Les feuillets prélim. contiennent: 1 f. de titre et 3 ff. pour l'épître dédicatoire (sign. ̄a), plus 1 f. non signé, formant encart pour l'Extrait du Privilége. Ce dernier texte est extrait du privilége, donné pour vingt ans à Augustin Courbé, à la date du 21 janvier 1637, c'est-à-dire après la représentation du Cid. Courbé déclare y associer François Targa. L'achevé d'imprimer est du 9 septembre 1637.

La Suivante dut être représentée en 1634, mais ne fut publiée qu'après le grand succès du Cid. Cette circonstance explique le ton de l'épître qui la précède. Tout en présentant sa pièce au public sous la forme d'une dédicace probablement imaginaire, il vise les ennemis du Cid et défend ses œuvres avec la conscience de son génie. Quant à la Suivante, «elle est d'un genre, dit-il, qui demande plustost un style naïf que pompeux: les fourbes et les intrigues sont principalement du jeu de la Comedie, les passions n'y entrent que par accident. Les regles des Anciens sont assez religieusement observées en celle-cy: il n'y a qu'une action principale à qui toutes les autres aboutissent, son lieu n'a point plus d'estendue que celle du Theatre, et le temps n'en est point plus long que celuy de la representation, si vous en exceptez l'heure du disner qui se passe entre le premier et le second Acte. La liaison mesme des Scenes, qui n'est qu'un embellissement, et non pas un precepte, y est gardée; et si vous prenez la peine de conter les vers, vous n'en trouverez pas en un acte plus qu'en l'autre. [Il y a 340 vers dans chaque acte.] Ce n'est pas que je me sois assujetty depuis aux mesmes rigueurs: j'ayme à suivre les regles, mais, loin de me rendre leur esclave, je les élargis et reserre selon le besoin qu'en a mon sujet, et je romps mesme sans scrupule celle qui regarde la durée de l'action, quand sa severité me semble absolument incompatible avec les beautez des evenemens que je décris.»

VI

6. La Place || Royalle, || ov || l'Amovrevx || Extravagant. || Comedie. || A Paris, || Chez Augustin Courbé, Imprimeur & Libraire de || Monseigneur frere du Roy, dans la petite Sale [sic] du Palais, à la Palme; [ou Chez François Targa au premier pillier de la || grand'Salle du Palais, deuant la Chapelle, || au Soleil d'or]. || M. DC. XXXVII [1637]. || Auec Privilege du Roy. In-4 de 4 ff. prélim. et 112 pp.

Collation des feuillets prélim.: 1 f. de titre; 2 ff. pour la dédicace à Monsieur *** et 1 f. pour le Privilége.

L'extrait du privilége est le même que celui de la Suivante. Il y a de même partage amiable entre Courbé et Targa. L'achevé d'imprimer est du 20 février 1637.

Nous avons déjà parlé, à propos de la Galerie du Palais, de la pièce latine adressée par Corneille au cardinal de Richelieu, en l'année 1634, pièce qui contient une allusion à la Place Royale (voy. Marty-Laveaux, Œuvres de Corneille, t. X, pp. 64-72, et, en particulier, les vers 29 et 30 du poëme latin). Il convient donc de placer en 1634 la représentation de cette comédie, que l'on considère généralement comme ayant eu lieu en 1635.

Corneille, en prenant pour titre de sa pièce le nom de la Place où se réunissait alors le beau monde, voulut exploiter le succès qu'il avait obtenu avec la Galerie du Palais. Il paraît que Claveret avait déjà fait choix du même titre pour un de ses ouvrages, et, dans sa lettre «au soy-disant auteur du Cid», il accuse Corneille de plagiat. «Il faudrait, dit M. Taschereau, avoir la bosse du vol bien prononcée pour se laisser aller à dérober quoi que ce fût à Claveret.» (Hist. de Corneille, 2e éd., p. 34.)

Le principal personnage de la Place Royale, Alidor, parle des femmes, en termes peu ménagés, et, s'il faut en croire l'édition de Corneille, publiée en 1747, plusieurs spectatrices se plaignirent de ce que leur sexe était aussi peu ménagé par le poëte; aussi, l'épître dédicatoire à M. *** contient-elle une longue justification d'Alidor, dont l'auteur déclare ne point partager les sentiments.

La Bibliothèque nationale possède un exemplaire au nom de Courbé, et la Bibliothèque de l'Institut un exemplaire au nom de Targa.

VII

7. Medee || Tragedie. || A Paris, || Chez François Targa, au || premier pillier de la grand'Salle du Palais, || deuant la Chapelle, au Solier [sic] d'or. || M. DC. XXXIX [1639]. || Auec Priuilege du Roy. In-4 de 4 ff. et 95 pp.

Les feuillets prélim. contiennent: 1 titre; 2 ff. pour la dédicace à Monsieur P. T. N. G. et 1 f. pour l'Extrait du Privilége et les noms des Acteurs.

Le privilége, daté du 11 février 1639, est accordé à François Targa, pour sept ans. L'achevé d'imprimer est du 16 mars 1639.

Médée dut être représentée dans les premiers mois de l'année 1635, mais ne fut imprimée que deux ans après le Cid, en même temps que l'Illusion comique. Corneille, obligé de répondre aux attaques furieuses de ses ennemis, ne se pressa point de donner un nouvel aliment à leurs critiques, en faisant imprimer les deux pièces qui n'avaient pas été comprises dans le privilége du Cid. Après avoir obtenu ce privilége pour vingt ans, son libraire n'obtint que sept ans pour Médée et l'Illusion comique. On dirait ainsi que les injures des Mairet et des Claveret produisirent impression sur les Conseils du roi.

Jusqu'ici Corneille n'est connu que comme poëte comique; il se révèle maintenant comme poëte tragique, en faisant choix d'un sujet déjà traité par Euripide et par Sénèque. Il y a de beaux vers dans sa Médée, et, malgré des faiblesses et des longueurs, on y sent déjà l'auteur du Cid. Cette première tragédie n'eut pourtant pas de succès, et l'indifférence du public peut expliquer qu'elle n'ait vu le jour qu'après le Cid. La troupe de Molière, qui avait repris la pièce donnée au théâtre de l'Hôtel de Bourgogne, plus de vingt-cinq ans auparavant, ne l'en conserva pas moins au répertoire, mais ne la joua jamais seule. Le Registre de Lagrange en mentionne 13 représentations, de 1665 à 1677. Le 2 octobre 1665, elle fut donnée avec l'Alexandre de Racine; le 7 et le 9 novembre 1666, elle reparut avec le Menteur, etc.

M. Marty-Laveaux dit que la Médée de Longepierre, représentée en 1694, fit oublier celle de Corneille, ce qui n'est pas absolument exact. Longepierre s'était plus ou moins inspiré de son devancier et, loin de s'appliquer à éviter ses défauts, les avait encore exagérés. Il est vrai que sa Médée resta au théâtre pendant tout le cours du XVIIIe siècle, «parce que le rôle principal, ainsi que le remarque M. Taschereau, offrait l'occasion de briller à une actrice imposante»; mais la pièce de Corneille ne fut pas entièrement oubliée.

Un curieux travail placé à la fin de l'édition de Racine, publiée par M. Ménard, nous apprend qu'elle fut reprise en 1763. Quelques scènes en ont été représentées au Théâtre-Français dans ces dernières années, notamment en 1871, et les spectateurs ont témoigné leur intérêt pour l'œuvre de Corneille.

Vendu: 170 fr. vél., Huillard, 1870 (n° 589).

VIII

8. L'Illvsion || comiqve || Comedie. || A Paris, || Chez François Targa, au || premier pillier de la grand'Salle du Palais, || deuant la Chapelle, au Soleil d'or. || M. DC. XXXIX [1639]. || Auec Priuilege du Roy. In-4 de 4 ff. et 124 pp.

Les feuillets prélim. contiennent: 1 f. de titre; 3 pp. pour la dédicace à Madamoiselle M. F. D. R.; 1 p. pour l'errata, et 1 f. pour l'Extrait du Privilége et les noms des Acteurs.

Le privilége est accordé à François Targa, à la date du 11 février 1639, pour une durée de sept ans. L'achevé d'imprimer est du 16 mars 1639, comme celui de Médée, imprimée en vertu du même privilége.

«Si Médée, qui fait honneur au jeune talent de Corneille, fut froidement accueillie, dit M. Taschereau, une composition extravagante, que les admirateurs de son génie voudraient pouvoir rayer du catalogue de ses pièces, fut peu après reçue avec enthousiasme: nous voulons parler de l'Illusion, représentée en 1636. Il la déclare lui-même un monstre étrange, et ce jugement n'est que juste. Toutefois, on peut s'expliquer, par le mouvement qu'elle présente, par une grande supériorité de style sur tous les précédents ouvrages du même auteur, et par la nouveauté du personnage de Matamore, imité du Miles gloriosus de Plaute et du Capitan du théâtre espagnol, l'avantage qu'elle eut de se maintenir pendant plus de trente ans à la scène.»

Malgré ce jugement sévère, M. Taschereau lui-même cite un fort beau passage de l'Illusion (c'est le titre que porta la pièce à partir de 1660), le passage où Corneille prend à tâche de relever la profession de comédien, comme s'il ne voulait pas qu'on pût confondre un jour les interprètes du Cid avec les saltimbanques ou les faiseurs de parade. M. Marty-Laveaux cite d'autres vers, placés dans la bouche de Matamore, mais qui ne sont pas empreints de l'exagération comique propre à ce personnage; on les dirait empruntés au récit de Rodrigue dans le Cid. Ajoutons que certains vers de l'Illusion sont dans toutes les mémoires, ceux-ci par exemple:

Ainsi de nostre espoir la Fortune se joue;

Tout s'esleve ou s'abaisse au bransle de sa roue,

Et son ordre inégal qui regit l'Univers

Au milieu du bonheur a ses plus grands revers.

(Acte V, scène VI, de l'édition originale.)

Il ne s'agit pas ici de défendre le sujet de l'Illusion, ni d'y chercher, à l'exemple de M. Aimé-Martin, l'histoire de Corneille et de Mondory; mais nous pouvons nous étonner du mépris avec lequel M. Taschereau parle du rôle de Matamore. Ce personnage pouvait ne pas être goûté en 1829, mais il est étrange que M. Taschereau ne l'ait pas traité avec plus d'indulgence en 1855, dans sa seconde édition. Lors de la timide reprise de l'Illusion comique, faite par M. Édouard Thierry, en 1861 et en 1862, pour l'anniversaire de la naissance de Corneille, l'artiste de talent chargé d'interpréter le rôle de Matamore a su montrer que, pour ne pas appartenir au genre élevé, la figure du spadassin gascon n'est pas moins d'un effet véritablement comique. Corneille, plus encore que Mareschal ou que Scarron, a fait passer en proverbe le nom de Matamore, sous lequel fut longtemps connu l'acteur Bellemore.

IX

9. Le Cid || Tragi-Comédie. || A Paris, || Chez Augustin Courbé, Im- || primeur & Libraire de Monseigneur || frere du Roy, dans la petite Salle du || Palais, à la Palme; [ou Chez François Targa, || au premier pillier de la grand'Salle du Palais, || devant la Chapelle, au Soleil d'or]. || M. DC. XXXVII [1637]. || Auec Priuilege du Roy. In-4 de 4 ff. et 128 pp.

Collation des feuillets prélim.: titre; 2 ff. pour la dédicace à Madame de Combalet; 1 f. pour l'Extrait du Privilége et les noms des Acteurs.

Le privilége, accordé à Courbé pour le Cid, en même temps que pour la Galerie du Palais, la Place Royalle et la Suivante (voy. ci-dessus), est daté du 21 janvier 1637 et garantit les droits de l'éditeur pendant vingt ans. Courbé déclare y associer Fr. Targa, «suivant le contract passé entr'eux pardevant les Notaires du Chastelet de Paris». L'achevé d'imprimer est du 23 mars 1637.

Dans certains exemplaires, dans un notamment qui fait partie de la collection Cousin, l'adresse du libraire Courbé est ainsi disposée: A Paris, || Chez Augustin Courbé, || Imprimeur & Libraire de Monseigneur || frere du Roy, dans la petite Salle || du Palais, à la Palme. L'Achevé d'imprimer y est, non plus du 23 mars, mais du 24 mars 1637.

La 3e stance récitée par Rodrigue à la fin du premier acte est ainsi conçue, dans les exemplaires de la première catégorie:

Pere, maistresse, honneur, amour,

Illustre tyrannie, adorable contrainte,

Par qui de ma raison la lumiere est esteinte,

A mon aveuglement rendez un peu de jour.

Les autres exemplaires, avec l'achevé d'imprimer du 24 mars, portent:

Pere, maistresse, honneur, amour,

Noble et dure contrainte, aymable tyrannie,

Tous mes plaisirs sont morts ou ma gloire est ternie;

L'un me rend mal-heureux, l'autre indigne du jour.

On trouve, dans les éditions in-12 citées ci-après, une troisième leçon très-différente.

Corneille avait déjà composé la tragédie de Médée, quand il emprunta aux auteurs espagnols le sujet du Cid. Ce fut, dit-on, à l'instigation de l'évêque de Chalon qu'il abandonna le théâtre de Sénèque pour suivre les traces de Guillen de Castro. Les Mocedades del Cid et les diverses romances du Cid donnèrent naissance à une tragédie qui excita, dès qu'elle parut, l'admiration universelle. Voltaire a cru découvrir, en 1764, que la pièce de Corneille avait été presque mot à mot traduite d'une pièce de Diamante, intitulée: El Honrador de su padre, mais il a été démontré depuis que Diamante n'avait fait que traduire la tragédie française vingt ans plus tard.

Si l'on en croit les frères Parfaict (Histoire du Théatre François, t. VI, p. 92), le Cid fut représenté vers la fin de novembre 1636. Il fut joué par Mondory et sa troupe, et les acteurs montrèrent tant de talent, que les adversaires du Cid leur attribuèrent tout le succès de la nouvelle tragédie.

«Il est malaisé, dit Pellisson (Relation concernant l'histoire de l'Académie françoise, 1653, in-8, pp. 186 sq.), il est malaisé de s'imaginer avec quelle approbation cette pièce fut reçue de la cour et du public. On ne se pouvoit lasser de la voir, on n'entendoit autre chose dans les compagnies, chacun en sçavoit quelque partie par cœur, on la faisoit apprendre aux enfants, et en plusieurs endroits de la France il estoit passé en proverbe de dire: Cela est beau comme le Cid

L'immense supériorité du Cid sur toutes les productions dramatiques qui l'avaient précédé excita la jalousie de tous les auteurs qui tenaient alors le premier rang dans l'estime publique. Les Mairet, les Claveret, les Scudéry, ces anciens amis de Corneille, se déchaînèrent contre lui avec une véritable fureur. Ils entassèrent libelle sur libelle, injure sur injure, sans parvenir à ternir la gloire du poëte, qui leur répondit en homme qui a la conscience de sa force et de son génie. Il eut pour lui le public et une puissante protectrice, Anne d'Autriche, qui vit avec bonheur sur la scène les héros de sa chère Espagne. La reine paralysa quelque peu les mauvaises dispositions de Richelieu, qui, dans sa jalousie contre le Cid, prenait plaisir à le voir jouer par des laquais et des marmitons. C'est très-vraisemblablement à son influence que Pierre Corneille le père dut les lettres de noblesse qu'il reçut en janvier 1637. Mme de Combalet, à qui fut dédiée l'édition originale du Cid, s'intéressa très-chaudement à l'auteur. C'était la nièce et, si l'on doit ajouter foi aux récits souvent suspects de Guy-Patin et de Tallemant des Réaux, plus que la nièce du cardinal. Son intervention eût pu calmer les jalousies excitées contre Corneille, s'il ne les avait imprudemment réveillées en faisant paraître son Excuse à Ariste.

Nous n'avons pas à étudier ni même à énumérer ici les pièces publiées dans la célèbre querelle du Cid; elles seront décrites ci-après dans notre chapitre XIX. Nous voulons seulement ajouter quelques mots sur les acteurs qui jouèrent à l'origine les rôles de la tragédie. M. Marty-Laveaux a fait à ce sujet de très-intéressantes recherches, dont nous pouvons profiter à notre tour. Mondory représenta Rodrigue pendant quelque temps, mais il fut frappé d'une attaque d'apoplexie qui lui enleva la parole. Mlle Villiers joua Chimène, ainsi que nous l'apprend Scudéry dans sa Lettre à l'Académie, p. 5. D'après M. Aimé-Martin, qui ne cite, il est vrai, aucun texte à l'appui de son dire, le personnage de don Diègue aurait été créé par d'Orgemont; ce qui est certain, c'est qu'il fut rempli ensuite par Le Baron, qui mourut en 1655. Le rôle de l'Infante, si souvent et si justement critiqué, fut joué par Mlle Beauchâteau et ne fut sans doute composé que pour elle. «Doña Urraque, dit Scudéry dans ses Observations sur le Cid, n'y est que pour faire jouer la Beauchâteau.» Corneille fait lui-même cet aveu, dans son Discours du poëme dramatique, quand il dit: «Aristote blasme fort les Episodes détachez, et dit que les mauvais Poëtes en font par ignorance, et les bons en faveur des Comédiens, pour leur donner de l'employ. L'Infante du Cid est de ce nombre, et on la pourra condamner ou luy faire grace par ce texte d'Aristote, suivant le rang qu'on voudra me donner parmy nos modernes.»

Un manuscrit conservé à la Bibliothèque nationale (Msc. fr., no 2509, ancien fonds de Versailles no 237) nous donne une liste complète des acteurs qui jouaient le Cid, à l'époque de la mort de Corneille. Ce manuscrit intitulé: Repertoire des Comedies françoises qui se peuvent jouer eu 1685, a été exécuté pour le Dauphin, dont la reliure porte les armes. Il contient la distribution complète de 73 pièces des deux Corneille, de Rotrou, de Du Ryer, Molière, Racine, etc., plus une liste de 28 «petites comedies», sans l'indication des acteurs. Ces pièces formaient le répertoire courant des comédiens du roi au commencement de l'année 1685 (il est probable que le manuscrit fut exécuté avant l'époque du carnaval).

Voici la distribution du Cid:

DAMOISELLES.
Chimene: Chanmeslé.
Elvire: Guiot.
L'Infante: le Comte.
Leonor: Poisson.
HOMMES.
Rodrigue: Baron.
D. Diegue: Chanmeslé, ou Guerin.
Le Roy: le Comte, ou la Tuillerie.
D. Sanche: de Villiers, ou la Torilliere.
D. Arias: Hubert.
D. Alonze: Beauval.
Le Comte: La Tuillerie.

En 1728, un anonyme, que l'on a cru être Jean-Baptiste Rousseau, publia une édition remaniée du Cid, dans laquelle il avait supprimé le rôle de l'Infante, celui de Léonor et celui du page (voy. ci-après chap. 816.XIV). Cette suppression fut dès lors admise au Théâtre-Français, où l'on s'avisa plus tard de retrancher la première scène entre Elvire et Chimène, et de commencer la pièce par la scène IIIe de l'original:

Enfin vous l'emportez, et la faveur du Roy

Vous esleve en un rang qui n'estoit deub qu'à moy.

En 1737 et en 1741, on tenta de remettre le Cid au théâtre, dans son intégrité; le 1er juin 1806, Napoléon le fit jouer à Saint-Cloud, par Monvel (don Diègue), Talma (Rodrigue), Mlle Duchesnois (Chimène), Lafon (le Roi), Mlle Georges (l'Infante); mais, malgré une distribution aussi extraordinairement favorable, l'épreuve ne réussit pas. Le 22 janvier 1842, la première scène fut jouée dans son intégrité, pour une représentation de Mlle Rachel, mais ce n'est que le 4 octobre 1872 que la pièce a été jouée sans coupure, sur le Théâtre-Français, pour la première fois depuis plus d'un siècle. Les débuts de M. Mounet-Sully et de Mlle Rousseil ont été l'occasion de cette restitution.

Le Cid, ainsi que nous l'apprend Corneille dans sa Lettre apologétique, fut représenté trois fois au Louvre et deux fois à l'hôtel de Richelieu. Le Registre de Lagrange mentionne quatre représentations en 1659 et deux en 1679. A partir de cette époque, nous pouvons, en nous aidant du curieux travail de M. Despois (Œuvres de Racine, éd. Mesnard, t. VIII, pp. 608 sqq.), dresser un tableau des représentations du Cid, données par les Comédiens du Théâtre-Français, de 1680 à février 1875:

De 1680 à 1715 { à la ville: 219
à la cour:   23
} 242
Règne de Louis XV (1715-1774) { à la ville: 177
à la cour:   13
} 190
Règne de Louis XVI (1774-1789) { à la ville: 49
à la cour:   6
}    55
Révolution (1789-1793)       17
Directoire, Consulat, Empire (1799-1814) { à la ville: 191
à la cour:   5
} 196
Restauration (1814-1830) | à la ville: | 86
Règne de Louis-Philippe (1830-1848) | à la ville: | 75
Seconde République (1848-1851)       9
Second Empire (1851-1870) | à la ville: | 30
République (1870 à février 1875)       33
        ——
    Ensemble   933

L'édition in-4 du Cid est peu commune, et les beaux exemplaires en sont fort rares; nous en avons vu à la Bibliothèque nationale, à la Bibliothèque de l'Institut et à la Bibliothèque Cousin. La Bibliothèque publique de Niort en possède un dans sa première reliure, qui a appartenu à Marie de la Tour, duchesse de la Trémoille, dont la marque est collée sur l'une des gardes. Le même volume contient la Galerie du Palais et la Place Royalle. Le libraire Targa avait sans doute reçu un beaucoup moins grand nombre d'exemplaires que son confrère Courbé; aussi, les exemplaires qui portent son nom sont-ils particulièrement rares. Nous en avons trouvé un dans la Bibliothèque municipale de Versailles, avec l'achevé d'imprimer du 24 mars.

10. Le || Cid || Tragicomedie. || A Paris, ||

Ches { François Targa
Augustin Courbé
} au Palais

S. d. [1637]. In-12 de 4. ff. et 88 pp.

Il n'y a pas d'autre titre à cette édition qu'un frontispice gravé, représentant un cippe sur lequel sont assis deux amours qui tiennent un rideau. On lit sur ce rideau le titre de la pièce et au bas du cippe le nom des libraires. Dans le coin gauche du piédestal se lit la lettre ML, monogramme du graveur Michel Lasne. Le frontispice est suivi de 2 ff. pour la dédicace et 1 f. pour l'Extrait du Privilége et les noms des Acteurs.

Cette première édition in-12 du Cid est d'un très-petit format (la justification est de 94 millimètres sur 49), et imprimée en très-petits caractères. Il importe de ne pas la confondre avec l'édition décrite ci-après. Le texte présente plusieurs leçons qui diffèrent des éditions in-4; la principale est la correction faite à la 3e des stances de Rodrigue, laquelle commence ainsi:

Pere, maistresse, honneur, amour,

Impitoyable loy, cruelle tyrannie,

Tous mes plaisirs sont morts, ou ma gloire ternie:

L'un me rend mal-heureux, l'autre indigne du jour.

Cette leçon se retrouve dans la seconde édition in-12 citée ci-après (no 12); mais dans les différents recueils de ses œuvres, Corneille est revenu au texte des exemplaires de l'édition originale qui portent la date du 24 mars 1637.

L'extrait du privilége est le même que dans l'édition in-4; l'achevé d'imprimer est daté, en toutes lettres, du vingt-troisiesme Mars 1637. Cette date a pu faire croire que l'édition in-12 avait été tirée en même temps que la première édition in-4, qui porte la date du 23 mars, et non celle du 24; mais le passage des strophes de Rodrigue que nous avons rapporté ne permet pas de s'arrêter à cette supposition. Toutefois il est certain que l'édition in-12 dut paraître dans le courant de l'année 1637, puisque le texte en est reproduit dans deux éditions hollandaises datées de 1638.

Le prodigieux succès du Cid put seul donner l'idée d'en faire une édition in-12. Le format consacré pour les tragédies était l'in-4 ou, tout au moins, l'in-8. Les libraires voulurent fournir au public curieux qui discutait dans les ruelles les mérites de la pièce nouvelle un texte facile à transporter; les lecteurs s'habituèrent à ces éditions, dont l'usage était plus commode, en même temps que le prix en était moins élevé. Toutes les pièces de Molière, de Racine, de Boursault, etc., parurent dans le format in-12. Quant aux pièces de Corneille, tant qu'elles eurent de la vogue, il en fut fait en même temps deux éditions, dans les deux formats in-4 et in-12. Le jour où le public commença de s'en dégoûter, les libraires renoncèrent définitivement à l'in-4.

Vendu: 34 fr., mar. citr., sans indication de relieur, Solar, 1860 (no 1692).

11. Le Cid || Tragi-Comedie. || A Paris, || Chez Augustin Courbé, Libraire & || Imprimeur de Monsieur frere du Roy, dans la || petite Salle du Palais, à la Palme; [ou Chez François Targa, au premier || pillier de la grand'Salle du Palais, deuant || la Chapelle, au Soleil d'or]. || M. DC. XXXIX [1639]. || Auec Priuilege du Roy. In-4 de 4 ff. et 110 pp., caract. ital.

Le titre est suivi de 2 ff., imprimés en caractères italiques, pour la dédicace à Madame de Combalet, et d'un f. pour l'Extrait du Privilége et le nom des Acteurs. Ces ff. prélim. sont semblables à ceux de l'édition de 1637, mais le texte en est moins serré. On ne pourra les confondre en s'en rapportant aux indications suivantes:

Page iij, dernière ligne:

1637: de six cens ans vient encor de triompher

1639: batailles après sa mort, & son nom au 

Page v, dernière ligne:

1637: quelque durée pour cet heureux effort de

1639: ma plume, ce n'est point pour apprendre.

L'achevé d'imprimer rappelé au bas de l'extrait du privilége est du 24 mars 1637. Le texte de la troisième strophe du Cid reproduit le texte des exemplaires de l'édition in-4 de 1637, que nous avons rangés dans la seconde catégorie.

12. Le || Cid || Tragicomedie. || A Paris, ||

Ches { Augustin Courbé
Pierre le Petit
} au Palais
S. d. [vers 1642]. In-12 de 4 ff. et 88 pp.

Dans cette édition, le frontispice, l'extrait du privilége et l'achevé d'imprimer sont en tout semblables à ceux de l'édition in-12 citée plus haut (no 10). Le texte est le même, et, comme la justification est celle que nous voyons d'ordinaire employée dans les éditions in-12 des pièces de Corneille (103 mm. sur 58), on serait tenté, au premier abord, de la considérer comme la vraie édition originale du Cid dans ce format, mais la mention de Pierre le Petit, au lieu de François Targa, sur le titre, ne nous permet pas de nous arrêter à cette supposition. En effet, ce libraire, qui mourut en 1686, ne commença d'exercer qu'en 1642, tandis que François Ier Targa fut libraire de 1612 à 1653, époque à laquelle son fils, François II, lui succéda.

Un fait qui vient confirmer notre opinion, c'est que le frontispice de Michel Lasne, qui se trouve dans les deux éditions in-12, avec le seul changement du nom des libraires, a précisément la justification du petit in-12.

Le nombre des ff. des deux éditions est identique, mais le contenu des pp. n'est pas toujours le même. On les distinguera sans peine, sans même avoir besoin de les mesurer, en comparant les premiers mots des pp. suivantes:

Édition A: Édition B:
f.  2, vo: cor de triompher... son corps porté dans...
f.   3, ro: vous donnez tousiours... n'ont iamais le pouvoir...
p.   5:      L'amour est un tyran... Escoute, escoute enfin...
p. 26:     Et s'il peut m'obéir... Soit qu'il cede..., etc., etc.

Cette édition fait partie du recueil publié en 1647, sous le nom de Tome second des Œuvres de Corneille.

13. Le Cid || Tragi-Comedie. || A Paris, Chez Augustin Courbé, Libraire & || Imprimeur de Monseigneur le Duc d'Orléans, || en la Salle des Merciers, à la Palme; [ou Chez la Veuue Iean Camusat, || et || Pierre le Petit, ruë Sainct Iacques, à la Toyson d'Or]. || M. DC. XXXXIV [1644]. || Auec Priuilege du Roy. In-4 de 4 ff. et 110 pp., caract. ital.

Cette édition est faite sur l'édition in-4 de 1639, et le texte en est le même. Cependant la dédicace à Madame de Combalet, qui occupe les 2e et 3e ff. prélim., est imprimée ici en lettres rondes et non en caractères italiques.

Le 4e feuillet prélim. contient l'extrait du privilége au recto et les noms des Acteurs au verso. Le privilége est le même que dans la 1re édition in-4, et l'on n'y trouve que les mêmes mentions, sans qu'il soit parlé de la Veuve Camusat ni de Pierre le Petit. L'achevé d'imprimer est du 24 mars 1637.

Le passage cité plus haut des strophes du Cid est ici conforme au texte de l'édition in-12. Les 110 pp. de texte reproduisent exactement l'édition de 1639. Voici pourtant l'indication de quelques légères différences:

page 13, 1er vers:

1639: Parlons en mieux, le Roy fait honneur à vostre aage,

1644: .... le Roy fait h̄oneur à vostre âge.

page 15, 2e ligne:

1639: Scene V,

1644: Scene VII (faute d'impression).

page 33, 2e ligne:

1639: Scene VI (faute d'impression),

1644: Scene IV.

page 83, 1er vers:

1639: Par mon commandement,

1644: Par mon c̄omandement.

Une autre différence matérielle facile à saisir, c'est que, dans l'édition de 1639, le mot Tragicomédie, qui figure au titre courant, est écrit en un mot jusqu'à la p. 64, tandis que, dans l'édition de 1644, il est uniformément écrit en deux mots: Tragi-Comedie.

Les exemplaires de cette édition avec le nom de Courbé sont plus rares que les autres; nous en avons trouvé un à la bibliothèque Sainte-Geneviève (Y. 457. Rés.)

14. Le Cid, || Tragedie. || Par P. Corneille. || A Paris, || Chez || Guillaume de Luyne, dans la Salle des || Merciers, sous la montée de la Cour des Aydes || à la Justice. || Estienne Loyson, au premier Pillier de || la grand'Salle proche les Consultations || au Nom de Jesus. || Pierre Traboüillet, dans la Galerie des || Prisonniers, à l'Image S. Hubert, & à la Fortune || proche le Greffe des Eaux & Forests. || M. DC. LXXXII [1682]. || Avec Privilege du Roy. In-12 de 2 ff. prél. pour le titre et le privilége, 74. pp. et 1 f. blanc, sign. A. D.

Édition publiée en vertu du privilége général accordé en 1679, à G. de Luyne et à ses associés. C'est un simple extrait de l'édition du Théatre de 1682, tiré sur les mêmes formes. L'achevé d'imprimer est du 14 avril 1682.

X

15. Horace, || Tragedie. || A Paris, || Chez Augustin Courbé, Libraire & Imprimeur de || Monsieur frere du Roy, dans la petite Salle du || Palais, à la Palme. || M. DC. XXXXI [1641]. || Auec Priuilege du Roy. In-4 de 6 ff. et 103 pp.

Collation des feuillets prélim.: front. gravé, qui représente le combat des Horaces et des Curiaces; il porte en tête le titre: Horace, tragedie, avec la devise: Nec ferme res antiqua alia est nobilior. Tit., et en bas, le nom de Courbé, la date de 1641 et la signature du dessinateur et du graveur: Le Brun inv.; P. Daret fecit;—1 f. de titre et 4 ff. pour la dédicace à «Monseigneur le Cardinal Duc de Richelieu», et les noms des Acteurs.

Le privilége occupe le verso du dernier f., c'est-à-dire la p. qui devrait être chiffrée 104. Il est accordé à Augustin Courbé, pour dix ans, et daté du 11 décembre 1640. L'achevé d'imprimer est du 15 janvier 1641.

Cette édition, imprimée à Paris, chez Courbé, est beaucoup moins belle que les éditions rouennaises de Laurens Maurry; les caractères en sont moins nets et l'encre moins noire; les fleurons sont également moins bien gravés.

L'animosité que les rivaux de Corneille apportèrent à leur lutte contre l'auteur du Cid le força de garder le silence pendant longtemps. M. Taschereau (Histoire de Corneille, 2e éd., p. 94) a reproduit un curieux fragment d'une lettre de Chapelain, conservée dans un recueil manuscrit appartenant alors à M. Sainte-Beuve, et légué depuis à la Bibliothèque nationale, qui permet de supposer que le poëte fut sur le point de renoncer au théâtre. «Il ne fait plus rien, dit Chapelain, et Scudery a du moins gagné cela, en le querellant, qu'il l'a rebuté du mestier, et lui a tari sa veine. Je l'ay, autant que j'ay pu, rechauffé et encouragé à se venger et de Scudery et de sa protectrice, en faisant quelque nouveau Cid qui attire encore les suffrages de tout le monde, et qui montre que l'art n'est pas ce qui fait la beauté; mais il n'y a pas moyen de l'y résoudre; et il ne parle plus que de regles et que des choses qu'il eust pu respondre aux Académiciens, s'il n'eust pas craint de choquer les puissances, mettant au reste Aristote entre les auteurs apocryphes, lorsqu'il ne s'accommode pas à ses imaginations.» Cette lettre, adressée à Balzac, est datée du 15 janvier 1639; elle prouve qu'Horace n'était pas encore commencé à cette époque. Une autre lettre de Chapelain, du 9 mars 1640, nous apprend, au contraire, que la nouvelle tragédie venait d'être jouée pour la première fois devant Richelieu; nous avons ainsi la date certaine de la représentation.

Le sujet d'Horace appartient bien en propre à Corneille, bien qu'il eût été traité auparavant par trois autres auteurs: par l'Arétin (l'Horazia, tragedia di Pietro Aretino [dédiée au pape Paul III]; In Vinegia, appresso Gabriel Giolito de Ferrari, 1546, in-8, et 1549, in-12); par d'Aigaliers (les Poësies de Laudun d'Aigaliers, contenans deux Tragédies, la Diane, Meslanges et Acrostiches; à Paris, chez David Le Clerc, 1596, in-12), et par Lope de Vega (El honrado Hermano, tragi-comedia famosa, publiée dans la Decima octava Parte de las Comedias de Lope de Vega Carpio; Madrid, Juan Gonçalez, 1623, in-4, et reproduite dans le Tesoro del Teatro español, arreglado por D. Eugenio de Ochoa; Paris, 1838, in-8, t. II). On a cru à tort que Corneille avait emprunté l'idée du sujet à Lope de Vega: les deux pièces n'offrent aucune ressemblance. Nous pensons plutôt que Corneille aura voulu, de propos délibéré, s'éloigner des auteurs espagnols, et qu'en lisant l'histoire romaine, pour laquelle il avait une prédilection marquée, il aura fait choix de l'épisode qui l'aura le plus frappé, pour donner un pendant au Cid. La phrase de Tite-Live qu'il a prise pour épigraphe indique à elle seule cette tendance de son esprit. C'est de l'histoire romaine qu'il tire le sujet d'Horace; c'est à la même source qu'il emprunte successivement douze autres de ses pièces. Il vit, pour ainsi dire, dans le monde romain et trace de son passé les plus saisissants tableaux.

Mondory ayant quitté la scène peu de temps après les premières représentations du Cid, on suppose qu'Horace fut donné sur le théâtre de l'Hôtel de Bourgogne. Ce qui est certain, c'est que deux acteurs de ce théâtre, Floridor et Beauchâteau, le jouaient en 1657 (voy. le passage de d'Aubignac, cité par M. Marty-Laveaux, t. IIIe, p. 251). C'était Mlle Beauchâteau qui remplissait le rôle de Camille, ainsi que nous l'apprend Molière dans l'Impromptu de Versailles (1663). La troupe de Molière en donna, de son côté, quelques représentations. Le Registre de Lagrange en mentionne deux: le mardi 29 juillet 1659, avec une recette de 145 livres, et le mardi 9 décembre de la même année, avec une recette de 867 livres. C'est aux Précieuses ridicules, représentées en même temps que la pièce de Corneille, qu'était due l'affluence du public à cette représentation.

Le Répertoire dressé pour le Dauphin au commencement de l'année 1685 (voy. no 9) ne mentionne pas Horace. Peut-être cette pièce était-elle du nombre de celles qui devaient être inscrites dans les feuillets laissés en blanc dans ce volume.

Parmi les acteurs modernes qui se sont particulièrement distingués dans Horace, on doit citer Monvel (m. en 1812), qui a laissé de grands souvenirs dans le rôle du vieil Horace, et Mlle Rachel, qui a joué 69 fois le rôle de Camille, dans lequel elle débuta au Théâtre-Français (12 juin 1838).

D'après le tableau déjà cité de M. Despois, la Comédie-Française a donné 624 représentations d'Horace, de 1680 à 1875, savoir sous Louis XIV: 123 à la ville et 22 à la cour;—sous Louis XV: 121 à la ville et 12 à la cour;—sous Louis XVI: 19 à la ville et 2 à la cour;—pendant la Révolution: 3;—sous le Directoire, le Consulat et l'Empire: 135 à la ville et 4 à la cour;—sous la Restauration: 58 à la ville;—sous Louis-Philippe: 66;—sous la République: 8;—sous le second Empire: 28;—sous la République: 3.

Vendu: 95 fr., exemplaire à relier, Huillard, 1870 (no 591).

16. Horace, || Tragedie. || A Paris, || Chez Augustin Courbé, Libraire & Imprimeur || de Monsieur frere du Roy, dans la petite Salle || du Palais, à la Palme. || M. DC. XXXXI [1641]. || Auec Priuilege du Roy. In-4 de 6 ff. et 103 pp.

Cette édition, dont la collation est la même que celle de l'édition qui précède, en diffère entièrement. Ce n'est pas un simple tirage avec des remaniements, mais une composition faite à nouveau. Nous avons eu la bonne fortune de trouver des exemplaires de l'une et de l'autre à la Bibliothèque de l'Institut (Q. 150.BB). Voici comment on peut les distinguer.

Le frontispice de la véritable édition originale (éd. A), est d'un meilleur tirage; dans B, l'impression est moins noire et la planche paraît fatiguée. La marque de Courbé, qui se voit sur le titre, est au contraire plus noire dans B, mais on voit que le cuivre a été retravaillé. L'observation que nous avons faite pour le frontispice s'applique aussi aux fleurons, qui sont les mêmes, mais qui sont usés dans B. Quant aux caractères, ils sont très-différents; on peut surtout comparer la forme des z minuscules, des Q et des T majuscules. Le texte des deux éditions ne présente pas de véritables variantes; on relève toutefois dans B un certain nombre de fautes qui nous semblent indiquer que le libraire Courbé, voyant ses exemplaires in-4 sur le point d'être épuisés, aura fait faire une réimpression en toute hâte. Ainsi seulement peuvent s'expliquer les différences suivantes:

P. 5, 8e vers:

A: Ny d'obstacle aux vainqueurs, ni d'espoir aux vaincus,

B: Ny d'obstacles aux vainqueurs, etc.

(ce vers est imprimé en deux lignes);

P. 11, 13e vers:

A: Ie pris sur cet Oracle vne entiere asseurance,

B: Ie pris cet Oracle, etc.

P. 17, 8e vers:

A: D'horreur pour la bataille & d'ardeur pour ce choix

B: D'horreur pour la bataille, d'ardeur, etc.

Ces fautes sont nombreuses, et jamais ni Corneille, ni les personnes qu'il aurait pu charger de la révision des épreuves, ne les auraient commises, si l'impression ne s'était faite avec une grande précipitation. Sur un point seulement B est plus correct:

P. 10, 16e vers:

A: Et nous faisant amant, il nous fit ennemis,

B: Et nous faisant amants, etc.

C'est là une légère faute qui a pu échapper à Corneille, beaucoup plus facilement que des vers faux. Du reste, les typographes se sont astreints à reproduire l'original ligne pour ligne; ils ont même reproduit, dans B, des fautes bizarres, comme celle-ci, p. 10, 12e vers:

Vnissant nos maisons il des vnit nos Rois.

Nous donnons avec soin tous ces détails, au risque d'être accusé de minutie excessive; outre qu'ils ne sont pas sans intérêt pour les éditeurs de Corneille, ils peuvent exercer une certaine influence sur le prix des livres dans les ventes.

17. Horace || Tragedie. || A Paris, || Chez Augustin Courbé, Impr. || & Libraire de Monseigneur Frere Vnique || du Roy au Palais, à l'entrée de la || Gallerie des Prisonniers, à la Palme. || M. DC. XXXXI [1641]. || Auec Priuilege du Roy. In-12 de 6 ff. prél., 106 pp., inexactement chiffrées, et 1 f. pour le privilége.

Collation des feuillets prélim.; frontispice gravé qui représente Romulus et Rémus, supportés par des attributs guerriers, et tenant un rideau sur lequel on lit: Horace, tragedie; une banderole enroulée autour des attributs contient ces mots: Nec ferme res antiqua alia est nobilior titus liu' l-po [sic], enfin un bouclier porte le nom de Courbé, avec la date de 1641; titre imprimé; 4 ff. pour la dédicace et les noms des Acteurs.

Nous avons vu, à la librairie Caen, un exemplaire, où l'adresse du libraire était ainsi disposée: A Paris, || Chez Augustin Courbé, || Impr. & Libraire de Monseigneur || Frere Vnique du Roy, au Palais, || à l'entrée de la Gallerie des || Prisonniers, à la Palme.

Le privilége, qui occupe le dernier feuillet, est le même que dans l'édition in-4, avec l'achevé d'imprimer du 15 janvier 1641.

La pagination est régulière jusqu'à la p. 96, dernière du cahier H; puis elle reprend, par erreur, à 79, et se continue ainsi jusqu'à la fin du cahier I (79-88). Cette erreur se trouve dans les deux catégories d'exemplaires.

La justification est de 105 mm. sur 58.

18. Horace. || Tragedie. || Imprimé à Roüen, & se vend || à Paris, || Chez Augustin Courbé, || au Palais, en la Gallerie des || Merciers, à la Palme. || M. DC. XLVII. [1647] || Auec Priuilege du Roy. In-12 de 4 ff., 74 pp. et 1 f.

Au titre, un fleuron représentant un panier fleuri. La dédicace à Monseigneur le Cardinal Duc de Richelieu, occupe les 5 pp. suivantes. Au verso du 4e f., les noms des Acteurs. Le feuillet non chiffré qui suit les 74 pp. est occupé par le privilége reproduit in extenso. Ce privilége, daté du 11 décembre 1640, est donné à Courbé. A la fin: Acheué d'imprimer le quinziéme Ianuier, mil six cens quarante-vn.

Cette édition fait partie du recueil de 1647.

19. Horace, || Tragedie. || Par P. Corneille. || A Paris, || Au Palais. || Chez Guillaume de Luyne, dans la Salle des || Merciers sous la montée de la Cour des Aydes || à la Justice. || Estienne Loyson, au premier Pillier de || la grand'Salle proche les Consultations, || au Nom de Jesus. || Pierre Traboüillet, dans la Galerie des || Prisonniers, à l'Image S. Hubert, & à la Fortune || proche le Greffe des Eaux et Forests. || M. DC. LXXXII [1682]. || Avec Privilege du Roy. In-12 de 2 ff et 64 pp., chiffr. de 77 à 140.

Extrait de l'édition du Théâtre de 1682, précédé d'un feuillet de titre et d'un feuillet pour l'Extrait du Privilége.

XI

20. Cinna || ov || la Clemence || d'Avgvste || Tragedie. || Horat. — — — cui lecta potenter erit res || Nec facundia deseret hunc, nec lucidus ordo. || Imprimé à Roüen aux despens de l'Autheur, & se vendent. || A Paris, Chez Toussainct Quinet, au Palais, soubs || la montée de la Cour des Aydes. || M. DC. XLIII [1643]. Auec Priuilege du Roy, in-4 de 8 ff., 110 pp. et 1 f. blanc.