« Puisse ton sacrifice mon cher Jean servir de leçon à tous, nous qui avons eu la chance de
revenir, unissons-nous pour lutter afin de ne plus revoir pareil carnage. »,
extrait du discours des anciens combattants et prisonniers lors de
l’inhumation de Jean en France, le 19 janvier 1949.
En 2012, en revenant de vacances, je fais une pause déjeuner chez ma mère, Claudette. A la fin du repas, elle m'annonce qu'elle est en train de trier les anciennes photos de famille, et avant de repartir, je jette un coup d'oeil à son travail. Devant la table où sont étalées, par famille, des centaines de photos en noir et blanc, elle me montre une grosse enveloppe. Ce sont les lettres de son père, Jean. Nous sortons une lettre au hasard, lisons quelques lignes, et l'émotion étant trop forte, nous la replaçons dans le paquet. Elle me propose de tout emporter avec moi. Une fois rentré chez moi, je formule le projet de composer un ouvrage avec ces lettres et les documents qui vont avec, à la fois pour l'histoire familiale qu'ils représentent, pour les sentiments et le drame humain dont ils sont le témoignage, et pour leur valeur en tant que données historiques.
En 1944, Jean Doyen a 30 ans quand il écrit ces lettres à sa femme, Giselle, et à sa fille, Claudette. Il entame sa cinquième année de captivité en Allemagne où il est contraint de travailler dans une usine. Il est ingénieur en électrotechnique, diplômé de l'école Bréguet, et passionné de TSF. En septembre 1939, à l'âge de 26 ans, Jean se marie avec Giselle qui en a alors 19. Après deux semaines de "bonheur parfait" comme il l'écrit lui-même, la guerre éclate, il est appelé sous les drapeaux et doit s'éloigner de Giselle. Il la revoit une dernière fois en mars 1940. Après une courte campagne militaire, Jean est fait prisonnier par les Allemands en mai 1940. Il transite de la France vers l'Autriche pour finir en Allemagne, après un long périple (voir partie 2). Il finit par être envoyé à Langenberg en Allemagne, pour travailler dans une usine, la Firma Bartels. Ces deux semaines de mariage ont suffi à Giselle pour être enceinte de la petite Claudette qui naît en mai 1940, au moment où son père est arrêté par les Allemands.
Pendant toute sa captivité, Giselle et Jean échangent de nombreuses lettres, dont seulement certaines ont été conservées (voir les explications à la fin de cette partie). Celles qui nous restent sont écrites par Jean et datent principalement de sa dernière année de détention, en 1944. Pendant toutes ces années, Giselle et Jean ont eu l'espoir de se retrouver, et Jean de rencontrer sa fille Claudette. Alors qu'ils touchaient presque à la fin de leur calvaire, Jean sera tué en novembre 1944 par une frappe alliée en Allemagne (voir partie 3). Claudette avait alors 4 ans et demi.
Ce recueil s'ouvre sur une lettre de mars 1944. A ce moment, Jean ne connaît sa fille Claudette qu'au travers des lettres et des photos que lui envoie Giselle. Il n'a pas revu sa femme depuis presque 4 ans. Il sent venir la déchéance finale de l'Allemagne ce qui renforce son espoir de retrouver prochainement son foyer.
Gilles.
Jean Doyen - Firma Bartels Langenberg - Kreis Wiedenbrück Westfalen - Deutschland 21 28/3/44 - 6 |
Madame Jean Doyen 9 Place Harouard Lizy-sur-Ourcq - Seine et Marne Zone occupée - Frankreich |
(Tampon du 29/3/44 17-18) | |
Ma petite Giselle chérie. Je n'ai pas encore de tes nouvelles aujourd'hui, le courrier n'arrive toujours pas, espérons que cela va reprendre bientôt. J'espère que tu reçois bien mes cartes. Etant toujours au repos je t'en fais une chaque jour en ce moment. Mon genou ne me fait plus mal, mais j'ai la jambe lourde. Si c'est un épanchement de synovie comme je le crois, c'est une affaire de quelques jours encore de repos. Me voilà des loisirs, je les occupe en faisant de la cuisine (aujourd'hui j'ai fait cuire une andouille reçue par Silvain et des haricots), je lis, et surtout, étendu sur mon lit je pense. Quand sera-ce la délivrance, nous voilà presque une semaine sans courrier, et rien n'est encore commencé, qu'est-ce que ça va être. Quelle chance que nous soyons tous deux dans des endroits relativement peu exposés. Soyons patients ma chérie. Je compte toujours sur notre grand bonheur pour cette année. Je t'aime. Toutes mes pensées vont vers toi. J'espère que Lizy est toujours calme, que notre Claudette est sage, et je vous embrasse bien fort de tout mon coeur. Jean |
Jean Doyen - Firma Bartels Langenberg - Kreis Wiedenbrück Westfalen - Deutschland 21 29/3/44 7 |
Madame Jean Doyen 9 Place Harouard Lizy-sur-Ourcq - Seine et Marne Zone occupée - Frankreich |
Tampon du 30/3/44 17-18 | |
Ma petite Giselle chérie . Toujours pas de nouvelles, cela devient triste mon amour. Je vous espère en bonne santé. Moi mon genou est toujours pareil, il faut encore du repos et cela m'est profitable à tout point de vue. Il a fait beau aujourd'hui, un splendide soleil. J'espère que vous en aurez profité. Moi j'ai regardé les champs à travers la fenêtre, et j'ai lu. J'espère que tu as reçu ma lettre recommandée du 19/3. J'ai vu sur un journal que nous avions droit à 2 feuilles et j'en ai profité. Dis-moi si elle a fait vite. Pendant ces jours de loisirs, je pense souvent ma chérie à notre vie future. J'espère toujours que ce sera pour bientôt, les évènements vont bien se réveiller tout de même, cinq années d'une telle souffrance pour les peuples c'est tout de même beaucoup, et sans doute le plus dur n'est pas passé. Enfin, espérons que nous serons épargnés, que dans quelques mois je pourrais t'embrasser, prendre sur mes genoux ma petite Claudette, avoir quelques vacances avec vous deux mes chéries et après nous verrons bien. Je t'aime ma petite Giselle et suis sans cesse près de toi par la pensée. Je t'aime et t'embrasse bien tendrement de tout mon coeur ainsi que Claudette. Jean |
Jean Doyen - Firma Bartels Langenberg - 21 - Kreis Wiedenbrück Westfalen - Deutschland 30/3/44 8 |
Madame Jean Doyen 9 Place Harouard Lizy-sur-Ourcq - Seine et Marne Zone occupée - Frankreich |
Tampon du 31/3/44 17-18 | |
Ma petite Giselle chérie . Toujours pas de nouvelles aujourd'hui, cela fait 9 jours je crois, mais j'ai reçu ton colis du 17/3 n° 13, en parfait état et au complet, seul le papier autour était un peu carbonisé, j'imagine que le courrier a subi un sort encore plus grave. Aussi je ne m'inquiète pas. J'espère seulement que tu reçois bien mes cartes au moins : Mon genou est toujours pareil, il faut du repos. Il ne me fait pas souffrir, c'est déjà quelque chose. Le beau temps a l'air revenu pour de bon et je me suis allongé cette après-midi sur le banc auprès de la baraque, au soleil, et j'ai pensé, tu sais à quoi ma chérie, je n'ai que ce seul espoir, te revoir, être heureux, avec toi et notre Claudette. Ce matin j'ai raccommodé une chemise dont le col s'effilochait (je l'ai supprimé !!!) Ce soir nous allons manger une omelette aux pommes de terre. Ne m'envoies plus d'aspirine, je n'en prends jamais, ça ne me fait rien et d'ailleurs je n'ai jamais mal à la tête. Merci beaucoup à ma petite Claudette pour son petit colis. Le bonbon était délicieux et ça doit être un gros sacrifice !!! Ma petite femme chérie, je t'aime et suis heureux de toutes vos attentions et n'aspire qu'au moment où je pourrai vous en récompenser autrement que par ces cartes. Mille doux et ardents baisers Jean |
Jean Doyen - Firma Bartels Langenberg - Kreis Wiedenbrück Westfalen - Deutschland 21 31/3/44 9 |
Madame Jean Doyen 9 Place Harouard Lizy sur Ourcq (Seine et Marne) Zone occupée - Frankreich |
Tampon du 1/4/44 17-18 | |
Ma petite Giselle chérie - Toujours pas de nouvelles, mais j'ai reçu avant hier ton colis n° 13 du 17/3. J'espère que tu reçois bien mes cartes. Ici ça ne va toujours pas, cela fait 10 jours que le courrier n'arrive pas. Mais comme c'est général, je ne m'inquiète pas outre mesure. Je vous espère toujours en bonne santé. Moi mon genoux va plutôt un peu mieux, mais j'espère avoir quand même encore quelques jours de repos la semaine prochaine. Je passe mon temps à lire et à penser. La paye ne va pas être grosse ce mois-ci, tant pis ! Tu touches toujours ma solde n'est-ce pas ma chérie, a-t-elle changé ? Combien touches-tu exactement ? Je te le demande parce qu'ici on n'est jamais d'accord. Cette fois je le noterai. Notre Claudette est-elle toujours sage ? Elle n'a pas reparlé d'école ? Bientôt vous pourrez reprendre les promenades. Ici le beau soleil persiste, mais il fait frais. Si je pouvais avoir demain de tes nouvelles, ma petite femme chérie, voilà ce que c'est que d'être trop gâté : je m'ennuie. Je t'aime et t'embrasse tendrement. Jean |
Jean Doyen - Firma Bartels Langenberg - Kreis Wiedenbrück Westfalen - Deutschland - 21 11 - 4/4/44 |
Madame Jean Doyen 9 Place Harouard Lizy sur Ourcq (Seine et Marne) Zone occupée - Frankreich |
Tampon du 5/4/44 17-18 | |
Ma petite Giselle chérie . Pas encore de tes nouvelles aujourd'hui mais j'ai bon espoir pour demain, le paquet arrivé ce matin étant plus gros. Je t'ai écrit avant-hier une longue lettre, j'espère que tu l'as bien reçue. Je vous espère en bonne santé. Moi je suis toujours mon traitement électrique pour mon genou, ça ne passe pas vite mais ça m'est égal, au contraire. Il fait de l'orage ce soir et il fait très chaud, on est mal à l'aise. Aujourd'hui j'ai fait cuire une andouille, des haricots et j'ai fait un gâteau de riz, tu vois que nous ne nous privons pas. Ton paté de lapin du 17/3 est délicieux, mais j'ai été pris avec, dimanche soir, j'allais le faire réchauffer !!! Je n'avais pas vu marqué "paté" !!! Ma petite femme chérie j'attends avec grande impatience une lettre. Je t'aime et passe des heures à penser à vous deux, a essayer d'imaginer ce que vous faites, a me glisser près de vous par la pensée. Je t'embrasse bien tendrement Jean |
Jean Doyen - Firma Bartels Langenberg - Kreis Wiedenbrück Westfalen - Deutschland - 21 7/4/44 - 13 |
Madame Jean Doyen 9 Place Harouard Lizy sur Ourcq (Seine et Marne) Zone occupée - Frankreich |
Tampon du 8/4/44 17-18 | |
Ma petite Giselle chérie. Toujours pas de nouvelles, dans quelques jours cela fera un mois que je ne sais rien de toi. C'est bien triste je suis même à me demander si cela reprendra un jour. Bien sûr nous nous y attendions, mais c'est dur. Je vous espère en bonne santé. Moi mon genou va mieux. je suis allé voir hier le docteur pour les assurances, à Gutersloh, petite ville à 20km d'ici. Il m'a accordé jusqu'au 13 de ne pas travailler, après on verra. J'ai reçu hier un colis de Vincennes, ça a l'air de reprendre tous les mois ! Si seulement tu reçois mes cartes, toi au moins ; hier soir je suis rentré tard et n'ai pu t'écrire. C'est dommage, car la poste ne prend plus rien jusqu'à mardi. J'espère que tu ne t'inquiète pas trop ma petite femme chérie. Ce ne sera plus trop long va j'en suis persuadé, mais nous avons encore de dures épreuves à traverser sans doute. Soyons courageux, je t'aime. Mon amour sera plus fort que tout, encore quelques tristes mois et ce sera fini. Je t'embrasse bien tendrement de tout mon coeur ainsi que ma petite Claudette Jean |
Jean Doyen - Firma Bartels Langenberg - Kreis Wiedenbrück Westfalen 21 Deutschland 16 - 12/4/44 |
Madame Jean Doyen 9 Place Harouard Lizy sur Ourcq (Seine et Marne) Zone occupée - Frankreich BG |
Tampon du 13/4/44 17-18 | |
Ma petite Giselle chérie. Toujours pas de nouvelles, c'est bien triste enfin je vous espère en bonne santé et ne m'inquiète pas, la chose étant générale. J'espère que toi tu reçois bien mes cartes et mes lettres. Le beau temps est revenu. Nous entendons souvent passer des avions ces temps-ci, même de jour, si cela pouvait finir bientôt. Moi mon genou va mieux, j'irai voir le docteur après-demain. J'espère qu'il me laissera finir la semaine au repos. Je passe mon temps à relire tes lettres de février. Comme il y en a de longues, c'est merveilleux ! et je suis si heureux d'y lire tout ton amour, ma chérie. Tu en as de la chance de pouvoir conserver les miennes, il est vrai que c'est bien trop long à relire d'un seul coup. Et je pense ... je pense que quand nous serons réunis, je voudrais bien connaître le lieu ou ma petite Claudette est née, nous pourrons y aller n'est-ce pas Giselle chérie ? J'espère toujours que cette année nous réunira, cela ne peut durer ainsi si longtemps. Claudette est-elle toujours gentille, obéissante ? Je l'espère. Je t'aime ma petite femme chérie et t'embrasse bien tendrement ainsi que notre Claudette Jean |
Jean Doyen - Firma Bartels - Langenberg
Kreis Wiedenbrück Westfalen 21
17 13/4/44
Ma petite Giselle chérie
Je n'ai toujours pas d'autre nouvelles depuis un mois que ta carte du 23/3. Mais le courrier arrive tellement au ralenti que je ne veux pas m'inquiéter. J'espère qu'il n'en est pas de même pour toi, que tu reçois bien mes cartes et mes lettres. Les colis arrivent bien, je les ai tous jusqu'au numéro 14 du 24/3. Mais tout cela ne me donne pas grande idée pour t'écrire, sans longue lettre comme cela, il ne me passe en tête que des choses tristes, elles doivent te venir aussi facilement qu'à moi, certains jours. Pourtant je ne devrais pas, n'est pas un bon indice de plus que peut-être nous serons réunis bientôt ? Je le crois, cette situation ne peut s'éterniser. J'ai reçu une lettre de Charles, elle n'est pas bien encourageante non plus, il ne me parle que de la mauvaise nourriture et des bombardements, il a vraiment mauvais moral et est bien mal placé, heureusement ici les avions ne font que passer, sans rien laisser tomber ! J'espère qu'il en sera toujours de même, c'est si petit ici, si en pleine campagne.
Je suis toujours au repos en ce moment à cause de mon genou, mais je vais revoir le docteur demain j'espère qu'il me laissera finir la semaine au camp. En repos c'est une façon de parler, car mes petits camarades en profitent pour me charger de toutes sortes de corvées que je ne peux pas refuser, entretenir le feu, faire bouillir leur linge, surveiller les haricots qui cuisent, les faire réchauffer pour six heures, etc ... enfin tu vois ça d'ici !!!! Et puis je dévore des bouquins, mais je n'en prends jamais assez à la bibliothèque, aussi tu ne sais pas à quoi j'en suis réduit en ce moment ! : aux romans policiers, quel horreur ! Et je n'ai pas beaucoup de courage pour travailler en ce moment, c'est bizarre, est-ce le printemps ? Ou une intuition du futur, je n'ai pas mis le nez dans un livre technique depuis 10 minutes que voilà un visage taquin qui vient s'interposer entre le livre et moi, c'est le tien qui vient me forcer à penser à toi, à rêver ..... Et zut, je ferme le livre, je vais rechercher une longue lettre que tu m'as écrite et je la relis avec ivresse et je me dis : est-ce possible que mes plus doux rêves soient ainsi exaucés, que j'ai trouvé un si bel amour si semblable au mien. Non notre malheur actuel ne comptera plus quand je vais pouvoir à nouveau t'embrasser, te serrer dans mes bras, si fort, ma petite femme chérie? Et j'espère que ce sera bientôt maintenant.
Le beau temps a l'air installé à demeure et moi aussi j'ai trouvé de belles violettes que j'ai couvertes de baiser pour toi mon amour.
Et maintenant parle moi un peu de notre Claudette ma chérie, j'ai regardé longuement ses cheveux que tu m'as envoyés, ils sont exactement de la couleur des miens, mais je pense qu'ils n'y resteront pas, comme elle a de grosses joues notre fille, quelle santé se dégage d'elle, je suis très heureux d'avoir une si belle petite fille, mais, ses yeux, sur la photo en couleur, je ne vois pas très bien : ils paraissent noirs, tu ne m'as jamais répondu à ce sujet, ou alors, je n'ai pas reçu la lettre ? Et bientôt je vais devoir lui envoyer une carte, pour ses 4 ans ... voilà, madame, c'est notre fille qui permet de mesurer le temps de notre séparation ... c'est bien triste. Tu sais je ne suis pas habile pour faire des compliments, tu les liras plus souvent dans mes yeux, il ne faut pas m'en vouloir, mais je suis content de voir sur toutes ces photos comme notre Claudette est toujours bien habillée et sachant combien cela doit t'être difficile en ce moment, il faut bien que je te le dise ! Est-elle toujours sage, gentille ? Parle-t-elle de l'école ? J'espère que non, ce n'est pas le moment, avec un si beau temps, quelles belles promenades vous allez pouvoir faire ! Et le jardin, voilà qu'il va demander bien du travail maintenant. Dis à papa de la soigner, que j'espère cet automne ou cet hiver gouter à tout ce qu'il aura produit cette fois !!!! Ma chérie je te laisse jusqu'à demain, peut être aurai-je une longue lettre ? Mais je n'ose même pas l'espérer de peur d'être déçu je t'aime ma Giselle, tu es ma petite femme chérie pour toujours ....
Jean Doyen - Firma Bartels Langenberg - Kreis Wiedenbrück Westfalen 21 Deutschland 18 14/4/44 |
Madame Jean Doyen 9 Place Harouard Lizy sur Ourcq (S et M.) B.G. Zone occupée - Frankreich |
Tampon du 15/4/44 17-18 | |
Ma petite Giselle chérie. Toujours pas d'autres nouvelles que ta lettre du 23/3 depuis 1 mois, cela devient désolant, mais tous mes camarades sont dans le même cas. Je vous espère quand même en bonne santé et que tu reçois bien mes cartes. Moi mon genou va beaucoup mieux, malgré tout le docteur ce matin m'a accordé encore quelques jours de repos, tout est pour le mieux, mes camarades trouvent que je grossis un peu. Enfin tu vois, ne t'inquiète pas pour moi. Toujours pas d'évenements importants, malgré tout l'avis général ici est que la guerre ne sera plus longue, espérons-le. Il y aura bientôt 4 ans que nous nous sommes vus pour la dernière fois. Heureusement que nous nous aimons ainsi. Je ne vais plus savoir le chemin de la maison ! Mais j'espère que je pourrai te prévenir et que tu seras là pour me guider ! Je t'aime ma petite femme chérie, je pense sans cesse à ce moment béni qui marquera le début de notre bonheur. Je t'aime. Notre Claudette est gentille ? Je t'embrasse bien tendrement de tout mon coeur ainsi que ma petite Claudette Jean |
Jean Doyen - Firma Bartels - Langenberg
Kreis Wiedenbrück Westfalen 21