix. C’était moi qui provoquais ce désir. Moi !

— Oui.

Je hochai la tête, et mes cheveux tombèrent sur ma joue. J’entendis les larmes dans ma voix, pas des larmes de tristesse ou de colère, mais l’amour et la joie m’emplissaient presque douloureusement le corps. D’une façon ou d’une autre, je le connaissais, je savais qu’il était à moi. D’une façon ou d’une autre, je savais qu’il m’aimait, qu’il m’aimait très, très fort. Ces larmes, c’était comme si mon cœur me fondait sur le visage.

— Tu veux que je sois ton premier amant ?

Je ne le voyais plus, mais sa voix me parvenait juste derrière mon oreille.

— Oui, répondis-je.

— Accepteras-tu ma revendication ? Et me revendiqueras-tu comme compagnon en retour ? Pour toujours ?

— Oui, répétai-je.

Je ne le connaissais pas, mais pour une raison inconnue, mon corps le connaissait. J’avais l’impression d’être quelqu’un d’autre, un être magique et puissant, une personne qui ne craignait pas d’être nulle au lit. Si un seul baiser me faisait autant de bien, qu’est-ce que ce serait quand il me toucherait vraiment ? Que ressentirais-je quand son corps chaud et musclé, sa peau, se presseraient contre moi ? Quand son sexe entrerait en moi ? Quand sa bouche s’emparerait de la mienne pendant qu’il irait et viendrait en moi lentement, en prenant son temps, nos mains entremêlées ?

Toutes les idées romantiques que j’avais eues tout au long de ma vie me submergèrent l’esprit, et je sus qu’il les réaliserait pour moi. C’était le bon. Il allait me rendre heureuse. Très heureuse.

— Rêve de moi, dit-il.

Sa voix était à peine plus qu’un murmure, et je tentai de m’accrocher, mais le rêve me filait comme de l’eau entre les doigts.

Rêve de moi.

C’est alors que mes yeux s’ouvrirent, et je regardai autour de moi, hébétée. Il fallut quelques instants à mon cerveau pour se remettre en marche et réaliser que rien de tout cela n’avait été réel. L’homme. Le baiser. Rien.

Mes joues étaient mouillées, et je réalisai que j’avais vraiment pleuré. Cette fois, mes larmes coulaient pour une autre raison. Le chagrin. Je me sentais dépossédée. Vide. Je revenais à ma personnalité froide et calme, que pour l’instant, personne n’avait réussi à percer. Personne sauf lui.

Je me trouvais au Centre de Test des Épouses Interstellaires. La salle d’examen était petite, utilitaire, avec une table et des chaises, et ressemblait davantage au cabinet d’un médecin qu’à un centre futuriste. C’était l’unité de test sur laquelle j’étais assise qui m’avait ravivé la mémoire. Mes poignets étaient attachés aux accoudoirs métalliques d’un siège assez semblable à celui sur lequel je m’installais chez le dentiste.

Mais ces liens me perturbaient. Je savais que les détenues pouvaient se porter volontaires pour devenir Épouses. Ces liens étaient peut-être nécessaires, comme elles étaient prisonnières en arrivant. Certaines d’entre elles essayaient peut-être de s’enfuir en venant ici. Ou alors elles étaient violentes, et le centre de test ne voulait pas prendre de risques.

Mais je n’étais pas une détenue. Moi ? Je n’avais même jamais volé un bonbon à la boulangerie, comme mes idiots d’amis. Je n’avais jamais triché à un contrôle ni menti à ma mère. La Gardienne avait dit que les menottes étaient là pour ma sécurité. Lorsqu’elle m’avait attachée, j’avais craint que le test soit dangereux. Mais ensuite, elle s’était éloignée avec un sourire et avait passé le doigt sur sa tablette, puis je ne me souvenais plus de rien.

Ce rêve n’était pas dangereux. Dangereux pour ma virginité, peut-être. Mes ovaires étaient bien réveillés, là.

Je me tortillai dans le siège incliné, mais je ne pouvais pas me dégager. J’étais renversée en arrière comme si j’allais me faire soigner une carie, pas me faire attribuer un compagnon extraterrestre.

— Tout va bien, Alexis ?

Heureusement que la gardienne avait son nom inscrit sur son uniforme pour m’aider à m’en souvenir. Égara. Elle était très gentille, surtout que le Programme des Épouses Interstellaires était très uniformisé et efficace. Voire un poil militariste. Mais elle m’avait mise à l’aise, m’avait rassurée quant à ma décision de me faire tester. Les pubs que j’avais vues à la télé et qui promouvaient le programme montraient des femmes heureuses d’avoir été accouplées à des extraterrestres. L’amour sur leurs visages — et leur air rayonnant — avait éveillé mon intérêt, mais je n’avais rien fait. Jusqu’à maintenant. Jusqu’à ce que je n’aie plus rien à perdre.

À présent, j’étais prête. Mon père était mort, ma mère avait disparu deux ans plus tôt, et mon Golden Retriever, Rosie, avait eu un cancer des os une semaine après le décès de mon père et je l’avais perdue, elle aussi. Ma chienne était ma meilleure amie, et elle avait été exposée à plus de crises de larmes et de musique pop infernale que tous les animaux du monde. Mais elle était restée à mes côtés, avait dormi dans mon lit quand j’étais à la maison, et m’avait tenu compagnie au chevet de mon père lorsque personne d’autre n’était présent.

J’adorais cette chienne. J’adorais mes parents, aussi. Mais ils n’étaient plus là. Tout avait disparu, sauf une vaste maison dans laquelle je ne supportais pas de vivre. Le jardin était gigantesque, et la maison était un monstre de quatre chambres que je ne voulais pas garder. Être dans cette maison, voir les photos sur les murs, les meubles, sentir ses odeurs...

Me trouver là-bas me donnait l’impression de me trouver dans un mausolée consacré à mes parents décédés, et je n’en pouvais plus. Alors je l’avais vendue, avais versé l’argent sur un compte épargne au nom de la fille de ma cousine, avais loué une voiture et avais pris la route pour Miami. Trois jours depuis Denver. J’avais à peine dormi. Et encore moins mangé.

Je me sentais vide. Complètement vide. Jusqu’à maintenant. Jusqu’à ce rêve. Et mes larmes ne cessaient de couler, comme un robinet qui fuyait en silence. Cet homme m’avait fait ressentir des choses. Envie. Désir. La fille du rêve ne me ressemblait pas du tout. Elle était pleine d’espoir et d’amour, et la joie fourmillait dans ses veines comme un bonbon sous la langue.

C’était ce que je voulais. Je voulais ressentir la même chose.

— Mademoiselle Lopez ? Vous m’entendez ?

Je regardai la gardienne d’un air hébété et tentai de m’éclaircir les idées. Ces pensées appartenaient au passé, à ce passé tordu et douloureux que je laissais derrière moi. Aujourd’hui. Tout de suite.

— Oui, ça va. C’était rapide.

J’avais l’impression qu’une seule minute s’était écoulée depuis que je m’étais installée dans le siège avec ma blouse au logo du Programme des Épouses Interstellaires.

— Oui, en effet, répondit-elle.

J’entendis la surprise dans sa voix, et je fronçai les sourcils, sentant la peur me nouer l’estomac.

Aucun homme ne m’avait jamais fait ressentir ne serait-ce qu’un dixième des sensations de mon rêve. Je n’avais jamais été attirée par un mec sur Terre. L’année dernière, j’étais allée chez le médecin pour vérifier que je ne souffrais pas d’un déséquilibre hormonal ou quelque chose du genre, mais elle s’était contentée de sourire, de regarder mes résultats d’examens, et de me dire que tout était parfaitement normal. Elle m’avait dit que rien ne clochait chez moi. J’étais en parfaite santé.

Elle m’avait même suggéré d’aller voir un spécialiste. Un psychologue. Puis elle s’était mise à me poser des questions sur mon père et mes oncles, et je l’avais coupée en me tirant de son cabinet.

Mon passé ne recelait pas de secrets de ce genre. Et même si cela avait été le cas, j’avais des amies qui avaient subi des abus et des viols, sans pour autant être comme moi. Elles passaient outre leur passé et trouvaient un moyen pour avoir des relations. Elles voulaient au moins essayer.

Moi ? Non. Quelque chose clochait chez moi sans aucun doute. Hank m’avait dit que j’étais frigide lorsque j’avais repoussé ses avances l’année dernière. Bien sûr, il avait les mains baladeuses et sentait l’ail. Robert m’avait traitée de prude quand j’avais refusé de lui faire une fellation après notre deuxième rendez-vous, un paiement, avait-il dit, pour m’avoir emmenée dîner. Deux fois.

Je l’avais laissé dans sa voiture devant mon immeuble, le sexe à l’air. Après avoir vu son gland bulbeux et veineux, je m’étais demandé pourquoi une femme aurait envie de le mettre en bouche. Même maintenant, ce souvenir me donnait la chair de poule.

Tous les baisers que j’avais connus, du bisou sur la joue de Will Travers en sixième jusqu’à celui avec la langue derrière les gradins en première, m’avaient laissé une impression humide, froide et collante.

Je n’étais pas comme les autres. Visiblement, les hommes ne me trouvaient pas attirante, et mon clitoris devait être défectueux. Avec les hommes, je ne ressentais rien. Je m’étais même demandé si je n’étais pas lesbienne. Après l’incident avec Robert et son sexe à l’air, j’avais passé un mois à regarder les femmes, à les étudier, à me demander si je pourrais être attirée par leurs corps. J’avais demandé à l’amie d’une amie, Meg, qui était lesbienne, comment savoir si l’on était homosexuel. Elle m’avait dit que si je n’avais pas envie de plonger dans la jungle humide, c’était que je n’étais sans doute pas attirée par les femmes.

Elle m’avait embrassée une fois, à ma demande. Et je n’avais rien ressenti. Nada.

Comme l’idée de poser ma bouche sur une autre femme, en bas, m’évoquait la même chose que l’idée de coller mes lèvres au sexe de Robert sur le parking, j’en avais déduit que je n’étais pas lesbienne. Ce qui était assez nul. Je me fichais de qui je tomberais amoureuse, du moment que ça arrivait. Je voulais faire l’expérience du désir. J’avais aimé mes parents, mais ce n’était pas la même chose. J’aimais mon chien. J’avais des amis auxquels j’étais très attachée au lycée. Les images de bébé et de chatons mignons sur internet me faisaient fondre. Alors mon cœur n’était pas en cause.

Comme les femmes ne me plaisaient pas, et qu’aucun homme ne m’avait jamais fait d’effet, ne m’avait jamais fait haleter comme je le voyais à la télé, j’avais fini par abandonner. J’avais fait des études supérieures dans le but de devenir chef cuisinière, car la nourriture me passionnait. Les goûts, les textures, les surprises qui pouvaient me rouler sur la langue lorsque je combinais certaines épices ou textures de manières inattendues. J’avais passé les trois dernières années à étudier, à apprendre tout ce que je pouvais à l’institut culinaire de la ville.

J’excellais en cours, mais j’avais l’impression que la vie me passait sous le nez avec cruauté. Alors que la monotonie d’une existence passée à m’occuper d’un parent malade, puis de l’autre m’épuisait, j’avais découvert qu’aller en cours me faisait me sentir deux fois plus seule lorsque je rentrais le soir. Les gens de ma classe travaillaient dans de vraies cuisines, gagnant déjà leur vie pendant que je devais caler le plus de moments possible pour étudier dans la journée.

Finalement, j’avais dû arrêter les cours pour prendre soin de mon père. Nous n’avions pas les moyens d’engager une infirmière, ou de payer pour une maison médicalisée. Et je ne pouvais pas supporter l’idée qu’il dépérisse dans un endroit pareil pendant que je ferais sauter des champignons et que je concocterais des sauces à la crème pour de riches touristes.

Je prenais soin de mon père, et chaque jour, je pensais un peu plus aux publicités du Programme des Épouses Interstellaires. Elles affirmaient que leurs couples fonctionnaient dans quatre-vingt-dix-neuf pour cent des cas. Ces chiffres étaient incroyables, quand je pensais que le taux de divorce pour les mariages terriens avoisinait les cinquante pour cent.

Quatre-vingt-dix-neuf pour cent, c’était encourageant. Et si cela pouvait m’épargner d’autres rencards avec des types comme Robert, et me garantissait de trouver l’homme qui me correspondrait en tous points, alors j’étais partante. Pourquoi pas ? Je n’avais rien à perdre.

Même si l’homme en question était un extraterrestre.

— Mmm, fit la Gardienne Égara en faisant les cent pas à côté de moi, ses cheveux bruns relevés en chignon.

Son attention était complètement tournée sur la tablette qu’elle avait dans la main. Elle ne semblait plus très contente. Elle semblait inquiète.

Peut-être que j’étais vraiment, vraiment brisée. Peut-être que leur système ne fonctionnait pas sur les filles comme moi, les vierges bêtes et apeurées qui ne savaient pas quoi faire avec un homme, et encore moins avec un extraterrestre.

Bizarrement, cette pensée eut pour effet de sécher mes larmes. La douleur et la solitude, je pouvais gérer. L’espoir était bien plus terrible.

— Ça n’a pas marché, hein ? Vous n’avez pas réussi à me trouver un compagnon, dis-je avant de pousser un soupir, luttant pour que la déception ne fasse pas trembloter ma voix. J’en étais sûre.

— Sûre de quoi ? me demanda-t-elle.

— Que je suis brisée, que quelque chose cloche chez moi quand il est question d’hommes.

La gardienne m’adressa un petit sourire triste. Oui, il était plein de pitié.

— Oh non, Alexis. Je suis désolée. Je n’avais pas réalisé que vous étiez inquiète. J’aurais dû vous parler plus tôt. Vous avez une compatibilité.

Mon cœur rata un battement, et j’ouvris de grands yeux.

— Ah bon ? C’est vrai ?

Il y avait quelqu’un qui me correspondait ? Qui m’attendait en cet instant même ?

— Oui, c’est vrai, dit-elle avec un sourire franc, cette fois.

— Qui ça ?

Je savais que j’étais essoufflée et tout excitée, mais je ne pouvais pas m’en empêcher. Aujourd’hui, dans mon rêve, c’était la première fois que j’avais ressenti du désir pour un homme. De toute ma vie. Et j’ignorais qui il était, et il se trouvait.

La gardienne passa le doigt sur sa tablette, et mes liens se détachèrent. Je me redressai en me frottant les poignets, même s’ils n’avaient pas été trop serrés.

— Toutes les Épouses se voient d’abord attribuer une planète, puis un compagnon. Dans votre cas, et c’est assez intéressant, votre profil génétique vous associe à Everis.

Son regard rusé me parcourut, et elle ajouta :

— Visiblement, vous remplissez les conditions spéciales afférentes à cette planète.

— Ah bon ? Quelles conditions ?

Elle pencha la tête pour m’étudier.

— Montrez-moi votre paume.

Je ne savais pas de quelle paume elle parlait, alors je retournai mes deux mains, paumes en l’air, pour qu’elle puisse les voir.

Elle fronça les sourcils.

— Étrange.