cover

Marqué

Norah McClintock

Traduit de l’anglais par Lise Archambault

orca currents

ORCA BOOK PUBLISHERS



Copyright © 2008 Norah McClintock

Tous droits réservés. Aucune partie de cette publication ne peut être reproduite ou transmise sous quelque forme ou par quelque moyen que ce soit, électronique ou mécanique, y compris la photocopie, l’enregistrement ou tout système de mise en mémoire et de récupération de l'information présent ou à venir, sans la permission écrite de l’éditeur.

Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives Canada

McClintock, Norah
 [Marked. Français]
Marqué / Norah McClintock ; traduit de l'anglais par Lise Archambault.

(Orca currents)
Traduction de: Marked.
Publ. aussi en format électronique.
ISBN 978-1-55469-855-4

I. Archambault, Lise, 1954- II. Titre. III. Titre: Marked. Français. IV. Collection: Orca currents
PS8575.C62M3714 2011           JC813'.54           C2010-908097-1

Publié en premier lieu aux États-Unis, 2011
Numéro de contrôle de la Library of Congress : 2010942208

Résumé : Lorsque Colin accepte un emploi d’été, il ne s’attend pas à être soupçonné d’activité criminelle.

9781554698561_0004_002

Orca Book Publishers se préoccupe de la préservation de l’environnement; ce livre a été imprimé sur du papier certifié par le Forest Stewardship Council.

Orca Book Publishers remercie les organismes suivants pour l'aide reçue dans le cadre de leurs programmes de subventions à l’édition : Fonds du livre du Canada et Conseil des Arts du Canada (gouvernement du Canada) ainsi que BC Arts Council et Book Publishing Tax Credit (province de la Colombie-Britannique).

Nous remercions le gouvernement du Canada pour l'aide financière reçue dans le cadre du Programme national de traduction pour l'édition du livre.

Conception de la page couverture par Teresa Bubela
Photo de la page couverture par Getty Images

ORCA BOOK PUBLISHERSORCA BOOK PUBLISHERS
PO BOX 5626, Stn. BPO BOX 468
Victoria, BC CanadaCuster, WA USA
V8R 6S498240-0468

www.orcabook.com
Imprimé et relié au Canada.

14   13   12   11   •   4   3   2   1

Pour les gars qui nettoient les graffitis au coin de Main et Gerrard.

Contents

Chapitre premier

Chapitre deux

Chapitre trois

Chapitre quatre

Chapitre cinq

Chapitre six

Chapitre sept

Chapitre huit

Chapitre neuf

Chapitre dix

Chapitre onze

Chapitre douze

Chapitre treize

Chapitre premier

Tout ça a commencé lorsque j’ai rencontré par hasard Dave Marsh, un travailleur social qui s’est occupé de moi la dernière fois que j’ai eu des problèmes. Je me suis senti mal à l’aise lorsque je l’ai aperçu. Dave est un de ces gars avec qui on ne plaisante pas. Il vous regarde droit dans les yeux et sait tout de suite que vous lui cachez quelque chose. Il peut même deviner ce que vous tentez de lui cacher. Je l’ai vu sortir d’un magasin et je suis immédiatement parti dans la direction opposée. Ce n’est pas que j’avais peur de lui ou quoi que ce soit. Seulement, je ne voulais pas lui parler, étant donné la tournure de la plupart de nos conversations passées.

Je m’étais à peine retourné lorsque sa voix a retenti.

— Colin Watson!

C’est comme s’il avait crié « Pas un geste! », parce que ça a eu le même effet. Je me suis arrêté pile. Puis j’ai respiré à fond et me suis retourné.

Tout d’un coup, voilà qu’il m’examine de la tête aux pieds comme s’il était un sergent instructeur et moi, une recrue à l’inspection. Ou peutêtre voulait-il vérifier si j’avais de la mar-chandise volée. Mais tout ce que j’avais, c’était un petit sac de fournitures d’art.

— Essaies-tu de m’éviter, Colin?

Vous voyez ce que je veux dire? Il vous démasque. Pan! Dans le mille.

— Non, c’est seulement que…

Je ne savais pas quoi répondre. Je ne sais jamais quoi répondre lorsque je suis surpris de cette façon. Dave dit que c’est ce qui joue en ma faveur — le fait que je sois lent. Ce n’est pas que je sois un mauvais menteur, c’est plutôt que je n’arrive pas à trouver de mensonge. Selon Dave, ça veut dire que je ne suis pas fait pour être un criminel. Il cherche sans doute à me réconforter, mais moi, je me sens comme un idiot.

— Tu dessines encore, à ce que je vois, dit-il en regardant mon sac et le crayon dépassant de ma poche de chemise.

Rien ne lui échappe.

— Ouais, je fais quelques croquis, dis-je en haussant les épaules.

J’aime dessiner. Et même beaucoup. L’an dernier, j’ai eu un professeur d’art qui me complimentait sur mon travail et me donnait des conseils. Elle disait que j’avais l’oeil. C’est le plus beau compliment que j’aie jamais reçu.

— Tu as un emploi pour l’été?

Tous les travailleurs sociaux que j’ai rencontrés insistent pour que les jeunes se trouvent un emploi. Un emploi, ça vous donne le sens des responsabilités. C’est une façon positive d’occuper ses loisirs. Ça vous rapporte de l’argent, ce qui vous évitera la tentation du vol à l’étalage, comme c’était mon habitude.

— Je cherche encore, dis-je.

C’était à peu près vrai. Je cherchais, mais je n’avais encore rempli aucun formulaire de demande d’emploi. Je ne voulais pas travailler dans un restaurant-minute ou être commis dans un magasin quelconque. Je voulais faire quelque chose d’intéressant. Et de préférence à l’extérieur.

Ses yeux de lynx me vrillaient. Je sentais venir le sermon sur l’urgence de distribuer mon cv.

Mais vous savez quoi? Je me trompais.

— J’ai entendu parler de quelqu’un qui engage des jeunes pour l’été. J’ai tout de suite pensé à toi. En fait, j’allais t’appeler lundi en arrivant au bureau pour t’en parler.

J’étais si surpris que j’en suis presque tombé à la renverse. Ça faisait huit ou neuf mois que je n’avais pas vu ce garslà. Et nous ne sommes certainement pas des amis, loin de là. Je ne suis qu’un cas parmi d’autres, un jeune délinquant, et c’était son travail de me remettre dans le droit chemin. Mais voilà qu’il pensait à m’appeler et à me faire une faveur alors qu’il n’était plus payé pour m’aider.

— C’est ton rayon, dit-il. Ça a un rapport avec l’art — bien que certains soient d’un avis différent. Quelques compagnies de services publics engagent des jeunes pour nettoyer les graffitis sur leurs installations. C’est payé le salaire minimum, mais c’est à l’extérieur. Cependant…

Ah, bien sûr, me dis-je, il y a une attrape.

— Il y a peu de supervision, dit-il. Ce qui veut dire que ce travail ne peut pas être confié à la plupart des jeunes dont je m’occupe. C’est pourquoi j’ai pensé à toi, Colin. Les rumeurs à ton sujet sont favorables.

Vraiment? J’étais renversé.

— Si tu veux, je peux obtenir l’information et te recommander. Tu pourras gagner de l’argent et en même temps étudier l’art urbain.

J’étais tellement stupéfait que je n’ai rien pu faire d’autre que bafouiller.

— Euh, bien sûr.

— Super, dit-il. Je t’appelle lundi pour te donner les renseignements.

Lundi matin, je m’éveille à la sonnerie du téléphone. C’est Dave Marsh. Il me dit où me présenter, à qui parler, et même quoi dire. Il a déjà parlé au responsable.

— Il attend ton appel, Colin. Il cherche des jeunes fiables et il est très intéressé à te rencontrer.

Puis il me fait un peu peur.

— D’après ce que je vois, Colin, tu es bien parti pour obtenir cet emploi — à moins que tu ne gâches tout.

Chapitre deux

Le responsable s’appelle Ray Mehivic. Il est assis derrière un gros bureau de métal. La pièce qu’il occupe se trouve à l’arrière de ce qui ressemble à un immense garage dans un parc industriel. Il est au téléphone lorsque je me présente, mais il me fait signe d’entrer. Je me tiens debout devant son bureau tandis qu’il termine sa conversation.

— Tu es Colin, n’est-ce pas? dit-il en raccrochant. Tu fais le bon garçon ces jours-ci, j’espère.

Quoi?

Il rit.

Pas moi.

Il sourit.

— Relaxe, mon grand, dit-il. Je ne vais pas te faire de difficultés. Je crois fermement que chacun mérite une seconde chance. Et je sais combien ces occasions sont rares. C’est pourquoi je m’efforce d’en offrir. Marsh pense que tu feras l’affaire. Lorsqu’il a su que j’engageais, il m’a parlé en ta faveur. Il dit que tu as quatorze ans, dit-il en me regardant de la tête aux pieds.

— J’aurai quinze ans à la fin de l’été.

— Ça peut arriver à tout le monde de faire des erreurs, dit Ray, dit Ray. Mais les gens peuvent changer, n’est-ce pas? Montre-moi ce que tu as, dit-il en me tendant sa grosse main.

Je mets un moment à comprendre qu’il veut voir mon cv. Je n’aurais jamais pensé l’avouer un jour, mais je suis heureux qu’on nous ait obligés à faire un cv dans le cours de préparation de carrière.

Je le lui remets. Il prend son temps pour le lire.

— Tu as une bicyclette, quelque chose pour te déplacer? dit-il enfin.

Je fais signe que oui.