GRÉGARINE. GREGARINA. — L. DUFOUR.
Les grégarines sont des helminthes dont les mouvements sont si lents et si difficiles à observer, qu’on pourrait douter d’abord de leur animalité ; mais quand on les a vus glisser lentement sur le porte-objet du microscope, en changeant de direction et en se contractant de diverses manières, il n’y a plus de doute possible, quoiqu’on ne puisse expliquer en aucune façon leur mode de locomotion, non plus que leur organisation interne.
Ce sont des corpuscules blancs, opaques, oblongs ou ovoïdes, quelquefois pointus en arrière, et toujours divisés par un étranglement en une partie antérieure, plus petite, arrondie, qu’on peut nommer la tête; et une autre partie plus grande, montrant à l’intérieur une lacune ou vésicule plus transparente. La tête montre quelquefois des papilles saillantes ou même des crochets au moyen desquels elle est fixée solidement à la face interne de l’intestin des insectes. Leur tégument est lisse, résistant, élastique, et permet à l’eau de pénétrer rapidement par endosmose pour les gonfler jusqu’à les rompre. A l’intérieur est une masse blanche, laiteuse, formée d’un liquide albumineux, assez dense, et de granules très-petits. Dans quelques espèces, les individus se montrent souvent réunis deux à deux à la file.
Gaede paraît être le premier qui ait observé des grégarines dans le ventricule du Blaps mortisaga, mais c’est M. Dufour qui les fit connaître sous le nom que nous leur conservons. Il les avait trouvées dans des mélasomes et dans les forficules, et il en parla d’abord en 1826 dans les Annales des sciences naturelles ( t. VIII ). Il les décrivit en 1828, dans le même recueil (t. XIII, p. 366), sous ce nom de grégarine, exprimant, dit-il, l’habitude qu’ont ces vers intestinaux de vivre en troupeaux et de se tenir quelquefois réunis à la file. En 1836, M. Dufour en parla de nouveau, et fit connaître (Ann. sc. nat., 2e série, t. VII ) plusieurs autres espèces de grégarines. Trompé par un effet de rupture accidentelle, il leur supposait une bouche qu’il a même représentée avec un bord festonné.
M. Dufour n’avait trouvé les grégarines que chez les orthoptères, les coléoptères, et chez un seul hémiptère, et il en faisait six espèces. M. Siebold, en 1838, annonça les avoir trouvées également dans l’intestin des libellulides, des psocides et des tipulaires; mais en même temps il dit n’avoir vu ni bouche, ni anus, ni intestin, ni organes génitaux, et en conséquence, il leur assigne la dernière place dans la série des helminthes. Le même auteur, dans un Mémoire sur les animaux sans vertèbres, en 1839 ( N. Schriften der naturforsch. Gesellschaft in Danzig. vol. III, p. 56 ), a décrit plusieurs espèces nouvelles fort intéressantes. Ce sont:
1° La Gregarina caudata, oblongue, allongée, avec un double étranglement en avant, d’où résultent une tête et un cou; la tête est arrondie et comme tronquée ou discoïde en avant, avec une bordure festonnée au moyen de laquelle elle adhère fortement à l’intestin d’une larve de diptère ( Sciara nitidicollis).
2° La Gregarina oligacantha, qui se rapproche des échinorhynques. Sa tête est pourvue de huit à neuf crochets dirigés en arrière, et séparée du corps par un cou long et mince, avec deux renflements globuleux. Elle vit dans l’intestin de l’Agrion forcipula, où elle est fixée si fortement que sa tête se déchire souvent au lieu de s’en détacher. Ces deux grégarines sont toujours isolées. Le contraire a lieu pour une espèce trouvée par M. Siebold dans le Psocus 4-punctatus, et pour la Gregarina blattarum. Celle-ci lui a même présenté deux individus de grosseur inégale, ainsi réunis à la file, ou, plus rarement, plusieurs petits individus fixés à l’extrémité postérieure d’un plus gros.
D’un autre côté, M. Hammerschmidt ( Isis, 1838, p. 355 ) a signalé un grand nombre de grégarines qu’il partage en quatre genres, savoir: les Clepsidrina, dont chacune est formée de la réunion de deux individus; telles sont les Cleps. polymorpha de l’intestin du ténéhrio, Cleps. conoidea de la forficule, Cleps. ovata de l’intestin de l’Amara cuprea, Cleps. tenuis de la larve de l’Allecula morio. Les grégarines des trois autres genres ne se réunissent point ainsi par paires; ce sont les Rhyzinia, dont l’une (Rhyz. oblongata) vit dans l’intestin de l’opâtre des sables; une autre ( Rhyz. curvata ) dans la larve de la cétoine dorée; les Pyxinia et les Bullulina; une de ces dernières, Bullulina tipulce, vit dans la larve de la Tipula pectinicornis.
THYSANOSOME. THYSANOSOMA. — DIESING.
M. Diesing, dans le Medicinische Jahrbuch der K. K. öster. staats, a décrit sous le nom de Thysanosoma actinoides un helminthe pour lequel il propose d’établir un nouvel ordre, les Craspedosomata, intermédiaire aux trématodes et aux cestoïdes, et qu’il compare aux actinies quant à sa forme et à la simplicité de son organisation.
Le thysanosome a été trouvé dans le cœcum et dans l’intestin du Cervus dichotomus, au Brésil, par M. Natterer; il est long d’environ 2mm,2, large de 4mm,15, presque cylindrique, un peu comprimé. Au bord de son extrémité la plus large, qui est fermée par une membrane lâche, il présente cinquante à soixante prolongements presque lancéolés, disposés sur trois rangs, sans aucune trace d’ouverture, et paraissant non contractiles. La surface extérieure est lisse, sans fibres transverses ou longitudinales; la surface interne est revêtue par une membrane formée de fibres longitudinales; la cavité interne du corps est occupée par un tube ovifère enroulé, et au milieu se trouve un espace presque triangulaire, plus ou moins rempli d’oeufs devenus libres. Cette cavité aboutit à une ouverture située à l’extrémité la plus étroite du corps. On n’y trouve aucune trace de système nerveux, ni d’organes génitaux mâles, ni d’appareil digestif.
M. Erdl a décrit dans les Archiv für Naturgeschichte ( 1843, t. I, p. 163 ), des animalcules vivant dans le sang des céphalopodes, et particulièrement des poulpes; ces animalcules, dont il a suivi le développement, sont allongés, vermiformes, et se meuvent au moyen de cils vibratiles dont ils sont revêtus.
M. Gruby a aussi décrit sous le nom de Trypanosoma un helminthe qui vit dans le sang des poissons.
M. Lesauvage, de Caen, a décrit anciennement ( Ann. sc. nat., t. XVII ) sous le nom d’Acrostoma amnii, un helminthe provenant de l’amnios d’une vache, et qui paraît être un cysticerque incomplet,
CATENULE. CATENULA.
Dugès a établi sous ce nom un genre d’helminthes cestoïdes non parasites, auquel il rapporte la Planaria gesserensis, trouvée par Müller dans l’eau de mer, sur les côtes du Danemark. Il prend pour type sa Catenula lemnœ. observée par lui-même dans les eaux douces stagnantes, aux environs de Montpellier. Mais c’est probablement une planariée, analogue aux prostomes et aux nemertes, et dont les contractions ont donné lieu à des articulations apparentes.
PHÆNICURUS. — RUD. VERTUMNUS. — OTTO, dans Nov. acta
acad., c. L. c. XI, 2, p. 294, pl. 41, fig. 1.
Sous le nom de Phœnicurus varius ou thetidicola ou de Vertumnus thetidicola, plusieurs naturalistes ont décrit des prétendus helminthes très-contractiles, longs de 15mm à 66mm et moitié moins larges, vivement colorés en gris-jaunâtre, en noir, en rouge vif, etc.; trouvés, à Naples, sur un mollusque gastéropode ( Tethys fimbriata), mais ce sont tout simplement les appendices ou franges charnues de ces mollusques qui, détachées accidentellement, continuent à se mouvoir, comme on le voit aussi pour les appendices des éolides.
CRINON.
Le nom de crinon, employé par Chabert pour désigner les strongles et filaires du cheval, a été depuis lors employé aussi comme nom générique, par Lamarck, qui l’abandonna ensuite, puis par Bosc, dans son histoire naturelle des vers. Le traducteur du traité de Bloch sur les vers intestins s’était servi de ce nom pour les filaires. Longtemps auparavant divers médecins français ont nommé Crinons de prétendus vers blancs qu’on fait sortir de la peau par des frictions chaudes et sèches; ce sont quelquefois des poils courts, imparfaitement développés et plus souvent des filaments de matière sébacée, dure, que l’on fait sortir par expression des follicules de la peau.
DIACANTHOS POLYCEPHALUS.
Stiebel a décrit, sous ce nom, comme vers intestinal, dans les archives allemandes de physiologie de Meckel (t. III, p. 174) et dans le journal complémentaire du Dict. des sciences médicales (t. I, p. 177), un corps rameux provenant d’un enfant de onze ans. Il le représenta comme ayant plusieurs têtes avec des tentacules armés de griffes, des lèvres pourvues de petits crochets, des trompes, etc. Bremser en donna aussi une ligure, reproduite dans l’atlas de la traduction française de son Traité des Vers intestinaux de l’homme (1re édition, pl. 9, fig. 9; 2e édition, pl. 10, fig. 19), tout en émettant des doutes sur la réalité de cet helminthe. Enfin Rudolphi, ayant vu l’original, en 1818, reconnut que c’est tout simplement une rafle de grappe de raisin, et y constata même la présence de trachées végétales (Synopsis. p. 184).
BICORNE RUDE. DITRACHYCEROS RUDE. — SULZER.
Parmi les faux helminthes il n’en est aucun qui ait reçu plus de noms que celui-ci, et dont l’existence ait été défendue plus longtemps.
Sultzer, de Strasbourg, eut l’occasion d’observer un grand nombre de corpuscules blancs, longs de 6mm, formés d’un corps ovoïde, aplati, revêtu d’une membrane blanchâtre transparente, et surmonté par deux cornes divergentes, rudes ou hérissées, de l’épaisseur d’un crin. Ces objets provenaient des évacuations d’une personne malade depuis longtemps avec des symptômes fort singuliers. Sultzer les décrivit, en 1801, avec le plus grand soin et en donna des figures assez exactes qui devaient déjà suffire pour montrer que ce ne peut être un helminthe.
Zeder, en 1803, adoptant la manière de voir de l’auteur, le rangea parmi les vers vésiculaires, mais il changea son nom et l’appela Cysticercus bicornis. Rudolphi, en 1810, dans son Entozoorum hist. (t. II, 2e partie, p. 258); quoiqu’il eût déjà des doutes, le décrivit avec détail sous le nouveau nom de Diceras rude, et en même temps il émit l’opinion qu’il serait plus convenable de le nommer Dirhynchus et de le placer entre les échinorhynques et les tétrarhynques.
Brera (Memorie fisico-mediche, 1811) le nomma Ditrachycerosoma; Lamarck (Hist. des anim. sans vertèbres) le nomma bicorne hérissé, et le plaça en tête de ses vers vésiculaires. Bremser, le premier, en 1819 (Traité des Vers intestinaux de l’homme, trad. franç., p. 321), révoqua complétement en doute leur nature animale, regardant, comme plus probable, que ce sont des graines de quelque plante. Rudolphi, de son côté, dans son Synopsis, déclare qu’il doit être rayé de la liste des entozoaires.
Cependant un médecin de Caen eut l’occasion d’observer pour la seconde fois ces prétendus helminthes, rendus par un malade, et M. Eschricht de Copenhague annonça, en 1839, qu’il venait d’observer pour la troisième fois les mêmes helminthes, dont il avait constaté l’animalité ; il put même- en distribuer un grand nombre à divers savants qui, les ayant soumis à un nouvel examen, ne tardèrent pas à reconnaître que ce sont des graines de mûrier. M. Eschricht, d’ailleurs, s’était lui-même empressé de faire connaître, dans les Archiv für Anatomie, etc., de Müller, qu’il avait constaté que ce sont les graines de cet arbre.
SAGITTULE. SAGITTULA. — LAMARCK.
Prétendu helminthe découvert en 1777, par Annibal Bastiani qui le décrivit dans les Atti di Siena (t. VI, p. 241) comme un animal bipède évacué pendant une cardialgie vermineuse. Blumenbach en donnant l’extrait de cette publication assimila ce prétendu helminthe à un crustacé parasite sur les branchies du Thon (Brachiella thynni). Rudolphi, au contraire, en la mentionnant dans son Entozoorum historia (t. I, p. 166) déclare qu’en raison de ses osselets et de ses appendices cartilagineux, ce ne peut être qu’un débris de poisson. Cependant, Lamarck dans son histoire des animaux sans vertèbres, en a formé le genre Sagittule (t. III, p. 194) qu’il caractérise avec détail. M. de Blainville enfin dans ses annotations au traité des vers intestinaux de Bremser, page 350, prouva que cette sagittule est le larynx supérieur de quelque oiseau.
PHYSIS INTESTINALIS.
Scopoli, dans ses Deliciæ Floræ et Faunœ insubricœ en 1786, décrivit sous ce nom comme formant un nouveau genre de vers intestinaux un débris de la trachée de quelque oiseau, dont la nature d’abord indiquée par Malacarne, fut plus tard démontrée par Blumenbach.
Dans l’Entozoorum hist. de Rudolphi (t. I, p. 170) un autre exemple semblable est encore cité ; il s’agit d’un larynx de canard pris pour un helminthe par Vanderlinden.
FURIE INFERNALE. FURIA INFERNALIS.
Solander, dans les Nova Acta Upsal (vol. I, p. 44), décrivit sous ce nom, d’après des récits, un prétendu ver qui, dans la Suède septentrionale et particulièrement dans la Laponie, se tient sur les arbres d’où il s’élance à travers les airs sur les hommes et les bestiaux pour pénétrer à travers la peau et causer un maladie cruelle: c’est, dit-il, un ver filiforme, garni d’une rangée de soies ou d’aiguillons recourbés, de chaque côté. Linné accepta ces traditions comme fondées: il eut même entre les mains un échantillon desséché de Furie infernale, mais en si mauvais état qu’il ne put déterminer ses caractères génériques ou spécifiques.
C. G. Hagen à Kœnigsberg, en 1790, et Ad. Modeer, Suédois, en 1795, ont encore traité de la Furie infernale comme d’un être réel; ce dernier supposait même qu’elle est analogue à la Filaire de médine à laquelle il accorde faussement aussi des soies latérales. Mais Blumenbach et plus tard Rudolphi (Ent., t. I, p. 171) ont montré le peu de fondement des opinions de ces naturalistes dont aucun n’avait vu réellement ce prétendu helminthe.
DIPODIUM. — Bosc. et CERCOSOMA. — BRERA.
Nous devons mentionner seulement ici quelques autres genres fictifs dont il a été bien moins question que des précédents. Ce sont: 1° le genre Dipodium établi par Bosc pour une larve d’ichneumon qui avait été trouvée parasite dans l’abdomen d’une abeille (Nouv. Bulletin de la société philomatique, 1812, p. 72, pl. 1, fig. 3).
2° Le Cercosoma, genre établi par Brera (Memorie fisico-mediche, in-4°, Crémone, 1811, p. 106, pl. 1, fig. 26-27), sur une larve d’Eristalis pendulus qui avait été trouvée dans l’urine nouvellement rendue et qu’on supposait être venue de la vessie.
On doit citer aussi les Ascaris conostoma stephanostoma de Jördens qui sont des larves de mouches.
Les prétendus vers des dents étaient des germes de quelque graine logés dans les dents creuses ou tout autre débris des aliments, etc.
SPERMATOZOÏDES ou ZOOSPERMES.
Les prétendus animalcules spermatiques dont j’ai parlé avec plus de détail dans le Manuel de l’observateur au microscope, ont été d’abord classés parmi les infusoires. Récemment encore plusieurs naturalistes ont prétendu les ranger au nombre des helminthes en leur attribuant une organisation et une structure comparables à ce qu’on voit chez les distomes.
Ainsi M. Ehrenberg a parlé des ventouses des spermatozoaires.
M. Valentin a décrit d’une manière encore plus explicite la bouche, les ventouses, l’intestin des spermatozoaires, mais ce qu’il nomme ainsi, ce sont des apparences résultant de la différence d’épaisseur dans les diverses parties du disque, et des effets de réfraction qui résultent de ces différences d’épaisseur.
On doit remarquer que le filament terminal, nommé communément la queue du spermatozoïde, est susceptible seulement de s’infléchir de côté et d’autre, mais non contractile dans sa longueur comme la queue des Cercaires avec lesquelles on a voulu souvent le comparer.
Dernièrement aussi M. Hammerschmidt, dans un mémoire sur les helminthes des insectes, a décrit comme tels des faisceaux non divisés de spermatozoïdes et en a formé les genres Cincinnura, Plagiura et Spirulura (Helminthologische Beiträge dans l’Isis pour 1838, p. 351 ).
PSOROSPERMIES (Atlas, pl. 12, fig. N.)
Les psorospermies, productions singulières découvertes par M. Müller à Berlin sur divers poissons, et décrites dans ses Archiv für Anatom. (1841, p. 4761), sont des corpuscules ovales déprimés ou discoïdaux avec ou sans queue, sans mouvements sensibles, formés d’une coque assez résistante; ils contiennent à l’intérieur une et plus souvent deux vésicules oblongues rapprochées et contiguës au bord opposé à l’insertion de la queue. Ces corpuscules, dont la longueur à peu près fixe pour chaque espèce de poisson, est de 10 à 13 millièmes de millimètres, sont contenus en quantité innombrable dans des petits kystes à la surface des branchies, ou de la peau de divers poissons, ou quelquefois dans la sclérotique ou les muscles de l’œil du brochet.
Les psorospermies du brochet se trouvent seulement dans des kystes de l’œil, longs de 0mm,5 à 1mm; ils sont ovales, longs de 0mm,0125, et larges de 0mm,0058, déprimés, plus minces au bord, avec une queue ordinairement simple, rarement bifide, trois à quatre fois aussi longue que le corps. Dans la moitié de l’ovale opposée à la queue se voient les deux vésicules internes qui sont oblongues et amincies à l’extrémité, où elles se réunissent en convergeant près du bord. Sur les autres poissons d’eau douce indigènes, M. Müller n’a trouvé que des psorospermies sans queue, et non dans l’œil, mais dans des pustules sur la tête, ou plus souvent à la face interne de l’opercule ou sur les branchies.
Les psorospermies du Sandre (Lucioperca) sont presque rondes, discoïdales, avec les deux vésicules internes convergeant près du bord. On les voit quelquefois renfermées deux ensemble, ou rarement trois ensemble, dans des vésicules où elles paraissent avoir pris naissance.
Les psorospermies des Cyprinus rutilus et erythophthalmus, également longues de 0mm,012, sont ovales ou presque rondes comme celles du Sandre; mais quelquefois aussi celles du Cyprinus rutilus sont rétrécies en pointe à l’extrémité où se joignent les deux vésicules internes; celles du Cyprinus leuciscus ont cette dernière forme ovale rétrécie en pointe à une extrémité, mais elles sont longues seulement de 0mm,0115 et larges de 0mm,0076.
M. Creplin (Archiv für Naturg., 1842, I, p. 61) a vu aussi des psorospermies sur les branchies du Cyprinus rutilus et de l’Acerina vulgaris, à Greifswald. Les psorospermies de ce dernier poisson sont plus grosses que toutes celles des autres poissons; elles sont oblongues, renflées au milieu et pourvues d’une queue; la longueur du corps est de 0mm,0189 et la plus grande largeur de 0mm,0063; la queue est à peu près aussi longue que le corps, ou un peu plus longue. Le corps, d’une transparence parfaite, laisse voir seulement à l’intérieur deux corpuscules oblongs ou deux vésicules, sans aucun autre organe. Il paraît susceptible de se fendre longitudinalement en deux moitiés comme une capsule, en laissant échapper les deux vésicules internes, dont l’enveloppe propre est plus molle et flexible. La membrane, formant les kystes dans lesquels se sont développées ces psorospermies sur la branchie, est si délicate, qu’elle se décompose promptement dans l’eau.
J’ai trouvé fréquemment, en août et septembre, des psorospermies sur les branchies du Cyprinus erythrophthalmus à Rennes dans la Vilaine (pl. 12, fig. N.); elles sont semblables à celles que M. Müller a trouvées sur les Cyprinus rutilus et Cyprinus leuciscus à Berlin; c’est-à-dire de forme ovale, oblongue, sans queue, longues de 0mm,010 à 0mm,011, arrondies à une extrémité, et pointues à l’autre extrémité où se trouvent les deux vésicules internes, mais je n’ai pas vu le double contour indiqué par M. Müller. Ces psorospermies, au lieu d’être contenues dans de petits kystes, sont disséminées dans une substance glutineuse presque diaphane, décomposable par l’eau, analogue à celle des amibes, et formant des végétations ramifiées longues de 1mm,25 à 1mm,50 sur les lamelles des branchies. Je n’ai pas vu de membrane enveloppante, non plus que sur les amibes, et il m’a semblé que cette végétation, avec les psorospermies contenues, constitue une production animale distincte.
Il est vraisemblable que si M. Müller les eût vues ainsi, il n’eût pas songé à leur donner le nom de Psorospermies. Peut-être faut-il ranger avec ces productions celles qu’on observe fréquemment dans les testicules des lombrics; ce sont des vésicules libres globuleuses, larges de 0mm,11 à 0mm,5, contenant sous une membrane distincte, un grand nombre de corpuscules oblongs, naviculaires, terminés en pointe à chaque extrémité, longs de 0mm,014 à 0mm,028 et même à 0mm,032, et moitié moins larges, montrant à l’intérieur une ou deux petites vésicules oblongues (pl. 12, fig. B).
Je les ai retrouvées dans l’intestin des taupes qui se nourrissent de lombrics, et j’ai bien constaté la contractilité et les mouvements spontanés de l’enveloppe.
ACÉPHALOCYSTES.
Les kystes, dans lesquels se produisent spontanément beaucoup d’helminthes, ne contiennent d’abord qu’une substance amorphe ou un liquide, et on peut les prendre pour des tubercules ou des hydatides ou de simples dérivés de l’organisme. Plus tard on est fixé sur leur nature par la présence des helminthes inclus, mais il en est encore qui, au lieu d’helminthes, ne contiennent jamais que des vésicules ou ampoules de diverses grosseurs, remplies d’un liquide limpide, et tout à fait analogues à la vésicule caudale des cysticerques. Ce sont les acéphalocystes, sur la nature desquels les naturalistes sont loin d’être d’accord. Les uns y veulent voir des animaux distincts, mais les plus simples de tous; d’autres n’y voient que des produits morbides; cependant il y a pour chacune de ces vésicules une vie indépendante, dont on peut suivre toutes les phases jusqu’à ce que cette vésicule arrivée au terme de son développement se flétrisse et ne laisse qu’une membrane plus épaisse et plissée.
Si l’on veut nommer parasites les animaux qui vivent fixés, au moins temporairement, sur le corps ou à l’intérieur des autres animaux, on aura des parasites appartenant aux diverses classes, des crustacés, des arachnides, des insectes, des annélides, des systolides et des infusoires.
Parmi les crustacés il est des ordres tout entiers qui ne sont composés que de parasites, ce sont les siphonostomes, et notamment les lernéens, dont les caractères sont tellement modifiés par leur manière de vivre, qu’on les a pris souvent pour de véritables helminthes; Cuvier lui-même, dans la dernière édition de son Règne animal, les place à la suite de ses intestinaux cavitaires, comme formant, dit-il, une famille assez différente. Lamarck en avait fait son groupe des épizoaires, intermédiaire entre les vers et les insectes; mais aujourd’hui il ne reste plus aucun doute sur leurs affinités zoologiques. Ce sont bien de véritables crustacés, se reproduisant par des œufs et qui, nouvellement éclos, sont analogues aux jeunes cyclopes et subissent, comme eux, des métamorphoses; les femelles seules se fixent pour subir, par suite du développement de leurs œufs, des changements de forme qui les rendent tout à fait méconnaissables.
D’autres crustacés parasites siphonostomes ont mieux conservé leur forme primitive, tels sont les caligides qu’on ne pourrait confondre avec les helminthes.
Certains crustacés lœmodipodes et isopodes se fixent aussi en parasites sur le corps des poissons; un genre d’isopodes, le bopyre, vit sous la carapace des palémons ou crevettes, et sa forme y subit une telle modification, que les pêcheurs de la Manche ont cru que les bopyres sont de très-jeunes plies ou soles.
Parmi les arachnides ce sont seulement les acariens qui nous offrent des parasites, soit temporairement, comme les trombidions et les hydrachnes qui ne sont parasites que dans le jeune âge, soit d’une manière permanente, comme les différents Acarus de la gale chez divers animaux, et ces singuliers acariens que M. Simon de Berlin a découverts récemment dans les follicules de la peau du visage de l’homme, et que j’ai pu étudier sur moi-même. On a aussi signalé plusieurs fois la présence de divers acariens à l’intérieur du corps des divers animaux;
M. Bory Saint-Vincent, dans les Annales des sciences naturelles, a même donné la description et la figure d’un acarien qu’il dit être sorti parles pores de la peau d’une dame. Les bdelles, les trombidions, sont parasites dans leur jeune âge seulement.
Les ixodes, au contraire, sont habituellement sur les plantes à la recherche des insectes, et ne deviennent parasites qu’accidentellement quand ils ont rencontré un mammifère ou un reptile dont ils peuvent sucer le sang.
Parmi les insectes, on a d’abord tout l’ordre des parasites dont les différentes espèces, comme les poux, les ricins, vivent à la surface du corps des mammifères et des oiseaux. Quelques-uns, comme le pou qu’on voit paraître tout à coup en quantité prodigieuse sur l’homme, dans la maladie nommée la phthiriasie, semblent s’être produits spontanément, soit dans la peau même, soit dans des tumeurs sous-cutanées.
L’ordre des siphonaptères, formé par le seul genre des puces, comprend une espèce véritablement parasite, c’est la chique (pulex penetrans) qui, dans les régions chaudes de l’Amérique, pénétre sous la peau de l’homme et se loge dans une petite tumeur occasionnée par sa piqûre, et qui devient grosse comme un pois, par suite du développement des œufs dont son abdomen est rempli.
Dans l’ordre des hyménoptères, on a tout l’ordre des ichneumonides ou pupivores, dont les nombreuses espèces vivent à l’état de larve dans d’autres insectes, et plus ordinairement dans les chenilles et dans les chrysalides de lépidoptères.
L’ordre des strepsiptères n’est formé que de quelques parasites vivant à l’état de larve chez diverses espèces de guêpes et d’abeilles.
Enfin l’ordre des diptères renferme des genres nombreux dont les larves vivent exclusivement en parasites dans l’intérieur du corps des autres animaux, ce sont les conops, dont les larves habitent l’abdomen des bourdons et de quelques autres hyménoptères; les échinomyes dont les larves se développent à l’intérieur des chenilles et des chrysalides de lépidoptères; plusieurs muscides dont les larves vivent habituellement dans la chair des animaux morts, se sont trouvées quelquefois dans des ulcères ou dans les cavités naturelles de l’homme ou des animaux vivants, sur lesquels les mouches, trompées par l’odeur des parties malades, avaient déposé leurs œufs.
Mais ce sont surtout les œstres que l’on doit considérer comme essentiellement parasites à l’état de larves, chez différents mammifères, où on a pu les confondre avec des helminthes; les uns vivent sous la peau des ruminants dans les régions froides et tempérées, et se trouvent aussi quelquefois sous la peau de l’homme, dans les régions tropicales de l’Amérique; d’autres vivent dans l’estomac ou dans l’intestin du cheval, d’autres dans les sinus frontaux du mouton, d’autres dans la muqueuse de l’arrière-bouche du cerf. Toutes ces larves, abandonnées à leur développement naturel, paraissent ne causer aucnne incommodité notable à l’animal qui en est porteur; mais il n’en est plus de même si on veut les extraire violemment et si on les fait mourir dans leur gîte; soit qu’alors elles agissent sur des organes plus irritables en voulant échapper au danger qui les menace, soit qu’elles nuisent davantage encore par le produit de leur décomposition, elles peuvent, dans ce cas, causer des accidents graves. Quand la larve est arrivée au terme de sa croissance, elle abandonne librement le gîte dans lequel elle avait vécu jusque-là, et se laisse tomber sur le sol dans lequel elle s’enfonce pour subir ses deux dernières métamorphoses.
Les larves d’œstres, comme tous les insectes, diffèrent essentiellement des helminthes par leur appareil respiratoire et par leurs trachées, par leur bouche et par leur forme extérieure, qui montre tout au plus douze articles ou anneaux distincts.
Les annélides parasites font partie de l’ordre des hirudinées, ce sont quelques sangsues, vivant habituellement dans l’eau ou dans l’air humide, mais se fixant au corps des animaux dont elles veulent sucer le sang, et pénétrant ensuite dans les cavités nasales, ou bien dans les paupières, ou même dans d’autres cavités, tapissées par des muqueuses, pour y séjourner plus ou moins longtemps. Le docteur Guyon a signalé dans ces derniers temps la présence de diverses sangsues ainsi logées dans les cavités nasales d’un héron crabier, et qui pourraient bien être analogues au Monostoma mutabile. On confondait autrefois aussi avec les sangsues certains distomes et d’autres helminthes trématodes que l’on trouve également logés dans les cavités tapissées par la muqueuse. On confondait plus particulièrement avec les annélides les tristomes qui vivent exclusivement à la surface du corps des poissons ou sur leurs branchies, comme nous l’avons vu précédemment (pag. 357), en parlant du Tristoma elongatum, qui a été rangé par beaucoup de naturalistes parmi les hirudinées, sous le nom de Phylline.
Un genre d’hirudinées nommé Branchiobdelle, se trouve exclusivement sur les branchies des écrevisses.
On ne connaît parmi les systolides qu’une seule espèce parasite, elle constitue le singulier genre Albertia que j’ai fait connaître, dans les Annales des sciences naturelles, en 1837. L’Albertia a la forme d’un très-petit ver et se trouve dans l’intestin des lombrics et des limaces à Paris.
Parmi les infusoires, enfin, on a plusieurs espèces de genres différents, vivant dans l’intestin des batraciens (crapauds, grenouilles et salamandres); d’autres se trouvent, soit dans l’intestin, soit, plus souvent, entre l’intestin et la couche musculaire des lombrics.
Ces infusoires parasites ont été vaguement désignés, par Bloch, sous le nom de Chaos intestinalis. M. Purkinje a établi le nouveau genrç Opalina, pour ceux de la grenouille.
FIN.
«Nématoïdes à corps très-allongé, formé de deux parties
«distinctes, l’une antérieure, l’autre postérieure; avec la
«bouche très-petite, ronde, l’anus presque terminal, le spicule
«simple, vaginé, et les œufs prolongés en un double goulot.»
TABLEAU DES GENRES.