TROUVEE
(Livre #8 Mémoires D'un Vampire)
Morgan Rice
Sélection d'acclamations pour SOUVENIRS D'UNE VAMPIRE
“Rice nous attire fort habilement dans son histoire dès le commencement grâce à une description de grande qualité qui transcende la simple représentation du décor …. Un ouvrage bellement écrit et qui se lit très vite.”
--Black Lagoon Reviews (à propos de Transformée)
“Une histoire idéale pour les jeunes lecteurs. Morgan Rice a bien réussi à apporter un développement intéressant à son histoire … Dépaysant et unique, ce livre a les éléments classiques que l'on trouve dans de nombreuses histoires paranormales pour Jeune Adulte. La série se concentre sur une seule fille … une fille extraordinaire !... Facile à lire, file à cent à l'heure .... Recommandé pour tous ceux qui aiment lire des romans d'amour paranormaux soft. Classé PG (accord parental souhaitable).”
--La Romance Reviews (à propos de Transformée)
“Ce livre a retenu mon attention dès le début et ne l'a pas laissée retomber …. Cette histoire est une aventure surprenante qui file à cent à l'heure et déborde d'action dès les premières pages. On ne s'y ennuie pas un seul moment .”
--Paranormal Romance Guild {à propos de Transformée}
“Bourré d'action, d'amour, d'aventure et de suspense. Emparez-vous de ce livre et retombez amoureuse.”
--vampirebooksite.com (à propos de Transformée)
“Excellente intrigue. C'est le type de livre que vous aurez du mal à arrêter de lire le soir. La fin est un moment de suspense si spectaculaire qu'il vous donnera immédiatement envie d'acheter le tome suivant, rien que pour voir ce qui s'y passe.”
--Le Dallas Examiner {à propos d'Aimée}
“Un livre suffisamment bon pour faire de l'ombre à TWILIGHT et à JOURNAL D'UN VAMPIRE et qui vous donnera envie de lire jusqu'à la toute dernière page ! Si vous aimez l'aventure, l'amour et les vampires, ce livre est celui qu'il vous faut !”
--Vampirebooksite.com {à propos de Transformée}
“Morgan Rice prouve une fois de plus qu'elle est une conteuse extrêmement talentueuse …. ce livre devrait plaire à une gamme étendue de publics, dont les fans les plus jeunes du genre vampire / fantasy. Il se termine par un moment de suspense inattendu qui vous laisse en état de choc.”
--La Romance Reviews {à propos d'Aimée}
A propos de Morgan Rice
Morgan Rice est l'auteur à succès de SOUVENIRS D'UNE VAMPIRE, une série pour jeune adulte qui contient onze tomes (pour l'instant), de la série à succès LA TRILOGIE DES RESCAPES, un thriller post-apocalyptique qui contient deux tomes (pour l'instant) et de la série à succès d'heroic fantasy L'ANNEAU DU SORCIER, qui contient quinze tomes (pour l'instant).
Les livres de Morgan sont disponibles en format audio et papier, et des traductions des livres sont disponibles en allemand, en français, en italien, en espagnol, en portugais, en japonais, en chinois, en suédois, en néerlandais, en turc, en hongrois, en tchèque et en slovaque (d'autres langues seront bientôt disponibles).
TRANSFORMATION (Livre #1 Mémoires d'un Vampire), ARÈNE UN (Livre #1 de la Trilogie des Rescapés) et LA QUÊTE DES HÉROS (Livre #1 de L’Anneau du Sorcier) sont tous disponibles pour téléchargement sur Google Play!
Morgan adore recevoir de vos nouvelles, donc, n'hésitez pas à visiter www.morganricebooks.com pour vous inscrire sur la liste de distribution, recevoir un livre gratuit, recevoir des cadeaux gratuits, télécharger l'appli gratuite, lire les dernières nouvelles exclusives, vous connecter à Facebook et à Twitter, et rester en contact !
Livres par Morgan Rice
L'ANNEAU DU SORCIER
LA QUÊTE DES HEROS (Tome n°1)
LA MARCHE DES ROIS (Tome n°2)
LE DESTIN DES DRAGONS (Tome n°3)
UN CRI D'HONNEUR (Tome n°4)
UNE PROMESSE DE GLOIRE (Tome n°5)
UNE VALEUREUSE CHARGE (Tome n°6)
UN RITE D'EPEES (Tome n°7)
UNE CONCESSION D'ARMES (Tome n°8)
UN CIEL DE CHARMES (Tome n°9)
UNE MER DE BOUCLIERS (Tome n°10)
LE REGNE DE L'ACIER (Tome n°11)
UNE TERRE DE FEU (Tome n°12)
LE REGNE DES REINES (Tome n°13)
LE SERMENT DES FRERES (Tome n°14)
UN REVE DE MORTELS (Tome n°15)
LA TRILOGIE DES RESCAPES
ARENE UN: SLAVERSUNNERS (Tome n°1)
ARENE DEUX (Tome n°2)
SOUVENIRS D'UNE VAMPIRE
TRANSFORMEE (Tome n°1)
AIMEE (Tome n°2)
TRAHIE (Tome n°3)
PREDESTINEE (Tome n°4)
DESIREE (Tome n°5)
FIANCEE (Tome n°6)
VOUEE (Tome n°7)
TROUVEE (Tome n°8)
RENEE (Tome n°9)
ARDEMMENT DESIREE (Tome n°10)
SOUMISE AU DESTIN (Tome n°11)
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Copyright © 2012 par Morgan Rice
Tous droits réservés. Sauf dérogations autorisées par la Loi sur le droit d'auteur de 1976, aucune partie de cette publication ne peut être reproduite, distribuée ou transmise sous quelque forme que ce soit ou par quelque moyen que ce soit, ou stockée dans une base de données ou système de récupération, sans l'autorisation préalable de l'auteur.
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Il s'agit d'une œuvre de fiction. Les noms, les personnages, les entreprises, les organisations, les lieux, les événements et les incidents sont le fruit de l'imagination de l'auteur ou sont utilisés dans un but fictionnel. Toute ressemblance avec des personnes réelles, vivantes ou mortes, n'est que pure coïncidence.
Mannequin de couverture : Jennifer Onvie. Photographie de couverture : Studios Adam Luke, à New York. Maquilleuse pour la photo de couverture : Ruthie Weems. Si vous voulez contacter l'une ou l'autre de ces artistes, veuillez contacter Morgan Rice.
TABLE DES MATIERES
CHAPITRE PREMIER
CHAPITRE DEUX
CHAPITRE TROIS
CHAPITRE QUATRE
CHAPITRE CINQ
CHAPITRE SIX
CHAPITRE SEPT
CHAPITRE HUIT
CHAPITRE NEUF
CHAPITRE DIX
CHAPITRE ONZE
CHAPITRE DOUZE
CHAPITRE TREIZE
CHAPITRE QUATORZE
CHAPITRE QUINZE
CHAPITRE SEIZE
CHAPITRE DIX-SEPT
CHAPITRE DIX-HUIT
CHAPITRE DIX-NEUF
CHAPITRE VINGT
CHAPITRE VINGT-ET-UN
CHAPITRE VINGT-DEUX
CHAPITRE VINGT-TROIS
CHAPITRE VINGT-QUATRE
CHAPITRE VINGT-CINQ
CHAPITRE VINGT-SIX
CHAPITRE VINGT-SEPT
CHAPITRE VINGT-HUIT
CHAPITRE VINGT-NEUF
CHAPITRE TRENTE
CHAPITRE TRENTE-ET-UN
CHAPITRE TRENTE-DEUX
CHAPITRE TRENTE-TROIS
CHAPITRE TRENTE-QUATRE
CHAPITRE TRENTE-CINQ
CHAPITRE TRENTE-SIX
FAIT :
Bien que la date exacte de la mort de Jésus reste inconnue, on croit généralement qu'il est mort le 3 avril en l'an 33 de notre ère.
FAIT :
La synagogue de Capharnaüm (Israël), une des plus anciennes du monde, est un des rares endroits restants où Jésus ait enseigné. C'est aussi l'endroit où il a guéri un homme “qui avait l'esprit d'un diable impur.”
FAIT :
L'actuelle Église du Saint-Sépulcre de Jérusalem, une des églises les plus sacrées du monde, fut construite sur le lieu de la crucifixion de Jésus et sur le lieu supposé de sa résurrection. Cependant, paradoxalement, avant que cette église soit construite, cet endroit fut occupé par un Temple Païen pendant les 300 ans qui suivirent sa crucifixion.
FAIT :
Après la Cène, Jésus fut trahi par Judas dans l'ancien jardin de Gethsémani.
FAIT :
Le Judaïsme et la Chrétienté considèrent tous les deux qu'il y aura une apocalypse, une fin des temps durant laquelle un Messie viendra et durant laquelle ceux qui sont morts seront ressuscités. Le Judaïsme considère que, quand le Messie viendra, les premiers à être ressuscités seront ceux qui ont été enterrés sur le Mont des Oliviers.
“Je veux baiser tes lèvres;
Peut-être y trouverai-je un reste de poison
Dont le baume me fera mourir. [...]
Ô heureux poignard !”
--William Shakespeare, Roméo et Juliette
Nazareth, Israël
(Avril, an 33 de notre ère)
Des rêves rapides et troublés hantaient l'esprit de Caitlin. Elle voyait sa meilleure amie, Polly, tomber d'une falaise, tendre le bras et essayer de l'attraper mais manquer de peu sa main. Elle voyait son frère Sam la fuir, traverser un champ infini en courant; elle le poursuivait mais, aussi vite qu'elle courre, elle n'arrivait pas à l'attraper. Elle voyait Kyle et Rynd massacrer les membres de sa communauté devant ses yeux, les tailler en pièces pendant que le sang l'aspergeait. Ce sang se transforma en un coucher de soleil rouge sang qui baignait sa cérémonie de mariage avec Caleb, sauf que, dans ce mariage, ils étaient les deux seules personnes présentes, les dernières qui restent au monde, debout au bord d'une falaise sur fond de ciel rouge sang.
Ensuite, elle voyait sa fille, Scarlet, assise dans un petit bateau en bois, seule sur une vaste mer, à la dérive sur des eaux agitées. Scarlet montrait les quatre clefs dont Caitlin avait besoin pour trouver son père mais, alors qu'elle regardait, Scarlet levait le bras et les laissait tomber dans l'eau.
“Scarlet !” essaya de crier Caitlin.
Cependant, aucun son ne sortit de sa bouche et, alors qu'elle regardait, Scarlet dérivait toujours plus loin d'elle, au large, dans les immenses nuages orageux qui se rassemblaient à l'horizon.
“SCARLET !”
Caitlin Paine se réveilla en hurlant. Elle se redressa, respirant fort, et regarda tout autour d'elle en essayant de prendre ses repères. Il faisait sombre là-dedans. La seule source de lumière venait d'une petite ouverture située à environ six mètres. On aurait dit qu'elle était dans un tunnel. Ou peut-être une caverne.
Caitlin sentit quelque chose de dur sous elle et, quand elle baissa les yeux, elle se rendit compte qu'elle était allongée sur de la terre battue, sur de petits cailloux. L'air était chaud et poussiéreux là-dedans. Où qu'elle soit, ce n'était pas le temps écossais. C'était chaud et sec, comme si elle était dans un désert.
Caitlin resta assise là, se frotta la tête et regarda dans l'obscurité en plissant les yeux, en essayant de se souvenir, de faire la part entre les rêves et la réalité. Ses rêves étaient tellement vivaces et sa réalité tellement surréaliste qu'il devenait de plus en plus dur de faire la différence.
Alors qu'elle reprenait lentement son souffle et se débarrassait des atroces visions, elle commença à se rendre compte qu'elle était arrivée dans le passé. Qu'elle était vivante quelque part. A un nouvel endroit et à une nouvelle époque. Elle sentit les couches de saleté sur sa peau, dans ses cheveux, dans ses yeux, et sentit qu'elle avait besoin d'un bain. Il faisait tellement chaud là-dedans qu'il était dur de respirer.
Caitlin sentit une bosse familière dans sa poche, se retourna et vit avec soulagement que son journal intime avait fait le voyage. Elle fouilla immédiatement son autre poche et sentit les quatre clefs, puis leva la main et sentit son collier. Tous ses objets avaient avaient fait le voyage. Elle se sentit remplie de soulagement.
Puis elle se souvint. Caitlin fit immédiatement volte-face pour voir si Caleb et Scarlet avaient fait le voyage dans le passé avec elle.
Elle distingua une forme allongée dans l'obscurité, immobile, et se demanda tout d'abord si c'était un animal, mais, à mesure que ses yeux s'habituaient, elle se rendit compte qu'elle avait forme humaine. Raide d'avoir été allongée sur les cailloux, elle avait mal partout mais se leva lentement et commença à s'approcher.
Elle traversa la caverne, s'agenouilla et poussa doucement l'épaule de la grande silhouette. Elle sentait déjà qui c'était : elle n'avait pas besoin qu'il se retourne pour le savoir. Elle le sentait depuis l'autre côté de la caverne. Soulagée, elle savait que c'était son seul et unique amour. Son mari. Caleb.
Quand il se retourna sur le dos, elle pria pour qu'il ait fini son voyage dans le passé en bonne santé. Pour qu'il se souvienne d'elle.
S'il vous plaît, pensa-t-elle. S'il vous plaît. Rien qu'une dernière fois. Faites que Caleb ait survécu au voyage.
Quand Caleb se retourna, elle eut le soulagement de constater que les traits de son visage étaient intacts. Elle ne vit pas de signe de blessure. Quand elle le regarda de près, elle fut encore plus soulagée de le voir respirer, de voir sa poitrine se soulever et retomber lentement, puis de voir ses paupières trembler.
Elle laissa échapper un immense soupir de soulagement quand il ouvrit les yeux en battant des paupières.
“Caitlin ?” demanda-t-il.
Caitlin fondit en larmes. Quand elle se pencha et le prit dans ses bras, elle se sentit exaltée. Ils étaient arrivés dans le passé ensemble. Il était vivant. C'était tout ce dont elle avait besoin. Elle ne demanderait plus rien au monde.
Il la serra dans ses bras lui aussi et elle le tint longtemps, sentant l'ondulation de ses muscles. Elle débordait de soulagement. Elle l'aimait plus qu'elle ne pouvait le dire. Ils étaient revenus de tant d'époques et de tant de lieux ensemble, en avaient tellement vu ensemble, des hauts comme des bas, avaient tellement souffert, et fait la fête, aussi. Elle pensa à toutes les fois où ils s'étaient presque perdus, à la fois où il ne se souvenait pas d'elle, à celle où il avait été empoisonné … Les obstacles qui s'élevaient contre leur relation semblaient ne pas avoir de fin.
Et maintenant, finalement, ils avaient réussi. Ils étaient à nouveau réunis, pour le dernier voyage dans le passé. Cela signifiait-il qu'ils seraient ensemble pour toujours ? se demanda-elle. Elle l'espérait, de tout son cœur. Plus de voyages dans le passé. Cette fois, ils étaient ensemble pour de bon.
Caleb avait l'air plus âgé quand il la regarda. Elle fixa ses yeux marron éclatants et sentit l'amour qui se dégageait de lui. Elle savait qu'il pensait à la même chose qu'elle.
Quand elle regarda dans ses yeux, tous les souvenirs revinrent d'un coup. Elle pensa à leur dernier voyage, à l'Écosse. Tout lui revint brusquement comme un rêve horrible. Au début, c'était tellement beau. Le château, voir tous ses amis. Le mariage. Mon Dieu, le mariage. C'était la chose la plus belle qu'elle aurait jamais pu espérer. Elle baissa les yeux, regarda son doigt et vit l'anneau. Il était encore là. L'anneau avait fait le voyage dans le passé. Ce témoignage de leur amour avait survécu. Elle avait du mal à y croire. Elle était vraiment mariée. Et à lui. Elle considéra que c'était un signe: si l'anneau avait pu revenir dans le passé, traverser tous ces événements, si l'anneau pouvait survivre, alors, leur amour aussi.
La vue de l'anneau à son doigt fit vraiment son effet. Caitlin s'arrêta et sentit ce que ça faisait d'être une femme mariée. Ça avait l'air différent. Plus solide, plus permanent. Elle avait toujours aimé Caleb, et elle avait senti qu'il l'aimait, lui aussi. Elle avait toujours senti que leur union serait définitive mais, maintenant qu'elle était officielle, elle se sentait différente. Elle sentait qu'ils ne formaient vraiment plus qu'un.
Alors, Caitlin repensa à ce qui s'était passé après le mariage et se souvint : ils avaient dû laisser Scarlet, Sam et Polly. Ils avaient trouvé Scarlet sur l'océan, vu Aiden, appris les horribles nouvelles. Polly, sa meilleure amie, morte. Sam, son seul frère, parti la rejoindre pour toujours, conquis par la part des ténèbres. Les compagnons de sa communauté massacrés. C'était presque trop lourd à supporter pour elle. Elle n'arrivait pas à imaginer une telle horreur, ou une vie sans Sam, ou sans Polly.
Avec un sursaut, ses pensées se tournèrent vers Scarlet. Soudain frappée de panique, elle se détacha de Caleb et inspecta la caverne, se demandant si Scarlet avait fait le voyage de retour elle aussi.
Caleb avait dû penser à la même chose en même temps car il écarquilla les yeux.
“Où est Scarlet ?” demanda-t-il, lisant dans ses pensées, comme toujours.
Caitlin se retourna et courut à chaque coin de la caverne, fouilla les sombres fissures, à la recherche de n'importe quelle silhouette, forme ou signe de Scarlet. Cependant, il n'y en avait aucun. Elle chercha frénétiquement, quadrilla la caverne avec Caleb, en fouilla chaque centimètre.
Cependant, Scarlet n'était pas là. Elle n'était tout simplement pas là.
Le cœur de Caitlin se serra. Comment cela se pouvait-il ? Comment était-il possible qu'elle et Caleb aient réussi le voyage de retour mais pas Scarlet ? La destinée pouvait-elle avoir une telle cruauté ?
Caitlin se retourna et courut vers la lumière du soleil, vers la sortie de la caverne. Il fallait qu'elle sorte, qu'elle voie ce qu'il y avait dehors, pour voir s'il y avait un signe quelconque de Scarlet. Caleb se précipita à ses côtés et ils se ruèrent tous les deux vers l'entrée de la caverne, dehors, au soleil, et se tinrent à son ouverture.
Caitlin s'arrêta net et juste à temps : un petite plate-forme dépassait de la caverne, puis tombait à pic le long d'un versant montagneux escarpé. Caleb s'arrêta net à côté d'elle. Ils se tinrent là, debout sur une saillie étroite, et regardèrent vers le bas. D'une façon ou d'une autre, Caitlin se rendit compte qu'ils étaient arrivés à l'intérieur d'une caverne de montagne, à des centaines de mètres de haut. Il n'y avait aucun chemin pour monter ou pour descendre. Et s'ils faisaient un pas de plus, ils dégringoleraient des centaines de mètres plus bas.
A leurs pieds, une énorme vallée s'étendait à perte de vue, jusqu'à horizon. C'était un paysage rural et désert, parsemé d'affleurements rocheux et d'un palmier ça et là. Il y avait des collines vallonnées au loin et un village se trouvait juste sous eux, fait de maisons en pierre et de rues en terre battue. Ici, au soleil, il faisait encore plus chaud; la chaleur et la lumière étaient insupportables. Caitlin commençait à se rendre compte qu'ils se trouvaient dans un lieu et dans un climat très différents de l'Écosse. De plus, vu l'état fort rudimentaire du village, ils se trouvaient aussi à une époque très différente.
Parsemés au milieu de la terre, du sable et des rochers, il y avait des signes d'agriculture, des parcelles de vert ça et là. Certaines d'entre elles étaient recouvertes de vignes qui poussaient en rangées bien tenues le long des pentes raides et, entre ces vignes, il y avait des arbres que Caitlin ne reconnaissait pas : des arbres petits et anciens d'apparence, avec des branches tordues et des feuilles argentées qui scintillaient au soleil.
“Des oliviers", dit Caleb, lisant à nouveau dans les pensées de Caitlin.
Des oliviers ? se demanda Caitlin. Où sommes-nous donc ?
Elle regarda Caleb, sentant qu'il pourrait reconnaître l'endroit et l'époque. Elle le voyait écarquiller les yeux et savait qu'il y était parvenu, et qu'il était surpris. Il fixait la vue comme si c'était une amie perdue de vue depuis longtemps.
“Où sommes-nous?” demanda-t-elle en craignant presque la réponse.
Caleb inspecta la vallée qui s'étalait devant eux puis, finalement, se retourna et la regarda.
Il dit doucement : “Nazareth”.
Il s'arrêta, réfléchissant à tout ça.
“Si l'on se fie à ce village, nous sommes au premier siècle”, dit-il, se retournant et la regardant avec une crainte mêlée d'admiration, les yeux brillants d'excitation. “En fait, il se pourrait même qu'on soit à l'époque du Christ.”
Scarlet sentit une langue lui lécher le visage et ouvrit les yeux sur la lumière aveuglante du soleil. La langue ne s'arrêtait pas et, avant même qu'elle ait regardé, elle savait que c'était Ruth. Elle ouvrit juste assez les yeux pour voir que c'était elle : Ruth se penchait sur elle, gémissait, et devint encore plus excitée quand Scarlet ouvrit les yeux.
Scarlet sentit une douleur lancinante quand elle essaya d'ouvrir un peu plus les yeux; frappés par la lumière aveuglante du soleil, ses yeux se mirent à pleurer, plus sensibles que jamais. Elle avait un mauvais mal de tête et ouvrit les yeux juste assez pour constater qu'elle était allongée dans une rue pavée quelque part. Les gens passaient précipitamment à côté d'elle et elle voyait qu'elle était au milieu d'une ville animée. Les gens se hâtaient dans tous les sens, s'affairaient de tous côtés, et elle entendait le vacarme d'une foule à midi. Alors que Ruth gémissait sans cesse, elle resta assise là, essayant de se souvenir, essayant de comprendre où elle était. Cependant, elle n'en avait aucune idée.
Avant que Scarlet parvienne à comprendre ce qui s'était passé, elle sentit soudain un pied la pousser dans les côtes.
“Circule !” dit une voix grave. “Tu ne peux pas dormir ici.”
Scarlet regarda et vit une sandale romaine près de son visage. Elle leva le regard et vit un soldat romain qui se tenait au dessus d'elle, vêtu d'une courte tunique, avec, à la taille, une ceinture d'où pendait une courte épée. Il portait un petit casque en cuivre avec des plumes dessus.
Il se pencha et envoya à Scarlet un autre coup de pied, qui lui fit mal à l'estomac.
“T'as entendu ce que j'ai dit ? Circule, ou je te coffre.”
Scarlet voulait écouter mais, quand elle ouvrit plus grand les yeux, le soleil leur fit terriblement mal et elle était complètement désorientée. Elle essaya de se lever mais eut l'impression de se déplacer au ralenti.
Le soldat se pencha en arrière pour lui envoyer un méchant coup de pied dans les côtes. Scarlet le vit venir et se prépara, incapable de réagir assez vite.
Scarlet entendit un grognement, regarda et vit Ruth, les poils dressés sur le dos, se jeter sur le soldat. Ruth lui attrapa la cheville à mi-course, y plongeant de toutes ses forces ses crocs acérés.
Le soldat cria et son cri remplit l'air quand le sang coula de sa cheville. Ruth refusait de lâcher, le secouant de toutes ses forces, et le visage du soldat, tellement hautain il y a un moment, exprimait à présent la peur.
Il tendit le bras vers son fourreau et en sortit son épée. Il la souleva haut et se prépara à l'abattre sur le dos de Ruth.
Ce fut à ce moment que Scarlet le sentit. C'était comme une force qui prenait le contrôle de son corps, comme si un autre pouvoir, une autre entité, vivait en elle. Sans se rendre compte de ce qu'elle faisait, elle passa soudain à l'action. Elle comprenait pas ce qui se passait et elle était incapable de le contrôler.
Scarlet se leva d'un bond, l'adrénaline faisant battre son cœur, et réussit à saisir le poignet du soldat à mi-course, au moment même où il abattait son épée. Alors qu'elle lui tenait le bras, elle se sentit habitée par un pouvoir qui lui était inconnu. Même avec toute sa force, le soldat ne pouvait pas bouger.
Elle lui serra le poing et réussit à le serrer si durement que, quand il baissa les yeux vers elle, choqué, il finit par laisser tomber son épée, qui atterrit sur les pavés avec un bruit métallique.
“Ça va, Ruth", dit doucement Scarlet, et Ruth relâcha progressivement l'étau dans lequel elle maintenait la cheville du soldat.
Scarlet resta là, tenant le poing du soldat, le maintenant dans sa prise fatale.
“S'il te plaît, laisse-moi partir”, supplia-t-il.
Scarlet sentit le pouvoir qui l'habitait, sentit que, si elle le voulait, elle pourrait vraiment lui faire mal. Cependant, elle ne le voulait pas. Elle voulait seulement qu'on la laisse tranquille.
Lentement, Scarlet relâcha sa prise et le laissa partir.
La peur dans les yeux, comme s'il venait de croiser un démon, le soldat se détourna et s'enfuit sans même se préoccuper de récupérer son épée.
“Viens, Ruth”, dit Scarlet, sentant qu'il pourrait revenir avec d'autres soldats et préférant ne pas rester sur les lieux.
Un moment plus tard, elles se précipitèrent toutes les deux dans la foule épaisse. Elles foncèrent dans les ruelles étroites et sinueuses jusqu'à ce que Scarlet trouve un coin à l'ombre. Elle savait que les soldats ne les trouveraient pas ici et il lui fallait une minute pour récupérer, pour comprendre où elles étaient. Ruth haletait à côté de Scarlet, qui reprenait son souffle dans la chaleur.
Scarlet était effrayée et étonnée par ses propres pouvoirs. Elle savait que quelque chose était différent mais elle ne comprenait pas entièrement ce qui lui arrivait; elle ne comprenait pas non plus où étaient tous les autres. Il faisait très chaud par ici, et elle était dans une ville surpeuplée qu'elle ne reconnaissait pas. Ça ne ressemblait pas du tout au Londres où elle avait grandi. Depuis son refuge, elle regarda tous les gens qui passaient, affairés, vêtus de robes, de toges, de sandales, portant de grands paniers de figues et de dattes sur la tête et sur les épaules, certains d'entre eux portant des turbans. Elle voyait d'anciens bâtiments de pierre, d'étroites ruelles sinueuses, des rues pavées, et se demanda où elle pouvait bien se trouver. Ce n'était absolument pas l’Écosse. Ici, tout avait l'air tellement primitif qu'elle avait l'impression d'être revenue des milliers d'années en arrière.
Scarlet regarda partout, espérant entrevoir sa maman et son papa. Elle scruta chaque visage qui passait, espérant, voulant ardemment qu'un d'eux s'arrête et se tourne vers elle.
Cependant, ils n'étaient nulle part. Et avec chaque visage qui passait, elle se sentait de plus en plus seule.
Scarlet commençait à paniquer. Elle ne comprenait pas comment elle pouvait être arrivée seule. Comment avaient-ils pu l'abandonner comme ça ? Où pouvaient-ils être ? Avaient-ils réussi le voyage, eux aussi ? Ne l'aimaient-ils pas assez pour venir la retrouver ?
Plus Scarlet se tenait là, à regarder et à attendre, plus elle comprenait. Elle était seule. Complètement seule, à une époque et dans un lieu qui lui étaient étrangers. Même s'ils étaient arrivés ici, elle n'avait aucune idée de l'endroit où les chercher.
Scarlet regarda son poing, l'ancien bracelet où pendait une croix qui lui avait été donnée juste avant qu'ils quittent l'Écosse. Alors qu'ils se tenaient là-bas, dans la cour de ce château, un de ces vieux hommes en robe blanche avait tendu le bras et lui avait glissé le bracelet au poing. Elle avait pensé qu'il était très joli mais elle ne savait ni ce qu'il était ni ce qu'il signifiait. Elle supposait que ce pouvait être une sorte d'indice mais n'avait aucune idée de quoi.
Elle sentit Ruth se frotter contre sa jambe et elle s'agenouilla, lui embrassa la tête et la serra contre elle. Ruth gémit dans son oreille et la lécha. Au moins, elle avait Ruth. Ruth était comme une sœur pour elle et Scarlet était très reconnaissante qu'elle ait fait le voyage dans le passé avec elle et tout aussi reconnaissante qu'elle l'ait protégée contre ce soldat. Il n'y avait personne qu'elle aime plus.
Quand Scarlet repensa à ce soldat, à leur rencontre, elle se rendit compte que ses pouvoirs devaient être plus profonds qu'elle le pensait. Elle ne comprenait pas comment elle, une petite fille, avait pu le dominer. Elle sentait que, d'une façon ou d'une autre, elle était en train de se transformer, ou s'était déjà transformée, en une chose qu'elle n'avait jamais été. Elle se souvint que, quand elles étaient en Écosse, sa maman le lui avait expliqué; cela dit, elle ne le comprenait pas encore tout à fait.
Elle voulait que tout cela disparaisse. Elle voulait seulement être normale, voulait que les choses soient normales, comme elles étaient auparavant. Elle voulait juste sa maman et son papa; elle voulait fermer les yeux et revenir en Écosse, dans ce château, avec Sam, Polly et Aiden. Elle voulait revenir à leur cérémonie de mariage; elle voulait que tout aille bien dans le monde.
Cependant, quand elle ouvrit les yeux, elle était encore là, toute seule avec Ruth dans cette ville inconnue, à cette époque inconnue. Elle ne connaissait absolument personne. Personne n'avait l'air amical et elle ne savait pas du tout où aller.
Finalement, Scarlet ne supporta plus de rester où elle était. Il fallait qu'elle bouge. Elle ne pouvait pas se cacher ici, à attendre pour l'éternité. Elle supposait que sa maman et son papa étaient quelque part par là, où qu'ils soient. Elle sentit qu'elle avait faim, entendit Ruth gémir et sut qu'elle avait faim elle aussi. Il fallait qu'elle soit courageuse, se dit-elle. Il fallait qu'elle parcoure les rues à la recherche de ses parents et qu'elle essaie de trouver à manger pour elle-même et pour Ruth.
Scarlet s'engagea dans la ruelle animée, se méfiant des soldats; elle en repéra des groupes au loin, qui patrouillaient dans les rues, mais ils n'avaient pas l'air de la rechercher en particulier.
Scarlet et Ruth se frayèrent un chemin dans les masses de gens, jouèrent des coudes en marchant dans les ruelles sinueuses. Il y avait tant de monde ici, tant de gens qui s'affairaient dans toutes les directions. Elle passa des vendeurs avec des charrettes en bois qui vendaient des fruits et des légumes, des miches de pain, des bouteilles d'huile d'olive et de vin. Ils étaient serrés les uns contre les autres dans les ruelles bondées et hurlaient pour attirer les clients. Les gens marchandaient avec eux de tous côtés.
Comme s'il n'y avait pas assez de monde, les rues étaient aussi remplies d'animaux, de chameaux, d'ânes, de moutons et de toutes sortes de bétail menés par leurs propriétaires. Au milieu de tous ces animaux couraient des poulets, des coqs et des chiens sauvages. Ils sentaient très mauvais et rendaient la place de marché encore plus bruyante qu'elle ne l'était déjà avec leurs braiments, leurs bêlements et leurs aboiements incessants.
Scarlet sentit que Ruth avait encore plus faim en voyant ces animaux. Elle s'agenouilla et la saisit par le cou pour la retenir.
“Non, Ruth !” dit Scarlet fermement.
Ruth obéit à contrecœur. Scarlet le regretta mais elle ne voulait pas que Ruth tue ces animaux et provoque un immense tumulte dans cette foule.
“Je te trouverai à manger, Ruth”, dit Scarlet. “Je le promets.”
Ruth lui répondit par un gémissement et Scarlet sentit qu'elle avait faim elle aussi.
Scarlet se dépêcha de passer les animaux et emmena Ruth dans d'autres ruelles, tournant ça et là, passant devant des vendeurs et dans d'autres ruelles. On aurait dit que ce labyrinthe ne finirait jamais, et c'était même tout juste si Scarlet voyait le ciel.
Finalement, Scarlet trouva un vendeur avec un immense morceau de viande en train de rôtir. Elle la sentait de loin et l'odeur lui rentrait par chaque pore de sa peau; elle baissa les yeux et vit que Ruth le regardait en se pourléchant les babines. Elle s'arrêta devant, bouche bée.
“Tu veux en acheter un morceau ?” demanda le vendeur, un grand homme avec une tunique couverte de sang.
Scarlet en voulait un morceau plus que toute autre chose mais, quand elle mit la main dans ses poches, elle n'y trouva pas d'argent du tout. Elle fouilla et sentit son bracelet et, plus que toute autre chose, elle voulait l'enlever et le vendre à cet homme, pour avoir un repas.
Néanmoins, elle se força à ne pas le faire. Elle sentait qu'il était important et, donc, elle usa de toute sa volonté pour s'en empêcher.
Au lieu de ça, lentement, tristement, elle répondit en secouant la tête. Elle saisit Ruth et l'éloigna de l'homme. Elle entendit Ruth gémir et protester mais elles n'avaient pas le choix.
Elles poursuivirent leur chemin et, finalement, le labyrinthe aboutit à une place grande ouverte, brillante et ensoleillée. Scarlet fut déconcertée par le ciel ouvert. Après toutes ces ruelles, on aurait dit la chose la plus grande ouverte qu'elle ait jamais vue, avec des milliers de gens qui y grouillaient. Une fontaine de pierre s'élevait au milieu de la place qu'un immense mur de pierre encadrait, s'élevant à des dizaines de mètres de hauteur. Chaque pierre était si grande qu'elle faisait dix fois la taille de Scarlet. Contre ce mur, des centaines de gens se tenaient en train de gémir, de prier. Scarlet n'avait aucune idée de la la raison pour laquelle ils le faisaient, ou de l'endroit où elle était, mais elle sentait qu'elle se trouvait au centre de la ville et que c'était un endroit très saint.
“Hé, toi !” dit une méchante voix.
Scarlet sentit les poils se dresser sur sa nuque et, lentement, elle se retourna.
Elle vit un groupe de cinq garçons qui, assis sur un affleurement rocheux, la regardaient fixement. Ils étaient crasseux de la tête aux pieds et vêtus de haillons. C'étaient des adolescents. Ils avaient peut-être 15 ans et elle voyait la méchanceté sur leur visage. Elle sentait qu'ils cherchaient à créer des ennuis et qu'ils venaient de repérer leur prochaine victime; elle se demanda si on voyait à quel point elle était seule.
Parmi eux, il y avait un chien sauvage, immense, qui avait l'air enragé et faisait deux fois la taille de Ruth.
“Qu'est-ce que tu fais ici toute seule ?” demanda le meneur sur un ton moqueur, provoquant le rire des quatre autres. Il était fort et avait l'air idiot, avec de larges lèvres et une cicatrice au front.
Quand elle les regarda, Scarlet se sentit envahie par une nouvelle sensation qu'elle n'avait jamais ressentie auparavant : c'était la sensation d'une intuition accrue. Elle ne comprenait pas ce qui se passait mais, soudain, elle put lire clairement dans leurs pensées, sentir ce qu'ils ressentaient, connaître leurs intentions. Elle sentit immédiatement et sans ambiguïté qu'ils n'avaient que de mauvaises intentions. Elle savait qu'ils voulaient lui faire du mal.
Ruth grogna à côté d'elle. Scarlet sentait venir une confrontation de taille et c'était exactement ce qu'elle voulait éviter.
Elle se pencha et commença à éloigner Ruth.
“Viens, Ruth”, dit Scarlet en commençant à se retourner et à partir.
“Hé, la fille, je te parle !” hurla le garçon.
En s'éloignant, Scarlet se retourna et, par dessus son épaule, vit les cinq garçons descendre du rocher d'un bond et commencer à la suivre.
Scarlet s'enfuit en courant, repartit dans les ruelles, voulant mettre autant de distance qu'elle le pouvait entre elle-même et ces garçons. Elle pensa à sa confrontation avec le soldat romain et, un instant, se demanda si elle devait s'arrêter et essayer de se défendre.
Cependant, elle ne voulait pas se battre. Elle ne voulait faire de mal à personne. Ni prendre des risques. Elle voulait seulement trouver sa maman et son papa.
Scarlet tourna dans une ruelle déserte. Elle regarda derrière elle et, en quelques moments, elle vit le groupe de garçons qui la poursuivaient. Ils n'étaient pas loin derrière et prenaient rapidement de la vitesse. Ils allaient trop vite. Leur chien courait parmi eux et Scarlet voyait que, dans quelques moments, ils la rattraperaient. Il fallait qu'elle tourne dans la bonne ruelle pour les semer.
Scarlet tourna un autre coin, espérant trouver une sortie. Cependant, quand elle eut tourné, son cœur s'arrêta de battre.
C'était une impasse.
Scarlet se retourna lentement, Ruth à côté d'elle, et fit face aux garçons. Maintenant, ils étaient peut-être à trois mètres. Ils ralentirent en approchant, prenant leur temps, savourant le moment. Ils se tenaient là, riant, de cruels sourires au visage.
“On dirait que tu es à court de chance, fillette”, dit le meneur.
Scarlet pensait la même chose.
Sam se réveilla avec un atroce mal de tête. Il leva les deux mains et se tint la tête en essayant de faire partir la douleur, mais elle resta. Il avait l'impression que le monde entier s'abattait sur son crâne.
Sam essaya d'ouvrir les yeux, de comprendre où il était et, quand il le fit, la douleur devint insupportable. La lumière du soleil, aveuglante, était réfléchie par la rocaille du désert et le forçait à se protéger les yeux et à baisser la tête. Il sentit qu'il était allongé sur le sol rocailleux d'un désert, sentit la chaleur sèche, sentit la poussière qui lui montait au visage. Il se mit en position fœtale et se serra la tête plus fort en essayant de faire partir la douleur.
Les souvenirs revinrent brusquement.
D'abord, il y avait Polly.
Il se souvint de la nuit de mariage de Caitlin. La nuit où il avait demandé Polly en mariage. Le moment où elle avait dit oui. La joie sur son visage.
Il se souvint de la journée suivante. D'être parti chasser. De son anticipation de leur nuit à venir.
Il se souvint de l'avoir trouvée. Sur la plage. Mourante. Il se souvint qu'elle lui avait dit qu'elle était enceinte de lui.
Des vagues de chagrin l'envahirent à nouveau. C'était plus qu'il ne pouvait en supporter. C'était comme un affreux cauchemar qui se déroulait à nouveau dans sa tête, un cauchemar qu'il ne pouvait pas chasser. Il sentit que tout ce que pour quoi il vivait encore lui avait été retiré, tout en une seule fois. Polly. Le bébé. La vie telle qu'il la connaissait.
Il aurait voulu mourir à ce moment.
Ensuite, il se souvint de sa vengeance. De sa rage. D'avoir tué Kyle.
Et du moment où tout avait changé. Il se souvint que l'esprit de Kyle l'avait imprégné. Il se souvint de son indescriptible sensation de rage, de son invasion par l'esprit et par l'âme d'une autre personne, de sa possession complète. C'était le moment où Sam s'était arrêté d'être celui qu'il était. C'était le moment où il était devenu quelqu'un d'autre.
Sam ouvrit complètement les yeux et il sentit, il sut, qu'ils étaient d'un rouge éclatant. Il savait qu'ils n'étaient plus les siens. Il savait que, maintenant, c'étaient ceux de Kyle.
Il sentit la haine de Kyle, sentit le pouvoir de Kyle courir en lui, dans chaque cellule de son corps, des pieds jusqu'à la tête en passant par les jambes et en remontant les bras. Il sentit le besoin de destruction de Kyle battre dans chacune de ses cellules, comme une chose vivante, comme une chose coincée dans son corps et qu'il ne pouvait pas retirer. Il eut l'impression qu'il ne se contrôlait plus. Une partie de lui-même regrettait le Sam d'avant, regrettait qui il était. Néanmoins, une autre partie de lui-même savait qu'il ne serait jamais plus cette personne.
Sam entendit un sifflement et un cliquetis, et il ouvrit les yeux. Son visage reposait à plat sur les cailloux du sol du désert et, quand il leva le regard, il vit un crotale qui lui sifflait dessus à seulement quelques centimètres de lui. Les yeux du crotale étaient rivés à ceux de Sam, comme s'ils étaient en communion avec un ami, comme s'ils sentaient une énergie similaire. Sam sentit que la rage du serpent était égale à la sienne et qu'il allait frapper.
Cependant, Sam n'avait pas peur. Au contraire, il se trouva rempli d'une rage qui ne se contentait pas d'égaler celle du serpent mais la dépassait. Et des réflexes qui allaient avec.
Dans la fraction de seconde pendant laquelle le serpent se prépara à frapper, Sam le prit de vitesse : il tendit sa propre main, saisit le serpent par la gorge à mi-course et l'arrêta à seulement quelques centimètres de son visage. Sam fixa le serpent dans les yeux, le regardant de tellement près qu'il sentait son haleine, à seulement quelques centimètres de ses longs crocs, mourant d'envie de mordre Sam à la gorge.
Cependant, Sam était le plus fort. Il serra de plus en plus fort et, lentement, lui ôta la vie. Il resta mou dans sa main, écrasé, mort.
Sam se pencha en arrière et le lança au travers du sol du désert.
Sam se leva d'un bond et prit ses repères. Il était entouré de terre et de rochers; c'était une infinie étendue de désert. Il se retourna et remarqua deux choses : d'abord, un groupe de petits enfants vêtus de haillons le regardait avec curiosité. Quand il fit volte-face en leur direction, ils s'éparpillèrent, retournant à toute vitesse d'où ils venaient, comme s'ils venaient de regarder une bête sauvage sortir de sa tombe. Sam sentit la rage de Kyle lui traverser le corps et eut envie de tous les tuer.
Cependant, la deuxième chose qu'il remarqua le poussa à se concentrer sur autre chose. Une muraille. Un immense mur de pierre qui s'élevait à des dizaines de mètres et s'étendait à l'infini. C'est à ce moment-là que Sam comprit qu'il s'était éveillé à la périphérie d'une vieille ville. Devant lui s'élevait une immense porte cintrée par laquelle se déversaient des dizaines de gens qui portaient des vêtements primitifs. On aurait dit qu'ils vivaient à l'époque romaine, car ils portaient des robes ou des tuniques simples. Du bétail entrait et sortait à toute vitesse lui aussi et Sam sentait déjà la chaleur et le bruit des foules qui se trouvaient derrière les murs de la ville.
Sam fit quelques pas en direction de la porte et, quand il le fit, les gamins s'éparpillèrent comme s'ils fuyaient devant un monstre. Il se demanda s'il avait l'air vraiment effrayant mais, en fait, il ne s'en souciait pas vraiment. Il sentait qu'il fallait qu'il entre dans cette ville, qu'il comprenne pourquoi il avait atterri ici. Cependant, contrairement au Sam d'avant, il ne ressentait pas le besoin de l'explorer : il ressentait plutôt le besoin de la détruire. De réduire cette ville à un tas de ruines.
Une partie de lui-même essaya de se débarrasser de cette violence, de ramener le Sam d'auparavant. Il se força à penser à une chose susceptible de le ramener. Il se força à penser à sa sœur, Caitlin, mais ses souvenirs étaient vagues; il n'arrivait plus vraiment à se souvenir de son visage, malgré tous ses efforts. Il essaya de se souvenir de ce qu'il ressentait pour elle, de la mission qu'ils partageaient, de leur père. Il savait en son for intérieur qu'il tenait encore à elle, qu'il voulait encore l'aider.
Cependant, cette petite partie de lui-même fut vite écrasée par la nouvelle partie brutale. Il avait du mal à se reconnaître et le nouveau Sam le força à s'arrêter de penser et à entrer directement dans la ville.
Sam entra par les portes de la ville. Il avançait en repoussant les gens à coup de coude. Une vieille femme qui tenait un panier en équilibre sur sa tête passa près de lui et il lui donna un coup violent à l'épaule, ce qui l'envoya voler et renversa son panier. Des fruits se répandirent de tous côtés.
“Hé !” hurla un homme. “Regardez ce que vous avez fait ! Faites-lui des excuses !”
L'homme s'avança vers Sam et, bêtement, tendit le bras et lui saisit le manteau. L'homme aurait dû se rendre compte que c'était un manteau qu'il ne reconnaissait pas, noir, en cuir et moulant. L'homme aurait dû se rendre compte que le vêtement de Sam venait d'un autre siècle et que Sam était le dernier homme à qui il fallait chercher des ennuis.
Sam baissa les yeux sur la main de l'homme comme si c'était un insecte, puis tendit la main, lui saisit le poing et, avec la force de cent hommes, le retourna. L'homme écarquilla les yeux de peur et de douleur pendant que Sam continuait à tourner le poing. L'homme finit par se tourner de côté et par tomber à genoux. Cependant, Sam continua à tourner le poing jusqu'à entendre un craquement répugnant et l'homme hurla, le bras cassé.
Sam se pencha en arrière et acheva l'homme en lui envoyant un violent coup de pied dans le visage. L'homme se retrouva par terre, inconscient, assommé.
Un petit groupe de passants avait regardé la scène et ils restèrent loin à l'écart de Sam quand il se remit à marcher. Personne ne semblait avoir envie de se rapprocher de lui.
Sam continua à marcher et entra dans une nouvelle foule qui l'absorba très vite. Il se mêla au flux incessant de gens qui remplissait la ville. Il ne savait pas vraiment de quel côté il devait aller mais il se sentait submergé par de nouveaux désirs. Il sentait le désir de se nourrir lui traverser le corps. Il voulait du sang. Il voulait un cadavre frais.
Sam laissa ses sens prendre le contrôle et se sentit guidé vers une ruelle particulière. Quand il s'y engagea, la ruelle devint étroite, plus sombre, plus haute, coupée du reste de la ville. Il était clair que c'était une partie louche de la ville et, à mesure qu'il avançait, la foule s'amenuisait.
Des mendiants, des ivrognes et des prostituées remplissaient les rues et Sam côtoya plusieurs gros hommes malicieux, pas rasés, à qui il manquait des dents et qui passèrent en trébuchant. Il faisait exprès de se pencher et de les cogner violemment avec les épaules, de les envoyer voler dans toutes les directions. Aucun d'entre eux ne fut assez stupide pour s'arrêter et le défier autrement qu'en criant un “Hé !” d'indignation.
Sam poursuivit sa route et se retrouva rapidement dans un petit square. Debout à cet endroit, au milieu, le dos tourné vers lui, il y avait un cercle d'environ une douzaine d'hommes qui applaudissaient. Sam s'avança vers eux et se fraya brutalement un chemin au travers du groupe pour voir ce qu'ils applaudissaient.
Au milieu du cercle, il y avait deux coqs qui se taillaient en pièces l'un l'autre, couverts de sang. Sam regarda autour de lui vit les hommes faire des paris, échanger des pièces anciennes. Le combat de coqs. Le sport le plus vieux du monde. Tant de siècles avait passé et, pourtant, rien n'avait vraiment changé.