Introduction - dédicace

Après les nouvelles parues dans le volume "Errances" (BOD éditions) et la galerie de portraits objet des deux volumes "Exquises Esquisses" (idem), puis la traduction en anglais par Peggy C. intitulée "Jack Shiteye" (Smashwords éditions),de ma nouvelle Jacques Merdeuil ;


vous pourrez trouver ici une nouvelle inédite, suivie de trois autres textes publiés sur mon blog.


Je vous en souhaite une agréable lecture.














A mon père,

à mes fils


Nathalie et Jean-Jacques

À la suite de ce qu’on a coutume d’appeler pudiquement un « accident de la vie », Jean-Jacques a atterri dans un village proche de Colmar.

Eguisheim, un charmant petit village fortifié remontant au VIII° siècle, dont le Pape Léon IX (1002-1054) était originaire, et dont les ruelles pavées épousent la forme circulaire de l'enceinte fortifiée, à l’exception des pénétrantes nord-sud et est-ouest. Le géranium traditionnel en Alsace y fleurit fenêtres et balcons, tandis que les vignobles encerclent la ville jusqu’aux proches contreforts des Vosges.

Le climat y est clément, et il avait pu observer depuis le balcon d’un de ses copains colmariens que la pluie tombait souvent du côté est de l’Ill (donc vers l'Allemagne), au-dessus d’Horbourg-Wihr et la campagne environnante, laissant ce côté-ci indemne.

 

La vie qu’il avait trouvée-là était paisible, surtout après les rythmes trépidants de la région parisienne, qu’il avait fini par adopter trop longtemps à son goût et bien malgré lui. Les gens étaient affables, son boulot stable, sa situation en un mot à peu près rétablie ; mais il sentait qu’il lui manquait une dimension pour que sa vie soit pleine et équilibrée : une compagnie, que le lapin phobique et mutique ne pouvait combler.

 

Les relations professionnelles, il préférait éviter. Bien que certains aimassent taper dans le sérail, il était quant à lui plutôt partisan de la formule qu’il avait autrefois entendue et aussitôt élue car la trouvant en adéquation avec ses idées : no zob in job.

Quelque peu vacciné par les expériences qu’il avait vécues, il ne souhaitait en aucun cas mélanger les genres, tout comme il évitait d’ailleurs les sorties entre collègues sous prétexte de convivialité à beugler au bistro après un match de foot, attablé devant des cadavres de bières. Le monde du travail n’était pas pour lui un champ où l’amitié se cultivait, les trahisons y étant fréquentes, d’aucuns cédant par trop facilement à des perspectives d’avancement ou de simple préséance. Pour ne pas parler d’intentions viciées dès le départ.