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89.200 words.

L'histoire des Réformateurs

by Eric Leroy

ERIC LEROY

Maître de Conférence

Licencié en sciences Religieuse

Professeur en histoire des religions

Professeur a l’Enseignement Général.

Professionnel Secondaire Complémentaire

89.200 words.

M E N T I O N S L É G A L E S

Titre de l‘ouvrage: La Réforme Protestante

de ERIC LEROY

Collection Art et Lettre Humaine

© Année de publication décembre 2014,

Eric leroy Tous droits réservés.

Auteur : ERIC LEROY

Contact : e.trautzsch@gmail.com

ERIC LEROY, décembre 2014

Marque éditoriale :Leroy Agency Press

ISBN : 1230000289781

Langue :Français

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Sources:

Organisation mondiale de la Santé: OMS

Centre d'actualités de l'ONU

Revue de la Médecine Générale - SSMG

Ministère des Affaires sociales et de la Santé (France)

Institut de Médecine Tropicale Anvers

Santé et bien être avec Doctissimo

Institut Pasteur

Watch Tower Bible and Tract Society of Pennsylvania.

Médecins Sans Frontières

Revue de la Médecine Générale - SSMG

Wikipédia, l'encyclopédie libre

Contents

Contents

Qu’est-ce que la Réforme protestante ?

Pour comprendre l’histoire de l’Eglise protestante et de la Réforme, il est d’abord important de comprendre que l’une des positions que revendique l’Eglise Catholique est la succession apostolique. Cela signifie simplement qu’ils affirment être la seule autorité sur toutes les autres églises et dénominations parce qu’ils soutiennent que toute la lignée de papes catholiques romaines remonte à des siècles en arrière, jusqu’à l’apôtre Pierre. De leur point de vue, cela donne à l’Eglise Catholique une autorité unique qui la met au-dessus de toutes les autres dénominations ou église. Selon l’Encyclopédie catholique, cette succession apostolique ne se trouve que “dans l’Eglise Catholique” et aucune “autre église ne peut valablement la revendiquer.”

C’est à cause de cette succession apostolique que l’Eglise Catholique romaine affirme avoir l’unique autorité pour interpréter les Ecritures et établir la doctrine, et soutient également avoir un chef suprême, le Pape, qui est infaillible (sans erreur) lorsqu’il parle “ex cathedra” — c'est-à-dire dans l’exercice de son ministère de pasteur et d’enseignant de tous les chrétiens. Ainsi, du point de vue des catholiques romaines, l’enseignement ou les traditions de l’Eglise Catholique romaine, étant donné qu’ils viennent du Pape, sont dotés d’une infaillibilité et d’une autorité égales à celles des Ecritures elles-mêmes. C’est l’une des différences majeures entre les Catholiques romaines et les Protestants, et l’une des raisons fondamentales de la Réforme protestante.

Bien évidemment, les Catholiques romains ne sont pas les seuls à essayer de revendiquer l’autorité unique à travers la succession apostolique, ou à faire remonter l’origine de leur église jusqu’aux premiers apôtres. Par exemple, l’Eglise Orthodoxe orientale revendique également la succession apostolique, bien que leur affirmation soit très similaire à celle des Catholiques romains. La scission entre l’Orthodoxie orientale et le Catholicisme romain ne s’est produite que pendant le “Grand Schisme” en 1054 de notre ère. Il y a aussi certaines dénominations ou groupes protestants qui essaient d’établir, à travers les siècles, le “Lien de sang” les rattachant à l’église du premier siècle et aux apôtres. Bien que ces Protestants ne s’appuient pas sur la succession apostolique pour justifier l’autorité d’un “Pape” comme chef infaillible, ils se basent néanmoins sur ce lien avec l’église primitive, à un degré moindre, pour établir l’autorité de leurs doctrines et pratiques.

Le problème avec ces tentatives de remontée de la ligne de succession jusqu’aux apôtres, que ce soit par les Catholiques romains, les Orthodoxes orientaux ou les Protestants, c’est qu’ils essaient d’authentifier ou de justifier l’autorité de leurs croyances et enseignements qui sont de mauvaise source, celle d’un lien réel ou apparent avec les apôtres, au lieu de les justifier sur la base de la parole de Dieu.

Il est important pour les chrétiens de réaliser qu’une église ou une dénomination n’a pas besoin d’une succession apostolique directe pour avoir de l’autorité. Dieu a donné et conservé l’autorité suprême, pour tous les aspects de la foi et de la pratique, dans Sa Sainte Parole, la Bible. Par conséquent, l’autorité d’une église ou d’une dénomination ne provient pas, aujourd’hui, d’un quelconque lien avec l’église du premier siècle et les apôtres. Elle provient au contraire uniquement et directement de la Parole écrite de Dieu.

Les enseignements d’une église ou dénomination n’ont d’autorité et ne s’imposent au chrétien, que s’ils représentent le vrai sens et l’enseignement limpide des Ecritures. Cela constitue un point important permettant de comprendre le lien entre le Protestantisme et l’Eglise Catholique romaine, et les raisons qui ont donné naissance à la Réforme protestante.

Pierre a-t-il été le premier pape ?

Pierre a-t-il été le premier pape ?

Pour prouver que l’Église est fondée sur Pierre, les catholiques citent depuis longtemps les paroles de Jésus rapportées en Matthieu 16:18 : “ Tu es Pierre, et sur ce roc je bâtirai ma congrégation. ” Cette citation figure d’ailleurs en latin sous le dôme de la basilique Saint-Pierre de Rome.

Augustin, illustre Père de l’Église, pensait de même que la congrégation reposait sur Pierre. Vers la fin de sa vie, toutefois, il est revenu sur le sens des paroles de Jésus. Dans ses Révisions, il a écrit que l’Église, autrement dit la congrégation chrétienne, n’était pas bâtie sur Pierre, mais sur Jésus*.

Il est vrai que Pierre est un personnage de premier plan dans les Évangiles. Lors de plusieurs événements marquants, Jésus a demandé à trois de ses apôtres d’être présents à ses côtés : Jean, Jacques et Pierre (Marc 5:37, 38 ; 9:2 ; 14:33). C’est à Pierre que Jésus a confié “ les clés du Royaume des cieux ”, qui ont permis à l’apôtre de donner accès au Royaume tout d’abord aux Juifs et aux prosélytes, puis aux Samaritains, et finalement aux Gentils (Matthieu 16:19 ; Actes 2:5, 41 ; 8:14-17 ; 10:45). Parce qu’il était d’un naturel ouvert, Pierre a parfois pris la parole au nom de l’ensemble des apôtres (Actes 1:15 ; 2:14). Mais cela suffit-il pour affirmer qu’il était le chef de la congrégation primitive ?

Paul a certes écrit que Pierre s’était vu confier “ un apostolat pour les circoncis ”. (Galates 2:8.) Cependant, comme l’indique le contexte, Paul ne voulait pas dire par là que Pierre dirigeait la congrégation. Il rappelait simplement que Pierre avait été chargé de prêcher aux Juifs.

Pierre a bel et bien reçu de grandes responsabilités dans la congrégation, mais nulle part dans la Bible il n’a prétendu en être le chef ni n’a pris de décisions pour l’ensemble des disciples, ce qui aurait pu laisser supposer qu’il l’était. Dans une de ses lettres, il s’est présenté comme un “ apôtre ” et un “ ancien ”, rien de plus. — 1 Pierre 1:1 ; 5:1.

Que nous apprend l’Histoire sur l’origine de la papauté ?

Quand et comment la notion de papauté est-elle apparue ? Déjà du vivant des apôtres, l’idée qu’un homme puisse s’arroger des droits sur la communauté des croyants avait fait surface. Mais qu’en pensaient les apôtres ?

Pierre lui-même a exhorté les hommes qui dirigeaient les congrégations à ne pas “ commande[r] en maîtres ceux qui sont l’héritage de Dieu ” et à se ceindre d’humilité les uns envers les autres (1 Pierre 5:1-5). Paul, lui, a annoncé que du milieu de la congrégation se lèveraient des hommes disant “ des choses perverses pour entraîner les disciples à leur suite ”. (Actes 20:30.) Vers la fin du Ier siècle, Jean a repris sévèrement un disciple nommé Diotréphès. Que lui reprochait-il ? Entre autres qu’il aimait “ occuper la première place ” dans la congrégation (3 Jean 9). Ces avertissements des apôtres ont permis de contenir pendant un temps les ambitions d’individus qui rêvaient de prééminence. — 2 Thessaloniciens 2:3-8.

Peu après la mort du dernier apôtre, des hommes ont commencé à prendre de l’ascendant sur la congrégation. C’est ce que relate un ouvrage d’Histoire (The Cambridge History of Christianity) : “ Avant le milieu du IIe siècle, il n’a probablement pas existé un seul évêque de Rome qui ait exercé un pouvoir de type ‘ monarchique ’. ” Au IIIe siècle, l’évêque de Rome s’est approprié l’autorité suprême sur l’Église, du moins sur une partie de son territoire*. Pour asseoir cette autorité, certains ont compilé la liste des successeurs de Pierre.

En réalité, cette liste ne prouve pas grand-chose. D’abord, l’existence de certains des personnages qui y figurent est invérifiable. Mais le hic, c’est que le point de départ de la liste est erroné. En effet, à supposer que Pierre ait prêché à Rome, si l’on en croit des ouvrages profanes des Ier et IIe siècles, rien ne permet d’affirmer qu’il était le chef de la congrégation de cette ville.

Dans sa lettre aux chrétiens de Rome, Paul cite nommément nombre d’entre eux. Or, il ne fait nulle mention de Pierre (Romains 16:1-23). Si Pierre avait été à la tête de la congrégation, on peut difficilement concevoir que Paul ait oublié ou omis de le citer.

Autre fait notable : à l’époque où Pierre écrit sa première lettre inspirée, Paul écrit sa seconde à Timothée, où il mentionne ouvertement la ville de Rome sans faire allusion à Pierre. En tout, Paul rédigera six lettres dans cette ville. Dans aucune il n’est question de Pierre.

Une trentaine d’années après que Paul a écrit ses lettres, Jean a rédigé trois lettres ainsi que le livre de la Révélation. À aucun moment il n’a laissé entendre que la congrégation de Rome occupait une position supérieure. Il n’a pas non plus évoqué un quelconque chef de l’église qui aurait détenu la charge suprême de successeur de Pierre. Ni la Bible ni les faits historiques ne permettent d’affirmer que Pierre se soit autoproclamé premier évêque de la congrégation de Rome.

Pour comprendre l’histoire du christianisme et l’idée de la succession apostolique, ainsi que les affirmations selon lesquelles l’Eglise Catholique romaine est la seule vraie église ayant l’unique autorité, il est important de faire la lumière sur un certain nombre de points importants. Tout d’abord, nous devons réaliser que même aux temps des apôtres et de l’église du premier siècle, les faux enseignants et les faux enseignements constituaient un grand problème. Nous savons cela par les avertissements contre les hérésies et les faux enseignants dans l’ensemble des derniers écrits du Nouveau Testament. Jésus lui-même a averti que ces faux enseignants seraient comme des “loups en vêtements de brebis” (Matthieu 7:15), et que l’ivraie et le blé” croîtraient ensemble jusqu’au jour du jugement où Il séparera ceux qui sont sauvés de ceux qui sont perdus, les croyants réellement “nés de nouveau” de ceux qui ne L’on pas véritablement reçu (Matthieu 13:24-30). Cela est important pour la compréhension de l’histoire de l’église, car dès le début, les faux enseignants et les faux enseignements avaient déjà commencé à envahir l’église et à égarer les gens. Malgré cela, il y a aussi toujours eu des croyants réellement “nés de nouveau”, qui se sont accrochés à la doctrine biblique du salut par la grâce, au moyen de la foi en Christ seul, à travers tous les âges, même pendant la période la plus sombre des âges sombres.

La deuxième chose que nous devons reconnaître afin de bien comprendre l’histoire de l’église, c’est que le terme catholique signifie simplement “universel.” Cela est important car dans les écrits des chrétiens des premiers et deuxième siècles, lorsque le terme “catholique” était utilisé, il référait à l’“église universelle” ou au “corps de Christ” constitué de croyants “nés de nouveau” de toute tribu, langue et nation (Apocalypse 5:9 ; 7:9). Cependant, comme c’est le cas généralement, le mot “catholique” a commencé, avec le temps, à prendre un autre sens, ou à être utilisé dans un autre sens.

Avec le temps, le concept d’église “universelle” ou “catholique” a commencé à évoluer pour aboutir au concept selon lequel toutes les églises étaient considérées comme formant ensemble une seule église, pas seulement spirituellement, mais aussi visiblement, partout dans le monde entier. Cette compréhension erronée de la nature de l’église visible (qui a toujours abrité à la fois “le blé et l’ivraie”) et de l’église invisible, (le corps de Christ constitué uniquement des croyants nés de nouveau) aurait donné naissance au concept d’une Sainte Eglise Catholique visible, en dehors de laquelle il n’y a pas de salut. C’est de cette mauvaise compréhension de la nature de l’église universelle que l’Eglise Catholique romaine tire son évolution.

Avant la conversion de Constantin au christianisme en 315 de notre ère, les chrétiens étaient persécutés par le gouvernement romain. Avec sa conversion, le christianisme est devenu une religion autorisée dans l’Empire romain (et est devenu plus tard la religion officielle), et l’église ainsi “visible” s’est liée au pouvoir du gouvernement romain. Ce mariage entre l’église et l’Etat a abouti à la formation de l’Eglise Catholique romaine, et a amené cette église, avec le temps, à raffiner sa doctrine et à développer sa structure de manière à mieux servir la cause du gouvernement romain. Durant cette période, s’opposer à l’Eglise Catholique romaine était la même chose que s’opposer au gouvernement romain, et exposait à des peines graves. Ainsi, le fait ne pas accepter une doctrine de l’Eglise Catholique romaine était un délit grave qui donnait souvent lieu à l’excommunication, et quelques fois à la peine de mort.

Cependant, à cette période de l’histoire, il y avait de véritables chrétiens “nés de nouveau”, qui s’élevaient et s’opposaient à la sécularisation de l’Eglise Catholique romaine et à la perversion de la foi qui s’en est suivie. Avec le temps, l’Eglise Catholique romaine a réussi à réduire au silence ceux qui s’opposaient à ses doctrines et pratiques, grâce à sa liaison avec l’Etat, pour devenir en fin de compte presque une église universelle à travers l’Empire romain.

Il y avait toujours des “ poches” de résistance à certaines pratiques et enseignements non bibliques de l’Eglise Catholique romaine, mais celles-ci étaient relativement insignifiantes et isolées. Avant la Réforme protestante au seizième siècle, des hommes comme John Wycliffe en Angleterre, John Huss en Tchécoslovaquie, et Jean de Wessel en Allemagne, ont tous donné leurs vies en s’opposant à certains enseignements non bibliques de l’Eglise Catholique romaine.

L’opposition à l’Eglise Catholique romaine et à ses faux enseignements a atteint son point critique au seizième siècle, lorsqu’un moine catholique romain nommé Martin Luther a affiché ses 95 propositions (ou thèses) contre les enseignements de l’Eglise Catholique romaine sur la porte de la Chapelle du Château de Wittenberg en Allemagne. L’intention de Luther était d’apporter la réforme au sein de l’Eglise Catholique romaine et, ce faisant, il défiait l’autorité du Pape.

Le refus de l’Eglise Catholique romaine de prêter oreille à l’appel à la réforme de Luther et de retourner aux doctrines et pratiques bibliques a donné naissance à la Réforme protestante, de laquelle émergeront quatre divisions ou traditions du Protestantisme : les Luthériens, les Reformés, les Anabaptistes, et les Anglicans. Au cours de cette période, Dieu a suscité des hommes pieux dans divers pays afin de restaurer à nouveau les églises à travers le monde en les ramenant à leurs racines bibliques et aux doctrines et pratiques bibliques.

Réforme et Contre-Réforme sont les deux termes utilisés pendant longtemps dans le monde occidental pour désigner deux événements historiques du 16e siècle. Après la guerre 40-45, les historiens ont changé de vocable. On a alors parlé de Réforme protestante pour désigner la Réforme et de Réforme catholique pour désigner la Contre-Réforme.

La Réforme, malgré ses différentes composantes, présente cependant un accord pour les questions fondamentales. On retrouve en effet chez Luther, Calvin et Zwingli la centralité du Christ, le salut par la grâce seule, l’Église en tant que communauté des croyants, l’importance de la Bible comme seule source de la Révélation, actualisée par la prédication inspirée par le Saint-Esprit. On distingue ainsi chez les réformateurs la primauté de l’Écriture sur l’Église.

Les apôtres meurent, l’apostasie se répand

Les apôtres meurent, l’apostasie se répand

Quand les faux chrétiens ont-ils commencé à renier Christ ? Très peu de temps après sa mort. Lui-même avait annoncé que Satan le Diable ne tarderait pas à semer de la “ mauvaise herbe ” (les faux chrétiens) au milieu de la “ belle semence ” (les vrais chrétiens) que Jésus avait semée au cours de son ministère (Matthieu 13:24, 25, 37-39). L’apôtre Paul a signalé que des enseignants trompeurs étaient déjà à l’œuvre à son époque. La raison fondamentale pour laquelle ils s’étaient écartés des enseignements de Jésus Christ, c’était, dit Paul, qu’ils n’avaient pas réellement “ l’amour de la vérité ”. — 2 Thessaloniciens 2:10.

Les apôtres de Jésus Christ ont fait obstacle à cette apostasie tant qu’ils ont été en vie. Après leur mort, par contre, des chefs religieux ont détourné un nombre croissant de personnes des vérités enseignées par Jésus et ses apôtres. Ils en ont égaré beaucoup en employant “ toutes les œuvres de puissance et des signes et présages mensongers [et] [...] toutes les tromperies de l’injustice ”. (2 Thessaloniciens 2:3, 6-12.) Avec le temps, la congrégation chrétienne originelle s’est muée en une organisation religieuse qui, pour citer le philosophe anglais Bertrand Russell, “ ne manquerait pas d’étonner le Christ et même saint Paul ”.

Paul avait prédit qu’après la mort des apôtres le christianisme serait corrompu par de faux enseignements. (Lire 2 Thessaloniciens 2:3, 7.) Au nombre de ceux qui ne supporteraient pas “ l’enseignement salutaire ” figureraient des hommes à qui l’on avait confié des responsabilités (2 Tim. 4:3). Paul avait averti des anciens de son temps : “ Du milieu même de vous, des hommes se lèveront et diront des choses perverses pour entraîner les disciples à leur suite. ” (Actes 20:30). Pourquoi certains ont-ils fini par adopter des raisonnements tortueux ? Une encyclopédie fournit cette explication : “ Des chrétiens qui avaient une certaine connaissance de la philosophie grecque commencèrent à éprouver le besoin d’exprimer leur foi selon les termes de cette philosophie, tant pour leur satisfaction intellectuelle que pour convertir des païens instruits. ” (The New Encyclopædia Britannica). Une vérité fondamentale fut ainsi dénaturée. Elle concernait Jésus Christ. La Bible l’appelle le Fils de Dieu ; les tenants de la philosophie grecque ont soutenu qu’il était Dieu lui-même.

Cette question à propos de Jésus a été longuement débattue lors de divers conciles. Elle aurait pu être tranchée assez rapidement si les participants avaient accordé aux Écritures le crédit qu’elles méritaient, mais c’était le cas de peu d’entre eux. À vrai dire, la plupart avaient une opinion toute faite avant d’arriver, et ils repartaient plus attachés que jamais à leurs conceptions. Dans les actes et décrets résultant de ces assemblées, les Écritures sont rarement citées.

Pourquoi ne s’est-on pas davantage référé aux Écritures ? L’historien Charles Freeman explique que, pour les partisans de la divinité de Jésus, il était “ difficile de démontrer l’invalidité des nombreuses déclarations de Jésus selon lesquelles il était subordonné à Dieu le Père ”. De ce fait, la tradition de l’Église et l’opinion de ceux qui ont plus tard fait autorité se sont substituées aux Évangiles. Aujourd’hui encore, quantité d’ecclésiastiques placent les déclarations non inspirées des Pères de l’Église au-dessus de la Parole de Dieu. S’il vous est arrivé de discuter de la Trinité avec un séminariste, nul doute que cela ne vous a pas échappé.

Autre chose mérite d’être souligné en ce qui concerne ces conciles : l’ingérence des empereurs romains. À propos des évêques conviés au concile de Nicée, le professeur Richard Rubenstein a écrit : “ Constantin les avait couverts de richesses et de faveurs au-delà de leurs espérances les plus folles. En moins d’un an, le nouvel empereur avait restitué ou reconstruit pratiquement toutes les églises, ils avaient retrouvé fonctions et honneurs [...]. Il avait également accordé au clergé chrétien des privilèges jadis réservés aux prêtres païens. ” Par voie de conséquence, “ Constantin était bien placé pour influencer fortement — voire pour dicter — le cours des événements qui allaient se dérouler à Nicée* ”. Commentaire de Charles Freeman : “ Un précédent avait été créé : l’empereur pourrait désormais non seulement affermir l’Église, mais en influencer la doctrine. ” — Lire Jacques 4:4.

Tandis que les dignitaires de l’Église s’échinaient à définir qui était Jésus Christ, cette question ne posait aucune difficulté pour la plupart des gens du peuple. Comme ils n’ambitionnaient pas de remplir leur bourse avec l’or de l’empereur ni de gravir les échelons de la hiérarchie ecclésiastique, ils portaient sur ce sujet un regard plus objectif, éclairé par les Écritures. Grégoire de Nysse, théologien de l’époque, en apporte la confirmation, alors même qu’il tourne en dérision ces gens : “ [Constantinople] est pleine d’esclaves et de gens de métier qui sont tous de profonds théologiens, et qui prêchent dans les boutiques et dans les rues. Priez un homme de vous changer une pièce d’argent, il vous apprendra en quoi le fils diffère du père. Demandez à un autre le prix d’un pain, il vous répondra que le fils est inférieur au père. Informez-vous si le bain est prêt, on vous dira que le fils a été créé de rien. ” Contrairement aux membres du clergé, nombre de gens du peuple se servaient de la Parole de Dieu pour parvenir à une conclusion. Grégoire et ses pairs auraient été bien inspirés de suivre leur exemple !

LE “ BLÉ ” ET LA “ MAUVAISE HERBE ” CROISSENT ENSEMBLE

LE “ BLÉ ” ET LA “ MAUVAISE HERBE ” CROISSENT ENSEMBLE

Dans une parabole, Jésus a laissé entendre qu’il y aurait toujours sur la terre de véritables chrétiens oints. Il les a comparés à du “ blé ” au milieu duquel pousse de la “ mauvaise herbe ”. (Mat. 13:30.) Nous ne pouvons déterminer avec certitude quels individus ou groupes ont fait partie de ce “ blé ”. Mais nous pouvons être sûrs qu’il y a toujours eu des personnes qui ont défendu courageusement la Parole de Dieu et dénoncé les enseignements non bibliques de l’Église. Arrêtons-nous sur quelques exemples.

L’archevêque Agobard de Lyon (779-840) s’insurgea contre le culte des images, la dédicace d’églises à des saints, ainsi que la liturgie et les rituels non conformes aux Écritures. L’évêque Claude de Turin, un de ses contemporains, rejeta lui aussi les traditions ecclésiastiques et condamna les prières adressées aux saints et la vénération des reliques. Au XIe siècle, l’archidiacre Bérenger de Tours fut excommunié pour avoir rejeté l’enseignement catholique de la transsubstantiation. Pour lui, l’autorité de la Bible devait l’emporter sur les traditions de l’Église.

Au XIIe siècle, deux hommes attachés à la vérité biblique se distinguèrent : Pierre de Bruys et Henri de Lausanne. Le premier quitta la prêtrise, car il ne parvenait pas à concilier les Écritures et les enseignements catholiques relatifs au baptême des petits enfants, à la transsubstantiation, aux prières pour les morts et à l’adoration de la croix. En 1140, ses croyances lui valurent d’être brûlé vif. Le second, qui était moine, dénonça les pratiques corrompues de l’Église ainsi que le caractère non biblique de la liturgie. Il fut arrêté en 1148 et finit ses jours en prison.

À l’époque où Pierre de Bruys fut exécuté pour avoir osé critiquer l’Église naquit un homme qui allait jouer un rôle considérable dans la diffusion de la vérité biblique. Il s’appelait Valdo, ou Valdès*. Contrairement à Pierre de Bruys et à Henri de Lausanne, ce n’était pas un religieux, mais un laïc. Il tenait toutefois la Parole de Dieu en si haute estime qu’il renonça à ses biens et entreprit des démarches pour faire traduire des parties de la Bible en provençal, dialecte parlé dans le sud-est de la France. Entendre le message biblique dans leur propre langue fit une telle impression sur certains qu’ils abandonnèrent eux aussi leurs biens et consacrèrent leur vie à propager la vérité biblique. L’Église vit-elle leur prédication d’un bon œil ? Loin de là ! En 1184, ces hommes et ces femmes pleins de zèle, que l’on désignera plus tard sous le nom de vaudois, furent excommuniés par le pape et expulsés de leurs foyers par l’évêque. Ces mesures ne firent en réalité qu’amplifier la diffusion du message biblique. Par la suite, on trouvera dans de nombreuses régions d’Europe des disciples de Valdo, de Pierre de Bruys et d’Henri de Lausanne, pour ne citer que ceux-là. Au fil des siècles, d’autres défenseurs de la vérité biblique se manifesteront : John Wycliffe (vers 1330-1384), William Tyndale (vers 1494-1536), Henry Grew (1781-1862) et George Storrs (1796-1879).

Un christianisme défiguré

Des centaines d’années après la mort de Christ, un christianisme défiguré a été érigé en religion d’État dans l’Empire romain. N’étant plus des marginaux rejetés, des membres de ce groupe de prétendus chrétiens ont vite pris une place importante dans le tissu social et politique du monde romain. Face à ce changement, des conducteurs religieux, tel Augustin, se sont mis à prêcher que le Royaume de Dieu tant attendu était arrivé. Ils enseignaient que leur influence religieuse et politique nouvellement acquise était le moyen d’accomplir la volonté de Dieu sur la terre. Ainsi ont-ils mis en avant la valeur de l’effort humain dans l’administration des affaires terrestres.

Voilà comment beaucoup ont fini par croire que le chrétien a un rôle à jouer dans le système politique de la société. Dans ce but, pensent-ils, le chrétien doit parfois soumettre certains aspects de ses croyances à la volonté de la société dans laquelle il vit. Par exemple, bien des gens adhèrent en paroles aux préceptes d’amour et de paix du Christ, mais en même temps soutiennent des guerres atroces. Pour la même raison, des Églises encouragent leurs fidèles à prier pour le Royaume de Dieu, mais parallèlement elles offrent leur appui à des dirigeants tyranniques.

Une telle contrefaçon du christianisme n’est pas la religion que Jésus a fondée. Elle en est plutôt une version humaine, pratiquée aujourd’hui par la plupart de ceux qui se disent chrétiens. Cette version du christianisme a effectivement échoué, ce que prouve amplement le mépris généralisé de la chrétienté pour les principes bibliques.

La chasse aux sorcières en Europe

La chasse aux sorcières en Europe

IL Y A plusieurs siècles, en Europe, la peur des forces du mal a déclenché des chasses aux sorcières et des exécutions. Elles ont eu lieu principalement en France, en Allemagne, dans le nord de l’Italie, en Suisse et dans la région qui couvre aujourd’hui la Belgique, le Luxembourg et les Pays-Bas. « Des dizaines de milliers de personne en Europe et dans les colonies européennes* sont mortes » et « des millions d’autres ont connu la torture, des arrestations, des interrogatoires, la haine, le sentiment de culpabilité ou la peur », déclare le livre La chasse aux sorcières dans le monde occidental (angl.). Comment cette paranoïa a-t-elle commencé ? Qu’est-ce qui l’a alimentée ?

Les suspectes étaient pesées parce qu’on pensait que les sorcières ne pesaient rien ou presque.

L’Inquisition et Le Marteau des sorcières

L’Inquisition a joué un grand rôle dans cette histoire. Elle a été mise en place par l’Église catholique au XIIIe siècle « pour convertir les apostats et empêcher les autres de déserter », explique le livre Der Hexenwahn (La hantise des sorcières). L’Inquisition fonctionnait comme une police au service de l’Église.

Le 5 décembre 1484, le pape Innocent VIII fait paraître une bulle, ou lettre, condamnant la sorcellerie. De plus, il autorise deux inquisiteurs, Jacques Sprenger et Henry Institoris (Kraemer) à s’attaquer au problème. Les deux hommes publient un livre intitulé Malleus Maleficarum (Le Marteau des sorcières). Catholiques et protestants l’accepteront par la suite comme faisant autorité dans la lutte contre la sorcellerie. Le livre contenait des histoires imaginaires tirées du folklore. Il présentait des arguments théologiques et juridiques contre la sorcellerie, et fournissait des directives pour repérer et éliminer les sorcières. Le Marteau des sorcières a été décrit comme « le livre le plus féroce [...], le plus nuisible de toute l’histoire de la littérature ».

On pouvait accuser quelqu’un de sorcellerie sans aucune preuve. Le livre Hexen und Hexenprozesse (Sorcières et procès en sorcellerie) rapporte que les procès « avaient pour seul but d’obtenir les aveux de l’accusé, par la persuasion, la pression ou la force ». La torture était courante.

Le Marteau des sorcières et la bulle du pape Innocent VIII ont déclenché de vastes chasses aux sorcières en Europe. Cette folie a bénéficié de l’apparition de l’imprimerie, qui a favorisé sa propagation même jusqu’en Amérique.

Sur qui portaient les soupçons ?

Dans presque 80 % des cas, il s’agissait de femmes, en particulier des veuves, qui n’avaient souvent personne pour les défendre. Parmi les victimes se trouvaient des pauvres, des personnes âgées et des femmes qui prescrivaient des remèdes à base de plantes, surtout quand ils n’étaient pas efficaces. Cela dit, personne n’était vraiment à l’abri, riches ou pauvres, hommes ou femmes, gens importants ou gens ordinaires.

Les supposées sorcières étaient accusées de tous les maux. On prétendait qu’elles « provoquaient le gel et des invasions d’escargots ou de chenilles pour détruire les semences et les fruits de la terre », explique la revue allemande Damals. Si la grêle ravageait une récolte, si une vache ne produisait pas de lait, si un homme était impuissant ou une femme stérile, c’était sans aucun doute la faute des sorcières !

On pèse une supposée sorcière

Les suspectes étaient pesées parce qu’on pensait que les sorcières ne pesaient rien ou presque.

À quoi reconnaissait-on une « sorcière » ? Certaines suspectes étaient plongées pieds et poings liés dans une eau glacée « bénite ». Si elles coulaient, elles étaient déclarées innocentes et on les sortait de l’eau. Si elles flottaient, elles étaient exécutées sur le champ ou livrées au tribunal. D’autres suspectes étaient pesées parce qu’on pensait que les sorcières ne pesaient rien ou presque.

Une autre épreuve consistait à chercher « la marque du Diable », « un signe physique laissé par le Diable montrant qu’il avait conclu un pacte avec la sorcière », indique La chasse aux sorcières dans le monde occidental. Pour chercher cette marque, on « rasait complètement l’accusée puis on examinait chaque coin et recoin de son corps », le tout en public ! On piquait ensuite avec une aiguille chaque marque qu’on trouvait — taches de naissance, verrues, cicatrices, etc. Si la piqûre ne provoquait ni douleur ni saignement, on en déduisait que c’était une marque de Satan.

Des dirigeants aussi bien catholiques que protestants ont encouragé les chasses aux sorcières, et dans certaines régions les protestants étaient encore plus durs que leurs homologues catholiques. Avec le temps cependant, la raison a repris le dessus. Prenons l’exemple de Friedrich Spee, un prêtre jésuite qui avait accompagné jusqu’au bûcher de nombreuses personnes accusées de sorcellerie pour qu’elles soient brûlées vives. En 1631, il a écrit que de son point de vue aucune n’était coupable. Et si les choses continuaient à ce rythme, a-t-il prévenu, l’Allemagne serait bientôt vidée de ses habitants ! Dans le même temps, des médecins ont commencé à comprendre que des phénomènes comme les convulsions pouvaient être le signe d’un problème de santé, et non d’une possession démoniaque. Au XVIIe siècle, le nombre de procès a brusquement baissé, et vers la fin du siècle, il n’y en avait presque plus.

Que nous enseigne cette époque sombre ? Notamment ceci : Quand de soi-disant chrétiens se mettent à remplacer les enseignements purs de Jésus Christ par des mensonges religieux et des superstitions, la porte est ouverte aux pires atrocités. La Bible avait prédit que de tels comportements jetteraient le déshonneur sur le vrai christianisme : « On parlera en mal de la voie de la vérité » (2 Pierre 2:1, 2).

Le continent américain faisait partie des colonies européennes.

Le Marteau des sorcières a été décrit comme « le livre le plus féroce [...], le plus nuisible de toute l’histoire de la littérature ».

Les suspectes étaient pesées parce qu’on pensait que les sorcières ne pesaient rien ou presque.

Intolérance religieuse : l’aveu

MANCHETTE du journal britannique Catholic Herald du 11 décembre 1998 : “ Les évêques regrettent les ‘ crimes horribles ’ de Marie Tudor. ” L’épiscopat catholique romain d’Angleterre et du pays de Galles reconnaissait qu’“ au nom de la religion catholique ont été perpétrées de terribles injustices, comme celles dont ont été victimes les protestants lors de la Réforme en Grande-Bretagne ”. Qui était Marie Tudor ? Quelles injustices a-t-elle commises ? Pourquoi avoir choisi cette date pour l’aveu ?

Marie Tudor naît en 1516, dans une Angleterre catholique romaine. C’est l’unique enfant de Catherine d’Aragon (les autres sont morts), qui en fait une catholique fervente. Son père, Henri VIII, veut un héritier mâle, mais Catherine ne lui en donne pas. Devant le refus du pape d’annuler leur mariage, Henri VIII prend l’affaire en main, jetant ainsi les bases de la Réforme anglaise. En 1533, il épouse Anne Boleyn, quatre mois avant que l’archevêque de Cantorbéry, Thomas Cranmer, ne déclare son premier mariage invalide.

L’année suivante, en manière de défi, Henri VIII rompt tout lien avec Rome et devient le chef suprême de l’Église d’Angleterre. Marie, devenue fille illégitime, ne reverra jamais sa mère, qu’on obligera à passer ses dernières années loin de la vie publique.

L’intolérance protestante

Au cours des 13 années suivantes, certains, qui refusent de reconnaître en Henri VIII le chef de l’Église ou acceptent toujours l’autorité du pape, sont exécutés. Henri VIII meurt en 1547. C’est Édouard VI, 9 ans, son seul fils légitime, né de la troisième de ses six femmes, qui lui succède. Édouard VI et ses conseillers tentent de créer une Angleterre protestante. Les catholiques sont persécutés, les églises dépouillées de leurs images et de leurs autels.

On lève bientôt les restrictions qui pesaient sur l’impression et la lecture de la Bible en anglais. Et c’est en anglais, non plus en latin, que devront être célébrés les offices religieux durant lesquels on lit les Écritures. En 1553, Édouard meurt de la tuberculose (il n’a que 15 ans). Considérée comme l’héritière légitime du trône, Marie devient, à 37 ans, reine d’Angleterre.

L’intolérance catholique

Le peuple réserve un bel accueil à Marie, mais l’état de grâce ne dure pas : on s’est habitué au protestantisme ; or voilà que la reine a décidé de faire retourner le pays au catholicisme. Très vite, toutes les lois religieuses d’Édouard VI sont abrogées. Marie cherche le pardon du pape pour toute la nation. Et l’Angleterre redevient catholique.

Cette réconciliation avec Rome déclenche une nouvelle vague de persécutions, dirigée contre les protestants, ce furoncle malin qu’il s’agit d’éliminer avant qu’il ne contamine tout le corps. Beaucoup de ceux qui refusent les enseignements de l’Église catholique sont brûlés vifs.

Le sort des hérétiques

Le premier à mourir est John Rogers, à qui l’on doit la Matthew’s Bible, dont s’inspirera plus que largement la King James Version. Après un sermon antiromain dans lequel il prévient son auditoire contre “ les méfaits du catholicisme, l’idolâtrie et la superstition ”, il est emprisonné pendant un an. En février 1555, il est brûlé vif pour hérésie.

John Hooper, évêque de Gloucester et de Worcester, est lui aussi déclaré hérétique : il affirme que les ecclésiastiques ont le droit de se marier, qu’il est permis de divorcer pour motif d’adultère et que Jésus n’est pas physiquement présent dans le sacrifice de la messe. Il sera condamné au bûcher, où il agonisera pendant près de trois quarts d’heure. Quand vient le tour du prédicateur protestant Hugh Latimer, 70 ans, de périr dans les flammes, il encourage Nicholas Ridley, compagnon de Réforme et de bûcher, en ces termes : “ Courage, maître Ridley, et rassurez-vous. Car aujourd’hui, par la grâce de Dieu, nous allumerons en Angleterre un flambeau qui jamais ne s’éteindra. ”

Thomas Cranmer, premier archevêque protestant de Cantorbéry (sous Henri VIII et Édouard VI), est lui aussi condamné pour hérésie. Bien qu’ayant abjuré ses croyances, il fait au dernier moment une volte-face publique, qualifie le pape d’ennemi du Christ et offre sa main droite aux flammes, cette main coupable d’avoir signé les rétractations.

Tandis que 800 protestants fortunés (ou plus ?) s’enfuient à l’étranger, au moins 277 personnes périront sur le bûcher durant les trois ans et neuf mois que durera encore le règne de Marie. Parmi elles beaucoup de petites gens qui ne savent plus que croire, des jeunes élevés dans l’antipapisme et punis pour avoir parlé contre le pape, mais aussi des sujets qui se sont mis à lire la Bible tout seuls et se sont forgé leurs propres opinions.

La mort lente et atroce d’hommes, de femmes et d’enfants sur le bûcher en horrifie beaucoup. L’historienne Carolly Erickson décrit une exécution classique : “ Très souvent, le bois était vert, ou les joncs trop mouillés pour brûler rapidement. Les sacs de poudre attachés sur les victimes pour écourter leur supplice n’explosaient pas ou les mutilaient sans les tuer. ” Les malheureux n’étant pas bâillonnés, “ leurs hurlements et leurs prières étaient souvent audibles jusqu’au dernier moment ”.

Le doute s’insinue sur la valeur d’une religion obligée de brûler vifs les gens pour imposer ses enseignements. Un élan de compassion pour les victimes pousse les auteurs de chants populaires à composer des hymnes aux martyrs protestants. John Foxe entreprend la rédaction de son Livre des martyrs, qui exercera sur les réformateurs protestants une influence presque aussi forte que la Bible. Beaucoup de ceux qui étaient catholiques au début du règne de Marie seront protestants à sa mort.

L’héritage de Marie Tudor

Après son intronisation, Marie annonce son mariage avec son cousin Philippe II, héritier de la couronne d’Espagne. Philippe est à la fois un étranger et un catholique fervent ; bref, ce qu’il peut y avoir de pire aux yeux d’une grande partie de la population. Le soulèvement organisé contre ce mariage échoue, et 100 rebelles seront exécutés. Le 25 juillet 1554, Philippe épouse Marie (il ne sera cependant jamais couronné). Mais leur incapacité à avoir des enfants attriste profondément Marie, qui rêve d’un héritier catholique.

Marie tombe malade, puis meurt, à 42 ans. Elle n’aura régné que cinq ans. C’est une femme accablée de chagrin qui disparaît. Son mari s’est lassé d’elle, la plupart de ses sujets la haïssent. Sa mort donnera lieu à de grandes réjouissances dans les rues de Londres. Loin de restaurer le catholicisme, Marie Tudor a favorisé la cause du protestantisme par son fanatisme. “ Marie la Sanglante ”, la surnomme-t-on. Un bon résumé de l’héritage qu’elle laissa à la postérité.

Une conscience mal éduquée

Pourquoi Marie Tudor livra-t-elle tant de gens aux flammes ? On lui avait enseigné que les hérétiques avaient trahi Dieu ; aussi estimait-elle de son devoir de les éliminer avant qu’ils ne contaminent toute la nation. En écoutant sa conscience, elle bafoua les droits de ceux dont la conscience les poussait dans une autre direction.

Les protestants furent d’ailleurs tout aussi intolérants. Henri VIII et Édouard VI avaient brûlé leur lot de victimes. Quant à Élisabeth Ire, qui succéda à Marie, elle fit de la pratique du catholicisme un délit relevant de la trahison et exécuta durant son règne plus de 180 catholiques anglais. Et, durant le siècle qui suivit, des centaines d’autres personnes moururent à cause de leurs croyances.

Pourquoi le 10 décembre 1998 ?

Pourquoi le 10 décembre 1998 ?

Le 10 décembre 1998 marquait le cinquantenaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme. Selon l’article 18 de ce document onusien, toute personne “ a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion ”, droit qui implique, dit-il, la liberté de changer de religion, d’enseigner sa religion et de la pratiquer. Les évêques catholiques anglais et gallois ont vu dans ce cinquantenaire “ une occasion appropriée pour les catholiques d’examiner leur conscience sur ces questions ” et de reconnaître les “ terribles injustices ” commises, notamment sous Marie Tudor.

On regrette des actes perpétrés il y a près de 450 ans, mais les choses ont-elles vraiment changé ? Si l’on n’envoie plus personne au bûcher, aujourd’hui encore de nombreux pseudo-chrétiens violent ou tuent des non-chrétiens. Cette intolérance ne peut pas plaire à Dieu. Jésus Christ, qui est le reflet parfait de la personnalité divine, n’a-t-il pas dit : “ Par là tous sauront que vous êtes mes disciples, si vous avez de l’amour entre vous. ” — Jean 13:35.

La réforme protestante

La fin du Moyen Âge et la Renaissance ont entraîné de grands bouleversements dans les sociétés européennes :

Sur le plan politique, on assiste au déclin de la féodalité et à la montée du nationalisme. En France, la centralisation du pouvoir royal qui a commencé sous Louis XI, s'est amplifiée au cours des règnes suivants notamment de François Ier. Plus tard, elle atteindra son apogée avec la monarchie absolue de Louis XIV.

Sur le plan culturel, l'invention de l'imprimerie a permis la transmission de nouvelles idées et connaissances non seulement parmi les érudits, mais aussi parmi les commerçants et les artisans. L'imprimerie est le vecteur qui va permettre l'échange des nouvelles idées.

Les excès de l'Eglise

Les hommes et femmes de la Renaissance étaient au moins aussi pieux que ceux du Moyen Âge. Seulement, leurs attentes sont maintenant différentes, ils recherchent un rapport plus direct avec Dieu. L'Eglise qui joue le rôle intermédiaire est extrêmement puissante. Elle s'est progressivement éloignée des attentes de ses fidèles. Le pape était devenu un souverain, un Chef d'Etat qui agissait comme les rois. En outre, la conduite de certains prélats était loin d'être exemplaire.

On trouvait également des évêques et des abbés de monastères qui vivaient dans le luxe, oubliant les commandements qu'ils prêchaient eux-mêmes. De plus en plus de croyants reprochaient à ces ecclésiastiques de ne plus être dignes de la charge que Dieu leur avait confiée. Déjà, plusieurs humanistes comme Erasme avaient demandé à l'Eglise de se réformer, de se débarrasser des moines indignes et de ces prélats sans vocation.

Les Borgia

Les Borgia sont une famille italienne puissante qui a donné deux papes ainsi que d'autres personnages politiques importants. Touchés par une légende noire qui les accuse d'empoisonnements, de fratricides, et d'incestes, ils symbolisent toute la décadence de l'Eglise à la fin du Moyen Âge.

L'affaire des indulgences

Au début du XVIème siècle, la ville de Rome était en pleine mutation. Les papes initiaient d'importants travaux d'embellissement, des monuments grandioses sont érigés. Le plus important d'entre eux est la basilique Saint-Pierre. Tout l'argent nécessaire pour ces chantiers était alors prélevé auprès des fidèles. Le moyen le plus sûr pour cela consistait à vendre des « indulgences ». A la base, une indulgence est un droit du fidèle d'obtenir de Dieu la remise d'un certain nombre d'années de purgatoire, en échange d'actions méritoires accomplis au cours de son existence. En général, il fallait accomplir un acte particulier pour obtenir l'indulgence : participer à une croisade, un pèlerinage, etc.

Mais l'avidité des ecclésiastiques avait permit l'introduction de l'usage d'achat direct de l'indulgence. On entraînait donc certains fidèles à débourser de l'argent pour obtenir le pardon de leurs péchés. Cette pratique déclencha un scandale chez beaucoup de chrétiens qui y voyaient une manifestation de corruption des mœurs de l'Eglise. L'affaire des indulgences est le point de départ du mouvement de la réforme protestante. Il pointe du doigt une notion centrale pour les protestants : le salut de l'âme.

Les causes profondes du décalage

La question des Indulgences et les dérives du clergé ne pouvaient à elles seules, avoir provoqué un mouvement de l'ampleur de la Réforme. Dans le Saint-Empire Germanique où le mouvement a commencé, des revendications politiques et théologiques se greffèrent aux questions religieuses.

Causes politiques :

Les princes allemands voient d'un mauvais œil la souveraineté éminente du pape. Ils contestent de plus en plus les impôts ecclésiastiques, notamment la dîme qui représente un dixième des revenus des sujets.

Le bas-clergé, dont la condition était misérable, s'offense de la richesse extrême des grands prélats allemands.

Causes théologiques :

Avec l'invention de l'imprimerie (Gutenberg, 1450), la Bible est désormais imprimée et traduite dans la langue des peuples. Les premiers protestants remarquent alors les dérives des traditions catholiques autour de l'adoration de la Vierge Marie et des saints. Ces derniers évaluent le décalage entre les Ecritures Saintes et le pouvoir pontifical, ils souhaitent revenir aux fondamentaux de la Bible.

Chronologie de la première réforme

Chronologie de la première réforme

1507 : Guillaume Briçonnet accueille à Meaux Jacques Lefèvre d’Étaples qu’il fréquente depuis 1505.

1516 : Ulrich Zwingli rencontre Érasme et l'imprimeur Froben à Bâle.

1517 : Martin Luther publie ses 95 thèses.

1521 : Les thèses de Martin Luther sont condamnées par la Sorbonne.

1522 : Les publications d’Ulrich Zwingli le font connaître en dehors de Zurich.

1523 : Zürich est le premier canton suisse à passer à la réforme, grâce à Zwingli.

1524 : Strasbourg passe à la réforme (l’Alsace est alors distincte de la France).

1529 : Bâle passe à la réforme. Glaris, Berne, Bienne, Schaffhouse et Saint-Gall suivent. "Protestation" des princes luthériens lors de la seconde Diète de Spire. La République de Mulhouse adopte la réforme inspirée par Ulrich Zwingli (puis par la suite par Jean Calvin) comme unique doctrine d'État.