Bibliographische Informationen der Deutschen Nationalbibliothek
Die Deutsche Nationalbibliothek verzeichnet diese Publikation in der Deutschen Nationalbibliographie; detaillierte bibliographische Daten sind im Internet über www.dnb.de abrufbar.
© 2016 Katholische Kirche in Luxemburg
Service Communication et Presse
5, avenue Marie-Thérèse
L-2132 Luxembourg
www.cathol.lu
Herausgeber: Georges Hellinghausen
Titelbild: Jacques Schneider
Koordination und Fotos: Roger Nilles
Layout: Gilberte Bodson
ISBN 978-3-7431-5645-6
Herstellung und Verlag:
BoD – Books on Demand GmbH, Norderstedt
Das 350. Jubiläum der Erwählung der „Trösterin der Betrübten“ zur Schutzfrau der Stadt Luxemburg haben wir 2016 würdig begangen. Zu den herausragenden Momenten der Feierlichkeiten gehörten drei Konferenzen, die diesen Erwählungsakt von 1666, der durch denjenigen von 1678 (Landesweihe) vervollständigt wurde, beleuchtet haben. Die drei Festredner taten dies aus komplett verschiedenen, aber sich ergänzenden Blickwinkeln. Für Ihre Recherchen und ihren Vortrag – und nun auch die Veröffentlichung ihrer Konferenzen – sei ihnen gedankt. Welch reichhaltiges, theologisch sinnvolles und kirchlich fruchtbares Moment eine Marienweihe darstellt, geht daraus hervor. Und unsere Geschichte hat es so hinlänglich wie mannigfach belegt.
Le titre de cette publication « Sech Hir schenken » (se donner en cadeau à Elle, s’offrir à Elle) rappelle le chant marial en langue luxembourgeoise connu par nous tous et chanté par coeur et avec coeur : « O Mamm, léif Mamm do uewen… Wie soll sech Hir net schenken am Lëtzebuerger Land! » Dans un discours, tenu le jour même de l’anniversaire, le 10 octobre 2016, Madame la bourgmestre de la Ville de Luxembourg nous a rappelé avec conviction combien cet hymne souligne et véhicule l’amour maternel et l’aide surnaturelle de notre chère Patronne envers celles et ceux qui se confient à elle dans leurs soucis et détresses multiples.
Sech Hir schenken, sech Hir weien – dat ass net nëmmen en Akt vun eiser Stadbevëlkerung a vun eisem Land an der Vergaangenheet. Et ass en Akt mat bleiwendem Wäert fir haut a mat vill Zukunftspotenzial. Well et geet leschtlech drëm, iwwert de Wee vum Vertrauen a Maria de chrëschtleche Glawen nei a frou an eiser Lëtzebuerger Gesellschaft ze liewen, an doduerch missionaresch ze verkënnegen. Maria ass äis heibäi Leedstär a Matschwëster am Glawen. Si bleift äis trei – bleiwen och mir Hir trei!
Lëtzebuerg, den 10. Oktober 2016,
350. Joresdag vun der Erwielung
vun der Stadpatréinesch
+ Jean-Claude Hollerich
Äerzbëschof vu Lëtzebuerg
Dom Michel Jorrot OSB2
L’heureux anniversaire de la consécration de la ville de Luxembourg à Notre-Dame Consolatrice des Affligés offre l’occasion bien opportune de reconsidérer cette pratique catholique de la consécration personnelle à la Vierge Marie. Nous proposerons ensuite quelques repères concernant l’histoire de la consécration de la ville de Luxembourg en 1666, il y a donc 350 ans.
Qu’est-ce que le magistère et quel est son rôle dans l’Église? Brèves réflexions d’introduction
Dès l’abord, une question se présente : « Pourquoi le magistère de l’Église aurait-il à se prononcer au sujet de ce qui semble une simple pratique de dévotion? En d’autres termes, la consécration à Marie mérite-telle à ce point l’attention du magistère? »
Aussi, rappelons un instant ce que l’on entend par magistère dans l’Église catholique. Le Catéchisme de l’Église Catholique déclare : « Le magistère est l’exercice de la charge pastorale confiée par le Christ à la hiérarchie de son Église pour veiller à ce que le Peuple de Dieu demeure dans la vérité qui libère. Le Christ a doté les pasteurs du charisme d’infaillibilité en matière de foi et de moeurs. Ce charisme s’exerce selon plusieurs modalités. »3.
Le magistère de l’Église représente donc pour nous, catholiques, une voix de la Tradition qui vient des apôtres. Cette voix puise son autorité dans les Évangiles. Jésus dit à ses apôtres : « Qui vous écoute, m’écoute » (Lc 10, 16). La succession apostolique garantit à chaque époque la juste interprétation de l’Écriture, et en guide les approfondissements. Le magistère intervient aussi pour encourager la vitalité du peuple chrétien et favoriser, quand c’est opportun, ses pratiques spirituelles, comme par exemple le rosaire4. Ce rôle du magistère a été clairement rappelé par le Concile5. « Les évêques qui enseignent en communion avec le Pontife romain ont droit, de la part de tous, au respect qui convient à des témoins de la vérité divine et catholique […] »6. En un mot, le magistère est au service de l’accueil de la Révélation par les fidèles.
Puisse qu’il en est ainsi, nous comprenons qu’il est tout à fait légitime de regarder comment le magistère a encouragé la consécration à la Vierge Marie. La réponse qu’il donne s’inscrit dans une approche essentielle et autorisée du mystère marial perçu à l’intérieur du mystère du Christ et de l’Église, selon les termes mêmes du Concile Vatican II7.
La Vierge Marie dans l’intention de Dieu
En effet, c’est l’Église comme telle qui nous oriente vers ce qui compte principalement quand on considère la Vierge Marie dans l’ensemble du mystère chrétien. D’ailleurs, l’histoire montre que la pratique de la consécration à Notre-Dame fait partie de la vitalité de l’Église… Cela nous réjouit. Dès los, à la question : qu’est-ce qu’il importe essentiellement de savoir à l’égard de la Vierge Maire? La réponse sera : c’est de saisir le plus profondément possible l’intention de Dieu sur elle. Et comment saisir cette intention de Dieu sur elle? Car cette intention divine comporte un message considérable puisque Marie elle-même dit : « Toutes les générations me diront bienheureuse ». C’est bien ce que nous faisons encore aujourd’hui et justement le magistère nous y encourage. En effet, se consacrer à Marie permet de se situer très personnellement parmi ceux qui la disent bienheureuse!
Ainsi, nous devons comprendre que c’est en référence à l’intention de Dieu sur Marie, que nous pouvons avoir nous aussi l’intention de nous consacrer à Elle. Ce qu’elle est aux yeux de Dieu, voilà ce qu’elle doit être à nos yeux. C’est cohérent, si nous restons bien au niveau de la foi.
De la sorte, il est important de se persuader que le désir des chrétiens de se consacrer à elle vient en fait de Dieu lui-même, et le magistère garantit la valeur de cette pratique. C’est pour cela qu’il faut connaître ce qu’est la consécration à Marie pour le magistère. Voyons comment il en montre les fondements et quel genre de consécration il encourage quand il s’agit de la Vierge Marie.
Pour saisir, comme nous l’avons dit, l’intention de Dieu sur elle, trois questions se présentent : Que Dieu a-t-il fait pour elle, qu’a-t-il fait par elle et pourquoi nous invite-t-il à être comme elle? La réponse à ces questions mettra en valeur le sens et les effets de la consécration à Marie.
La voix du magistère
Nous interrogeons le magistère : « Qu’est-ce que Dieu a fait pour elle? » Il répond abondamment surtout par les documents des papes saints Jean XXIII, Pie XII, Paul VI, saint Jean-Paul II et par le Concile Vatican II. En résumé, le magistère affirme, au nom de la foi catholique, que la Vierge Marie est Immaculée dans sa conception en sa mère et absolument sans péché personnel. Il en a résulté pour elle, une plénitude de grâce, comme effet prévenant du mystère de la rédemption par la Croix de son futur enfant Jésus. Percevant cette faveur unique en elle, nous pressentons la joie indicible de Marie quand elle chante : « Le Puissant fit pour moi des merveilles… » (Lc 1, 49). À partir des évangiles, l’enseignement de l’Église a de plus en plus mis en relief la personne de la Vierge Marie. À l’Annonciation, elle a reçu l’immense charge et dignité d’être la Mère du Fils de Dieu. Don d’une grâce exceptionnelle qui la met bien loin au-dessus de toutes les créatures dans le ciel et sur la terre, occupant dans la sainte Église la place la plus élevée au-dessous du Christ et nous étant toute proche8. La maternité divine a consacré son intégrité virginale. C’est une gloire pour elle d’être Vierge et Mère! Dieu l’a exaltée dans la gloire de l’Assomption : victorieuse du péché et de la mort. Elle a été élevée au-dessous de son Fils, au-dessus de tous les anges et de tous les hommes comme la Mère très sainte de Dieu9.
Voici, brièvement rappelé, comment le magistère déclare ce que Dieu a fait pour Marie. Cela fonde notre amour pour elle. Dans la foi, nous la regardons comme Dieu la voit. C’est essentiel. Cela ne vient pas des hommes. C’est l’oeuvre de Dieu en cette Vierge bénie entre toutes les femmes (cf. Lc 1, 42).
Et maintenant que dit le magistère sur ce que Dieu a fait par elle. Ce que Dieu a fait par elle se résume ainsi : il s’agit de son rôle dans le mystère du Verbe incarné et du Corps mystique du Christ qu’est l’Église10. Elle s’est occupée de Jésus tout enfant, lui prodiguant les moindres services comme toute mère : « Elle mit au monde son fils premier-né ; elle l’emmaillota et le coucha dans une mangeoire » (Lc 2, 7), elle le nourrit, etc. Elle obtint par son intercession que Jésus, le Messie, inaugure ses miracles aux noces de Cana (Jn 2, 1-12)11. À la Croix, c’est par elle que Jean est devenu son fils et donc le frère de Jésus. Ainsi, son rôle maternel à l’égard des hommes a-t-il été établi comme une médiation qui découle de la surabondance des mérites du Christ, unique médiateur. Cette médiation maternelle s’appuie sur la médiation du Christ ; de la sorte, l’union immédiate des croyants avec le Christ ne s’en trouve en aucune manière empêchée, mais au contraire aidée. Ce point est très important, nous le verrons, en ce qui concerne le sens de la consécration à Marie. Après son Assomption, son rôle dans le salut ne s’interrompt pas : par son intercession répétée, elle continue à nous obtenir les dons qui assurent notre salut éternel. C’est pourquoi elle est invoquée dans l’Église sous les titres d’avocate, d’auxiliatrice, de secourable et de médiatrice12. Ainsi, Il découle de ce que Dieu fait par elle, que l’Église recommande au coeur des fidèles cet appui et ce secours maternels pour les aider à s’attacher plus intimement au Médiateur et Sauveur.
En troisième lieu, sachant ce que Dieu a fait pour et par la Vierge Marie, et continue de faire par elle, il est normal que le magistère la présente comme modèle à imiter et donc invite à recourir à elle, et même à se consacrer à elle, et donc à tendre à vivre comme elle.
Que voyons-nous en elle à imiter? Essentiellement deux choses : sa valeur personnelle et sa relation au Christ.
Sa valeur personnelle, autrement dit sa perfection, mérite d’être imitée : selon Vatican II, l’Église reconnaît en elle un modèle et un exemplaire admirables dans la foi et dans la charité, objet de la part de l’Église catholique instruite par l’Esprit-Saint, d’un sentiment filial de piété comme il convient à une mère très aimante13.