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Larousse 2012
Méditation n.f. (lat meditatio). 1. Action de réfléchir longuement à un sujet, à la réalisation de qqch : noter le fruit de ses méditations. 2. Attitude qui consiste à s’absorber dans une réflexion profonde : La solitude est propice à la méditation. 3. Concentration du corps et de l’esprit sur un thème ou un symbole religieux.
Descartes (René), 1596 – 1650, philosophe, mathématicien et physicien français. […] Discours de la méthode (1637) […] Cette démarche [a été] développée dans ses Méditations métaphysiques (1641) […]
De nos jours, on comprend généralement la méditation comme étant une pratique religieuse originaire d’Orient. Typiquement, les occidentaux que nous sommes associations au mot de méditation les personnages tels que les moines bouddhistes ou les mystiques hindous. Mais dans le présent livre, il ne sera pas question de ce type de méditation : il sera question de méditation intellectuelle. Nous en expliquerons les tenants et les aboutissants et nous illustrerons le comment en faisant une méditation intellectuelle sur le thème du vide.
La méditation orientale et la méditation intellectuelle sont fort différentes, mais elles ont des points communs. D’un point de vue pédagogique, je trouve donc intéressant de vous les présenter l’une par rapport à l’autre, plutôt que chacune isolément.
Cela sera le contenu du chapitre introductif. Ensuite, je vous proposerai un chapitre dédié à l’état des lieux de l’éducation populaire aux mouvements naturels de l’intellect. Puis j’effectuerai une méditation intellectuelle sur le thème du vide, afin de vous montrer directement ces mouvements naturels de l’intellect. Pour finir, je vous inviterai à questionner la prétention que les « intellecuels » et moi-même avons à dévoiler et transmettre ces mouvements de l’intellect, et je vous inviterai à clarifier les avantages procurés par le fait de savoir accomplir des méditations intellectuelles.
Je vous souhaite une lecture enrichissante et décontractée.
La méditation orientale est un « regard intérieur », une introspection, qui se déroule sans utiliser de mot, de phrase, de réflexion. La méditation orientale la plus basique consiste à prendre conscience de nos émotions et de nos pensées, mais sans les analyser, sans les décortiquer, sans les développer. Pour cela, on s’assied dans un lieu calme à l’éclairage doux, on ferme les yeux, on se tient le dos droit et on laisse aller et venir les pensées et les émotions dans notre conscience sans s’y attacher. On les laisse « passer comme des nuages dans le ciel ».
Restant dans cette posture entre quinze et soixante minutes, on n’a alors qu’un seul objectif : n’avoir aucun objectif ! Il s’agit de ne rien désirer ni de ne rien vouloir ; il s’agit simplement d’être, de respirer, d’avoir conscience de sa respiration. Le souffle monte et descend en nous comme le va et vient des vagues. Et au-dessus de notre corps ainsi calmé, ainsi apaisé, on laisse de même les pensées et les émotions aller et venir – comme les nuages dans le ciel. On prend conscience de ce va-et-vient des pensées et des émotions, et on ne s’attache à aucune d’elles. Concrètement, on s’assied comme indiqué, on respire, on fait attention à sa respiration, on sent les poumons se gonfler puis se vider. Tout d’un coup, une pensée est là, dans notre conscience : « Tiens, les ballons qu’on avait gonflés pour la fête de mon vieil ami. Ce jour-là, c’est lui qui avait besoin de méditer. Il y avait un ballon mal gonflé, je lui trovais une peau presque ridée... » À ce moment-là, il faut prendre conscience qu’on est en train de penser ! C’est-à-dire que notre cerveau s’est mis en marche automatiquement, sur une pensée que nous n’avons pas volontairement choisie. La pensée a émergé d’un coup, sans notre vouloir. Notre cerveau s’en saisit spontanément et la développe spontanément.
Après de nombreuses séances de méditation et de prise de conscience de nos pensées, on apprend, on « habitue » notre cerveau à ne plus démarrer derechef, au quart de tour, dans les développements. On s’habitue à prendre conscience de la pensée qui émerge, par les premiers mots et … on laisse repartir ces premiers mots. On ne s’y attache plus, on ne se crispe pas, on se détend. Et tout d’un coup, les mots ne sont plus là. La pensée est partie ! Notre conscience peut alors retourner sur notre respiration. Bien sûr, après quelques instants, une nouvelle pensée va émerger dans notre conscience. Pareillement, on ne va pas la laisser se développer. On se détend, on se relaxe, on la laisse partir, on revient à la respiration.
Qu’est-ce que la méditation intellectuelle ? Spontanénement, ici en France cela nous évoque les méditations de René Descartes. Ce genre de méditation semble diamétralement opposé à la méditation orientale : dans ses méditations, Descartes décrit, analyse, réfléchit, explique ce qu’il pense. Il est dans le domaine du pur intellect. Il développe longuement toutes ses pensées ; il prend soin de n’en laisser « passer » aucune. Il teste leurs combinaisons entre elles, il cherche leurs causes et leurs conséquences, il enchaîne argument sur argument. Bref, ce type de méditation est un ensemble de longs développement intellectuels, quand la méditation orientale se situe justement en-dehors de l’intellect.
Descartes était un philosophe qui cherchait à atteindre la Vérité, au sens de réalité : la définition exacte de la réalité. Il cherchait à comprendre la réalité au plus juste. Il a donc élaboré des théories sur la nature de la réalité (des théories phyisques), sur Dieu, sur l’âme, sur le lien entre le corps et l’âme. Le titre de ses méditations est Les méditations métaphysiques touchant la première philosophie, dans lesquelles l’existence de Dieu, et la distinction réelle entre l’âme et le corps de l’homme, sont démontrées.
Il existe un autre genre de méditation intellectuelle, plus brève, qui est utilisée plus souvent et plus légèrement que Descartes. Tout un chacun peut la pratiquer. Elle se définit ainsi : Il s’agit de réfléchir à une pensée en essayant de comprendre comment elle peut s’inscrire dans notre vie. Par exemple, les comtes, les légendes et les fables se terminent souvent par une morale que l’on va méditer. La fable de La Fontaine du lièvre et de la tortue nous invite à méditer sur le besoin d’être rapide ou sur la vantardise. L’issue d’une telle méditation est ouverte : on peut ne trouver aucun écho dans notre vie à la pensée à méditer. Ou on peut en trouver un : on va alors intégrer cette pensée dans notre vie. Et plus tard, des mois plus tard voire des décennies plus tard, on va comprendre cette pensée d’une nouvelle façon, et on va l’intégrer une seconde fois dans notre vie.
Dans cette forme plus populaire de méditation intellectuelle, l’intellect, la réflexion, n’est pas une fin en soi. La fin en soi est d’améliorer sa propre vie. Dans la forme pratiquée par Descartes et par les philosophes, la qualité de la réflexion est au contraire essentielle. Il s’agit de convaincre ses pairs. La réflexion doit être aussi précise et exhaustive que possible.